Interview parue ce matin dans le quotidien la République du centre.
L'ancien Premier ministre enchaine cette semaine, les meetings de soutien avant le second tour des régionales. Il sera ce soir à Olivet, près d'Orléans
On ne vous a pas vu sur les plateaux télé dimanche soir. C’était une volonté de votre part ?
Le soir des élections, j’étais au QG de campagne de Valérie Pécresse et le lendemain en Normandie pour soutenir nos candidats. L’heure n’est pas à l’introspection et aux commentaires. Je n’ai qu’un mot d’ordre : il faut foncer et redoubler d’efforts dans la campagne.
Tout autant qu’une victoire du FN, les résultats illustrent une défaite de l’union de la droite… Quelle est votre analyse ?
Depuis des mois, je parcours la France et je sens monter la colère du pays et sa radicalisation. Les Français ont le net sentiment que leur avenir est bloqué par la crise, la montée inexorable du chômage, les impôts… A leurs yeux, leur sécurité et leur identité sont menacées. Les attentats cristallisent les peurs. Il y a une volonté de sanctionner les pouvoirs en général. François Hollande ferait bien de ne pas jouer au monarque au-dessus de la tempête. Lui et son gouvernement sont largement responsables de ce climat délétère. Quant à notre parti, il faudra le moment venu tirer les leçons. La situation est grave et l’opposition doit maintenant se battre deux fois plus pour regagner la confiance des Français. Je dis aux électeurs que le FN est une impasse. On ne gère pas sérieusement des régions et on ne redressera pas la France avec le programme lepéniste.
Vous avez adhéré à la prise de position de Nicolas Sarkozy "sur le ni retrait, ni fusion", quand Manuel Valls appelait fermement l'électorat de gauche à voter au second tour pour les listes d'union de la droite en NPDC/Picardie, PACA et Est. Un commentaire sur l'intervention du Premier ministre en place.
Le retrait ou la fusion de nos listes ne m’apparaissent pas le meilleur moyen de contrer le FN. Mieux vaut la clarté et le combat. Quant à Manuel Valls, il fait ce qu’il peut dans des régions où la gauche a été laminée. Je ne sais pas si c’est de la morale comme il le prétend ou du calcul électoral. C’est qui est sûr, c’est que l’électorat de gauche doit être tiraillé. Notre rôle est de le convaincre qu’il ne perdra pas son âme en soutenant les projets régionaux de la droite et du centre.
Des voix se sont élevées dès lundi pour émettre des réserves sur l’action de Nicolas Sarkozy à la présidence des Républicains (Eric Woerth, Nadine Morano). Nicolas Sarkozy est-il toujours, à vos yeux, l’homme de la situation ?
L’heure n’est pas aux réserves et aux inventaires, mais au combat pour faire gagner nos candidats et nos valeurs. Nous ferons le bilan après le second tour.
Dans votre livre "Faire", en plus de votre parcours personnel, vous partagez votre analyse de la situation de la France et votre programme pour la redresser. Votre discours, si l’on en croit les études sur les futures primaires des Républicains, n’est pas encore tout à fait entendu...
Mon diagnostic sur la France et mes propositions collent à l’état du pays et je ne doute pas que la primaire réservera des surprises à ceux qui pensent que les jeux sont faits. 2017 ne sera pas 2012. Nos concitoyens n’en peuvent plus des promesses, des postures, des ajustements à minima. Les Français attendent et espèrent des changements puissants et précis. On les dit conservateurs. C’est faux ! Tous ceux que je rencontre sont furieux du statu quo qui les enlise. Voilà pourquoi, je travaille à un projet très détaillé et très percutant pour redresser notre pays. La meilleure réponse au vote protestataire, c’est la crédibilité de nos propositions et l’assurance que nous passerons aux actes.
Orléans est une ville de rumeurs comme l’a écrit Edgar Morin. Son ancien maire, Serge Grouard, a clamé haut et fort son soutien à votre égard. Il se murmure d’ailleurs qu’il pourrait être nommé directeur de votre campagne pour les primaires. Info ou intox ?
Serge est dès à présent au cœur de mes équipes. J’ai une grande confiance en lui. C’est un homme formidable qui a des vraies valeurs humaines et politiques.
Toujours dans votre livre Faire, vos évoquez un dejeuner avec le diable. Autrement dit, vos relations avec Vladimir Poutine quand vous étiez Premier ministre et votre analyse sur les relations franco-russes. Le passé récent post-attentats de Paris tend à valider votre prise de positon notamment sur la question syrienne…
Avec Vladimir Poutine, j’avais des échanges francs, parfois rudes, parfois amicaux. A entendre certains, Poutine, c’est le «diable». C’est stupide. L’homme défend ses intérêts et à sa logique, mais on peut discuter avec lui. La géopolitique à ses règles qui dépassent les relations personnelles. Depuis toujours, j’estime que la France et l’Europe doivent faire avec la Russie qui est une grande puissance. De gaulle l’avait compris : les régimes passent mais la Russie demeure une nation avec laquelle il faut dialoguer. Il a fallu du temps pour que François Hollande comprenne que Moscou pouvait être utile à la résolution du conflit en Syrie. Pour abattre l’Etat islamique, il faut rassembler toutes les forces en présence, sans angélisme.
La liste conduite par Philippe Vigier se retrouve en mauvaise posture dans la triangulaire du second tour en région Centre-Val de Loire. Quel message comptez-vous faire passer mercredi soir à Olivet ?
Philippe est un homme solide, expérimenté. C’est quelqu’un qui sait rassembler et qui sera impulser des changements dans la région. Entre un gouvernement qui échoue et une extrême droite démagogique, il incarne l’alternance et le bon sens. J’ai autrefois présidé la région des Pays de la Loire, et croyez-moi, ca n’est pas avec des idées simplistes qu’on fait progresser un territoire. Pour aller chercher des entrepreneurs, des investisseurs, pour créer des emplois, il faut des équipes sérieuses.