Allez ! Encore une polémique ! Maintenant ce sont les chiffres du chômage qui ne seraient pas sincères ! La CGT les trouve « farfelus », François Bayrou les met en doute, Philippe de Villiers et le PS les contestent, un collectif venu de nulle part annonce « 11 millions de vrais chômeurs ». La campagne présidentielle est propice à toutes les manipulations et à toutes les démagogies. Il n’est pas illégitime de débattre de la définition du chômage, ni même de souhaiter en modifier les modalités de comptage, mais il est irresponsable de semer le doute sur la sincérité des organismes publics qui, avec les mêmes critères et la même rigueur mesurent depuis des années l’évolution du nombre de demandeurs d’emplois. C’est irresponsable parce que cela alimente la crise de confiance qui sape lentement mais surement la légitimité de l’Etat. C’est irresponsable parce que cela renforce le mépris que les français conçoivent pour les responsables politiques. Prenons François Bayrou ! Il fut membre du gouvernement d’Edouard Balladur et d’Alain Juppé. Il y a encore peu de temps, il soutenait celui de Jean Pierre Raffarin. Le comptage des demandeurs d’emplois s’effectuait alors avec les mêmes critères qu’aujourd’hui. Etait-t-il complice d’une manipulation ? Ségolène Royal siégeait il y a peu dans le gouvernement de Lionel Jospin qui se vantait chaque jour d’avoir fait reculer le chômage. C’était avec le même outil statistique. Etait-t-elle complice d’un mensonge d’Etat ? Bien sûr, il y a dans les bons résultats du chômage depuis un an l’effet du plan de cohésion sociale et de ses créations d’emplois aidés dans le secteur public. On peut admettre que ces emplois ne sont pas tout à fait de vraies créations, mais ils le sont au moins autant que les emplois jeunes de madame Aubry ! Bien sûr, on ne peut pas passer sous silence l’effet démographique qui m’avait fait prédire en 2004 avec 18 mois d’avance la décrue du chômage, mais il n’explique pas à lui seul que nous soyons aujourd’hui au niveau de 1983 pour le nombre de demandeurs d’emplois. La baisse du chômage que nous enregistrons depuis plus d’un an ne signifie pas encore que le plein emploi est à la portée de notre pays. Nous ne l’atteindrons pas sans réaliser de profondes transformations de notre organisation économique et sociale, nous ne l’atteindrons surtout pas sans améliorer les résultats de notre système éducatif. Mais cette baisse historique est un formidable encouragement à relever les défis qui nous sont lancés par l’évolution du monde. Elle signifie qu’il n’y a pas de fatalité du déclin de l’emploi en France. La nier pour faire de petits profits électoraux en surfant sur la déprime et sur la défiance des français révèle un grave manque du sens des responsabilités.
Ce site n'est plus à jour
Découvrez Fillon2017.fr