François Fillon répond à Jean Marc Ayrault après les élections régionales lors des questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le mardi 23 mars 2010.
"Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Président Ayrault,
Au fond, vous me demandez si le Gouvernement va tenir compte du résultat des élections régionales. Je vous réponds oui, nous allons tenir compte du succès des listes de gauche aux élections régionales. Vous allez présider 22 ou 23 régions sur 26. C’est une responsabilité considérable et je voudrais, dans un esprit républicain, saluer ceux et celles qui demain vont diriger les régions françaises.
Ils vont le faire dans un contexte de crise économique et sociale qui rend leurs responsabilités d’autant plus importantes. Il est essentiel, dans ce contexte, que nous coordonnions le mieux possible les politiques économiques locales et les politiques économiques nationales. J’espère que nous pourrons le faire dans un climat d’unité républicaine. Les régions ne sont pas des contre-pouvoirs, ce sont des éléments constitutifs de la Nation et de l’Etat. Et je prendrai dans les prochaines semaines des initiatives pour voir, avec les présidents de région, comment nous pourrions mieux coordonner nos efforts face à la crise économique et sociale.
Mais, monsieur le Président Ayrault, le vote de dimanche n’a rien changé aux défis que doit relever la France. Le vote de dimanche n’a rien changé au problème de compétitivité qu’a l’économie française, notamment au regard de son grand voisin allemand. Le vote de dimanche n’a rien changé à la question de l’endettement, question si cruciale dans un contexte de crise financière en Europe. Le vote de dimanche n’a rien changé à la nécessité de protéger notre modèle social face à l’allongement de la durée de la vie. Alors, oui nous allons amplifier nos efforts pour relever ce défi. Nous allons amplifier nos efforts pour protéger les Français.
Qu’est-ce que vous nous proposez ? Vous nous proposez de tout arrêter pour le remplacer par quelle politique ? Par l’immobilisme qui conduirait naturellement à la destruction de notre système ? Ce n’est pas le choix qui est le vôtre, je le comprends bien. Vous nous proposez de le remplacer par un projet socialiste, qui n’existe pas, en tout cas pas encore ? Monsieur Ayrault, depuis 2007, la France a déjà beaucoup changé. Et durant cette campagne, je n’ai pas entendu de Français me réclamer la suppression de l’autonomie des universités. Je n’ai pas entendu de Français me réclamer la suppression du Revenu de solidarité active. Je n’ai pas entendu de Français me proposer le rétablissement des droits sur les petites et les moyennes successions. Alors, monsieur Ayrault, si votre question était : allez-vous faire demi tour ? Eh bien, ma réponse est non.