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2 octobre 2009 5 02 /10 /octobre /2009 17:50

François Fillon, Premier ministre, répond aux questions de la presse à l'occasion du comité interministériel de Prévention de la délinquance le vendredi 2 octobre 09 à Villeneuve-la-Garenne.

Monsieur le Premier ministre est-ce que vous comprenez, est-ce que vous partagez peut-être l'émoi suscité chez les magistrats par les propos tenus hier par votre ministre de l'Intérieur, B. Hortefeux ?


Ce que je partage surtout, c'est l'émotion dans la population de noter pays devant le crime absolument odieux, et qui aurait pu être évité, qui a été commis. Il ne faut pas inverser les priorités. La question qui est posée aujourd'hui par les Français, c'est : comment peut-on faire pour que ça ne se produise plus, et que nous n'ayons plus des crimes comme celui-là, qui aurait pu, sans doute, être évité, par un meilleur accompagnement du délinquant en question, qui était connu. Nous avons – le Gouvernement – agi déjà dans ce sens, avec le vote d'un certain nombre de dispositions législatives qui permettent désormais de mieux suivre les personnes à la sortie de prison. Je rappelle que le Conseil constitutionnel, pour des raisons juridiques, a estimé que ces mesures ne pouvaient pas s'appliquer au "stock" de prisonniers qui étaient en train de purger leurs peines. Ce que je constate en tout cas, c'est que cette décision, elle a comme conséquence qu'on n'a pas pu traiter un grand nombre de ces personnes. Il faut donc aujourd'hui trouver les moyens juridiques de le faire, et ce que le Garde des Sceaux, le ministre de l'Intérieur, l'ensemble du Gouvernement est en train de préparer, ce sont des décisions qui seront le cas échéant proposées au vote du Parlement, qui permettront d'aller plus loin et d'être plus efficace pour prévenir que de telles situations ne se reproduisent. Et nous ne nous interdisons aucune réflexion sur aucun sujet. Nous regardons ce qui se passe dans les autres pays autour de nous, et en particulier dans les autres pays européens, mais nous n'avons pas l'intention de rester les bras ballants à commenter des débats qui n'ont pas beaucoup d'intérêt entre telle ou telle administration de l'Etat, entre tel ou tel corps. Le vrai sujet, c'est comment, dans le respect de la personne, dans le respect des lois de la République, nous pouvons faire en sorte qu'une situation comme celle-là ne se reproduise pas, car il est insupportable de voir une femme mourir dans ces conditions, alors qu'on a le sentiment qu'on avait la possibilité de l'éviter.


Vous dites que vous regardez un petit peu ce qui se passe à l'étranger, en Europe. Est-ce que vous pensez à la castration chimique notamment ?


J'ai dit qu'on ne s'interdisait aucun sujet, et vous savez d'ailleurs que cette castration chimique existe déjà aujourd'hui. Simplement, elle repose sur un accord de la personne concernée. Il faut regarder comment, dans le cadre des mesures d'accompagnement de la sortie de prison, on peut le cas échéant rendre ces dispositifs plus contraignants. C'est un sujet en tout cas sur lequel nous sommes en train de travailler et nous ferons des propositions au Parlement dans ce sens.


Quand vous dites que ces faits auraient pu être évités, est-ce que cela veut dire qu'il y a eu des fautes commises ?


Je ne vais pas rentrer dans ce débat. La question est simple : cet homme a déjà commis un acte grave, il sort de prison, il recommence. Tous les Français – je pense que vous en rencontrez beaucoup, je pense que vous écoutez les radios le matin qui reproduisent les questions qui sont posées par les auditeurs – pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait attention ? Au fond, c'est ça la question : pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait attention ? Je ne mets en cause personne. Je dis simplement que le Gouvernement et la majorité ont déjà légiféré sur cette question, parce que nous pensions, et sous l'impulsion du président de la République, qu'il s'agissait d'une question absolument essentielle. Pour des raisons juridiques, le texte que nous avons voté ne s'appliquait pas à ce monsieur, je le regrette. Et donc nous allons trouver le moyen de faire en sorte qu'on ne reste pas dans cette situation où un grand nombre de personnes qui sont en prison aujourd'hui, qui vont sortir un jour, pourraient de nouveau se révéler dangereuses.


Monsieur le Premier ministre, vous évoquez la loi de mai 2007 et vous vous appuyez sur cette loi pour développer aujourd'hui votre plan de prévention de la délinquance. Mais les chiffres de la criminalité ont augmenté depuis lors. Pourquoi ne pas faire une autre loi, puisque celle-ci semble avoir échoué. Deuxième question, vous évoquez le Grand Paris de la police ; vous avez eu un différend assez important avec votre secrétaire d'Etat au Grand Paris. Est-ce que un ministre peut rester dans un Gouvernement quand il n'est pas d'accord avec le Premier ministre ?


Quelle habileté - de la question je voulais dire, naturellement… D'abord, s'agissant de la délinquance, ce que vous dites est faux. la délinquance, elle baisse ; elle a baissé régulièrement depuis sept ans. Alors, naturellement, il y a des mois qui ont été moins favorables que d'autres, mais enfin sur l'ensemble de la période, et en particulier sur ces dernières années, on a une baisse de la délinquance. En même temps, on sait bien que c'est un combat qui n'est jamais gagné, c'est un combat qui ne finira jamais, qui nécessitera toujours de nouvelles initiatives pour s'adapter à l'évolution de la délinquance ; c'est comme ça, c'est l'histoire de l'humanité. Donc, pour nous, aujourd'hui, le plus important, c'est d'abord de veiller à ce que tous les outils dont nous nous sommes dotés grâce au vote de la loi sont bien mis en œuvre, et on voit, s'agissant de la prévention de la délinquance, qu'ils ne le sont pas tous. Il y a encore beaucoup d'endroits où il n'y a pas de Conseil de prévention de la délinquance, où le maire n'a pas saisi toutes les instruments qui étaient à sa disposition, où les échanges d'informations entre les services ne fonctionnent pas, pour des tas de raisons, qui sont, soit le problème de confiance que j'évoquais tout à l'heure, ou qui sont des problèmes juridiques, ou qui sont parfois même des problèmes idéologiques. Il faut qu'on surmonte toutes ces difficultés, et je ne crois pas que ce soit en votant des lois tous les quinze jours que l'on améliore la prévention de la délinquance. C'est d'abord en mettant en œuvre les outils dont nous disposons, en les évaluant, le cas échéant en modifiant ceux qui ne fonctionnent pas. Et donc, nous allons poursuivre cet effort avec beaucoup de détermination et nous jugerons, avec les chiffres des prochains mois sur la délinquance, des résultats.


Sur le deuxième sujet, ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas la première fois, ce ne sera pas la dernière fois, qu'il y a des débats au sein d'un Gouvernement sur des sujets aussi essentiels que la mise en œuvre d'une politique très très ambitieuse pour le développement du Grand Paris. Chaque ministre défend ses positions, ses points de vue, c'est normal, chacun est libre de le faire. Et puis c'est la richesse même d'une équipe gouvernementale. Mais il y a un moment où il y a un arbitrage ; et cet arbitrage, il se trouve que c'est le Premier ministre qui le fait. L'arbitrage a été rendu, le texte est désormais au Conseil d'Etat, il sera au Conseil des ministres dans quelques jours. Et c'est à partir de ce texte que nous engagerons le débat avec le Parlement. Est-ce qu'il y a d'autres questions ?


Monsieur le Premier ministre, il y a deux ans, vous vous disiez "à la tête d'un Etat en faillite" et vous vous engagiez à ramener, d'ici la fin du quinquennat, le budget à l'équilibre. Est-ce que aujourd'hui vous pouvez encore tenir cet engagement ?


Il vous a peut-être échappé qu'entre temps il y avait eu une crise économique et financière mondiale. Peut-être que vous pourriez lire la presse britannique, la presse allemande, la presse espagnole, la presse italienne pour regarder où en sont les déficits de ces Etats, dont certains étaient équilibrés à l'époque où je m'inquiétais des problèmes structurels de notre pays en matière de déficit. Le déficit que nous connaissons aujourd'hui, il est, pour l'essentiel, lié à la relance que nous avons impulsée, et il est lié à la baisse extrêmement forte des recettes, due à la crise. Dans le même temps, nous avons continué depuis deux ans inlassablement à réduire les dépenses de l'Etat. C'est la troisième année consécutive que je présente un budget de l'Etat qui est en croissance zéro ; ce n'est jamais arrivé depuis le début de l'histoire de la Vème République. C'est la troisième année consécutive que je présente un Budget qui supprime, parce que nous n'avons pas d'autre choix, des postes dans la fonction publique, on en aura supprimé 100.000 à la fin de l'année 2010 et on va poursuivre cet effort. Donc, on voit bien que, d'un côté, nous faisons les efforts nécessaires pour réduire le déficit structurel de notre pays. Mais d'un autre côté, il faut que nous absorbions le choc de la crise économique et financière, comme les autres pays européens, comme les autres pays développés. Nous allons le faire, et nous allons le faire en coordination étroite avec les autres pays de l'Union européenne, et notamment de la zone euro parce qu'il est important que nous ayons une approche commune.


Mais ceci nous a un peu éloignés de la prévention de la délinquance. Je vous remercie de votre attention.







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