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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 19:53

 

François Fillon prononce un discours lors du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme" au Centre Pierre Mendès France le jeudi 6 janvier 2011.

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

Mon cher Eric,

C’est pour moi un très plaisir et un très grand honneur d’ouvrir ce nouveau rendez-vous, qui a été voulu et organisé par Eric BESSON, pour décrypter les dysfonctionnements de l’économie mondiale mis en lumière, avec quelle brutalité, par la crise financière. Je suis heureux de le faire aux côtés de Monsieur PAPANDREOU, dont je voudrais saluer devant vous le courage et le sens de l’intérêt général.

Cette année, nous tournons nos regards vers la sortie de crise et comment anticiper le nouveau monde qui s’apprête à émerger. Parmi les évolutions marquées de l’année écoulée, il y a le basculement accéléré de l’économie mondiale vers l’Est et vers le Sud/

Les pays émergents représentent désormais plus de 50% de la production industrielle contre 30% il y a vingt ans et détiennent 80% des réserves de change.

La Chine, qui avait ravi à l’Allemagne sa place de premier exportateur mondial, est devenue en 2010 la deuxième puissance économique mondiale. La question est maintenant de savoir quand l’économie chinoise dépassera celle des Etats-Unis ?

En 2003, certains envisageaient que la Chine deviendrait la première économie mondiale à l’horizon 2040 et, à l’époque, cette perspective paraissait bien lointaine et bien aléatoire. Et bien, maintenant, elle est envisageable dès le début de la prochaine décennie. Alors que l’économie américaine n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise, le PIB de la Chine a augmenté de 28 % depuis 2008 et en 2011.

Même si des signes d’accélération de l’activité se manifestent dans les pays avancés, le rythme de la croissance devrait demeurer à deux vitesses, les pays émergents devant faire face à des risques de surchauffe, alors que les pays avancés doivent encore gérer les cicatrices humaines et financières de la récession.



Bref, cette crise ouvre sur un monde nouveau qui portera l’Asie et l’Amérique Latine sur le devant de la scène. Ce sera un monde hautement connecté, fait d’échanges rapides et d’imagination valorisée, un monde où les civilisations s’entrecroiseront et se frotteront les unes aux autres, un monde où les identités nationales devront être pensées comme des tremplins, pour se projeter vers l’extérieur et vers l’avenir et non pas comme des refuges illusoires.

Ce monde fera la part belle à ceux qui seront être réactifs, mobiles, à ceux qui auront envie de créer, d’innover, il verra émerger de nouvelles activités. Au fond ce nouveau monde, dont je ne sous–estime pas la rudesse et les exigences, a pourtant toutes les chances d’être plus ouvert et plus équitable que l’ancien.

Qui de nous regrettera le temps de la guerre froide et de la bipolarité ? Qui de nous regrettera le temps où des continents entiers se voyaient condamnés au silence et à la pauvreté ?

L’Histoire avance, bouscule les situations acquises, elle ouvre des brèches, l’Histoire nous défie et je refuse de penser que la France et l’Europe soient à ce point frileuses et déclinantes pour ne pas voir que l’avenir reste ouvert. Dans le changement, nous devons voir une opportunité et pas seulement un risque.



L’année dernière, en clôturant ce même rendez-vous Eric, j’avais souligné parmi les effets majeurs de la crise, l’importance du retour du politique et la prise de responsabilité accrue à laquelle elle nous avait invités. Et bien je crois que l’évolution du G20 a donné un exemple fort de cette implication responsable, au dernier sommet à Séoul.

Nous sommes passés à une phase de construction, qui ose les plans sur le long terme et les réformes structurelles.

En l’espace de cinq sommets on peut dire que nous avons sauvé le système financier mondial au bord de l’effondrement. Nous avons efficacement et collectivement lutté contre la tentation protectionniste et nous avons profondément renforcé les institutions financières internationales. Nous les avons dotées de nouveaux moyens. Nous avons fait évoluer leur gouvernance en tirant les conséquences de la place nouvelle que doivent occuper les grands pays émergents dans la gouvernance mondiale : à la Banque mondiale d’abord, entre les Sommets de Pittsburgh et de Toronto, puis au FMI, lors du sommet de Séoul. Enfin, nous avons commencé à réguler le système financier international.

Depuis le sommet de Washington, en 2008, des progrès majeurs ont été accomplis en matière de régulation financière, aussi bien pour les règles en matière de capital et de liquidité des banques que pour l’encadrement des produits dérivés, le contrôle de la titrisation, la lutte contre les paradis fiscaux et l’encadrement du bonus des traders.

Dans l’urgence, je crois qu’on peut dire que les Etats ont su se mobiliser, mais, maintenant que le risque peut paraître s’éloigner, cette dynamique et cette vigilance ne doivent pas faillir. L’avenir et la légitimité du G20 en dépendent, le G20 doit montrer qu’il reste capable de prendre des décisions et de les mettre en œuvre, sans quoi d’autres institutions tenteraient de le remplacer.



Le G20 doit réussir à s’attaquer aux grands chantiers en attente depuis de longues années, je veux vous dire que c’est bien la volonté de la présidence française d’y veiller. Les priorités que nous avons proposées sont connues : la première, c’est la réforme du système monétaire international, auquel vous allez consacrer votre après-midi avec Christine LAGARDE notamment et Felipe LARRAIN.

En matière de régulation financière, nous devons poursuivre les chantiers déjà engagés et nous assurer de la bonne mise en œuvre des règles décidées par le G20 sur toutes les places financières. Nous chercherons aussi à étendre l’agenda de régulation, là où elle reste insuffisante. Il est en particulier impératif de renforcer la régulation du système bancaire parallèle - ce que les anglo-saxons appellent le «shadow banking» - sans cela nous courrons le risque d’aboutir à une situation paradoxale, que nos efforts pour renforcer la régulation du secteur bancaire traditionnel ne fassent finalement que reporter l’activité et les risques vers des nouvelles formes d’intermédiation bancaire qui, elles, auraient échappé à la régulation.

Nous proposerons également à nos partenaires de renforcer le volet «marché» de l’agenda de régulation financière du G20 dans la continuité des travaux européens en faveur d’une meilleure transparence et d’une protection accrue de l’intégrité des marchés. Face à l'excessive volatilité des prix des matières premières (et notamment des prix agricoles et énergétiques) nous aurons aussi à trouver des solutions, et cela sera la deuxième grande priorité de la présidence française.

A ces chantiers s’ajoutera l'amélioration de la gouvernance mondiale, qui concerne aussi bien le G20, son organisation interne et ses liens avec les organisations internationales, que l’ensemble du système des Nations Unies.

Notre monde globalisé a besoin d'un système multilatéral qui fonctionne de manière plus efficace.

Nous avons réussi à réformer la Banque Mondiale, nous avons réussi à donner un nouvel élan et de nouvelles responsabilités au Fonds Monétaire International, est-ce qu’on peut en faire de même avec les Nations Unies ? Sans vouloir se substituer aux organes compétents des Nations Unies, la France entend poser cette question légitime.



Enfin, la présidence française du G8 et du G20 sera l’occasion d’offrir un tremplin à des sujets dont nous considérons qu’ils ont été insuffisamment ou pas du tout traités jusqu’ici.

A Séoul, on a évoqué pour la première fois le développement, qui jusqu'ici ne relevait pas du G20, et je pense qu’on ne peut pas envisager de croissance durable sans y engager le continent africain et les pays les plus pauvres.

C’est la raison pour laquelle nous avons mis en avant le financement des infrastructures et la sécurité alimentaire, auquels la France a souhaité ajouter les financements innovants, indispensables pour compléter l'aide publique au développement.

A Séoul également, le Président de la République a souhaité mettre à l’ordre du jour la dimension sociale de la mondialisation. Le constat, tout le monde peut le faire, dans un contexte d'une mondialisation déséquilibrée le social est une variable d'ajustement et fait l’objet le plus souvent l’objet d’une forme de dumping. Ces dumpings ont des coûts humains mais aussi des coûts sociaux, environnementaux, qui sont considérables.

La mondialisation ne doit pas servir à excuser des renoncements éthiques et politiques, une meilleure régulation sociale de la mondialisation est possible et elle est nécessaire - nous en avons la conviction - c’est pourquoi nous allons la mettre au cœur de la présidence française du G20. L’Organisation Internationale du Travaila toujours défendu cette thèse, avec courage, et, pour aider ce chantier à progresser, nous pensons qu’elle aura un rôle primordial à jouer.

Dans le cadre du G8, la question de l'Internet et plus généralement de l’économie numérique a été identifiée comme un sujet de réflexion central. D’abord, parce que de secteur représente une part de plus en plus importante de notre économie. En 2030 Internet devrait représenter 20% du Produit Intérieur Brut mondial, mais aussi parce qu’il irrigue tous les secteurs et qu’il est facteur de compétitivité, qu’il crée de l’emploi, qu’il concourt à l’attractivité des territoires, enfin parce qu’il offre à tous un accès irremplaçable à la culture et à l’éducation, et pourtant – il faut bien le dire – jusqu’à maintenant très peu de rencontres de haut niveau, je veux dire de rencontres au niveau des chefs d’Etat et de Gouvernement de la planète, lui ont été consacrées.

Nous souhaitons évoquer plusieurs aspects. L’accès et au financement des infrastructures, un sujet auquel nos différents pays sont confrontés et sur lequel pourront partager leur expérience, la question de la valeur et de son partage entre les différents acteurs ainsi que celle des différents modèles économiques.

On ne peut pas continuer à imaginer une organisation d’économie numérique où les activités qui se tiennent sur le territoire des Etats ne donnent pas lieu à une participation, au financement des infrastructures et de la vie sociale de ces Etats. Cette question englobe aussi le respect de la propriété intellectuelle, celle de la rémunération des contenus, ainsi que le traitement fiscal des services numériques.

Autre grand volet, nous devrons réfléchir aux meilleures manières de renforcer la sécurité et la confiance dans les réseaux et dans les services numériques. Cela implique de se pencher sur la protection des données personnelles et des libertés individuelles, sur le droit des consommateurs, sur la sécurisation des paiements, mais aussi sur la résilience des réseaux et la lutte contre la cybercriminalité.



Mesdames et Messieurs,

Le premier cadre d’action de la France à l’international c’est bien sûr la Zone Euro. Or ces derniers mois la Zone Euro a fait l’objet d’attaques sérieuses. La tourmente qui a affecté le système bancaire irlandais, associée aux problèmes budgétaires du pays, a entraîné une reprise de l’instabilité sur les marchés souverains de certains pays de la Zone Euro.

Des spéculateurs ou des commentateurs qui, le plus souvent, n’ont jamais cru à la monnaie unique font le pari d’une contagion à d’autres pays. Eh bien je veux d’abord rappeler que cette crise n’est pas la crise de l’euro, l’euro est indiscutablement une monnaie forte, c’est la seconde devise mondiale, elle est devenue l’une des principales monnaies de réserve.

Cette crise, c’est surtout une crise de confiance à l’égard de certains pays de la Zone Euro qui ont été affaiblis par la crise économique et dont les modèles de croissance ont vu leurs lacunes exposées par la crise : la dérive des finances publiques pour la Grèce – Monsieur PAPANDREOU vient de l’évoquer - ou la bulle de l’endettement liée à l’immobilier en Irlande.

Au départ, il y a d’abord une crise budgétaire classique - comme on en trouve dans l’Histoire économique en sortie de crise financière - les conséquences ce sont l’effondrement des recettes fiscales, la hausse des dépenses publiques et, donc, l’explosion de l’endettement public.

Pour un certain nombre de pays, ces déséquilibres budgétaires sont aggravés par la nécessité de résorber simultanément un excès d’endettement privé et une bulle immobilière. Leurs difficultés viennent, enfin, d’une perte de compétitivité due à une augmentation excessive des coûts salariaux et d’un creusement sans contrôle des comptes extérieurs.

Ces dérapages ne sont pas le fruit de la monnaie unique, ils sont le fruit de politiques économiques inadéquates, ils sont la conséquence de déficits publics insuffisamment réduits durant les périodes d’expansion, d’une régulation bancaire insatisfaisante qui ne tient pas compte de la montée des risques et d’une maîtrise insuffisante de l’évolution de la demande intérieure.

Bien sûr ces dérapages nous interpellent collectivement, parce que notre responsabilité, c’est de mettre en place les mécanismes de surveillance au niveau européen qui permettront de prévenir ces risques.

Mais je voudrais souligner deux choses, que l’on perd trop souvent de vue.

Le dérapage des finances publiques, le gonflement de bulles immobilières et de crédit, l’érosion de la compétitivité n’ont pas concerné que les pays de la Zone Euro. D’autres pays ailleurs ont connu ces phénomènes et parfois même de grande ampleur.

Pour les pays de la zone dont les politiques se sont révélées inadéquates, les ajustements sont devenus inévitables. Mais nous ne devons pas laisser croire qu’il en serait allé autrement si ces pays n’avaient pas appartenu à la Zone Euro, aucun pays confronté à une crise sérieuse de sa dette souveraine n’a échappé à une compression du pouvoir d’achat et de la demande intérieure.



La crise, qui touche certains pays de la Zone Euro, ne remet pas en cause la pertinence de cet espace commun, ni les bienfaits apportés par plus de dix ans de stabilité des changes.

L’Euro a favorisé le développement d’un grand marché au bénéfice des consommateurs et des entreprises, l’Euro a rempli son objectif de stabilité des prix et de préservation du pouvoir d’achat des ménages, personne n’ose imaginer les désordres monétaires que nous aurions connus en Europe si la monnaie unique n’avait pas existé lors de la crise de 2008 et, contrairement à ce qu’on entend parfois, l’Euro n’a pas constitué un frein à la croissance. De 1999 à 2009 le PIB par habitant a progressé de 2,7% en France.

Globalement, la Zone Euro reste solide et, lorsqu’on examine la situation des finances publiques de la Zone Euro dans son ensemble - comme vient de le dire à l’instant le Premier ministre Grec - elle est moins dégradée que celle des Etats-Unis ou du Japon.

C’est visible en termes de déficit : - 6,7% du PIB pour la zone Euro en 2010 contre respectivement -11,1 et - 9,6 pour les Etats-Unis et le Japon. En termes de dette également avec 84% du PIB pour la Zone Euro fin 2009 contre respectivement 93 et 226% pour les Etats-Unis et le Japon.



Mais nous ne devons pas non plus, au regard de ces comparaisons, nous voiler la face. La crise a révélé des insuffisances d’organisation au sein de la Zone Euro, la surveillance des Etats de la Zone Euro a montré d’évidentes lacunes, entraînant une dangereuse divergence de compétitivité entre les Etats membres et on a vu que la Zone Euro ne disposait d’aucun mécanisme de stabilisation financière.

Face à ces lacunes, la réactivité de la Zone Euro a été extrêmement forte, je sais qu’il y a eu des critiques ici ou là sur la façon dont l’Europe a réagi à la crise, mais je voudrais dire que ceux qui les portent ne mesurent pas l’ampleur des décisions qui ont été prises en moins d’un an.

Face à la crise de la dette souveraine grecque l’Union Européenne a adopté un programme massif d’assistance de 110 milliards d’euros, conditionné par un programme d’ajustement budgétaire que la Grèce continue à mettre en œuvre de façon résolue et, je veux le dire, en saluant à nouveau le Premier ministre Grec, très courageuse.

Ensuite, la Zone Euro a mis en place le Fonds Européen de Stabilisation Financière d’un montant potentiel de 440 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 60 milliards de fonds de l’Union Européenne et 250 milliards apportés par le FMI. Ce mécanisme provisoire, valable pour trois ans, vient d’être utilisé pour l’Irlande, accompagné de mesures budgétaires strictes du Gouvernement irlandais.

Enfin, la BCE a joué son rôle en assurant la liquidité sur les marchés et en maintenant son programme de rachat des obligations souveraines qui assure un bon fonctionnement de la politique monétaire et qui rassure les marchés. En contrepartie la BCE exige, et c’est bien normal, des engagements forts des Etats, tant au niveau national sur la réduction des déficits, qu’au niveau européen.

La gestion de crise a été indiscutablement réussie, mais en même temps il faut reconnaître qu’elle ne suffit pas. Des mesures structurelles étaient indispensables et, là encore, la Zone Euro a fait preuve de réactivité.



Face à la crise de confiance qui frappe certains pays de la Zone Euro, le Conseil européen a adopté un ensemble de règles qui renforcent la surveillance des comptes publics, celle de la dette publique et l’évolution des déséquilibres macroéconomiques susceptibles de peser sur la Zone Euro.

Ces règles constituent un pas en avant majeur dans l’intégration des pays de la Zone Euro puisque, au-delà des questions budgétaires, c’est la question des déséquilibres économiques internes à la zone qui fera l’objet d’une surveillance étroite et ces règles vont bientôt être traduites en textes législatifs.

Parallèlement, nous nous sommes dotés d’instruments de gestion de crise permanents. La Zone Euro va créer un mécanisme permanent de stabilisation financière qui prendra en juin 2013 le relais du Fonds créé pour trois ans. Le nouveau mécanisme, formellement autorisé par le traité, reposera donc sur des bases juridiques solides, rendues possible par la révision du traité de Lisbonne lancée en décembre 2010.

Au plan institutionnel, la réactivité et la capacité d’adaptation de l’Union Européenne et de la Zone Euro ont donc été incontestables.

Au plan économique, on voit apparaître les signes encourageants d’une résorption des déséquilibres : l’Irlande a regagné depuis deux ans une part importante de sa compétitivité perdue ; en Espagne, les déficits budgétaires et la balance des paiements courants se résorbent ; et l’ensemble des pays européens devrait bénéficier du regain de dynamisme de la demande intérieure en Allemagne.



Pour autant peut-on penser que tout ce qui est nécessaire a été fait ? Je ne le crois pas !

D’abord un chemin important reste à parcourir pour que les ajustements économiques effacent les déséquilibres qui se sont créés au sein de la zone. Ensuite, l’Europe donne encore parfois l’impression d’être en retard sur les marchés, de réagir avec efficacité aux menaces immédiates, mais sans avoir de plan de long terme.

Devant ce constat, je propose trois axes principaux :

Le premier, c’est le renforcement de la cohésion de la Zone Euro. Une zone monétaire solide nécessite une surveillance attentive en matière budgétaire mais aussi – et c’est bien ce qui a manqué depuis l’origine - une convergence minimale en matière fiscale, voire en matière sociale. Ce sera la grande question des prochains mois et des prochaines années.

Après cette crise, les questions de convergence et d’harmonisation vont s’imposer en haut des priorités européennes, y compris dans des domaines longtemps ignorés pour cause de sensibilité politique

Et c’est dans cet esprit d’ailleurs que j’accueille de façon positive l’ouverture d’un débat en France sur le coût du travail et sur la question des 35 heures. Je l’ai dit à plusieurs reprises, depuis plusieurs années, on ne peut pas imaginer à long terme une Zone Euro dans laquelle les temps de travail, l’âge de la retraite, le coût du travail soient complètement divergents.

Nous devons aussi aller plus loin dans le soutien européen à la croissance et à l’emploi, la sortie de crise ne se fera, c’est une évidence, que par le retour de la croissance. C’est aussi la clé de l’adhésion de nos concitoyens à l’idée européenne.

Les bons résultats récemment enregistrés par certains pays européens montrent que l’on peut continuer à parier sur l’industrie, sur la technologie, sur l’excellence.

L’Europe doit donc favoriser la recherche, l’innovation, la compétitivité industrielle.

Puisqu’au fond le sujet de ces rencontres c’est le nouveau monde et le nouveau capitalisme, je veux dire que, plus que jamais, il faut que nous acceptions que le marché ne peut pas tout faire et que ce n’est pas le marché qui, aux Etats-Unis, a été toujours le moteur de l’innovation technologique. Ce n’est pas le marché qui est en Chine le moteur de la croissance et des progrès technologiques que font aujourd’hui les industries chinoises. Et nous-mêmes nous avons dans notre histoire, en Europe, des exemples qui sont des exemples à succès qui montrent que, lorsque c’est nécessaire les Etats doivent s’engager pour accompagner, pour initier, pour impulser les efforts en matière de recherche d’innovation, de compétitivité, et dans cet esprit je pense qu’il faut réorienter les programmes européens de recherche pour maximiser leurs effets sur l’industrie. C’est dans ce but que la France propose de lancer un Fonds Européen des Brevets et un Fonds Européen de Capital Risque.



Il faut aussi que l’on mesure avec soin l’impact des projets de nouvelle réglementation européenne sur la compétitivité de nos entreprises et il faut que l’impératif de croissance et d’emploi soit intégré dans la politique commerciale et la politique de concurrence de l’Europe. Enfin, il faut aller plus loin dans l’affirmation de la puissance européenne dans le monde, avec une monnaie solide, avec une Banque Centrale Européenne crédible, avec des institutions rénovées, un Président permanent du Conseil européen, un nouveau service européen d’actions extérieures en voie de constitution, l’Europe (première puissance économique mondiale) a désormais tous les moyens de faire entendre sa voix face à l’Amérique et aux grands pays émergents.



La France entend que l’Europe soit au centre de la nouvelle gouvernance mondiale, qu’il s’agisse de l’avènement d’un nouvel ordre monétaire mondial, de la poursuite de la régulation financière internationale ou des efforts communs en matière de stabilisation des matières premières alimentaires.

Mesdames et Messieurs,

Il y a dans l’Histoire humaine des moments de rupture et j’ai la conviction que nous vivons l’un de ces instants où tout peut basculer dans un sens ou dans un autre, certains peuvent être pris de vertige devant l’étendue des changements qui s’annoncent, certains peuvent être tentés de les minorer pour ne pas avoir à se remettre en question, d’autres peuvent être tentés de les dramatiser pour faire valoir leurs discours populistes.

Moi je vous propose de prendre le contre-pied de ces attitudes. Nous devons être lucides, nous devons être visionnaires, nous devons être généreux et ambitieux, parce que l’avenir de la condition humaine ne s’écrit pas à l’encre du passé et des tourments.

Le choix de la raison, le choix de l’audace, le choix de la responsabilité doit guider vos réflexions et doit guider les pas des hommes d’Etat.

 

 

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commentaires

J
<br /> <br /> A priori vous reservez certains mots aux medecins, vous vous foutez vraiment de la gueule des autres personnels soignants!!<br /> <br /> <br />  Hier le President: degré zero de se qui se passe dans le secteur de la santé...<br /> <br /> <br /> et puis concernant l'autonomie au lieu de rendre publique des pistes a la con qui degage a la serpe votre (notre ) electorat demandez aux petites gens comme moi ce qu'on en pense...<br /> <br /> <br /> j'entendais hier un des députés de la seine et marne(Copé).. il semble que vous n'ayez pas compris "un truc": en tunisie le peuple a fait la révolution pour la démocratie... ici la démocratie<br /> existe =>la plupart des electeurs utilisera son bulletin de vote pro LePen pour vous avoiner... en effet au  détour de financement via les industries (dont le médicament) et<br /> autres porteurs de valises qui parfois plutard sont récompensés... le peuple en a marre ! La machine a perdre est en route...<br /> <br /> <br /> je vous soutiens mais parfois ben.. je me demande si j'ai bien raison...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Bonjour Monsieur le Premier Ministre,<br /> <br /> <br /> Permettez-moi quelques commentaires sur la préparation de la réforme fiscale. Je ne,comprends pas la forme que prend la communication autour de ce dossier. Pas une journée ne se passe sans que<br /> tel ou tel expert , plus ou moins lié aux multiples commissions, groupes de travail ou toute autre structure de réflexion créée sur ce sujet par le gouvernement ou nommés peut-être directement<br /> par le Président, n'intervienne dans les médias. Chacun apporte sa science mais je ne saisis pas de cohérence dans tous ces propos. L'effet est désastreux auprès des entrepreneurs, des<br /> investisseurs ou des particuliers fiscalisés. Tout est avancé (nouvel impôt sur les résidences principales et en même temps leur sortie de l'ISF, mais peut-être que partiellement, peut-être avec<br /> un plancher. Intégration de l'outil de travail dans l'ISF. Pas d'augmentation de la TVA mais une hausse de la CSG,CRDS......) enfin tout et n'importe quoi.<br /> <br /> <br /> Si l'on cherche à paniquer les acteurs économiques, le succès est garanti. En pleine crise cela freine terriblement les projets d'investissements (sauf pour Bolloré évidemment avec une aide de<br /> l'Etat d'une telle hauteur pour son usine de voitures électriques et de telles pré-commandes de certaines collectivités comme Paris, l'affaire se présente mieux).<br /> <br /> <br /> Un travail de réforme en profondeur est nécessaire pour notre fiscalité, vous avez raison, mais qu'il se fasse en silence,inclue toutes les compétences économiques, tienne compte de l'intérêt de<br /> toutes les forces vives de l'économie et de la société. Les analyses et les commentaires se feront après la présentation officielle et lors des débats politiques autour du projet de Loi.<br /> <br /> <br /> Monsieur le Premier Ministre, bon courage pour gérer cette situation, mais je vous reconnais toute les compétences et le courage nécessaire pour y arriver.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> bonjour<br /> <br /> <br /> en esperant que la gauche ne revienne pas au pouvoir<br /> <br /> <br /> continuez<br /> <br /> <br /> cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Monsieur le premier Ministre,<br /> <br /> <br /> Bravo pour ce discours précis et concis, aux accents comme aux allures présidentiels.<br /> <br /> <br /> Voilà une démonstration qui nous projette bien loin, pour ne pas dire à des années lumières, en comparaison de ces diatribes aussi vides que haineuses, que nous assènent chaque jour, les ténors<br /> socialistes, dont le "verbiage" s'apprente de plus en plus à un "Tchat" de mauvais goût.<br /> <br /> <br /> Gold31<br /> <br /> <br /> Site Royalmensonge<br /> <br /> <br /> <br />
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