Vous présentez aujourd’hui une série de propositions sur le logement en France. Il y a urgence ?
FRANCOIS FILLON. Nous sommes en Europe le pays qui investit le plus d’argent public dans le logement, avec plus de 40 milliards d’euros avec des loyers plus élevés et une pénurie de logements.
Faut-il revoir la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, dite loi Alur ?
Mon objectif, c’est de redonner d’abord de la liberté à l’ensemble des acteurs de la politique du logement. Cela veut dire diminuer les normes qui freinent l’activité des professionnels du bâtiment et réduire la fiscalité pour la construction, de manière à rendre du dynamisme à un secteur bloqué. Deuxième priorité, c’est de réduire les injustices. Je préconise donc d’abroger la loi Alur, qui vise notamment l’encadrement des loyers. C’est la loi la plus néfaste votée depuis le début du quinquennat de François Hollande. Je veux supprimer l’encadrement des loyers, et mettre en place un contrat de bail en ligne, facile d’accès, avec des avantages fiscaux pour les propriétaires qui proposeront les loyers les plus bas.
Faut-il aussi revoir la loi SRU qui impose au moins 20 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3.500 habitants ?
L’objectif était louable mais le résultat est mauvais. Je veux transférer aux intercommunalités la responsabilité de gérer la politique du logement et d’attribuer les logements sociaux dans la plus grande transparence.
Il s’agit de prendre en compte les disparités sur le territoire plutôt que d’imposer arbitrairement les mêmes règles pour les zones tendues et pour les autres. Pour le cas particulier de la région parisienne, où la situation est très tendue, je propose d’appliquer l’objectif de 20% de logements sociaux sur les constructions nouvelles et non sur le stock.
Doit-on également revoir la politique de l’aide au logement ?
Mieux que cela, je propose de tout changer et de remplacer toutes les aides sociales, comme le RSA, la prime pour l’emploi ou encore les APL, par une prestation sociale unique dont le montant serait variable pour tenir compte des situations individuelles. Cette prestation sociale unique serait gérée par les départements. Cela aurait l’avantage de la simplification, de la transparence et permettrait de lutter efficacement contre la fraude et de s’assurer que les revenus de l’assistance ne soient jamais équivalents à ceux du travail.
Si vous proposez tout ce là, c’est toujours dans la perspective d’une candidature à la prochaine présidentielle.
Bien sûr. J’ai fait ces derniers mois des propositions sur l’Europe, l’éducation, la compétitivité, l’immigration... Je veux aller jusqu’au bout d’un projet global, caractérisé à chaque fois par la recherche d’une rupture pour libérer la France.
Mais on a l’impression que vos propositions n’impriment pas dans l’opinion publique...
Je crois au pouvoir des idées. On ne changera pas la France avec nos vieux logiciels. J’ai engagé une démarche de fond. C’est la seule façon d’arriver à terme à un projet qui soit réellement crédible. Ce qui compte c’est de travailler et d’être exemplaire.
N’avez-vous tout de même pas l’impression que votre image souffre encore aujourd’hui de votre affrontement passé avec Jean-François Copé ?
J’ai mené le combat de la justice, de l’intégrité et du droit. Je ne regrette rien.
L’UMP se porte--t-elle mieux depuis que Nicolas Sarkozy en a repris les reines ?
Le fonctionnement s’est amélioré. Les relations sont redevenues normales entre les uns et les autres, même si l’UMP est encore en convalescence.
Le Front national pourrait arriver en tête au premier tour des départementales. Vous n’arrivez plus à freiner sa progression ?
Pendant deux ans et demi, l’UMP n’a pas été exemplaire : querelles de personnes, tricherie à une élection interne, argent détourné. Il ne faut pas s’étonner après de la méfiance des Français. Mais nous allons redresser la tête. La vraie réponse à la montée du Front national, c’est la présentation par l’UMP d’un projet de rupture, porté avec courage et dignité. Sur l’emploi, sur la croissance, sur la sécurité, il y a des solutions nouvelles et crédibles à apporter. Il ne faut pas se prononcer par rapport à l’extrême droite, mais par rapport à la situation du pays.
Que pensez vous de la polémique née des déclarations de Roger Cuckierman vis-à-vis des musulmans ?
Je refuse toute logique communautariste au nom de l’unité nationale.