Discours prononcé ce soir à Londres lors d'une conférence-débat avec Gilles Kepel sur le thème : « Lutter contre le terrorisme aujourd’hui : quelles politiques ? Quelles perspectives pour la France et le Royaume-Uni ? Quel impact sur le secteur privé ? ».
Mesdames et messieurs,
Cela n’est pas la première fois que nous sommes confrontés au terrorisme. Mais nous avons changé de monde.
Par sa nature, son envergure, ses objectifs mystiques, la menace terroriste s’apparente à un conflit d’un genre nouveau.
Certes, les sources du fondamentalisme islamique ne datent pas d’aujourd’hui.
Mais tout a explosé avec la fin de la guerre froide, qui gelait les rapports internationaux, et avec la déliquescence des régimes autoritaires qui cadenassaient leurs sociétés civiles.
Les pouvoirs ont vacillé, libérant les idéologies et les frustrations les plus radicales.
Avec les printemps arabes, nous espérions la victoire de la démocratie mais la démocratie ne s’improvise pas, et à bien des égards, l’Occident -USA en tête- s’est comporté en apprenti sorcier.
L’invasion de l’Irak en 2003 et la démocratisation improvisée de ce pays ont précipité le chaos. Je me souviens d’avoir entendu Jacques Chirac tenter de convaincre Georges W. Bush que la démocratie en Irak, ce serait les Chiites contre les Sunnites. Il oubliait les Kurdes, les chrétiens, les Yazidi… Quant à l’opération française en Libye - aussi juste fut-elle sur le plan moral - elle aura eu pour conséquence de disloquer cet Etat et de métastaser le Sahel.
«L’Orient compliqué» dont parlait le général de Gaulle, est devenu un Orient en miettes au sein duquel le fanatisme religieux se déploie.
Nous sommes confrontés à une nouvelle forme de guerre mondiale.
Les mouvements totalitaires islamiques occupent désormais des territoires, ils contrôlent des populations, ils lèvent l’impôt, exportent du pétrole, se procurent des armes lourdes, conduisent une guerre numérique efficace contre leurs ennemis, c’est à dire contre nous.
L’axe de la terreur court du Nigéria au Pakistan, et est marqué par l’émergence de l’Etat islamique auquel Boko Haram vient de prêter allégeance.
L’EIIL ne forme pas une organisation terroriste comme nous avons pu en affronter par le passé.
Cette organisation a une assise territoriale, qu’elle veut étendre en bousculant les frontières si fragiles du Moyen Orient, dessinées il y a un siècle avec les accords Sykes-Picot. Elle a des revenus financiers tirés de la vente de pétrole, évalués à 3 milliards de dollars par an. Elle détient de puissants moyens militaires et s’appuie sur des groupes vassaux et décentralisés.
Elle s’articule autour d’une idéologie prophétique qui de groupes actifs en réseaux numériques se dissémine, y compris parmi nous.
A l’époque, le terrorisme prenait la forme d’un chantage macabre, mais il y avait cependant l’idée d’une revendication, d’une négociation.
Aujourd’hui, l’objectif est autre et il est clairement énoncé par Abou Moussab al-Souri, un doctrinaire syrien dont Gilles Keppel a traduit les thèses : il s’agit de susciter sur notre sol un climat d’effroi et de tension débouchant sur un conflit civil entre musulmans, chrétiens et juifs.
Avec le totalitarisme islamique, on ne négocie pas, on tue !
On ne cherche pas à sauver sa propre vie, on souhaite la mort, dans un combat salvateur contre un monde prétendu décadent : «l’Occident infidèle» bien sûr, mais aussi les «mauvais» Musulmans, jusqu’à ce que le califat règne sur la terre et impose à tous sa lecture de la Charia.
Le problème n’est pas de savoir si ce projet est réaliste, le problème c’est que ce projet apparait suffisamment puissant pour enrôler des dizaines de milliers d’individus prêts à tout pour donner à leur vie un sens messianique et qu’il a déjà des conséquences humaines, politiques, économiques, écologiques considérables.
La guerre en Syrie a déjà fait plus de 250 000 victimes et 4 millions de réfugiés.
ISIS a assassiné plus de 20 000 personnes en Syrie et en Irak. (Scènes d’horreur quotidienne)
L’économie syrienne est à l’arrêt. Celle de l’Irak ne vaut guère mieux. Les touristes ont déserté le moyen Orient, à l’exception des monarchies du Golfe. Ainsi en Jordanie où je me trouvais la semaine dernière le bilan indirect de l’Etat islamique se chiffre déjà par une baisse de 80% du tourisme et plus d’un million de réfugiés.
Le Liban est en mode survie sous le contrôle quasi total de l’Iran.
Cette situation jette sur les routes de l’exode des millions d’êtres humains qui sont près à risquer leur vie et celles de leurs enfants pour échapper à l’enfer.
Dans les prochains mois ce sont des vagues immenses de réfugiés qui vont aborder les cotes européennes en Italie et en Grèce.
Aucune mesure de contrôle ne les en empêchera parce qu’ils sont désespérés et qu’ils n’ont rien à perdre.
Nous sommes dans une guerre d’un nouveau type, une guerre asymétrique, qu’il faut livrer de façon globale.
La France a choisi d’assumer ses responsabilités dans cette guerre.
En Irak, l’opération Chammal mobilise 3 200 militaires français et une trentaine d’avions de chasse, de renseignement et de ravitaillement.
Dans les airs, nous faisons le travail avec nos alliés, mais chacun sait que c’est à terre, avec les combattants Kurdes, Irakiens, Syriens, et, le moment venu, les tribus sunnites, que la victoire se nouera ou non.
Cela n’est pas gagné, car leurs armements restent rustiques malgré les livraisons d’armes, la formation des troupes est sommaire et la cohésion est inexistante.
Au Sahel aussi, nous sommes en action, avec l’opération Barkhane qui aligne 3000 hommes.
Nous coopérons avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad…
Mais cette coopération n’aura de sens, à long terme, que le jour où l’Afrique se dotera, au-delà de la MINUSMA, d’une véritable capacité d’action collective.
En Afrique comme au Moyen Orient, rien ne serait plus dangereux que de donner le sentiment que l’Occident serait le leader d’une bataille qui concerne en réalité tout le monde.
Plus nous agissons en première ligne, plus nous risquons d’alimenter le discours de ceux qui rêvent d’un choc de civilisation. Voilà pourquoi les africains et les arabo musulmans doivent prendre toutes leurs responsabilités.
La vérité c’est que nous n’avons aucun espoir de gagner cette bataille si nous ne changeons pas de stratégie.
C’est une nouvelle guerre mondiale qui appelle une très large coalition pour venir à bout d’un adversaire qui constitue une menace pour l’humanité.
Aujourd’hui nous devons rassembler tous ceux qui peuvent nous permettre de vaincre le totalitarisme islamique.
Et d’abord la Turquie :
Ankara cherche à éloigner la menace djihadistes de son territoire sans donner aux Kurdes l’occasion de faire des pas supplémentaires vers l’indépendance.
Le gouvernement turc ne peut pas rester dans l’ambiguïté. Il doit s’engager (en pourchassant les apprentis djihadistes qui transitent par son territoire), et en dégageant une solution historique pour résoudre le problème Kurde.
Les Etats du Golfe doivent, eux aussi, clarifier leur position.
Leur retenue ne saurait être l’ambiguïté.
On ne peut à la fois dire aux Européens : «intervenez, et nous vous soutenons financièrement», et dans le même temps fermer les yeux sur tous ces financements privés qui partent du Golfe ou d’ailleurs pour alimenter les réseaux fondamentalistes.
Cette duplicité a trop duré !
C’est pour y mettre un terme que j’ai proposé que la cour pénale internationale puisse être saisie contre les auteurs des crimes de masse sur les territoires contrôlés par l’Etat islamique et contre ceux qui les financent.
La clarté s’adresse aussi au cas sensible d’Israël, notre amie, notre alliée, mais aussi l’un des noyaux durs de la région…
Peut-on stabiliser le Proche et Moyen-Orient sans faire avancer la paix israélo-palestinienne ? Non !
Les USA et l’Europe doivent réenclencher le processus de dialogue, quitte, si rien n’avance, à reconnaitre l'Etat de Palestine.
Les initiatives que va prendre le nouveau gouvernement de Netanyahu sont cruciales.
Qu’il mette en œuvre les engagements pris durant la campagne électorale sur la colonisation et sur Jérusalem et le risque d’embrasement des territoires palestiniens et de la Jordanie est maximum.
A moyen terme, Israël n’a rien à gagner à un environnement empoisonné par un djihadisme capable d’aggraver la situation sécuritaire des israéliens et de déstabiliser le Liban et la Jordanie.
Reste enfin, et cela est crucial, la rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, dont le Yémen est actuellement la cible.
Au-delà de la question nucléaire iranienne qui n’est pas encore conclue dans les détails, il faut que l’éventuel rétablissement des relations économiques et diplomatiques avec Téhéran débouche aussi sur un dialogue avec Ryad.
Tant que ces deux puissances se défieront, le Moyen Orient est voué à demeurer la poudrière de la communauté internationale.
Enfin il faut entrainer dans la coalition la Russie et l’Iran.
On peut ne pas apprécier leurs régimes et se méfier de leurs desseins, mais jusqu’à preuve du contraire, ces deux pays ne sont pas des adversaires mortels de la France ou du Royaume Uni.
La Russie a une influence sur le régime bassiste ; l’Iran a une influence sur les Chiites et sur une partie de l’armée syrienne qu’elle soutient.
Si on veut trouver une solution en Syrie, il faudra la trouver avec ces deux Etats.
Que ces Etats ne répondent pas à tous nos principes, c’est vrai !
Mais réalisme oblige, c’est bien une nouvelle donne diplomatique qu’il faut bâtir.
Le monde est devenu multipolaire, la pensée binaire est caduque !
Nous ne pouvons pas avoir pour seule matrice intellectuelle celle de la démocratie occidentale, pour seule lecture militaire celle des manuels de l’Otan, et pour premier guide, la Maison Blanche, dont la stratégie ne s’est révélée ni limpide ni très efficace ces dernières années.
Enfin l’Europe doit assumer ces responsabilités et s’engager dans cette bataille.
On ne peut plus accepter que l’essentiel de l’effort militaire européen soit assuré par les français et les britanniques.
D’abord parce que nos moyens sont insuffisants pour faire face aux menaces qui pèsent sur le continent.
Ensuite parce qu’il est injuste que nous soyons les seuls à verser le sang pour une cause qui concerne toute l’Europe.
L’Allemagne, en particulier ne peut plus continuer de s’abriter derrière son passé pour refuser toute implication réelle dans cette guerre.
Une coalition mondiale pour conjurer un danger mondial c’est la seule stratégie gagnante.
En attendant d’y parvenir la France comme la Grande Bretagne ont un défi intérieur à relever :
1 500 personnes, Français ou résidant en France, pour leur implication dans les filières terroristes, sont sous surveillance.
430 individus combattent en Syrie et en Irak. Ils sont 700 pour le Royaume Uni.
Chez nous, le nombre de personnes impliquées dans les filières a augmenté de 20% depuis le début de l’année et de 170% depuis janvier 2014.
Pour faire face, la bataille du renseignement est cruciale, et elle est naturellement européenne et internationale.
Nous avons trois priorités :
- l’établissement d’un PNR (Passenger Name Record) européen afin de partager nos données concernant les passagers aériens ;
- le recours accru au Système d’information Schengen (SIS) afin de tracer, signaler et arrêter les combattants étrangers. Cela passe par un renforcement des contrôles effectués aux frontières de l’UE, notamment pour les ressortissants européens ;
- une coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroristes sur Internet, en pesant collectivement sur les opérateurs et en harmonisant nos législations en matière de retrait des contenus illégaux.
En France, plusieurs innovations vont compléter notre arsenal juridique : l’interdiction de sortie du territoire; l’interdiction d’entrée et de séjour pour les étrangers qui représentent un danger; le blocage administratif des sites Internet qui appellent au terrorisme.
Ces jours-ci, le renouvellement du cadre légal qui régit l’activité de nos services de renseignement pour écouter et intercepter les individus suspects est examiné au Parlement.
Il soulève un débat de fond sur l’équilibre entre liberté individuelle et sécurité collective. Incontestablement, il faut défendre notre démocratie mais pas au prix d’ignorer ses droits fondamentaux.
J’ai demandé au gouvernement de saisir le Conseil constitutionnel afin de lever les doutes sérieux qui pèsent sur la conformité de ce projet avec notre loi fondamental. S’il ne le fait pas, c’est moi qui en prendrais l’initiative.
Le terrorisme numérique constitue l’une des principales menaces pour nos sociétés. Déjà, les attaques numériques, qu’elles soient terroristes ou criminelles représentent plus de dommages que les attaques classiques. Elles constituent pour les entreprises un risque considérable et difficile à prévenir.
Les banques, les compagnies d’assurances, les infrastructures de transports, de production d’énergie sont des cibles privilégiées.
Le président d’AXA me confiait qu’il s’agissait pour son entreprise du principal risque.
Tout comme le terrorisme, les attaques numériques constituent une menace asymétrique. La défense doit être efficace à 100% quand l’attaque peut se contenter d’une seule tentative réussie.
De plus les conditions juridiques d’une réponse défensive sont encore mal définies.
Une entreprise américaine qui a été l’objet d’une cyber-attaque à partir du territoire de la Russie s’est vue inculpée par la justice de ce pays pour avoir riposté.
Le cyber terrorisme c’est le far West avant l’arrivée des shérifs.
Quoiqu’il en soit, les armes numériques entre les mains d’organisation terroristes puissantes comme l’Etat islamique en Irak, peuvent provoquer demain des dommages comparables à ceux infligés par des bombardements massifs et la destruction des réseaux de communications et d’énergies.
Nous devons, en conséquence, nous doter des forces capables de déjouer ces attaques. Pour conduire la guerre numérique, il faut un véritable arme numérique au même titre que l’arme terrestre, aérienne ou navale.
Enfin, il y a la prévention de la radicalisation.
Bien des familles qui ont vu leurs enfants partir en Irak ou en Syrie sentaient que les choses dérapaient. Par manque d’information et de contacts éclairés, l’engrenage s’est accéléré.
En France, une plateforme téléphonique nationale a été mise en place.
Plus de 1700 individus en voie de radicalisation ont été ainsi identifiés.
Reste la question de la prison qui est un des lieux où se cristallisent le parcours des apprentis djihadistes.
Il y a actuellement un débat pour savoir si l’on dote les services pénitentiaires des moyens de renseignements équivalents à ceux de la police.
Certains disent que ça n’est pas le rôle de ces services, mais peut-on estimer que le seul lieu en France où les extrémistes échappent à la surveillance, c’est la prison ?
Pour les détenus radicalisés, nous n’échapperons pas à mon sens à la nécessité de créer des structures spécialisées.
Enfin, mesdames et messieurs, le combat contre le fanatisme est politique.
Le virus est en France, il est au Royaume uni. Il faut lui opposer la force de notre cohésion nationale.
Parmi les adeptes et recrues de l’EIIL, 1.500, je l’ai dit, seraient françaises.
Quant aux tueurs de Charlie Hebdo et de l’épicerie kasher, ils étaient des nôtres.
Alors, n’esquivons-pas les questions de fond.
Pourquoi l’appel djihadiste rencontre un tel écho chez certains de nos jeunes, dont certains ne sont même pas musulmans ?
Faiblesse de nos valeurs ? Echec de notre modèle d’intégration ? Blocages économiques et sociaux ? Impuissance des instances musulmanes officielles à démontrer en quoi la dérive djihadiste n’a rien à voir avec la pratique de la religion ?
Ces questions ne doivent pas être taboues.
A l’évidence, il y a une perte des repères essentiels.
Il faut réapprendre à aimer la France.
A force de moquer ses symboles, d’être complaisant vis-à-vis de ceux qui défient la République, à force de nourrir les communautarismes plutôt que de célébrer l’unité française, on a affaibli le gout de vivre ensemble.
Certes, après les attentats de janvier, beaucoup de Français ont senti qu’il fallait faire bloc… Mais derrière le bloc, il y a des failles !
Dans certaines de nos cités pourtant réhabilitées, les fractures sociales, économiques, culturelles s’agrègent au point de former une autre France dans la France.
Tout n’est pourtant pas sombre, car il existe dans nos quartiers des énergies positives, et la majorité des habitants ne sont pas en sécession mais en demande d’éducation, d’ordre et de travail.
Par l’Ecole, il faut instruire, retendre les valeurs du civisme, de la fraternité, de l’autorité aussi.
Je milite pour plus d’autonomie de nos établissements scolaires, avec des vrais patrons à leur tête, avec des capacités d’adapter leurs équipes et les enseignements aux enfants et aux adolescents, car on n’agit pas de la même façon à Grigny qu’à Paris.
A l’évidence, il faut concentrer nos efforts sur la transmission des savoirs fondamentaux et diversifier le collège pour l’ouvrir sur le monde du travail car la spirale de l’échec scolaire préfigure celle de la violence.
Et s’il faut des signes forts pour marquer l’égalité de tous, je propose une tenue uniforme à l’Ecole, comme elle existe dans nos territoires d’outre-mer ou en Angleterre.
Cela n’est qu’un symbole, mais tout commence par des symboles !
Il faut aussi s’interroger sur la panne de notre système d’intégration et sur les échecs d’une immigration mal maitrisée, mal assimilée, faute de croissance économique et faute d’exigence politique.
Il faut fixer des quotas et consolider les parcours d’intégration en étant ferme sur l’apprentissage de notre langue, de nos valeurs, sur la capacité des étrangers à trouver un emploi et à subvenir à leurs besoins.
Chacun sait que la politique d'asile est devenue la principale source d'arrivée d'immigrants clandestins en France. Il faut réduire les délais d’instruction des dossiers et nous doter des moyens de renvoyer chez eux tous ceux qui ne sont pas de véritables réfugiés politiques.
La France est attractive parce que l’accès à ses prestations sociales est trop large. Il faut resserrer le système.
Quant à Schengen, il faut réformer ses règles et redéfinir une vraie politique européenne d’immigration.
Mesdames et Messieurs,
Dans cet environnement hostile, il y a, parmi nos atouts, l’Union européenne.
Malgré ses handicaps, elle demeure notre meilleure alliée pour garantir notre sécurité et tenir notre rang dans la mondialisation.
Le Royaume uni est actuellement en pleine campagne électorale, et je suis inquiet de le voir s’interroger sur son destin européen.
Certains, en Europe, se réjouiraient secrètement de voir l’Angleterre rejoindre le grand large. Pas moi !
Son départ serait un choc qui pourrait se révéler ravageur pour tous.
Il priverait la France du seul partenaire militaire véritablement crédible au sein de l’Union européenne et cela ruinerait le projet de force expéditionnaire commune prévue pour 2016, par le traité de Lancaster House.
L’Europe de la défense est aujourd’hui indigne de notre sécurité collective, alors sans le Royaume Uni que restera-t-il pour assurer un minimum de crédibilité à l’Union européenne ?
Il est temps que Paris et Berlin réfléchissent à la réponse à apporter aux Britanniques sur les deux sujets qui les préoccupent : l’immigration et la subsidiarité.
Il faut engager un dialogue pour dissiper les ambiguïtés et transformer une menace de divorce en opportunité de réformer une gouvernance européenne à bout de souffle !
L’Europe à 29 piétine, sous le poids de l’uniformité et de la technocratie.
Personnellement, je milite pour une Europe à géométrie variable avec un noyau dur resserré sur le plan économique et fiscal, une zone euro pilotée politiquement, et le reste relevant d’un espace économique et humain solidaire.
Dans cette Europe à plusieurs vitesses, je crois que le Royaume Uni pourrait aisément trouver sa place.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que m’inspire le combat contre le terrorisme. Ce combat ne se limite pas à des frappes de missiles car le fanatisme s’ancre dans des réalités diplomatiques, politiques, culturelles, sociales.
Notre riposte doit être globale, faite de fermeté et de sang-froid.
C’est là le message que je voulais partager avec vous.