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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 20:21

 

François Fillon ouvre le colloque "Patrimoine et fiscalité : enjeux et convergences européennes" le jeudi 3 mars 2011.

 

Mesdames et messieurs,



C’est un plaisir pour moi de pouvoir ouvrir ce colloque, dont je veux vous dire que les éclairages vont nous être extrêmement précieux au moment où nous entamons une réforme profonde de notre fiscalité du patrimoine.

Comme vous avez pu le constater, nos réflexions se précisent de jour en jour et nous allons bientôt, dans quelques semaines, prendre avec les parlementaires qui ont souhaité cette réforme, qui sont à l’origine de cette réforme, et qui travaillent depuis plusieurs semaines avec François BAROIN, des décisions.



Cette réforme ça n’est pas une réforme de circonstance. Elle s’inscrit dans la continuité de l’action que nous avons engagée depuis 2007. C’est en réalité une étape supplémentaire que nous voulons franchir. Notre politique fiscale répond à deux enjeux fondamentaux : la compétitivité de notre économie et l’équité.

Le constat est connu, et les comparaisons internationales le rappellent d’année en année, la France souffre depuis longtemps d’un taux de prélèvements obligatoires élevé, supérieur à la moyenne européenne et en particulier à notre voisin allemand. Cela pèse sur notre compétitivité, cela pèse sur nos emplois, cela pèse sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens.

En même temps, nos marges de manœuvre sont réduites par la nécessité de réduire notre déficit public et notre endettement. Pour baisser les impôts à terme, nous devons en priorité baisser nos dépenses. Et baisser nos dépenses consiste à poursuivre la réforme de notre organisation publique. Cette ambition nous anime depuis 2007 et nous poursuivrons dans cette voie. Mais à défaut de pouvoir diminuer autant que nous le souhaiterions le niveau général de nos prélèvements, nous pouvons agir sur leurs structures pour les rendre plus lisibles, plus efficaces, plus favorables à l’activité et à la croissance. 



Pour mettre notre fiscalité au service du travail, de l’innovation, de l’investissement, nous avons défiscalisé les heures supplémentaires, nous avons triplé le crédit impôt recherche et nous avons supprimé la taxe professionnelle.

Pour soutenir le redressement de nos finances publiques, sans céder à la facilité d’une hausse généralisée des impôts, nous avons réduit les niches fiscales et sociales et nous poursuivrons dans cette voie.

Pour limiter la concurrence déloyale des paradis fiscaux, nous avons obtenu du G20 qu’il s’attaque enfin à ce problème, et nous avons nous-mêmes adapté notre arsenal juridique.

Notre ambition ne s’arrête pas là. Nous devons poursuivre nos efforts pour redonner de la simplicité et de la stabilité à un système d’imposition devenu trop complexe. C’est pour en limiter le foisonnement et c’est pour en rétablir la cohérence que nous proposons de modifier la Constitution pour confier aux lois de finances le monopole des décisions fiscales. Et d’ailleurs, sans attendre l’inscription de cette règle dans notre Constitution, j’ai imposé aux membres du gouvernement le respect de cette discipline depuis le printemps dernier.



Nous devons continuer à apporter à notre fiscalité les adaptations dont elle a besoin pour mieux répondre aux exigences de compétitivité et d’équité qui sont les nôtres. Nous continuons de croire, malgré le revers constitutionnel que nous avons essuyé l’an dernier, que la fiscalité doit contribuer à l’atteinte de nos objectifs environnementaux et qu’elle pourrait de cette manière, nous fournir des marges de manœuvre pour alléger la taxation du travail.

Nous sommes également persuadés qu’il faut avancer dans le sens d’une plus grande convergence fiscale au plan européen.

Le rapport que la Cour des Comptes remettra demain au Président de la République concernant la comparaison des prélèvements fiscaux et sociaux en France et en Allemagne éclairera les réflexions que nous aurons à mener pour réduire notre écart de compétitivité.

Puis, le rapport conjoint qui sera élaboré avec le Ministère des Finances allemand nous aidera à progresser dans le sens d’une convergence fiscale plus grande entre nos deux pays et au sein de l’Union européenne. On a réussi par le passé à le faire pour la TVA, il faut aujourd’hui que nous y parvenions pour l’impôt sur les sociétés dont nous devons en premier lieu harmoniser l’assiette, avant peut-être d’envisager les taux.

La fiscalité fait partie intégrante des réflexions que nous menons sur la gouvernance économique de la zone euro, c’est tout le sens du pacte de compétitivité qu’avec nos partenaires allemands nous avons proposé pour l’Union européenne. Et la réforme de l’imposition sur le patrimoine est un élément de plus dans cette stratégie qui concerne l’ensemble de notre fiscalité.



La fiscalité des ménages comme celle des entreprises jouent un rôle essentiel dans la compétitivité d’une économie et dans l’attractivité d’un pays. Mais la dimension morale et sociale y est aussi particulièrement forte, et toute réflexion doit la prendre en compte.

La fiscalité est pour ainsi dire une passion française très ancienne. Elle est intimement liée à notre histoire, et aux grands bouleversements politiques qui l’ont jalonnée.

Elle accompagne l’émergence de l’Etat au temps de Philippe LE BEL qui est à l’origine des premières formes d’imposition sur le patrimoine et toute la fiscalité de l’ancien régime sera essentiellement une fiscalité sur le patrimoine.

On sait que le sentiment d’injustice créé par une imposition inégalitaire, brouillonne et étouffante, a été une cause décisive dans le déclenchement de la révolution de 1789. En mettant fin aux privilèges, la République instaure le principe de l’égalité devant l’impôt. Alors, la fiscalité n’est plus seulement une ressource financière au service de la puissance de l’Etat, elle répond aussi à une exigence de justice et de cohésion au sein du corps social.

Le système d’imposition mis en place par la Révolution reste pourtant axé sur le patrimoine avec les « quatre vieilles ». Et tout le débat fiscal au 19e siècle portera sur le passage à un impôt sur le revenu dont l’idée émerge comme une revendication du progressisme républicain en 1848, puis en 1870, même si c’est seulement en 1914, et grâce à un Sarthois, que le premier impôt sur le revenu verra le jour en France.



Nos débats héritent de cette longue histoire qui fait de la fiscalité un sujet éminemment politique. En affirmant que la contribution commune doit être « également répartie entre tous les citoyens en raison de leur faculté », la déclaration des Droits de l’Homme de 1789 en appelle au sens de l’équité, plus qu’elle n’affirme une ambition égalitariste.

Elle laisse ouverte sur le fondement du principe qu’elle énonce, une pluralité de réflexions et de choix politiques.



Qu’est-ce, au fond, que la justice fiscale ? Est-ce que c’est l’équité ? Est-ce que cela consiste à réduire les inégalités par le biais de l’imposition ? Ou bien, est-ce prendre garde à ne pas pénaliser le travail dont le fruit légitime est la constitution d’un patrimoine que l’on souhaite transmettre à ses enfants ?

On sait bien qu’entre ces deux options, la confrontation est d’abord idéologique, même si elle n’est pas toujours très logique.

Mais on sait aussi que la réalité impose de définir un équilibre, qui tienne compte de l’une et de l’autre exigence. Nous ne devons pas opposer la création de richesses et la cohésion sociale. Nous ne devons pas opposer la valorisation du travail de chacun et la solidarité nationale.

C'est cet équilibre que nous recherchons au moment de réfléchir à un impôt sur le patrimoine, qui soit plus intelligent, plus juste, plus en phase avec les réalités économiques actuelles. Nous entreprenons un travail de fond, sur un sujet sensible, dont il faut bien dire qu’il a, pendant plus de vingt ans, tétanisé les responsables politiques. Il est d’autant plus nécessaire d’agir que nous payons depuis trop longtemps les conséquences de cette paralysie. Il est vrai que les débats sur la fiscalité sont difficiles, ils sont difficiles parce qu’ils touchent à l’histoire, aux valeurs, au sentiment éprouvé par chacun de ce qui est juste et de ce qui est injuste. Nous ne les esquivons pas.

Comme la création de l’impôt sur les grandes fortunes, en 1981, le bouclier fiscal a déchaîné les passions. En 2007, nous avions choisi d’abaisser ce bouclier à 50% parce qu’il nous apparaît comme un principe de bon sens que personne ne reverse plus de la moitié de ses revenus à la collectivité. Nous l’avions fait aussi pour protéger des ménages modestes qui doivent parfois faire face à des taxes foncières et à des taxes d’habitation très élevées, au regard de leurs revenus.

Mais nous devons regarder la vérité en face, le bouclier fiscal a été mal compris, et sans doute la crise que nous avons traversée a-t-elle rendu nos concitoyens plus sensibles à certains de ses effets. Depuis 2007, nous avons eu le courage de réformer, nous devons aussi avoir le courage d’ajuster notre bilan et d’être à l’écoute de l’opinion.



Nous avons voulu répondre aux attentes qui se sont exprimées, mais je veux vous dire que nous ne le ferons pas en revenant en arrière. Nous le ferons en maintenant le cap des réformes, en supprimant le bouclier fiscal, nous voulons en même temps supprimer les raisons qui avaient rendu nécessaire son instauration. Et donc nous voulons mettre fin au défaut de l’ISF dont le bouclier était le remède imparfait.



Mais quel que soit le choix que nous ferons, je voudrais souligner deux choses.

La première, c'est qu’il n’est pas question de toucher au Livret A, à l’assurance-vie du petit épargnant ni à aucun des placements des ménages qui ne sont pas à l’ISF aujourd’hui. Je veux le dire solennellement devant vous, cette réforme ne les mettra en aucune façon à contribution. En revanche, elle devrait permettre de sortir de l’imposition sur la fortune les 300.000 foyers qui y sont entrés depuis dix ans essentiellement à cause de la flambée des prix de l’immobilier.

La seconde, c'est que nous ne financerons pas cette réforme par la dette, l’équilibre budgétaire sera rigoureusement respecté.



Cette réforme, nous la mènerons en étant fidèles aux valeurs qui sont les nôtres depuis 2007. Parce que nous voulons encourager l’accession des Français à la propriété, nous ne taxerons pas les plus-values de cession de la résidence principale. Parce que nous voulons que chacun puisse transmettre à ses enfants le fruit de son travail, nous ne reviendrons pas sur l’allègement des droits de succession que nous avons décidé en 2007. Parce que nous voulons affirmer la valeur du travail, nous ne souhaitons pas instaurer une nouvelle tranche marginale qui ouvrirait la voie à un alourdissement de l’impôt sur le revenu. Et parce que nous voulons que la fiscalité soit au service de notre économie, nous veillerons à ce que cette réforme encourage le financement des entreprises et ne remette pas en cause les dispositions favorables à leur détention et à leur transmission.

Depuis le début du quinquennat, nos ambitions sont restées les mêmes : encourager l’activité, stimuler la croissance, retrouver le chemin de l’emploi. Vos réflexions montreront aujourd’hui comment la fiscalité du patrimoine est pour cela un levier essentiel, la période électorale qui s’annonce ne nous incline pas à l’attentisme, elle ne nous détourne pas de notre but, qui est de continuer à réformer la France pour favoriser le dynamisme de notre économie.



A gauche, certains en appellent aujourd’hui à la révolution ou grand soir fiscal, et comme d’habitude, l’imagination pour réinventer et multiplier l’impôt est beaucoup plus grande que pour baisser les dépenses.

Sur le papier, l’égalitarisme peut toujours trouver des adeptes, mais l’injustice, ça n’est pas seulement l’inégalité, l’injustice, c’est aussi le découragement du travail, le découragement du mérite et du talent.

Je veux vous dire qu’avec le Président de la République, nous ne voulons pas d’une France où ces valeurs seraient découragées. C’est une question d’ambition nationale, parce qu’une fiscalité trop lourde pèse inévitablement sur notre compétitivité et donc sur l’emploi, c’est aussi une question de principe, je dirais même de philosophie. Il y a quelque temps, en proposant de réfléchir sur l’égalité réelle, le Parti socialiste se plaçait sous le signe Gracchus BABEUF. Au nom de ce slogan, on se souvient que ce révolutionnaire militait pour instaurer un mode de vie identique à tous.

Eh bien, nous ne voulons pas d’une France où les classes populaires ne pourraient plus rêver d’accéder au statut des classes moyennes et où les classes moyennes au statut des classes supérieures. Notre réflexion sur l’imposition du patrimoine nous renvoie aux valeurs de notre famille politique, et elle nous reconduit aussi aux fondements de notre République.



Mesdames et Messieurs, je mesure la complexité des enjeux qui s’entrecroisent, et je vous invite maintenant à les confronter en toute liberté. J’attache une grande importance aux analyses que vous proposerez à travers ce colloque, je suis convaincu qu’elles éclaireront les décisions que nous allons prendre dans les prochaines semaines.

 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 11:41

 

François Fillon s'exprime sur le sujet du développement économique et de la compétitivité lors d'un déplacement à Troyes, le 28 février 2011.
 

Mesdames et Messieurs, mon cher François BAROIN,



Cela fait bien longtemps que je voulais me rendre à Troyes. Je voulais me rendre à Troyes d’abord pour saluer les succès de cette ville, mais aussi pour rendre hommage au travail de François BAROIN et de vous tous. J’ai une grande confiance dans François BAROIN et je veux dire à mon tour le plaisir qui est le mien de travailler quotidiennement avec lui.

Vous savez entre le Ministre en charge du budget et le Premier ministre, il y a une complicité qui est absolument indispensable puisque nous faisons tous les deux le travail le plus difficile. Celui qui consiste à réduire les déficits, celui qui consiste à calmer les ardeurs des autres membres du gouvernement, à réduire la portée de leur imagination et de leurs projets. A dire non. A dire non tout simplement lorsque cela est nécessaire et j’apprécie beaucoup la façon dont François BAROIN assume cette responsabilité, avec intelligence, avec beaucoup de courage et avec surtout le sens de l’intérêt général.

Et je voudrais dire qu’avec Christine LAGARDE ils forment une équipe qui est une équipe remarquable. Christine LAGARDE est la première femme Ministre des Finances de notre pays. Elle est bientôt en passe d’être le Ministre des Finances qui aura duré le plus longtemps au Gouvernement de la République française. Et chacun voit bien qu’à l’étranger elle est unanimement respectée. Eh bien cette équipe, Christine LAGARDE et François BAROIN, c’est une équipe formidable et c’est une équipe qui est absolument indispensable pour relever les défis que notre pays doit relever. Défis de la compétitivité, ce sont ceux dont Christine a la responsabilité. Défis de la maîtrise des dépenses publiques et même de la réduction de la dépense publique. Du désendettement de notre pays. C’est l’immense tâche de François.

La solidité de François, son expérience, ses valeurs républicaines sont un grand atout pour le Gouvernement. Je l’ai dit, il a notamment la tâche difficile de redresser nos finances publiques. C’est un enjeu de souveraineté, c’est un enjeu de souveraineté nationale parce que les déficits constituent une menace, une menace pour notre liberté, une menace pour notre croissance et au final, une menace pour notre modèle social.

Nous sortons de la pire récession que notre pays ait connue depuis un siècle, et je suis venu dans l’Aube pour dire aux Français que nous avons beaucoup d’atouts pour retrouver le chemin du progrès. Par le passé, votre département a démontré que l’onpouvait rebondirface à lacrise de l’industrie textile. Votre département a su opérer sa reconversion. Ce fut possible grâce à la mobilisation des industriels – que je veux saluer – des salariés, des élus : Robert GALLET, vers lequel je tourne à l’instant mes pensées ; François BAROIN, Philippe ADNOT, Gérard MENUEL, mais aussi tous les élus de votre département, et la Chambre de Commerce et d’Industrie.

Vous avez su parier sur le développement d’une offre universitaire ambitieuse, à laquelle je suis heureux d’avoir pu participer. Et comment dirais-je, le plus important dans la décision que j’ai prise en 1993 ou 94, ça n’est pas tellement le financement, je ne sais plus combien l’Etat a apporté, c’est la décision de créer une nouvelle université de technologie. Parce que c’est un des secrets de notre pays, de ne pas reproduire les modèles qui fonctionnent, qui marchent bien. Tout le monde reconnaissait que l’université de technologie de Compiègne était une réussite exceptionnelle. Et elle était tellement exceptionnelle, qu’on s’était bien gardé de la reproduire dans notre pays. Et lorsque Philippe ADNOT est venu me trouver pour me demander de créer à Troyes, une université de technologie, je n’ai pas seulement dû trouver des financements et affronter un Ministre du Budget qui naturellement était réticent, mais une communauté universitaire qui était réticente à l’idée de créer une nouvelle université de technologie. Parce que le modèle qui convenait à tout le monde c’était celui de l’université classique, avec l’ensemble des champs de formation. Alors même que nous le voyons bien ici à Troyes – et j’ai eu l’occasion de revenir la visiter – l’université de technologie est exactement le maillon qui manquait dans notre système d’enseignement supérieur, notamment pour apporter à l’industrie, pour apporter à l’économie française les compétences dont elle à besoin pour être compétitive.

Vous avez créé le Technopole, vous avez su valoriser la Champagne et la richesse de votre patrimoine. Avec le projet d’auditorium porté par le Conseil général, avec le projet muséal de Troyes, avec le musée Camille Claudel à Nogent, vous êtes aujourd’hui unis pour renforcer votre attractivité. Et je voudrais vous dire que naturellement, sous réserve des moyens que m’accordera François BAROIN, je porterai une attention particulière à la réalisation de l’ensemble de ces projets.

L'Aube se bat pour sortir de la crise et au cœur de cette bataille il y a la question de notre compétitivité. Je viens de visiter le premier site de l’entreprise Petit Bateau. C’estune entreprise française, c’est une entreprise emblématique qui a su affronter la mondialisation en face.En misant sur l’innovation technologique et sur la créativité de ses designs, elle a réussi à bâtir son succès surl’export. Tout en choisissant de réaliser une partie de sa production à l’étranger, elle a pu préserver et elle a même pu créer des emplois en France. Eh bien cette performance prouve que la mondialisation peut être une opportunité, à condition de savoir nous adapter.

Dans cette compétition,la France a des atouts par rapport à d’autres pays européens. Nous avons une démographie favorable, nous avons des infrastructures modernes, nous avons une main d’œuvre qualifiée, nous avons des ingénieurs et des scientifiques qui sont reconnus mondialement. La France est le cinquième exportateur mondial et la troisième destination mondiale pour les investissements directs étrangers.

Mais c’est un fait et nous devons le reconnaître, nous avons laissé notre compétitivité se dégrader. Les 35 heures ont pénalisé l’économie française, comme le poids des prélèvements obligatoires et l’insuffisance d’innovation de nos entreprises. Au cours des dix dernières années, pendant que l’Allemagne gagnait des parts de marché, notre part dans les exportations de la zone euro a reculé de plus de 4%.

Pendant que l’Allemagne dégageait des excédents record, nous avons subi, du fait du tassement de la compétitivité de notre économie, un creusement très net du déficit de notre balance commerciale et une perte d’emplois industriels. Eh bien c’est cette tendance qu’il faut inverser. Et c’est tout l’objectif de la politique que nous conduisons avec Christine LAGARDE.

D’abord pour moderniser notre économie, nous avons choisi de stimuler l’innovation. Nous avons un effort public en matière de Recherche et Développement qui est grosso modo comparable à celui de nos concurrents, de nos voisins. Mais la dépense totale en Recherche et Développement, c’est-à-dire celle qui inclut l’effort des entreprises, est insuffisante. Or si nos entreprises n’investissent pas assez dans l’innovation, si elles ne renouvèlent pas assez leurs gammes, alors elles subissent de plein fouet la concurrence par les coûts des producteurs émergents.

C’est la raison pour laquelle nous avons triplé le Crédit Impôt Recherche en 2008, en faisant de ce dispositif l’un des plus volontaristes de tous les pays développés. Pour stimuler la recherche et l’innovation des entreprises, nous avons au surplus renforcé les liens entre la recherche publique et la recherche privée, en mettant un terme aux divisions stériles. Aujourd’hui, plus de 7 000 établissements font partie d’un pôle de compétitivité, ce qui permet aux entreprises impliquées d’accéder à des positions de premier plan dans leur domaine en France et à l’international.

Parallèlement, nous avons lancé un effort sans précédent en faveur de la recherche publique en augmentant les crédits de près de 40 % entre 2007 et 2012, sans compter l’effort exceptionnel qui vient s’ajouter aux sommes que je viens d’évoquer, réalisé dans le cadre de l’opération Campus et de l’opération en cours des investissements d’avenir. Ces investissements d’avenir, c’est plus de 20 milliards d’euros qui seront consacrés aux projets du futur. D’un côté l’innovation, de l’autre l’investissement.C’est le deuxième axe de notre politique.

En 2008, les prélèvements pesant sur les entreprises françaises étaient supérieurs à la moyenne de l’Union Européenne d’un peu plus de 5 points. Et la structure de la fiscalité française était franchement défavorable aux investissements. La taxe professionnelle pénalisait les entreprises, nuisait à l’attractivité de notre territoire. Nous l’avons supprimée. En 2010, cette réforme a allégé les prélèvements de 9,5 milliards d’euros. Et à terme, l’ensemble des entreprises bénéficiera d’un gain moyen de 25% de charges d’impôt. Pour les PME et les entreprises industrielles, les allègements de charges atteindront de 40 % à 60 % dans certains secteurs. Pour l’industrie automobile, c’est une baisse de 60% par rapport à la charge de la taxe professionnelle. Pour la construction, c’est une baisse de près de 50%. Pour les industries agroalimentaires c’est une baisse d’environ 40%.

Cette réforme commence à porter ses fruits puisque depuis le deuxième trimestre de l'année dernière, l'investissement des entreprises est reparti à la hausse et pour cette année, les industriels anticipent un rebond de leurs investissements de + 14 %.

Le troisième axe de notre politique, c’est le développement de notre tissu de PME et d’Entreprises de Taille Intermédiaire. On a très longtemps dit que les Français n’avaient pas la fibre entrepreneuriale. Et quand on interrogeait les jeunes Français en général ils n’avouaient pas spontanément vouloir se diriger vers l’entreprise, en tout cas vouloir en créer. Eh bien c’est une chose qui est en train de changer. Le nombre de créations d’entreprises dans notre pays a longtemps plafonné à environ 200 000 par an. L’an dernier nous avons dépassé 620 000 créations. Ces résultats, nous les avons obtenus en simplifiant les démarches des petites entreprises grâce au régime de l’auto-entrepreneur.

Ce qui a marché pour aider les entreprises à se créer doit fonctionner aussi pour les aider à croître. Et donc nous allons, sous l’autorité de Christine LAGARDE, simplifier les formalités liées à l’embauche en divisant par quatre le nombre des informations demandées aux employeurs, dans le cadre des déclarations d’embauches. Une nouvelle série de mesures de simplifications est en cours de préparation. Pour croître, les PME ont besoin d’être libérées des contraintes inutiles. Elles ont besoin également d’accéder aux financements indispensables à leur développement. Il faut que nous parvenions à mieux orienter l’épargne des Français qui est très importante dans notre pays, vers le financement de l’économie et vers la création de richesses et d’emploi. Nous allons demander aux banques, qui à présent peuvent toutes proposer un livret A à leurs clients, d’affecter à partir de cette année les trois quarts de la hausse des encours d’épargne réglementée qu’elles récupèrent à la production de crédits à l’investissement pour les PME. Cela représente plusieurs milliards d’euros par an.

Les entreprises doivent également pouvoir trouver des fonds propres pour financer leur développement. Le dispositif ISF PME a permis d'apporter chaque année près d'un milliard d'euros aux petites et moyennes entreprises. Je veux vous dire qu’avec François BAROIN nous sommes très attentifs à ce que la réforme de la fiscalité du patrimoine, sur laquelle nous sommes en train de travailler, tienne bien compte de cette question du financement des Petites et Moyennes Entreprises. Avec le Fonds stratégique d’investissement, ce sont plus de 3,5 milliards d’euros qui ont été investis dans le développement des entreprises depuis un peu plus de deux ans. Nous allons renforcer ses moyens de 1,5 milliard d’euros supplémentaires, à partir des fonds d’épargne gérés par la Caisse des Dépôts. Nous allons accroître son rôle de structuration des grandes filières industrielles et nous allons lui demander d’augmenter le nombre de ses investissements dans les entreprises de taille intermédiaire. Il ne s’agit pas là de venir au secours d’entreprises qui sont en très mauvaise santé, mais il s’agit de venir apporter le coup de pouce, le soutien stratégique au moment où une entreprise en a besoin pour se développer, pour changer de dimension, pour conquérir de nouveaux marchés ; pour passer un cap difficile.

Mesdames et Messieurs,

L’exemple de l’entreprise Petit Bateau le démontre. Dans une économie mondiale qui croît à un rythme annuel de 4,5 %, l’export ouvre des opportunités considérables. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la dégradation de notre déficit commercial et de la baisse régulière du nombre de nos entreprises exportatrices. Pour augmenter le nombre d’entreprises qui exportent, il faut lever les freins qui les en empêchent. Ces freins sont connus : d’abord, les PME sont réticentes à se lancer à l’international car elles ne disposent pas sur place des contacts nécessaires. Il faut au moins dans un premier temps qu’elles soient accompagnées. C’est la raison pour laquelle UBIFRANCE a été créée. Et entre 2007 et 2010 le nombre d’entreprises accompagnées par UBIFRANCE à l’international a triplé.

Avec Christine LAGARDE, nous avons fixé de nouveaux objectifs pour que ces efforts d’accompagnement se traduisent par davantage de contrats signés. Les PME ont également besoin que les grands groupes français les aident à s’implanter à l’international. A partir de cette année, les grandes entreprises qui bénéficieront du soutien de l’Etat dans le cadre de ces grands contrats dont on parle si souvent, seront incitées à aider leurs sous-traitants à profiter de ces marchés. Je crois qu’il faut cesser d’opposer dans notre pays les grandes entreprises et les petites entreprises. Nous avons besoin des deux et nous avons besoin que les grandes entreprises entraînent derrière elles, dans une logique de filière, l’emploi national. C’est ce que savent très bien faire nos amis allemands, avec un discours très ouvert aux marchés ; avec un discours très libéral. Ils savent quand même s’organiser pour faire en sorte que grands groupes allemands et petites entreprises allemandes conquièrent les marchés ensemble. Eh bien nous devons nous aussi avoir cette même préoccupation.

Pour que les PME acceptent de se lancer, l’accès à des instruments qui leur permettent de maîtriser les risques financiers qu’elles prennent à l’export, par exemple en matière d’impayés, est un autre facteur déterminant. En 2009, au plus fort de la crise, les assureurs-crédit ont réduit les volumes d’exportations qu’ils acceptaient de couvrir remettant ainsi en cause les exportations qui se retrouvaient sans protection. Pour les exportateurs installés en France, pour qu’ils continuent à être protégés, le Gouvernement a créé deux produits d’assurance-crédit : CAP export et CAP+ export. Eh bien, je veux dire aux chefs d’entreprises concernés, que nous allons prolonger au cours des prochains mois ces deux dispositifs – qui sont des dispositifs de crise, qui sont des dispositifs exceptionnels, mais nous ne les supprimerons que lorsque le marché privé de l’assurance-crédit à l’export sera totalement en mesure de prendre le relais. Nous n’acceptons pas que les PME françaises se retrouvent sans protection contre les risques d’impayés à l’export. 

Nos PME sont souvent bridées dans leur croissance par un certain isolement. Chez nous, les logiques de filières sont moins développées que dans d’autres pays. Il faut consolider la capacité de nos entreprises à travailler ensemble et dépasser des logiques de court terme à travers des relations partenariales. Pour développer ces types d’approche, nous avons créé les « comités de filières ». Mettre en place des logiques partenariales, c’est d’abord améliorer les relations entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants. Les pratiques commerciales abusives restent trop fréquentes et elles nuisent au final à l’ensemble du tissu économique. Eh bien pour rééquilibrer ces relations, nous avons mis en place un médiateur de la sous-traitance, dont les premiers constats montrent l'ampleur des progrès à réaliser.

Depuis 2007, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour moderniser notre marché du travail. Je pense à la défiscalisation des heures supplémentaires, à la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC, à l’instauration du contrat de transition professionnelle. Nous allons poursuivre dans cette voie qu’on pourrait qualifier de voie la « flexsécurité » à la française. Il faut que notre marché du travail soit plus souple, plus fluide tout en augmentant en même temps les mécanismes d’accompagnement et de formation des salariés. Et notamment pour faire en sorte que des salariés qui sont temporairement privés de travail, puissent recevoir pendant cette période la formation dont ils ont besoin et qui leur permettra de rebondir. Il faut enfin faire en sorte que les plus éloignés de l’emploi soient aidés. C’est tout le sens des mesures annoncées par le Président de la République.

Sur l’emploi des jeunes, qui a été au cœur des débats que nous avons eus tout à l’heure avec les salariés de Petit Bateau, nous préparons des réformes structurelles. Des réformes structurelles pour augmenter considérablement nos objectifs en matière d’apprentissage et en matière d’alternance, parce que nous pensons que l’apprentissage c’est la voie d’insertion professionnelle la plus solide.

Pour les chômeurs de longue durée nous avons dégagé une enveloppe complémentaire de 50.000 nouveaux contrats aidés et nous avons décidé de les recentrer sur les personnes qui sont les plus en difficultés.

Sur l’emploi des seniors, nous devons accompagner l’augmentation progressive de l’âge légal de la retraite. Les entreprises et les branches ont désormais une obligation : celle de mettre en place des accords ou des plans d’action pour l’emploi des seniors. Je veux dire que j’accorderai la plus grande attention à leur mise en œuvre et les pénalités financières qui sont prévues seront appliquées chaque fois que cela sera nécessaire. J’ai toujours des scrupules à imposer des contraintes supplémentaires aux entreprises. Parce que je sais qu’elles sont dans un tissu économique extrêmement compétitif. Mais vraiment sur cette question de l’emploi des séniors, nous ne pouvons pas transiger. Nous ne pouvons pas transiger parce qu’on ne peut pas demander aux Français pour financer la réforme des retraites, pour permettre de faire en sorte que les retraites soient payées demain, de travailler plus longtemps si les entreprises ne font pas tous les efforts pour garder les salariés les plus âgés dans l’entreprise. Je le dis avec peut-être un peu de gravité, si les entreprises ne comprennent pas ce message alors nous allons au devant de très, très grandes difficultés. Car financer les retraites c’est certes allonger la durée de travail – ce que nous avons fait – mais c’est veiller en même temps à ce que les entreprises conservent les seniors jusqu’à l’âge de la retraite.

En 2010, notre économie a recommencé à créer des emplois. Le chômage a baissé au mois de janvier de près de 20.000 personnes. Le nombre des demandeurs d’emploi de moins de 25 ans poursuit sa baisse entamée en 2010. Et les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans et les demandeurs d’emploi de longue durée sont également moins nombreux. La baisse du chômage en 2011 est un objectif qui est clairement à notre portée. Il faut pour cela que les entreprises continuent d’investir. J’ai dit tout à l’heure que les prévisions étaient excellentes de ce point de vue. Il faut que nous soyons capables de les accompagner, que nous soyons capables d’accélérer l’effort en matière de croissance. Et puis naturellement, il faut espérer qu’aucun évènement international ne viendra créer des troubles dans la reprise de l’économie mondiale. En tout cas tous les axes d’action que je viens devant vous de mentionner vont dans le sens de cette lutte pour la croissance et pour la réduction du chômage en 2011. Mais je voudrais aussi les replacer dans le cadre plus général de notre stratégie. La politique que nous avons mise en œuvre depuis plusieurs années visant à alléger le coût du travail en faveur des salariés les moins qualifiés et les bas salaires est une stratégie qui est positive pour l’emploi. On estime son impact à quelque 800.000 emplois créés ou sauvegardés, ce qui fait de cette stratégie d’allègement des charges sur les bas salaires, finalement sans doute l’instrument le plus efficace de la politique de l’emploi.

Eh bien aujourd’hui, je propose d’aller plus loin avec l’intégration dans le barème des cotisations sociales, des allègements de charges notamment pour les bas salaires. C’est un sujet techniquement très difficile. Mais les chefs d’entreprise qui sont présents ici, savent très bien de quoi je parle. Je crois qu’il est nécessaire aujourd’hui d’engager avec les partenaires sociaux une réflexion de fond. L’aboutissement de cette réflexion serait un gage pour l’emploi, en particulier pour l’emploi des moins qualifiés.

Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ? Eh bien que la part employeur des charges sociales pesant sur les salaires ne serait plus calculée en fonction d’une taxe uniforme, et de façon proportionnelle au salaire, mais elle serait fonction d’un barème progressif prenant en compte le niveau de salaire. Ainsi, comme c’est le cas pour l’impôt sur le revenu où le taux est d’autant plus bas que les revenus sont modestes, la « barèmisation » allégerait de façon durable le coût du travail pour les salaires les plus bas. Sa mise en place supposerait qu’en contrepartie, les employeurs prennent des engagements forts et des engagements contraignants notamment en matière d’emploi des jeunes. Et nous allons ouvrir cette négociation avec les partenaires sociaux. Si les entrepreneurs sont prêts à prendre des engagements, notamment concernant l’apprentissage et l’alternance, eh bien nous, nous sommes prêts en face à mettre en place la « barèmisation » des allègements de charges, qui donnerait une visibilité bien plus grande à la gestion des entreprises s’agissant du coût du travail.

Nous allons maintenant discuter de tout cela avec les organisations syndicales et patronales. J’espère qu’elles sauront répondre à cette nouvelle orientation qui garantira la stabilisation et la pérennisation de notre politique de baisse du coût du travail pour les bas salaires. Je veux dire que cette politique est au fondement de notre bataille pour la compétitivité et pour l’emploi.

Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que je voulais vous faire partager. Elles se concentrent toutes autour des convictions qui guident mon action politique. La conviction qu’il ne faut pas opposer la compétitivité de l’économie et la solidarité. La vérité c’est qu’il faut travailler plus, il faut travailler mieux, et il faut être plus nombreux au travail pour partager davantage. Je ne connais pas d’autre solution durable si nous voulons protéger notre modèle social et c’est notre souhait commun.

La conviction aussi qu’il ne faut plus opposer la dignité humaine et l’efficacité économique. La logique froide des traders n’a qu’un temps. Chaque Français doit être respecté dans son engagement professionnel parce que la productivité c’est d’abord la mise en valeur des compétences humaines. La conviction aussi qu’il ne faut pas opposer la lutte contre les déficits et le maintien de notre héritage social parce que, que vaut un système fondé sur des impayés et sur l’endettement de nos enfants.

La conviction enfin que les réformes, aussi indispensables soient-elles, ne remplaceront jamais l’énergie de notre peuple lui-même. C’est la somme de toutes les volontés qui constitue la République. Donner à la France autant que l’on reçoit d’elle, assumer ses devoirs autant que l’on bénéficie de ses droits, savoir se rassembler sur l’essentiel, voilà comment je conçois l’esprit républicain. Ce rassemblement est plus nécessaire que jamais. Parce que, d’un côté, il y a l’essor économique de continents entiers qui défient notre prospérité, et ici à Troyes vous savez de quoi je parle. Et de l’autre il y a une partie du monde arabe qui se dresse pour conquérir de nouveaux droits.

Cette accélération de l’Histoire démontre la force des idéaux universels que la France porte. La France des Lumières reçoit ce message avec espoir. Parce qu’une nouvelle relation entre l’Occident et l’Orient est peut-être en train de se jouer actuellement. La liberté de parole, le droit de vote, le respect de la personne, ce sont des idéaux qui dans plusieurs pays arabes ont été plus puissants que la peur. Nous recevons ce message avec espoir mais aussi avec responsabilité parce que nous savons que le chemin de la démocratie et parsemé d’embûches.

Eh bien c’est dans ce cadre que nous avons décidé avec le Président de la République de remanier le gouvernement. La voix de la France ne pouvait être compromise par des polémiques. L’ampleur des enjeux qui sont devant nous exige de l’efficacité. Alain JUPPÉ au Quai d’Orsay, Gérard LONGUET à la Défense, Claude GUÉANT au Ministère de l’Intérieur, sont tous des personnalités expérimentées.

Maintenant, chacun doit se mettre au travail et chacun doit se mettre au service des Français parce que la France ne vit pas au rythme des remaniements et des bouillonnements du microcosme politique. La France vit au rythme du travail, de tous ceux qui la composent. Parmi vous et avec vous, c’est cet esprit de responsabilité que j’ai ressenti à Troyes, en visitant tout à l’heure cette entreprise. En m’entretenant avec François BAROIN sur ses projets. Il exprime, Mesdames et Messieurs mon cher François, les devoirs de sérieux, les devoirs de solidité, les devoirs d’action que nous devons à nos concitoyens. Je vous remercie.


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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 18:54

 

François Fillon rappelle que la laïcité est un des principes fondateurs de notre République lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le mardi 1er mars 2011.
 

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs les députés,

Monsieur le ministre Hervé de Charette

 

 

Le débat qu'il y a lieu d'ouvrir dans notre pays, c'est le débat sur la laïcité. La laïcité est un des principes fondateurs de notre République, la laïcité française est ouverte. La laïcité est d'une certaine façon une déclinaison du principe même de la liberté. La laïcité c'est d'abord la liberté de vivre sa foi, tranquillement et dignement. La laïcité c'est ensuite la liberté de ne pas croire. La laïcité c'est la neutralité de l'Etat. La laïcité c'est enfin le respect des autres, c'est-à-dire, le respect des règles du pacte républicain qui permettent de vivre en harmonie.

 

Est-ce qu'il est nécessaire de réévaluer le principe de laïcité et son application pour tenir compte des évolutions de la société française ?

 

La réponse que nous apportons, c'est oui, et en particulier, parce qu'il faut tenir compte d'un fait, qui est l'augmentation du nombre de nos concitoyens de confession musulmane.

Et, il est nécessaire que nos concitoyens d'origine musulmane puissent vivre leur foi librement et dignement. Et chacun sait ici que ça n'est pas toujours le cas, et que ça n'est pas partout le cas sur le territoire de la République.

Et donc, la question des lieux de culte est une question légitime, que nous avons le devoir d’aider nos concitoyens d’origine musulmane à résoudre. Ensuite, la question du respect du pacte républicain, ce pacte républicain qui n’est pas compatible avec le communautarisme, c’est une question qui doit être posée sans tabou et sans stigmatisation, comme nous l’avons fait d’ailleurs en prenant nos responsabilités sur la question du voile intégral. Célébrer, monsieur de Charette, les mérites de la laïcité au moment où souffle un vent de liberté dans le monde arabe, c’est en réalité être utile à tous ceux qui souhaitent dégager un équilibre entre le temporel et le spirituel. Débattre de la laïcité, monsieur de Charette, ça n’est pas être à contre-courant de l’Histoire mais c’est au contraire apporter des réponses à la quête d’identité et de liberté des peuples.

 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 17:11

 

François Fillon prononce un discours devant l'Assemblée plénière du Conseil Économique Social et Environnemental le 22 février 2011.

 

Monsieur le Président, cher Jean-Paul Delevoye,

Mesdames et Messieurs,

 

Je ne puis débuter mon propos sans vous inviter à tourner nos pensées vers la Libye.

 

En ce moment même, on meurt de vouloir vivre librement. Je suis horrifié par le déferlement de violences et je veux dire l’émotion de la France devant le nombre de morts.

Je veux dire que nous condamnons la violence face à des manifestants qui, comme à Tunis ou au Caire, exprimaient simplement leur foi en un avenir meilleur.

Par la voix du Président de la République, la France a appelé instamment à la fin des violences.

Le droit de pouvoir manifester pacifiquement et dans la sécurité doit être garanti.

Les aspirations du peuple libyen à la démocratie et au progrès économique et social doivent être entendues.

 

La Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a demandé ce matin l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les tragiques événements de ces derniers jours comme l’a souhaité la France.

Le Conseil de sécurité doit se réunir aujourd’hui à New York.

La France est en contact permanent avec ses principaux partenaires, notamment européens.

J’ajoute qu’elle prend toutes les disposition nécessaires pour rapatrier sans délai ses ressortissants de Libye.

Ceux-ci sont à cette heure environ 750. Et nous comptons mener à bien cette opération complexe dans les toutes prochaines heures.

 

 

Mesdames et messieurs,

En m’exprimant devant ce nouveau Conseil économique, social et environnemental, je mesure l’ampleur de notre réforme constitutionnelle.

Les droits du Parlement ont été considérablement élargis.

Désormais son ordre du jour est partagé entre l’exécutif et le législatif, les projets de loi débattus en séance sont ceux adoptés par les commissions.

 

 

Désormais, la Question Prioritaire de Constitutionnalité vient enrichir notre corpus législatif. Entre les mains de nos concitoyens, cette nouvelle disposition est un progrès démocratique considérable dont on commence seulement d’ailleurs à mesurer les conséquences.

 

Le Conseil économique et social ne pouvait demeurer à l’écart de ce mouvement.

Votre composition a été élargie, rajeunie, féminisée.

Votre fonctionnement a été rénové, en particulier avec l’élargissement des possibilités de saisine.

Vos compétences ont été étendues aux questions environnementales.

Sur ce sujet, les fonctions d’éclairage et d’évaluation de votre assemblée seront très importantes car le défi écologique, au regard de ses conséquences économiques et sociales, a besoin d’être fondé sur des consensus solides.

Entre les industriels, les agriculteurs, les consommateurs et les citoyens, il faut un pacte de confiance.

Je suis, en tant que chef du Gouvernement, comptable du respect des engagements du Grenelle de l’Environnement.

 

Parmi ces engagements, il y a le développement des énergies renouvelables.

Nous sortons tout juste d'une période de concertation sur la place que doit prendre la filière photovoltaïque dans notre bouquet énergétique.

Pourquoi cette concertation ?

Parce qu’à la fin de l'année dernière, nous avions constaté un emballement spéculatif dangereux.

 

Nous assistions à l'installation de panneaux de piètre qualité, dans des conditions environnementales et urbanistiques très rudimentaires, qui avaient peu à voir avec un développement vertueux des énergies renouvelables.

Cet emballement ne pouvait à terme que nuire à la cause environnementale.

Nous avons choisi de faire une pause pour réfléchir aux moyens de mettre en oeuvre un développement maîtrisé et une gouvernance effective.

Certains ont cru déceler dans cette approche une hésitation à l’égard de la diversification de notre politique énergétique.

Ils ont tort !

Il s’agit de favoriser l'émergence d'une filière industrielle innovante, à forte valeur ajoutée, une filière respectueuse des exigences environnementales, une filière compétitive sur les marchés à l'export, le tout dans des conditions économiques qui ne grèvent pas de façon indue la facture des consommateurs.

J’ai réuni ce matin les ministres en charge de ce dossier et nous avons fixé nos choix pour poser les fondations de cette filière.

Que nous ont dit les professionnels au cours des trois mois de concertation ?

Ils ont besoin de visibilité et qu’ils ont besoin d’un marché national de taille critique pour consolider et développer la filière.

Je les comprends.

 

Pour 2011 et 2012, ils disposent d’objectifs de puissance encore jamais égalés : les projets préservés par le décret de décembre dernier – parce que contrairement à ce qui a souvent été dit, la pause que nous avons instaurée en décembre, n'a pas annulé les projets existants ! – représentent plus de 3400 MW.

 

On estime que ce sont au moins 2000 MW qui seront effectivement développés dans cette période ; auxquels viendront s’ajouter 500 MW qui constituent notre cible annuelle en rythme de croisière.

En 2 ans, ce sont donc au moins 2500 à 3000 MW qui seront installés !

C’est une progression fulgurante : à fin 2010, nous avions atteint 1000 MW ; nos objectifs Grenelle étaient à 1100 MW en 2012 et 5400 MW en 2020.

 

Nous nous engageons donc aujourd’hui sur des volumes de marché très suffisants pour assurer une démarche de filière.

Et nous faisons mieux encore : si jamais une part des projets antérieurs à la période de concertation ne devait pas voir le jour, le gouvernement donne rendez-vous aux industriels mi-2012, lorsque nous réviserons la programmation pluriannuelle d’investissement, pour revoir, le cas échéant, notre objectif à la hausse.

 

Les professionnels nous ont également demandé une gouvernance plus transparente avec des procédures qui garantissent le sérieux des projets.

 

Je leur propose donc de traiter différemment les projets en fonction de leur ampleur : les fermes au sol et les installations sur de très grandes toitures seront traitées par appel d’offres, et définiront des critères de qualité environnementale et urbanistique, des conditions de recyclage des déchets de l’installation, un fort contenu d’innovation…

Les particuliers et les petites installations seront soumis, comme aujourd’hui, à un régime de tarif de rachat, parce qu’ils obéissent à des motivations différentes.

Ici, il ne s’agit pas de compliquer outre mesure les procédures. En revanche, aux particuliers aussi, nous demanderons de respecter des critères qualitatifs. Et à tous, nous demanderons des garanties bancaires.

 

Ces exigences crédibiliseront le professionnalisme de la filière et devraient éloigner tous ceux dont le comportement spéculatif passé a nui à la réputation de cette industrie émergente.

Ces exigences représentent aussi la contrepartie de l’effort engagé par les pouvoirs publics.

Les énergies renouvelables ne sont pas une profession de foi à n'importe quel prix : en photovoltaïque, lorsqu'on installe 1000 MW / an, nous ajoutons 500 millions d’euros sur les factures des consommateurs d’électricité.

 

En installant, au moins 2500 MW d’ici fin 2012, la part financière prise par la collectivité est considérable : 1,5 milliard d’euros ; 2 milliards si les volumes atteignaient 3000 MW.

En échange de cet effort considérable que la collectivité partage, je demande à l'ensemble des opérateurs industriels de s'engager.

 

Nous allons les accompagner avec des dispositifs de recherche-développement, avec la mise en place de normes qualitatives, avec des outils d’aide à l’exportation…

Nous faisons un choix assumé : le développement du photovoltaïque a un prix, partageons-le mais seulement au début ! Ensuite, il revient aux opérateurs industriels de faire la preuve qu'ils ont pour ambition la maturité et la viabilité économique, sur le marché national mais aussi à l’export.

 

 

Mesdames et messieurs,

L’ordre du jour de vos travaux témoigne de votre volonté d’être en prise directe avec les grands problèmes de notre société.

Le gouvernement vous a saisi de deux sujets d’importance : la dépendance et la biodiversité.

Ce n’est qu’un début, car la rénovation de notre modèle social doit être notre priorité.

 

Si nous avons amorti le choc de la crise, c’est grâce à la force de notre modèle social.

Mais pour assurer sa pérennité, ce modèle doit évoluer.

 

Il doit évoluer, parce qu’il est défié, de l’extérieur, par la mondialisation qui nous offre de formidables opportunités, mais réduit nos marges de progression économique et nous oblige à prendre garde à nos dépenses et à nos sources de financement.

 

Il doit évoluer, parce qu’il est défié, de l’intérieur, par l’évolution de la société, qui se caractérise par des parcours individuels de plus en plus variés, mais aussi de plus en plus fragiles.

 

Vous connaissez le paradoxe auquel nous faisons face.

Rares sont les Etats qui présentent un système de protection sociale aussi complet que le nôtre.

Mais rares sont les sociétés où le sentiment d’inquiétude face à l’avenir est aussi fort que dans la nôtre.

 

Jean-Paul Delevoye le remarquait dans le rapport 2009 qu’il présentait comme Médiateur de la République :

« Face à la détresse – disiez-vous – d’un nombre croissant de citoyens au parcours de vie marqué par des ruptures professionnelles, familiales, géographiques, les réponses de la société en termes de politiques de solidarité […] font montre d’une efficacité déclinante. »

 

Nos concitoyens sont partagés entre la conscience que le renouveau est nécessaire et la crainte que notre système de protection soit ébranlé par ce renouveau.

 

Face au changement, l’inquiétude est compréhensible.

Mais ce n’est pas le changement qui compromet notre modèle social : c’est l’inertie, c’est l’immobilisme, c’est la peur face aux défis qu’il doit relever de toutes parts.

 

Nous devons répondre aux urgences du moment, nous devons aussi réfléchir à l’avenir de ce modèle sous peine de voir notre pacte républicain se fissurer.

 

Rénover notre modèle social, c’est d’abord cesser d’opposer la préservation de son héritage et la lutte contre les déficits publics.

Nous ne pouvons continuer d’emprunter tant et plus sur les marchés en renvoyant la dette aux générations futures.

Nous ne pouvons accepter de voir se réduire notre souveraineté budgétaire qui est nécessaire à la définition d’une politique sociale cohérente.

Nous ne pouvons pas laisser croire qu'il faut dépenser toujours plus pour vivre mieux, alors que nous devons dépenser mieux pour adapter notre modèle social aux besoins d'aujourd'hui.

 

C'est pourquoi, avec le Président de la République, nous avons souhaité inscrire dans la Constitution le principe du retour à l'équilibre de nos finances publiques.

Le conseil d'Etat a été saisi cette semaine du projet de texte qui sera débattu dans les prochaines semaines au Parlement.

 

Rénover notre modèle social, c’est également renforcer la légitimité du dialogue social en cessant de lui opposer la légitimité politique.

Nous avons choisi de moderniser notre démocratie sociale.

Nous avons voulu redonner toute son importance à la négociation collective en renforçant la légitimité de nos organisations syndicales.

Avec la loi du 20 août 2008, nous avons mis un terme aux règles obsolètes de la représentativité des organisations syndicales de salariés. Celle ci s’apprécie désormais en priorité par leurs résultats aux élections professionnelles.

On se rappelle que la contribution de votre conseil avait été décisive dans ce chantier.

Des partenaires sociaux plus forts développeront la culture du dialogue, le sens de la négociation et du compromis.

 

Et les salariés sauront qu’ils peuvent leur faire confiance pour négocier les réformes nécessaires au bénéfice de tous.

Bien sur cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus de conflit social, cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus de divergences d’intérêt, mais cela signifie que nous aurons les moyens de mieux les réguler.

La prochaine étape devra être la révision des règles de la représentativité patronale.

Je suis sûr que là aussi nous saurons ensemble dépasser les conservatismes.

 

Rénover notre modèle social, c’est aussi en finir avec l’opposition absurde entre solidarité et compétitivité.

C’est miser sur le travail, parce qu’il faut d’abord produire des richesses pour pouvoir les partager, et parce que c’est l’emploi qui reste la meilleure protection contre les nouvelles formes de vulnérabilité sociale.

Nous devons travailler plus, travailler plus longtemps, être plus nombreux à travailler !

 

La lutte contre le chômage est au cœur de nos efforts.

Nous les ciblons en direction de ceux qui sont les plus touchés : les jeunes, les chômeurs de longue durée, les seniors.

 

Pour développer l’emploi des jeunes, nous donnons la priorité au développement de l’alternance.

Au plus fort de la crise, nous avons mis en place des mesures exceptionnelles qui ont donné des résultats : le nombre de jeunes au chômage a baissé de 5 % ces 12 derniers mois.

Mais naturellement nous devons aller beaucoup plus loin.

 

C’est pourquoi nous préparons des réformes structurelles de l’alternance, qui reste la voie d’insertion professionnelle durable la plus solide.

 

Pour enrayer la progression du chômage de longue durée, nous misons sur les contrats aidés qui permettent de rester en contact avec le monde du travail ou de renouer avec lui.

Voilà pourquoi nous avons dégagé une enveloppe complémentaire de 50.000 nouveaux contrats, et nous les recentrons en faveur des personnes les plus en difficultés.

Pour encourager l’emploi des seniors, les entreprises et les branches ont désormais l’obligation de mettre en place des accords ou des plans d’action spécifiques.

Nous accorderons la plus grande attention à leur mise en œuvre et je n’hésiterai pas à agir contre ceux qui resteraient en arrière.

 

Est-ce là renouer avec des formes anciennes de traitement social du chômage, comme certains veulent le faire croire ?

Je ne le crois pas, parce que ce n’est pas l’assistanat qui est au principe de notre action, c’est l’insertion et le retour à l’emploi.

 

Je ne le crois pas, parce que notre philosophie est de rendre notre modèle social plus favorable à l’emploi, et non de le considérer comme un système de protection qui serait en quelque sorte parallèle au marché du travail.

 

C’est pourquoi la rénovation de notre modèle social implique d’avancer sur la « flexsécurité », nécessaire à la continuité des parcours professionnels qui sont marqués par une diversification plus grande qu’autrefois.

 

Compétitivité et solidarité doivent être liés, parce que la compétitivité doit nous permettre de financer la solidarité, et parce que la solidarité doit être orientée vers le développement de la formation et de l’activité.

 

Notre ambition fondamentale, c’est de renforcer la compétitivité de notre économie pour développer l’emploi.

C’est dans cet esprit que nous avons, depuis 2007, relancé l’innovation, défiscalisé les heures supplémentaires, décidé d’un ambitieux programme d’investissements d’avenir, réformé le crédit d’impôt recherche et supprimé la taxe professionnelle.

 

Nous devons poursuivre nos efforts et pour le faire nous avons besoin de votre expertise.

 

Vous pourrez en particulier nous éclairer sur les évolutions respectives de la France et de ses principaux partenaires – et notamment l’Allemagne - en identifiant l’origine des écarts et en suggérant des orientations pour le redressement de notre compétitivité.

 

Après une année de récession, la croissance de l’économie française a atteint 1,5% en 2010, conformément à nos prévisions, et nous maintenons notre objectif de 2% en 2011.

Qu’il s’agisse de la consommation, de la production ou des anticipations des entrepreneurs, les indicateurs sont bien orientés et nous entamons l’année 2011 avec un élan favorable.

Les mauvais chiffres du chômage en novembre et en décembre sont certes une mauvaise nouvelle.

Mais il ne faut pas y voir un retournement de tendance défavorable après le redressement progressif du marché du travail constaté en 2010.

Une baisse du chômage en 2011 est un objectif à la portée de notre économie.

 

Rénover notre modèle social, c’est rétablir la confiance dans l’égalité des chances et la promotion sociale.

C’est vrai avant tout pour notre jeunesse.

Nous entendons ses inquiétudes, mais nous devons aussi prendre la mesure de son énergie, de sa capacité à renouveler notre société et à dessiner notre avenir.

Au centre des aspirations de la jeunesse, il y a évidemment l’emploi qui dépend largement de la formation.

C’est pourquoi nous avons lancé le chantier de la lutte contre le décrochage scolaire, c’est pourquoi nous avons aussi engagé la mise en place d’un véritable service public de l’orientation.

Mais l’emploi n’est pas tout.

Nous devons aussi répondre à la volonté d’engagement et d’ouverture internationale qui caractérise la jeunesse.

Avec le plan «Agir pour la jeunesse», nous avons mis en place le service civique.

Mais nous devons aller plus loin.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous saisir d’une réflexion sur les moyens d’encourager la mobilité des jeunes, que cette mobilité soit internationale, territoriale, sociale, culturelle ou professionnelle.

 

Rénover notre modèle social, c’est enfin redéfinir notre système de protection sociale pour lui permettre de faire face aux nouveaux défis qui se posent à nous.

Je saisirai votre assemblée sur cette question centrale: quelle devra être la part de la solidarité nationale et celle de la protection sociale complémentaire ?

 

Il ne s’agit pas d’opposer les deux aspects, car cette protection complémentaire peut être collective et faire appel à des mécanismes de solidarité professionnelle ou interprofessionnelle.

 

De la même manière, nous devons nous poser la question des droits mais aussi des devoirs, car nous nous refusons à confondre protection sociale et assistance.

Enfin, se pose la question de la régulation et de la gouvernance. Je crois que l’éclairage que pourra apporter votre assemblée sera déterminant pour nous guider dans les évolutions nécessaires.

 

Parmi les grands défis que doit relever notre société, dans le cadre de cette protection sociale, il y a celui du vieillissement.

Nous ne pouvons ignorer cette mutation démographique de grande ampleur et ses conséquences.

Nous avons déjà commencé à y répondre en réformant notre système de retraites par répartition, afin d’en assurer la pérennité.

Nous devons aujourd’hui traiter de front la question de la dépendance des personnes âgées.

 

Nous avons fait le choix de ne pas remettre à plus tard cette réforme et d’examiner toutes les options possibles.

Nous aurons à prendre des décisions courageuses, car l’augmentation du coût de la dépendance risque à terme d’avoir un impact considérable sur nos finances publiques.

 

Mais les interrogations auxquelles nous aurons à répondre dépassent le seul enjeu financier.

Comment vivre ensemble plus longtemps ?

Comment renouveler la solidarité entre les générations, qui est l’un des fondements de notre pacte républicain ?

Comment faire du vieillissement, non pas une contrainte, mais une source d’activité, d’emploi et de croissance ?

 

Voilà les questions sur lesquelles l’expertise de votre conseil sera attendue.

 

Les mêmes principes doivent guider la redéfinition notre politique de santé.

Ici encore, 2011 sera une année utile.

Nous donnerons une nouvelle impulsion à la médecine de proximité et à la médecine ambulatoire qui augmente les possibilités de prise en charge à domicile.

Nous réformerons notre politique du médicament pour que les dysfonctionnements graves révélés par l’affaire du Mediatorne se reproduisent pas

Nous moderniserons notre politique de prise en charge psychiatrique.

 

Nous chercherons à répondre dès maintenant aux questions majeures qui nous sont posées par l’exigence du retour à l’équilibre de l’assurance-maladie.

 

Comment définir un juste partage entre assurance-maladie et protection complémentaire ?

Comment, après la création des agences régionales de santé, continuer à inscrire notre politique de santé dans la diversité de nos territoires ?

Comment moderniser notre système de santé tout en préservant son excellence ?

Comment gagner en efficacité sans rien perdre en qualité des soins ?

 

La responsabilité de tous doit être engagée !

Non seulement pour traquer les fraudes, mais aussi pour progresser sur la pertinence des soins, en réduisant les actes et les prescriptions inutiles et insuffisamment justifiés.

 

La santé ne doit pas être simplement perçue comme un secteur de dépense.

Elle doit être aussi vue comme une source de croissance, un moteur économique qui contribue à notre croissance.

 

Nous aurons ainsi à mener à bien le déploiement des 2,5 Md€ d’investissements d’avenir dans les secteurs de la santé.

Nous ferons émerger de nouveaux champs de développement économique, je pense au domaine de la e-santéauquel nous avons donné une impulsion forte en 2010 en fixant, enfin, le cadre juridique de l’activité de télémédecine.

 

Je veux enfin évoquer la politique du handicap, à laquelle votre Conseil a consacré de nombreux travaux.

 

Nous aurons, en 2011, à préparer une nouvelle Conférence nationale du handicap, au cours de laquelle nous examinerons, en particulier, la question de la scolarisation des enfants handicapés.

Mais nous devrons également – six ans après la loi du 11 février 2005 – redéfinir nos ambitions pour aller encore plus loin dans l’accessibilité des lieux et l’insertion professionnelle des personnes handicapées.

 

 

Mesdames, Messieurs,

 

Votre Conseil, renouvelé dans ses modes d’action, renforcé dans ses missions, sera un acteur du renouveau de notre modèle social.

Partout où la cohésion de notre République est en jeu, votre assemblée a un rôle à tenir.

La voix que vous faites entendre est celle de l’intérêt général et c’est celle de la responsabilité - responsabilité des gouvernants, responsabilité des acteurs du dialogue social, responsabilité de chaque citoyen.

Responsabilité pour faire de la solidarité un ensemble cohérent où les droits impliquent aussi des devoirs.

Responsabilité pour encourager chacun à se demander ce qu’il peut faire pour le pays, et pas seulement ce que la Nation doit lui apporter.

 

A l’aube d’un siècle marqué par le croisement sans précédent des civilisations et par l’intensité des échanges migratoires, chaque nation s’interroge sur les conditions de son unité, et notamment les vieilles nations européennes.

Longtemps, pour beaucoup, le multiculturalisme a été une réponse.

Cette approche ne fut jamais celle de la France, mais, de fait, nous assistons depuis plusieurs décennies à une résurgence des crispations identitaires.

Nous devons contrer cette logique du repli et des ghettos qui va à l’encontre de notre idéal républicain !

Etre Français, vouloir devenir Français, vivre parmi nous, ça n’est pas seulement disposer d’une pièce d’identité ou avoir ses papiers en règles !

C’est accepter d’être porteur d’un héritage historique, culturel, moral, un héritage que chacun se doit de respecter et de prolonger.

C’est être soucieux de vivre en harmonie avec les autres plutôt que de vouloir cultiver à tout prix sa différence.

C’est respecter les valeurs fondamentales de la liberté, de l’égalité, de la laïcité.

 

 

Nous avons, Mesdames et Messieurs, encore beaucoup de travail devant nous.

Je ne connais pas de grande nation fondée sur des espérances faciles.

Le progrès économique et social réclame de la durée, de la ténacité et des efforts.

Le monde actuel nous commande de rassembler nos forces et de poursuivre notre modernisation.

 

Peu à peu, la légitimité du changement s’établit dans les esprits; la réforme apparaît moins surprenante et moins inquiétante qu’il y a quelques années.

J’y vois là les signes d’une prise de conscience face aux défis qui accompagnent l’ambition française.

 

 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 17:55

 

François Fillon s'adresse aux marins du porte-avions Charles de Gaulle croisant au large de Djeddah dans les eaux internationales le 12 février 2011.

 

 

Amiral,

Mesdames et Messieurs les officiers, officiers-mariniers, quartiers-maîtres et marins,

 

J’’ai souhaité venir à votre rencontre pour vous exprimer directement la reconnaissance de la Nation et du Gouvernement.

 

Les manœuvres auxquelles je viens d’assister révèlent votre rigueur et votre professionnalisme, et je veux dire qu’elles forcent l’admiration. Vous méritez l’estime que le peuple français vous porte et vous méritez la confiance que le Gouvernement place en vous. Sur la route qui vous ramène à vos familles après 3 mois et demi en mer, je veux simplement vous dire que vous pouvez être fiers du travail accompli. Entre les opérations menées au large du Pakistan en soutien au combat en Afghanistan, et celles menées dans le Golfe d’Aden au profit de la force Atalante de lutte contre la piraterie, votre mission a été bien remplie. S’y ajoutent les exercices menés en coopération avec les pays amis, les Emirats Arabes Unis, l’Inde, les flottes alliées et ici, au large de l’Arabie Saoudite.

 

Equipage du navire amiral de la flotte française de combat, vous êtes le symbole de la détermination de la France à assumer pleinement ses responsabilités dans un monde en plein bouleversement. Tous les jours, de nouvelles puissances grandissent et redessinent les équilibres stratégiques.

 

Récemment, des aspirations démocratiques fortes sont venues s’exprimer jusqu’aux rivages de cette mer Rouge. Avec le départ du président MOUBARAK, une page nouvelle s’ouvre pour l’Egypte.

Je tiens à rendre hommage à cette décision courageuse de quitter le pouvoir, décision qui répond aux fortes aspirations du peuple égyptien, à la démocratie, à la liberté, à la dignité. C’est aux Egyptiens qu’il revient d’apprécier l’action d’Hosni MOUBARAK et la trace qu’il laissera dans l’histoire de son pays. Mais personne ne pourra contester la contribution qu’il a apportée à la cause de la paix dans la région. Je souhaite que la transition qui s’est engagée aille jusqu’à son terme, qu’elle soit démocratique, qu’elle soit pacifique et crédible et qu’elle aboutisse à des élections libres et transparentes.

C’est là la responsabilité essentielle des actuels dirigeants égyptiens, qui doivent en outre garantir à la population de pouvoir continuer à s’exprimer librement et dans la sécurité. Au- delà de la satisfaction des attentes légitimes du peuple égyptien, dont le courage force l’admiration et le respect, nous souhaitons que l’Egypte puisse conserver le rôle majeur qu’elle a toujours exercé sur la scène régionale, au service de la stabilité du Proche et du Moyen-Orient. La France, amie de toujours de l’Egypte, se tient plus que jamais au côté des Egyptiens dans cette nouvelle phase de leur histoire.

 

Le monde qui se dessine est porteur de beaucoup d’espoirs, mais vous savez qu’il est porteur aussi de beaucoup de menaces. La menace du terrorisme, celle de la piraterie, celle de la cybercriminalité, celle de l’interconnexion entre les réseaux de trafiquants.

 

Notre pays est en première ligne pour que la gouvernance mondiale prenne en compte cette nouvelle réalité géopolitique. Et nous nous y employons cette année à la tête du G20 et du G8. Loin de s’agripper à des privilèges hérités du passé, la France œuvre pour que la mondialisation soit plus régulée et plus juste.

 

Peu d’outils mieux que le Charles de Gaulle disent notre détermination à assumer notre statut de puissance indépendante et responsable. Il porte à travers les mers du globe le nom d’un homme qui a refusé la soumission, d’un homme qui a combattu pour la souveraineté nationale autant que pour la liberté du monde. Avec son groupe aérien et son escorte navale, le Charles de Gaulle est un concentré de technologies de pointe et de savoir-faire industriels d’exception.

Avec les Etats-Unis, nous sommes le seul pays au monde capable aujourd’hui de construire, de concevoir un porte-avions nucléaire avec son groupe aérien embarqué. Le Charles de Gaulle est une composante clé de notre dissuasion nucléaire, c’est cette dissuasion qui garantit notre indépendance stratégique et notre autonomie de décision. C’est cette dissuasion qui nous permet d’assumer toutes nos responsabilités de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, au service de la paix et au service de la sécurité internationale.

Et comme l’a souligné le Président de la République, c’est cette dissuasion aussi qui procure une assurance-vie à la Nation française. Le Charles de Gaulle est aussi un acteur majeur de notre projection de puissance. Son déploiement nous permet de peser sur la scène internationale pour rétablir la paix, aux côtés des 9.400 hommes et femmes actuellement déployés par la France en opérations extérieures.

 

La France, Mesdames et Messieurs, continuera à déployer une marine océanique à vocation mondiale. Cette ambition exige que nous sachions nous adapter aux nouvelles réalités. La première d’entre toutes, c’est la contrainte budgétaire à laquelle nous sommes soumis. Pendant 30 ans, la France a creusé les déficits avec insouciance.

Aujourd’hui le résultat est là, chaque année c’est l’équivalent d’un peu plus d’un budget entier de la Défense qui est affecté au seul remboursement des intérêts de la dette. Si nous ignorons la contrainte budgétaire, alors c’est notre souveraineté nationale même qui sera mise en péril. Mais il ne s’agit pas de sacrifier l’équipement de nos forces ni d’arrêter d’investir. Et sur ce point je veux dire qu’au contraire, nous avons été vigilants dans le cadre de la loi de programmation militaire et lors de la préparation du budget de la Défense.

Nous continuons à moderniser notre outil de dissuasion. En fin d’année dernière « Le Terrible », dernier-né de la flotte des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins a été admis au service actif, comme le M51 et l’ASMP-A sous Rafale. Parallèlement vont bientôt débuter les essais à la mer d’un troisième bâtiment de projection et de commandement, le Dixmude. Nos troupes en Afghanistan ont reçu l’équipement en VBCI, et elles recevront bientôt l’équipement Félin que nous leur destinons. Enfin, malgré les grandes difficultés que vous savez, nous avons réussi à consolider le programme de l’A400 M.

 

Pour maintenir ce niveau d’ambition, le ministère de la Défense a dû engager des réformes exceptionnelles. Et je suis parfaitement conscient que pour les personnels de la Défense, ces réformes exigent des efforts considérables en ce début d’année.

Ce sont d’ailleurs des réformes qui vous touchent directement puisqu’au 1er janvier – avec la réforme de la carte militaire – la base navale de Toulon, votre port d’attache, est devenue une base de défense. Mais pour préserver l’essentiel, je veux vous dire que nous n’avons pas d’autre option.

Pour l’avenir de notre défense, la maîtrise de la dépense engagée en France et à l’échelle européenne est décisive. Nous y parviendrons d’autant mieux que nous saurons développer les coopérations avec nos partenaires. Cela signifie recourir à des programmes d’armement conjoints, mutualiser nos matériels et nos équipements, déployer ensemble certaines de nos capacités.

Et c’est dans cet esprit que nous avons scellé, en novembre dernier, un rapprochement historique avec le Royaume-Uni en matière de défense. Nous souhaitons qu’il inspire l’ensemble de nos partenaires européens. C’est une évolution qui vous concerne directement et qui va venir bousculer de longues traditions de notre marine, puisque l’un de nos projets est de constituer – avec nos alliés britanniques – un groupe aéronaval conjoint.

 

Aujourd’hui, notre rencontre au large de l’Arabie Saoudite est chargée de signification. Cette région est stratégique pour la sécurité de la France et pour la stabilité du monde. Du Pakistan au Sahel, en passant par le Golfe d’Aden et de Moyen-Orient, l’arc de crise est devenu réalité. Il a fait émerger des défis spécifiques auxquels nous avons l’obligation de répondre. Les assassinats et les enlèvements de nos ressortissants au Sahel par AQMI ont tragiquement illustré les liens que développent désormais les réseaux terroristes. Le terrorisme n’épargne aucune Nation .

Récemment ce sont les chrétiens d’Orient qui ont été cruellement frappés. Mais nous ne devons pas oublier que les musulmans sont aussi par leur nombre les premières victimes du terrorisme islamiste. Dans cette région, nous devons donc montrer qu’à la complicité entre les terroristes répond la solidarité entre les gouvernements. Solidarité entre l’Occident et le monde arabe, solidarité entre les chrétiens et les musulmans.

 

La volonté de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire est une autre source d‘inquiétude, et pas seulement pour l’Occident. L’acquisition par l’Iran de la bombe déstabiliserait une zone où les tensions sont déjà extrêmement vives. C’est une perspective qui est inacceptable, inacceptable pour nous comme pour les Etats de la région.

Nos intérêts de sécurité sont de fait partagés. A Istanbul au mois de janvier, l’Iran a opposé une fin de non recevoir à notre proposition renouvelée de dialogue sérieux sur son programme nucléaire. Pour convaincre l’Iran de revenir à la table des négociations, nous allons devoir renforcer encore les sanctions.

Nos intérêts sont également partagés concernant le processus de paix au Proche-Orient. La solution des deux Etats, avec la création d’un Etat palestinien d’ici la fin de 2011, est la seule qui soit à même d’apporter une stabilité durable dans la région. C’est la seule qui fasse droit aux aspirations nationales et légitimes du peuple palestinien ; et aux attentes tout aussi légitimes d’Israël en matière de sécurité. C’est la raison pour laquelle, nous souhaitons la relance immédiate du processus de paix avec une méthode plus collective, plus volontariste, qui associe davantage aux efforts des Etats-Unis,

 

 

l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne. Au Liban où sont déployés les 1.450 soldats du contingent français de la FINUL, nous agissons avec plusieurs Etats de la région, comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar, pour que la stabilité, l’indépendance et la justice soient préservées. Enfin dans une économie mondialisée, qui demeure dépendante du pétrole, la piraterie au large de la Somalie a un impact direct sur la prospérité de tous, dans les pays producteurs comme dans les pays consommateurs. Et je veux vous le dire, la France, grande nation maritime, ne baissera pas la garde sur ses responsabilités face aux menaces en mer.

 

Je veux rendre hommage aux marins français qui, au sein de l’opération Atalante, luttent sans relâche pour préserver la liberté des mers. Et je veux à cette occasion rappeler que c’est la France, que c’est à l’initiative de la France qu’ont commencé les opérations de lutte contre la piraterie dans cette région.

Pour mieux répondre à ces défis, nous avions l’obligation d’adapter le dispositif français. La présence du Charles de Gaulle au large de Djeddah et vos exercices communs avec les unités de la marine saoudienne rappellent que notre partenariat avec l’Arabie Saoudite en matière de défense est solide.

Depuis la mise en place de notre coopération, ce sont plus de 500 officiers ou ingénieurs militaires saoudiens qui ont reçu des formations en France. Et nos armées participent régulièrement à des exercices communs, comme « White Shark » pour les marines ou « Green Shield » pour les armées de l’air. Demain, j’aurai l’occasion et l’honneur de rendre visite aux forces françaises aux Emirats Arabes Unis.

 

La création d’une base interarmées dit toute la volonté de la France de redéployer nos moyens dans cette région stratégique, et de rehausser notre coopération de défense avec les Etats de la région. Cette base vient en complément de celle de Djibouti pour faciliter la présence française dans l’océan Indien. L’installation à Abou Dabi de l’Amiral commandant la zone militaire de l’Océan Indien, et de son Etat-major interarmées sont des gages de notre engagement au profit de la stabilité de la région et de notre propre sécurité, tout comme le sont la tenue d’exercices conjoints et la mise en place de formations y compris au profit de l’armée nationale afghane.

 

L’Afghanistan en effet reste au cœur de nos préoccupations. Vous revenez d’une mission au large de ce pays, à travers les quelques 200 missions réalisées par les avions du Charles de Gaulle vous avez apporté un appui considérable à vos 4.000 camarades engagés sur le terrain.

Ils mènent un combat difficile, et je veux ici saluer leur bravoure et – malheureusement pour beaucoup trop d’entre eux – leur sacrifice, je veux saluer leur professionnalisme, je veux saluer leur abnégation.

J’ai eu l’occasion de leur rendre visite l’année dernière en Afghanistan, et je me suis rendu à plusieurs reprises à l’hôpital Percy auprès des blessés. Je veux vous dire combien nos soldats m’ont impressionné par leur force de caractère. Il y avait dans leurs mots – et je pense en particulier aux blessés – il y avait dans leurs mots et il y avait dans leurs regards une résolution et une humanité qui m’ont profondément touché.

 

Aux combattants français en Afghanistan, j’ai décidé d’accorder le bénéfice de la campagne double sur proposition d’Alain JUPPE, cette juste reconnaissance du prix payé par nos soldats répond à une demande légitime de leur part. Leur engagement a permis des progrès importants, l’année 2011 marquera un tournant en Afghanistan avec le début du transfert de la responsabilité de la force internationale vers les forces afghanes. Et d’ici la fin de 2014, notre objectif c’est que les Afghans prennent en charge la responsabilité de la sécurité dans l’ensemble de leur pays.

 

Mesdames et Messieurs, le combat pour la paix, pour la liberté, pour les valeurs auxquelles nous croyons est un combat fondamental. Sur toutes les mers du globe, vous portez fièrement vos idéaux qui sont ceux de la France. Votre patriotisme est au cœur de votre engagement, et je sais qu’il vous commande des sacrifices. Votre réputation militaire est le gage de notre influence diplomatique et stratégique. A vous qui placez votre vie au service de notre sécurité et de notre indépendance, je veux adresser les remerciements de la Nation. .

 

 

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 13:24

 

François Fillon prononce un discours à l'Université de la Sorbonne d'Abou Dabi aux Emirats arabes unis le 13 février 2011.

 

Altesse, Excellences, Madame la Ministre,

Monsieur le Président de l’Université Paris Sorbonne Abou Dhabi,

Monsieur le Directeur exécutif,

Mesdames et Messieurs les professeurs,

Chers étudiants,



C’est pour moi un très grand honneur que d’avoir la possibilité d’inaugurer ce matin les nouveaux locaux de la Sorbonne Abou Dhabi, au cours d’une visite que je me permets de qualifier d’exceptionnelle, puisque c’est en effet la première fois qu’un Premier ministre français se rend aux Emirats en visite officielle. Et pourtant notre amitié, l’amitié entre la France et les Emirats Arabes Unis remonte aux premières années de l’indépendance de votre pays. Elle s’est nouée d’une manière remarquable, alors même que la France ne bénéficiait pas d’une influence historique dans cette région. Le fondateur des Emirats, Cheikh ZAYED puis son successeur Cheikh KHALIFA ont tissé avec les différents Présidents de la République française des liens de confiance et de coopération très étroits, qui se sont encore intensifiés depuis l’élection de Nicolas SARKOZY.

Cette coopération, la France y est d’autant plus attachée qu’elle partage les valeurs que les Emirats portent dans la région et sur la scène internationale : la paix, la tolérance, l’ouverture au monde, la promotion des arts, des savoirs et de la diversité culturelle. Soucieux de préserver le fil de leurs histoires et de leurs civilisations, nos deux pays ont aussi en commun l’ambition de contribuer à bâtir le monde de demain sur les bases du progrès et de la modernité. L’avenir s’invente en partie ici, dans votre pays qui se projette avec audace et avec méthode dans le 21ème siècle.

Les Emirats Arabes Unis s’efforcent de concilier harmonieusement le développement économique et le développement durable, l’ouverture au monde et la préservation des traditions. Le grand district culturel de l’île de Saadiyat s’annonce comme un outil de rayonnement exceptionnel, auquel la France se réjouit et s’honore d’être associée à travers Le Louvre Abou Dabi.

Les Emirats jouent également un rôle de premier plan dans la lutte contre les menaces climatiques, avec l’organisation du Sommet mondial des Energies du futur, le projet de ville écologique de Masdar, l’installation à Abou Dabi du siège de l’Agence internationale des énergies renouvelables et la part active prise par votre pays dans le Sommet de Cancun.

 

A de nombreuses reprises, nous avons pu constater que les Emirats s’impliquent dans les grandes crises internationales, avec la volonté de faire entendre la voix du dialogue et de la raison. La France, qui préside le G20, a choisi d’associer pleinement les Emirats à ces travaux. Face aux grands enjeux internationaux, je veux dire que votre pays donne au monde une image de dynamisme et de responsabilité qui inspire le respect. Dynamisme et responsabilité, c’est dans ce même esprit que nous agissons pour que la France soit, aujourd’hui comme hier, un pays qui compte, un pays confiant dans son avenir, un pays qui se saisit de toutes les énergies pour être au premier rang dans la compétition internationale.

En 2007, l’une de nos premières réformes majeures a été celle de nos universités, conduite par Valérie PECRESSE qui m’accompagne aujourd’hui. Les universités françaises disposent désormais d’une réelle autonomie pour leur permettre de tenir leur rang dans le paysage universitaire mondial. Cette réforme commence à porter ses fruits, au fil des ans ses bénéfices pour les débouchés professionnels des étudiants, pour la revalorisation des carrières des enseignants, pour le soutien des entreprises à l’innovation ne vont cesser d’en prouver la pertinence et l’ampleur. Les projets de partenariat qui se multiplient avec les Emirats, outre la Sorbonne, l’INSEAD ou le lycée Louis-le-Grand attestent et confortent ce regain de dynamisme.

La France est par tradition un grand pays d’éducation et d’excellence académique. Elle entend se tenir toujours au côté des nations amies qui, comme les Emirats, croient en la puissance de l’éducation et de la culture au service d’un développement équilibré. Elle s’honore de la confiance que lui ont témoignée les Emirats, en lui permettant d’implanter ici l’université Paris Sorbonne Abou Dabi. C’est une marque d’amitié, c’est aussi un geste d’audace, un signe d’ouverture très fort en direction de notre culture. Les autorités émiriennes ont fait le choix d’un enseignement en français, et j’ajouterai à la manière française, c’est-à-dire reposant sur l’apprentissage de l’esprit critique, de la liberté de pensée et de la rigueur intellectuelle. Et tout cela dans une université mixte et laïque.

La Sorbonne du 13ème siècle avait révolutionné l’enseignement dans quelques modestes maisons austères,  autour d’un petit jardin du Quartier Latin. C’est aujourd’hui dans des conditions matérielles exceptionnelles que la Sorbonne Abou Dabi va pouvoir devenir l’une des universités d’élite du Proche et du Moyen-Orient. Je veux dire aux étudiants qu’ils ont une chance exceptionnelle d’étudier ici ; et je veux saluer les jeunes Français qui sont présents aujourd’hui et les féliciter du choix qu’ils ont fait d’enrichir leur parcours personnel en venant aux Emirats. Vous démontrez l’attractivité internationale qu’exerce déjà cette institution, dont le rayonnement ne va cesser de croître . Vous soutenez par votre enthousiasme un projet ambitieux qui porte des valeurs fondamentales ; vous allez aussi bénéficier d’enseignements qui seront de plus en plus variés. Il est en effet essentiel que Paris Sorbonne Abou Dabi couvre l’ensemble des champs du savoir. Elle offre aujourd’hui des cursus de sciences humaines, de droit et d’économie, elle doit demain s’ouvrir aux sciences exactes et je me félicite que le président MOLINIE ait commencé à travailler dans cette direction.

Aux professeurs, je veux dire qu’ils ont ici un rôle d’ambassadeur de notre excellence académique. Grâce à vous, la Sorbonne Abou Dabi doit devenir un pôle de rayonnement francophone et scientifique. Un pôle de rayonnement francophone car les Emirats sont désormais membres observateurs de l’Organisation internationale de la francophonie. Ils sont le premier pays du Golfe à rejoindre cette organisation, et la présence de la Sorbonne à Abou Dabi n’y est évidemment pas pour rien. L’Agence universitaire de la francophonie a vocation à accueillir très vite en son sein cette université qui est la première université francophone du Golfe. Un pôle de rayonnement scientifique ensuite car les forces d’une université tiennent à la recherche qui s’y accomplit, mais aussi à la manière dont – au-delà des cercles spécialisés – elle influence les idées et les œuvres d’une époque. Pour l’histoire des peuples, des idées et des sciences, la région où nous nous trouvons est aussi bien un thème d’étude qu’une source d’inspiration des plus profondes. Quel plus beau terrain de recherche que ce Moyen-Orient, creuset des civilisations pour les historiens, lieu de naissance du premier Code pour les juristes, berceau de l’algèbre pour les mathématiciens.

Il y a maintenant 5 ans presque jour pour jour que l’accord fondateur de la Sorbonne Abou Dabi a été signé, je m’étonne encore que certains en France aient voulu dénoncer la compromission du savoir dans une démarche mercantile. L’enjeu n’était vraiment pas là. Et j’espère qu’il y aura autant de retombées des succès de cette coopération qu’il y en eût du débat qui a présidé à sa mise en œuvre. La France doit être fière du prestige de la Sorbonne, et à travers elle de celui de ses universitaires, et n’a aucune raison de le maintenir sous je ne sais quel éteignoir. Elle doit être fière aussi d’avoir créé avec ses partenaires émiriens une institution dont l’ambition la plus fondamentale est de contribuer au dialogue des cultures.

La thèse de l’affrontement des civilisations, qui n’appartient pas à l’héritage intellectuel de la France, est dangereuse et sans valeur. Elle ne peut fonder aucune vision d’avenir de l’ordre international. Elle n’a pour conséquence que la destruction et le nihilisme, elle n’a pour fondement que la peur et l’ignorance. C’est au contraire sur l’accroissement et le partage des connaissances que reposera l’harmonie d’un monde complexe dont la diversité est respectée, où chaque civilisation apporte les richesses de son histoire et les grandeurs de sa spiritualité au développement humain. Il y a peu d’endroits où un tel dialogue pouvait s’enraciner aussi bien qu’ici, dans ce pays capable d’ériger l’une des plus grandes et l’une des plus belles mosquées au monde ; et en même temps de restaurer et d’ouvrir au public les vestiges d’une église chrétienne du 5ème siècle sur l’île de Sir Bani Yas.Cet équilibre entre l’attachement à l’identité arabe et le respect de l’altérité force notre admiration. L’université Paris Sorbonne Abou Dabi a choisi d’être un pont entre les civilisations, telle est sa devise qui exprime parfaitement ce qui s’accomplit ici. Cette université c’est un lieu de dialogue et de partage, c’est un lieu où l’on apprendra comment une civilisation peut nourrir le développement d’une autre ; et comment les échanges entre les individus et les sociétés n’ont cessé de féconder les œuvres de l’esprit. C’est un lieu où les étudiants du Golfe pourront remonter aux sources de leur propre droit et découvrir le Code Napoléon sous l’héritage juridique égyptien. Un lieu où derrière l’œuvre des cubistes, dont s’inspire souvent la génération montante des artistes du Moyen-Orient, on retrouvera l’influence de la Renaissance italienne. Un lieu où la philosophie occidentale rejoindra ce monde arabe où s’était préservé l’héritage des penseurs grecs pendant le Moyen Age européen, à une époque où Bagdad brillait bien plus que Rome. Dans cette université, où la connaissance de l’histoire dément les préjugés et nous enseigne une admiration réciproque, c’est aussi l’avenir qui se construit. Et les étudiants de la Sorbonne Abou Dabi seront particulièrement bien placés pour en être des acteurs éclairés.

Un nouveau monde est en train de se dessiner sous nos yeux, nous devons l’aborder avec la sagesse des savoirs, avec des idées neuves aussi, pour en mesurer les risques mais surtout pour en saisir les chances. La chance d’une prospérité globale au lieu d’un affaiblissement réciproque des nations à travers leur rivalité ; la chance d’une gouvernance mondiale réformée autour d’une volonté d’agir sur le cours des choses, au lieu du fatalisme et de l’absence de responsabilité ; la chance d’une progression des valeurs humanistes et des libertés avec l’élévation générale du savoir et du niveau de vie. Les anciens mondes ne nous inspirent guère de regret, ni le monde d’il y a un siècle où quelques puissances européennes exerçaient un impérialisme sans partage, ni le monde d’il y a 50 ans clivé et figé par la guerre froide, ni même le monde récent dont nous sortons à peine, où la profondeur de l’inégalité économique maintenait des continents entiers hors de la prospérité et de la capacité de faire entendre leur voix. Le nouveau monde qui est devant nous fera la part belle à la création, à la recherche, à l’innovation technologique, à la mobilité, à l’échange des cultures Nous avons l’espoir qu’il sera plus ouvert, plus équitable, à condition de relever ensemble les défis qu’il nous présente aussi.

Il y a d’abord le défi de la mondialisation économique, la crise a exacerbé la concurrence, mais elle a aussi rendu plus impératives les logiques de solidarité. Les désordres bancaires et financiers, les déséquilibres monétaires, la volatilité des prix des produits agricoles et des matières premières énergétiques se conjuguent de plus en plus souvent et de plus en plus rapidement dans un contexte marqué par l’interdépendance croissante de toutes les régions du globe. Ces bouleversements mettent en cause les modèles de développement économique que nos pays se sont choisis. Nous devons y répondre par la volonté politique en jetant les bases d’une meilleure régulation financière mondiale. C’est l’ambition de la France, au moment où nous prenons la présidence du G20, que nous abordons avec humilité mais aussi avec le désir de faire œuvre utile.

 

Il y a ensuite le défi environnemental, et j’ai dit combien l’engagement des Emirats dans la lutte contre le réchauffement climatique est essentiel. Il y a enfin le défi de la sécurité, la communauté internationale reste confrontée à la menace du terrorisme et à la prolifération nucléaire. La France a depuis toujours défendu le droit aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire, qui est l’une des clés du développement durable sur notre planète. Mais ce droit implique aussi des obligations internationales strictes. Les Emirats Arabes Unis ont lancé un grand programme électronucléaire civil qui atteste une démarche exemplaire. En ratifiant tous les accords internationaux pertinents et en s’interdisant de développer une filière d’enrichissement de l’uranium ou de recyclage sur leur sol, ils ont fait le choix d’une politique éminemment responsable

 

C’est un message, c’est un message pour toute la région, alors même que nous nous efforçons de convaincre l’Iran de choisir la voie du dialogue et de la transparence, de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur son programme nucléaire, de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.

 

Dans tous les domaines, la France est heureuse de pouvoir compter sur l’amitié des Emirats. Les Emirats savent aussi qu’ils peuvent compter sur l’amitié de la France, sur son engagement sans faille à leur côté dans leurs ambitions de développement mais aussi dans leur préoccupation légitime de sécurité et de défense. Notre relation est exemplaire, elle illustre le dialogue entre l’Orient et l’Occident, ce dialogue qui ne doit pas cesser de se renforcer. Mesdames et Messieurs, la Sorbonne Abou Dhabi est un magnifique emblème de ce dialogue que nous voulons ensemble promouvoir.

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 13:06

 

François Fillon s'exprime lors de son voyage à Riyad en Arabie Saoudite le 12 février 2011.

 

 

François Fillon répond aux questions de la presse à l'occasion de son déplacement à Riyad en Arabie Saoudite le samedi 12 février 2011.
 

Mesdames et Messieurs, je voudrais d’abord vous dire le plaisir qui est le mien d’effectuer ma première visite en Arabie saoudite en tant que Premier ministre. C’est aussi la première visite d’un chef de gouvernement français depuis 1994.

Après m’être rendu sur le CHARLES DE GAULLE au large de Djeddah, j’ai pu m’entretenir ici à Riyad avec le prince héritier, avec le ministre de l’Intérieur et avec celui de la Défense. Les liens qui unissent la France et l’Arabie saoudite n’ont cessé de se renforcer au cours de ces dernières années dans tous les domaines : politique, économique ou culturel et c’est tout le sens que le Président de la République, qui est venu trois fois en Arabie Saoudite et qui a rencontré sa Majesté le Roi Abdallah à New York en janvier dernier, et moi-même souhaitons donner à notre partenariat stratégique, partenariat que nous voulons encore aujourd’hui renforcer.

 

Sur le plan politique d’abord, ce partenariat s’exprime par une concertation très étroite sur toutes les questions régionales dans un environnement fragile, dans un environnement complexe. Je pense évidemment à la situation au Proche Orient où il y a toujours urgence à agir, au Liban, à l’Iran. Dans le cadre du G20 aussi puisque l’Arabie saoudite est un acteur majeur de la mondialisation et un partenaire privilégié pour la France, notamment à travers notre volonté d’apporter plus de régulation et plus de stabilité.

 

Dans le domaine de la défense ensuite où nous avons noué des liens très étroits . La tenue de l’exercice conjoint « White Shark » à Djeddah en ce moment même, en est une illustration éclatante et nous avons évoqué beaucoup des projets qui sont en cours de discussion sur ce sujet.

 

Sur le plan économique, je me félicite de l’accroissement de nos échanges avec une progression de 75% de nos exportations au cours des trois dernières années.  Je rappelle que l’Arabie saoudite est notre premier partenaire commercial dans le Golfe. AIRBUS pour ne citer qu’un exemple a largement participé ces dernières années au renouvellement de la flotte civile saoudienne avec des contrats portant sur l’acquisition d’A320 et d’A330.

 

Sur le plan éducatif et universitaire puisqu’en quelques années, le nombre des étudiants boursiers saoudiens en France a été multiplié par dix. J’ajoute que, depuis la première visite du Président de la République en janvier 2008, ce sont plus de 50 accords qui ont été signés dans le domaine universitaire et dans celui de la formation technique et professionnelle.

 

A mes interlocuteurs saoudiens, j’ai redit notre totale détermination pour faire franchir un nouveau cap à nos relations bilatérales, j’ai notamment évoqué aujourd’hui avec les autorités saoudiennes les grands contrats, notamment le TGV des lieux saints, à la construction et à l’exploitation duquel candidatent ALSTOM et la SNCF avec leurs partenaires saoudiens. ALSTOM a produit plus de 600 TGV, exportés dans de très nombreux pays, récemment au Maroc. Nos entreprises sont totalement mobilisées pour réussir ce contrat.

Nous avons abordé également notre coopération en matière d’industries d’armement – je pense en particulier au projet d’acquisition d’un satellite d’observation, à la modernisation des systèmes de défense antiaériens et à la rénovation et au renforcement des capacités navales du Royaume

 

Sur le plan de la coopération dans le domaine de la sécurité, nous sommes convenus de la nécessité de poursuivre notre bonne coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

 

Un mot enfin de la situation dans les pays arabes et notamment en Egypte que nous avons naturellement évoquée avec mes interlocuteurs saoudiens. Comme je l’ai dit ce matin, le départ du Président MOUBARAK ouvre une nouvelle page pour l’Egypte. Au-delà de la satisfaction des attentes légitimes du peuple égyptien, dont la détermination et le courage forcent l’admiration, je souhaite que l’Egypte conserve le rôle clé qu’elle a toujours joué au service de la paix et de la stabilité au Proche et au Moyen-Orient et je veux dire que la France, ami de toujours de l’Egypte, est plus que jamais aux côtés des Egyptiens dans cette nouvelle phase de leur histoire.

Voilà, je suis maintenant à votre disposition pour répondre à quelques questions.

 

 

Questions et Réponses

 

 

Journaliste

Monsieur le Premier ministre, comment est-ce que vous évaluez la coopération militaire entre la France et l’Arabie Saoudite ?

 

François FILLON

Ecoutez, cette coopération militaire est excellente, elle est très ancienne, elle remonte aux années 50. Elle s’est traduit par d’abord une coopération industrielle importante, mais elle se traduit aujourd’hui surtout par une coopération très intense en matière de formation des officiers et des ingénieurs saoudiens . Il y a un peu plus de 500 officiers ingénieurs saoudiens qui ont été formés en France et par des exercices répétés entre nos forces navales, nos forces aériennes pour améliorer notre capacité à travailler ensemble. J’ai indiqué aux autorités saoudiennes notre disponibilité pour engager la modernisation de la flotte saoudienne, pour assurer la modernisation des capacités de défense antiaériennes saoudiennes et également, comme je le disais tout à l’heure, pour aider l’Arabie saoudite à se doter de capacités d’observations spatiales qui sont aujourd’hui indispensables à une bonne maîtrise des questions de sécurité.

 

Journaliste

Monsieur le Premier ministre, Antonin ANDRE, EUROPE 1. Après la Tunisie, l’Egypte, un mouvement populaire semble aujourd’hui se dessiner en Algérie et en particulier à Alger. Y voyez-vous… anticipez-vous un mouvement qui se généraliserait à tout le Maghreb et au-delà au monde arabe, avec quelles répercussions pour la France en particulier s’agissant de l’Algérie ?

 

François FILLON

Bien sûr, nous suivons avec beaucoup d’attention et beaucoup d’espoir les mouvements qui se sont déroulés en Tunisie et en Egypte. J’ai eu l’occasion de m’entretenir longuement il y a deux jours avec le Premier ministre tunisien auquel nous allons apporter une assistance notamment en matière économique, qui permettra de consolider les avancées qui ont été obtenues. Je pense que nous devons faire preuve de prudence et en particulier nous devons réfléchir au fait qu’aucun observateur, aucune chancellerie, aucun pays quoi qu’en disent les uns et les autres, n’ont été en mesure de prévoir ce qui vient de se passer. Donc tout ceci doit nous amener à faire preuve d’une très grande modestie face à ce qu’on pourrait peut-être appeler une accélération de l’histoire. Il faut donc éviter de penser des situations nouvelles avec des formules préconçues, avec des formules anciennes . Le fait qu’il y ait des aspirations communes entre les peuples ne doit pas nous conduire à faire des raccourcis et à ignorer les spécificités et les différences qui existent par ailleurs entre les pays. Notre politique est et restera fondée sur deux principes : un, la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats – et je pense que c’est plus que jamais une règle que chacun devrait s’imposer – et en même temps l’attachement à des valeurs universelles qui sont ancrées dans notre histoire et qui fondent notre identité et qui sont les valeurs de respect des droits de l’homme, les valeurs de liberté, les valeurs de démocratie. Et il convient de trouver un équilibre entre ces deux principes : la France n’est pas là pour donner des leçons mais en même temps il importe que tous les systèmes politiques, que tous les gouvernements réfléchissent à ce qui vient de se produire et soient à l’écoute des attentes de leur population.

 

Journaliste

Bonjour. Je voudrais savoir votre commentaire en général sur la situation actuelle au Liban ?

 

François FILLON

La situation au Liban est évidemment aussi suivie avec beaucoup d’attention par le Gouvernement français ; nous avons pris note de la désignation du Premier ministre MIKATI par le Président de la République libanaise pour former un nouveau gouvernement. Nous voulons aussi et nous l’avons fait par la voix du Président de la République, saluer le travail du Gouvernement d’union nationale conduit par Saad HARIRI après des élections démocratiques exemplaires . Je voudrais rendre hommage aussi à la dignité et à la détermination avec lesquelles Saad HARIRI a conduit sa mission dans un contexte qui était particulièrement difficile.

Il y a maintenant un processus de formation du gouvernement qui est engagé, ce qui est important c’est que ce processus s’inscrive bien dans le cadre de la Constitution et dans le cadre des accords de Taëf et qu’il reflète le choix indépendant et souverain des Libanais, à l’abri de toute ingérence extérieure.

Avec l’Union européenne, nous avons appelé le futur gouvernement à respecter les engagements internationaux qui ont été pris par le Liban et notamment s’agissant du tribunal spécial pour le Liban, juridiction indépendante créée par une résolution du Conseil de sécurité qui a donc force obligatoire pour le Liban et qui doit pouvoir continuer son travail sans obstacle et avec la coopération entière et totale du gouvernement libanais.

La France aime le Liban, la France aime cet exemple de cohabitation de communautés différentes dans un cadre démocratique et nous sommes totalement mobilisés pour aider les Libanais à rechercher le consensus politique nécessaire à l’existence du Liban dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de ce pays.

 

Journaliste

Virginie LEGUAY, PARIS-MATCH. Est-ce que comme Michèle ALLIOT-MARIE, vous avez des regrets d’avoir passé vos vacances de fin d’année en Egypte et si c’était à refaire, le referiez-vous ?

 

François FILLON

Il ne s’agit pas, s’agissant de l’Egypte et de la France, de questions de relations personnelles, Madame ; il s’agit des relations entre la France et l’Egypte. Et depuis de nombreuses années, la France et l’Egypte ont des relations politiques intenses ; le Président MITTERRAND s’est rendu à de nombreuses reprises en Egypte à l’invitation du Président MOUBARAK ; le Président CHIRAC s’est rendu à de nombreuses reprises en Egypte à l’invitation du Président MOUBARAK ; le Président SARKOZY s’est rendu en Egypte à l’invitation du Président MOUBARAK et il m’a semblé que le Président OBAMA avait misé sur le Président MOUBARAK et sur l’Egypte, notamment lorsqu’il est allé au Caire prononcer son discours à l’adresse du monde arabe. Et lorsqu’au mois de septembre dernier, à la Maison blanche, il avait choisi de s’entourer du Président MOUBARAK et du roi de Jordanie pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien, malheureusement sans succès. Nous sommes dans une relation entre Etats avec l’Egypte et nous continuerons à avoir avec tous les dirigeants égyptiens légitimes les mêmes relations que par le passé, Madame. Voilà, je vous remercie beaucoup.





 

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 11:12

 

François Fillon prononce un discours lors des rencontres de l'export à Bercy le 10 février 2010.

 

 

Mesdames et Messieurs,

Nous avons depuis 2007 entrepris de transformer notre pays avec un objectif qui est de soutenir le dynamisme de notre économie. Nous devons faire face à la redistribution des cartes de la puissance économique à l’échelle du monde et ce qui doit dans cette révolution qui est en train de changer profondément tous nos repères, nous guider, ça n’est pas le fatalisme, ça n’est pas l’illusion que nous pouvons rester insensibles au monde extérieur, c’est la lucidité et la volonté.

Le commerce extérieur d’une nation donne une image finalement assez fidèle de ses forces et de ses faiblesses. Pendant trop longtemps, notre pays a négligé d’analyser les siennes et surtout il a négligé d’y remédier en prenant les mesures qui s’imposaient, en particulier pour relancer nos performances à l’exportation. Et de ce point de vue, les 35 heures témoignaient d’un aveuglement sur les réalités commerciales du monde où nous vivons.

De quelle manière se traduisent concrètement dans la politique que nous menons aujourd’hui, nos ambitions pour notre compétitivité, pour l’innovation, pour la régulation des marchés mondiaux ? C’est la question à laquelle je veux tenter de répondre aujourd’hui devant vous. Les derniers résultats de notre commerce extérieur et Pierre LELLOUCHE les a commentés avant-hier, témoignent d’une forte reprise des exportations françaises en 2010, avec une augmentation de 13,5% par rapport à 2009. Mais cette reprise n’a pourtant pas suffi à empêcher la dégradation de notre déficit commercial, qui passe dans le même temps de 44 milliards d’euros à 51 milliards d’euros. C’est une tendance qui est malheureusement ancienne. La France reste bien sûr, malgré ces chiffres, une grande puissance commerciale mais nous devons prendre garde au tassement de nos positions.

Nous comme aujourd’hui le cinquième exportateur mondial, le deuxième au niveau européen, mais depuis vingt ans notre part de marché mondiale diminue. Bien entendu il faut noter que l’ensemble des pays développés voient leurs parts de marché se réduire plus ou moins. Ce qui est au fond assez logique, puisque tout cela traduit essentiellement la montée en puissance des économies émergentes. Il y a trente ans, la Chine c’était 1% des exportations mondiales, aujourd’hui c’est grosso modo 10%. Elle est devenue en 2009 la première puissance exportatrice dans le monde. Mais là où la situation est plus préoccupante pour la France, c’est quand nous nous comparons aux autres pays développés, et en particulier à notre premier partenaire dans la zone Euro, je veux bien sûr parler de l’Allemagne. Nos exportations ne représentent plus que 40 % de celles de l’Allemagne contre 55% en 1999. Sur la même période, notre part dans le total des exportations de la zone euro a reculé de près de 4 points, de 17,7 % à 13,5 %, pendant que celle de l’Allemagne passait de 29,5% à 32%. Si nous nous étions maintenus au même niveau – à 17,7% – nous aurions aujourd’hui 100 milliards d’euros d’exportations supplémentaires.

C’est au début des années 2000 que le solde commercial de la France, qui était encore positif a commencé à se creuser. Et on estime que depuis lors cette diminution de notre compétitivité nous a fait perdre environ 200.000 emplois dans le secteur industriel. Cela coïncide avec le moment où nous avons subi les effets de la réduction du temps de travail, tandis que l’Allemagne, entre 2003 et 2007 engageait une politique à contre-courant de la nôtre, c’est-à-dire une politique de compétitivité extrêmement ambitieuse. Les entreprises qui ont répercuté les surcoûts des 35 heures sur leurs clients en augmentant les prix, ont perdu des parts de marché. Celles qui ne l’ont pas fait ont dû diminuer leurs marges, ce qui a pesé sur leurs investissements et leurs efforts de Recherche et de Développement.

Ce n’est pas de la provocation que de dire ça, ce n’est pas la recherche de bouc-émissaires, c’est juste la réalité. Et tant qu’on ne veut pas regarder la réalité en face, on s’abrite derrière des chiffres bidons qui sont brandis en permanence par tous ceux qui prétendent commenter l’actualité économique, comme ce chiffre fantaisiste sur le fait qu’on travaille moins en Allemagne qu’en France, en oubliant juste de faire la différence entre le temps partiel et les emplois à temps complet, alors naturellement on ne se donnera jamais les moyens de réformer notre système économique pour lui donner les performances qu’on est en droit d’en attendre.

Les exportateurs français qui ont dû par la force des choses, s’aligner sur les prix de leurs concurrents les plus performants n’ont plus eu les moyens financiers de développer la qualité et l’attractivité de leurs produits, à travers des investissements en R&D, des efforts commerciaux et des renouvellements de gamme. Bref, nous avons perdu en compétitivité sur les coûts. Nous avons tant bien que mal préservé notre compétitivité sur les prix, mais avec pour contrepartie très lourde un relâchement des efforts sur l’innovation et sur la qualité, qui conditionnent ce qu’en économie on appelle la compétitivité « hors prix ». Eh bien c’est justement cela que nous devons aujourd’hui rattraper. L’affaiblissement de notre compétitivité n’est pas inéluctable et nous pouvons regagner les parts de marché perdues. C’est l’enjeu des réformes que nous avons réalisées et de celles qu’il nous faut impérativement poursuivre.

La première piste, c’est d’inciter nos entreprises à innover. Dès 2007, çà a été l’objet d’une réforme très importante, la réforme du crédit impôt-recherche, qui nous a dotés d’un dispositif d’incitation très puissant pour l’investissement dans la Recherche et le Développement. Ses effets d’ailleurs se sont déjà concrétisés et ils vont s’amplifier à mesure que nos entreprises proposeront des produits innovants avec lesquels elles pourront à terme, reconquérir des parts de marché. Je souhaite simplement que nos amis parlementaires restent bien mobilisés pour défendre ce crédit impôt-recherche. Parce qu’une des grandes caractéristiques de la France c’est de faire des réformes intelligentes et de les détruire dans les deux années qui suivent, toujours pour de bonnes raisons.

En 2009, en supprimant la taxe professionnelle, nous avons levé un frein majeur à l’investissement, pour rendre nos entreprises plus productives et plus performantes. En tout cas pour ne plus pénaliser celles qui investissaient. L’industrie a été le premier bénéficiaire de cette réforme et on sait évidemment toute l’importance de ce secteur dans nos exportations. Sur l’ensemble de l’année 2010, l’investissement en produits manufacturés a enregistré une croissance significative. Cette évolution positive devrait se poursuivre, si j’en crois l’évolution des crédits à l’investissement qui sont en forte progression au cours des trois derniers mois. Le net redressement dans les enquêtes des anticipations des industriels sur leur programme d’investissements pour 2011 est aussi un signe que je juge favorable.

Nous avons lancé les «investissements d’avenir» pour miser sur l’économie de la connaissance. Parce que la compétitivité se construit aussi sur le long terme et c’est de ce point de vue qu’il faut considérer ce programme très ambitieux qui va nous conduire à investir un peu plus de 35 milliards d’euros sur tous les secteurs les plus stratégiques pour l’avenir de l’économie française. Je sais que parfois certains s’interrogent sur cette habitude française d’investir de façon un peu volontariste dans des secteurs stratégiques. Je voudrais simplement faire remarquer que notre balance commerciale serait aujourd’hui bien plus dégradée si nous n’avions pas investi il y a 40 ans dans l’aéronautique, qui est notre premier excédent commercial avec un peu plus de 18 milliards d’euros en 2010. Je vous demande ce que serait notre balance énergétique si nous n’avions pas investi dans le programme électronucléaire ?

Il serait paradoxal aujourd’hui de couper nos efforts, comme nous l’avons trop souvent fait au cours des dernières décennies, alors même que s’engage une course de vitesse pour produire les technologies qui s’imposeront dans les décennies à venir et que partout dans le monde, les gouvernements – quoi qu’ils en disent – participent directement à cet effort d’investissement. Enfin, nous avons lancé une nouvelle phase de soutien aux pôles de compétitivité qui renforcent les capacités technologiques de nos entreprises, essentiellement de nos entreprises industrielles, grâce aux partenariats qu’elles établissent entre elles et avec les laboratoires publics. Tous ces efforts portent leurs fruits, même si naturellement leur diffusion dans l’ensemble de notre tissu productif prendra du temps.

La deuxième piste que nous avons suivie, en parallèle, c’est celle de l’allègement des contraintes qui pèsent sur l’économie française et l’aide aux entreprises pour maîtriser leurs coûts. Evidemment, la réforme du crédit impôt-recherche et la suppression de la taxe professionnelle y ont contribué. En 2007, avec l’exonération et la défiscalisation des heures supplémentaires, nous avons atténué l’impact des 35 heures sur le coût du travail, tout en faisant en sorte que les salariés puissent en bénéficier pleinement à hauteur de 3,5 milliards d’euros par an, pour 9 millions d’entre eux. En ne cédant pas pour la première fois pratiquement depuis le début de notre Histoire récente, à la facilité de ce qu’on appelait les «coups de pouce» sur le SMIC, nous avons mis fin à une habitude qui avait pour conséquence d’exclure les salariés les moins qualifiés du marché du travail.

Les performances du commerce extérieur ne reposent pas d’abord sur la politique qui est conduite par les Pouvoirs publics, elles reposent d’abord sur la compétitivité des entreprises. Mais elles doivent aussi être soutenues par une volonté politique. Et pour 2011, notre politique de l’export s’articule autour de trois grands axes.

Le premier, c’est l’ouverture des marchés et la régulation du commerce international. Nos entreprises doivent pouvoir accéder à des marchés étrangers plus ouverts. Durant la crise, nous avons grosso modo réussi à éviter l’écueil du protectionnisme, qui est en général la réponse immédiate dans ce genre de situation, et je crois qu’on peut dire d’ailleurs que nous avons ainsi contribué à limiter l’ampleur de la récession. Mais pour que nous puissions pleinement profiter de la reprise, il faut maintenant faire tomber les barrières inutiles. Je souhaite que l’Union européenne puisse signer en 2011 deux nouveaux accords de libre-échange, à condition naturellement qu’ils soient équilibrés et qu’ils soient pleinement conformes au principe de réciprocité qui a enfin été approuvé par le Conseil européen, à l’initiative de la France. Je souhaite aussi que la Russie puisse adhérer cette année à l’Organisation Mondiale du Commerce. Par ailleurs la France est prête à soutenir un accord ambitieux sur la conclusion du cycle de Doha, pour autant bien entendu que cet accord préserve les intérêts agricoles européens.

L’Europe doit être moins naïve et beaucoup plus exigeante que par le passé vis-à-vis de ses partenaires. L’ouverture des frontières ne peut pas se faire dans un seul sens. Et si certains pays ferment leurs marchés publics à nos entreprises, il n’y a aucune raison pour que nous, nous ouvrions le nôtre aux leurs. Je me réjouis d’ailleurs que la Commission Européenne - et là aussi c’est une demande que j’avais formulée quasiment depuis 2007 - ait annoncé son intention de présenter cette année une proposition législative sur cette question de la réciprocité sur l’ouverture des marchés publics. La politique commerciale européenne doit aussi mieux tenir compte de l’évolution du monde. Aujourd’hui, on ne peut plus consentir aux grands pays émergents les mêmes avantages que ceux qui sont accordés aux pays les moins avancés. Et je souhaite donc que soit engagée cette année une révision des critères d’accès au système européen de préférence généralisée. Pour que nos entreprises puissent lutter à armes égales, il faut faire en sorte que les règles soient partagées par tous ; il faut éviter que soient récompensés le moins-disant social, le moins-disant environnemental et la contrefaçon. C’est une nécessité économique et j’ajouterai une nécessité morale, conforme à l’idée que nous nous faisons de nos valeurs.

Les négociations commerciales sont l’occasion d’obtenir de nos partenaires des engagements concrets. Je pense que c’est un très beau combat pour l’Europe. C’est un combat économique, mais c’est aussi un grand combat politique qui permet à l’Europe de se rassembler autour des valeurs qui la constituent. Cette nouvelle diplomatie commerciale ne produira tous ses résultats que si elle peut s’appuyer sur des outils de dissuasion suffisamment efficaces. Les nouvelles procédures européennes de défense commerciale applicables à partir du 1er décembre 2012 faciliteront les ripostes au dumping et aux subventions illégales. Et je me réjouis que la France ait su convaincre ses partenaires d’avancer sur ce sujet.

Le deuxième axe, c’est le soutien aux grands contrats. En 2010, ils ont atteint 21 milliards d’euros, soit un accroissement de 38% par rapport à 2009. Mais cette forte progression ne doit pas cacher que nos entreprises sont confrontées à une compétition qui est de plus en plus difficile. Elles font face, dans les grands appels d’offres internationaux, à une nouvelle catégorie de concurrents issus des pays émergents eux-mêmes, qui combinent une maîtrise technologique qui va croissant, des prix de revient extrêmement avantageux et des offres de financement très compétitives.

Cette nouvelle donne conduit parfois à une remise en cause complète des positions acquises par les grandes entreprises françaises, y compris dans nos filières d’excellence comme la production d’énergie, les grandes infrastructures ou les transports terrestres. En 2011, l’Etat renforcera donc ses moyens pour accompagner les entreprises dans la bataille des grands contrats. Les contrats les plus stratégiques pour l’économie française et pour l’emploi bénéficieront d’un accompagnement institutionnel renforcé de la part de l’ensemble des services de l’Etat, et ils accèderont aux mécanismes de financements innovants à l’export, notamment par l’assouplissement de l’assurance-crédit pour aligner quand il le faut, les conditions de financement purement et simplement, les conditions de financement des projets sur les offres de nos concurrents.

L’objectif de ces efforts collectifs, permettez-moi de le rappeler, ça doit être l’emploi en France. Et je demande aux services de l’Etat d’être vigilants sur le respect de cet impératif, donc je voudrais que chacun se souvienne que nos concurrents sont les premiers à appliquer. Il ne s’agit pas naturellement d’imposer aux entreprises de créer tous leurs emplois en France, ce n’est pas le sujet, mais là où l’Etat accompagne les entreprises, là où l’Etat met en place des financements particuliers pour leur permettre d’investir, là où l’Etat met en place des garanties, il est naturel qu’il y ait en retour un effort de créations d’emplois sur le territoire national. Dans le même temps, la France s’engagera pleinement pour une concurrence loyale et équilibrée en matière de soutien public aux grands contrats.

Au deuxième trimestre nous organiserons à Paris une conférence sur ce sujet qui associera l’ensemble des pays du G20. Il est très important à cet égard que les grand pays émergents adhèrent eux aussi aux règles multilatérales qui encadrent les financements export.

S’agissant du secteur aéronautique, au-delà du contentieux qui oppose l’Europe aux Etats-Unis sur le financement d’Airbus et de Boeing, pour lequel le dernier rapport de l’OMC ouvre d’ailleurs la voie à une solution négociée, je souhaite pour l’avenir que la négociation en cours sur les financements export dans l’aéronautique associant les pays de l’OCDE et le Brésil aboutisse rapidement en 2011, et qu’elle contienne une clause d’entrée ultérieure pour la Chine. Mais les grands contrats ne sont pas tout et vous le savez bien. Ils ne représentent en réalité qu’un peu plus de 5% de nos exportations. Parmi les défis que nous avons à relever, le plus important c’est certainement celui qui consiste à amener plus d’entreprises vers l’export. Et c’est le troisième axe de notre politique de l’export. Peut-être davantage que la dégradation de notre solde commercial, c’est la baisse régulière du nombre des entreprises exportatrices qui doit nous interpeller. De 107.000 en 2000, nous sommes passés à environ 91 000 en 2010, alors que l’Allemagne compte 400 000 entreprises exportatrices. On ne peut pas se résigner à ces chiffres. Et il est essentiel que nos entreprises se tournent davantage vers l’international, dans des secteurs plus nombreux. L’export, cela ne concerne pas que les avions, les trains ou l’industrie pharmaceutique. Les PME peuvent aussi y réussir. Elles peuvent… D’ailleurs il y a énormément d’exemples dans ce sens, réussir sur de toutes petites niches. Pour autant qu’elles y excellent.

Nos chefs d’entreprises doivent avoir aujourd’hui le réflexe de regarder hors de nos frontières, pour voir s’il n’y a pas à l’étranger une demande pour leurs produits, et même pour adapter leurs produits à la demande internationale et à ses évolutions.

Pour les PME, l’exportation va de paire avec le franchissement de paliers de croissance, et par conséquent l’augmentation du nombre des entreprises de taille intermédiaire dont on sait qu’il est historiquement trop faible en France. L’augmentation du nombre de ces entreprises est un objectif prioritaire auquel le gouvernement est extrêmement attaché. Et c’est un des enjeux de notre mobilisation pour l’export.

Sous l’impulsion de Christine LAGARDE, d’Anne-Marie IDRAC et à présent de Pierre LELLOUCHE, le Gouvernement a mis en œuvre des réformes profondes pour relever le défi de l’internationalisation de nos entreprises. Nous avons réorganisé nos réseaux à l’étranger en orientant les moyens vers l’accompagnement des entreprises et pas seulement vers les missions régaliennes. L’objectif est d’aider nos entreprises à nouer des contacts et à prendre des marchés sur place.

Il y a deux ans, UBIFRANCE n’était présent que dans 8 pays ; il est désormais, cher Alain, présent dans 46 pays, représentant 90 % des exportations françaises. Dans le même temps, le nombre des entreprises accompagnées chaque année a triplé.

Ce sont de bons résultats, en tout cas sur une période aussi courte, et ce point est très important parce que les enquêtes que nous réalisons auprès des chefs d’entreprises montrent que le principal frein à l’export c’est le plus souvent la difficulté à trouver des partenaires locaux et notamment des distributeurs dans un climat de confiance et de sécurité juridique. Nous allons à présent fixer des objectifs qualitatifs afin de nous assurer que ces accompagnements se traduisent bien en exportations supplémentaires : 70 % au moins des primo-exportateurs à haut potentiel accompagnés devront avoir développé un courant d’affaires vers le pays-cible l’année suivante. Pour accompagner prioritairement les entreprises vers les pays émergents, 60 % des actions d’accompagnement sont désormais en direction du « grand large », au-delà de l’Europe et au-delà du pourtour méditerranéen et nous devons poursuivre dans cette direction. Aller chercher la croissance là où elle est la plus forte, c’est évidemment une nécessité offensive si nous voulons que nos entreprises se développent plus vite. C’est aussi une nécessité défensive, parce que les entreprises qui ne s’implantent pas sur ces marchés risquent fort de voir d’autres entreprises européennes y prospérer et revenir ensuite les concurrencer jusque chez elles. A côté des dispositifs d’accompagnement, l’amélioration de l’accès aux financements export est un enjeu essentiel. Depuis 2007, le nombre d’entreprises ayant bénéficié de l’assurance-prospection de la COFACE est passé d’un peu moins de 5 000 à un peu plus de 7 000. Je souhaite que nous passions à 10 000 à la fin de l’année 2012, tout en simplifiant les dispositifs publics de financement de l’export, qui sont encore trop peu lisibles.

L’export est une question de compétitivité – nous en avons parlé. C’est une question de financements, c’est une question d’innovation, mais c’est aussi une question d’état d’esprit. Avec le dispositif du Volontariat International en Entreprise, nous avons actuellement plus de 6 500 jeunes qui sont en poste à l’étranger, où – et c’est très, très important pour l’avenir – ils apprennent à penser à l’échelle mondiale. J’ai demandé à Pierre LELLOUCHE en liaison avec Luc CHATEL et Nadine MORANO, de me faire des propositions pour qu’on puisse faire bénéficie plus largement ce dispositif aux jeunes diplômés de l’enseignement technique. Tous ces efforts ne porteront leurs fruits que s’ils sont relayés par la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés.

Les grandes entreprises doivent accroître le portage des PME et des entreprises de taille intermédiaire. C’est leur intérêt. Comme leurs homologues d’autres pays d’ailleurs, savent si bien le faire. Là encore, je constate que les mentalités évoluent. La création en 2009 de l’association Pacte PME International est une illustration de ces changements. Dans le même esprit, les grandes entreprises qui bénéficient de soutiens publics dans le cadre des grands contrats seront incitées, à partir de cette année, à faire bénéficier leurs sous-traitants français de ces marchés à l’export.

La création en 2008 de ce qu’on a appelé l’Equipe de France de l’export – et c’est plus facile d’en parler ce matin qu’il y a quelques semaines – illustre cette nécessité de jouer collectif, qu’il s’agisse des services de l’Etat, des collectivités locales, d’UBIFRANCE, d’OSEO ou de la COFACE, des Chambres consulaires, des Fédérations professionnelles ou des conseillers du Commerce extérieur. Elle s’appuie sur votre mobilisation collective que je suis venu aujourd’hui saluer. Ceux d’entre vous qui sont tous les jours au contact des entreprises en région ont un rôle absolument essentiel à jouer pour identifier celles qui peuvent être candidates à l’export et pour les orienter vers les dispositifs d’accompagnement adéquats. Cela suppose que les rôles de chacun soient clarifiés, dans le respect de leurs compétences, avec l’ambition d’améliorer le service proposé aux entreprises. Nous allons expérimenter cette année dans 3 régions un « point de contact unique pour l’export » qui sera capable d’orienter les entreprises vers l’ensemble des offres d’accompagnement. Par ailleurs, nous avons décidé de renforcer les collaborations entre UBIFRANCE et OSEO, afin que les entreprises avec lesquelles OSEO est quotidiennement en contact puissent se voir en même temps proposer de façon systématique les offres d’UBIFRANCE.

Nous avons des entreprises créatives, nous avons beaucoup d’atouts à déployer, nous avons beaucoup d’énergie à exercer. Il faut simplement que nous nous en saisissions. Le déficit de notre solde commercial n’est pas une fatalité. Et je dois dire d’ailleurs que si c’était une fatalité ça serait une condamnation à termes pour notre économie et pour notre modèle social et pour notre mode de vie. En misant principalement sur l’innovation pour regagner en compétitivité, nous ne nous contentons pas de combler un retard, nous cherchons aussi à reprendre de l’avance, à anticiper sur les secteurs porteurs de l’économie future et au fond, à sortir par le haut d’une situation a priori nous est défavorable. Les réformes que nous avons engagées commencent à porter leurs fruits et je pense que nous en tirerons de plus en plus de bénéfices. Mais nous n’allons pas relâcher l’effort. Nous n’allons négliger aucune piste pour améliorer nos performances à l’export parce que l’enjeu c’est celui de notre puissance économique et c’est évidemment celui des emplois que nous devons créer en plus grand nombre. Il faut que nous agissions avec plus d’ambition pour contrecarrer une tendance ancienne, que l’on a trop longtemps laissée s’installer sans réagir suffisamment. Cette tendance qui au fond consistait à penser que nous étions les meilleurs et que donc nous n’avions pas besoin de faire d’efforts. Quand on entend régulièrement ceux qui nous disent : Oui c’est vrai on travaille moins dans notre pays mais on est plus compétitifs, plus productifs, plus le temps passe moins c’est vrai. Et plus le temps passe plus nous avons en face de nous des concurrents sérieux et plus nous avons en face de nous des partenaires qui savent analyser nos faiblesses, s’en servir, en jouer dans la compétition internationale. Alors tout cela ne se fera pas en un jour, mais je veux croire que nous y parviendrons et que l’avenir établira toute la portée des mesures que nous sommes en train de prendre.

En tout cas, je voulais vous dire que le combat que vous menez est peut-être l’un des combats les plus essentiels pour la puissance économique française ; pour l’emploi en France ; pour le rayonnement de notre pays. Et donc pour notre nation tout entière qui compte sur votre volonté et sur votre engagement.

 

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 17:21

 

François Fillon rappelle qu'il a respecté strictement toutes les règles qui s'attachent aux déplacements privés à l'étranger du Premier ministre à l'occasion des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 9 février 2010.

 

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,

Je comprends que vous vouliez m’interroger sur le séjour que j’ai effectué à la fin de l’année en Egypte et avant de le faire je voudrais, pardon d’exprimer un sentiment personnel, remercier tous ceux qui du côté de la majorité m’ont apporté un soutien très fort, mais aussi tous ceux qui à gauche de Robert BADINTER à Jean-Pierre CHEVENEMENT, en  passant par beaucoup d’autres, ont eu des propos mesurés et responsables.

Mon voyage était connu puisque j’ai eu l’occasion notamment d’y rencontrer de manière officielle le Président égyptien, avec lequel je le rappelle la France entretient depuis longtemps de très bonnes relations diplomatiques, pour une raison simple, c’est qu’il s’agit d’un homme qui a joué un rôle clé dans l’établissement du processus de paix au Proche-Orient. Et d’ailleurs, cela n’est pas un hasard si il y a quelques mois,  c’est au Caire que le Président OBAMA dont on vante par ailleurs la perspicacité  sur tous ces sujets du Moyen-Orient, a décidé de s’adresser au monde arabe. Cela n’est pas non plus un hasard si, il y a quelques semaines, c’est aux côtés du Président MOUBARAK et du Roi de Jordanie, que    M. OBAMA a tenté malheureusement sans succès, de relancer le processus de paix.

J’ai répondu à une invitation ancienne et réitérée du gouvernement égyptien, et je l’ai fait comme beaucoup d’autres chefs de gouvernement… « en famille » comme vous dites…et comme beaucoup d’autres Présidents de la République. Je n’ai pas besoin de m’étendre sur ce sujet.

Dans un souci de transparence, j’ai publié  hier un communiqué qui donne tous les détails, tous les détails de ce déplacement, et je vous y renvoie car je n’ai pas l’intention de me répéter, mais en le lisant, vous constaterez que j’ai respecté strictement toutes les règles qui s’attachent aux déplacements privés à l’étranger du Premier ministre, comme du Président de la République, règles qui obéissent à des contraintes de sécurité et à des contraintes diplomatiques.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 10:21
François Fillon s'est rendu à Annecy à l'occasion de la visite de la Commission d'évaluation du CIO dans le cadre de la candidature d'Annecy 2018.

 

Mesdames et Messieurs,

Je viens d’accueillir la Commission d’Evaluation du Comité International Olympique à Veyrier-du-Lac. Je veux vous dire que je l’ai fait avec la volonté de convaincre et de faire gagner notre cause. J’étais entouré par des légendes de la montagne et de l’olympisme : Jean-Claude KILLY Guy DRUT, Michel VION, Pernilla WIBERG et bien d’autres encore.

J’ai tenu, avec Chantal JOUANNO, à être présent pour l’arrivée de la Commission d’Evaluation parce que c’était pour moi la meilleure façon de témoigner du soutien total de l’Etat et s’ils me le permettent, des collectivités locales, à la candidature d’Annecy 2018.

Ce soutien ce n’est pas seulement un soutien institutionnel. Ce que je veux dire ce soir c’est que c’est la France toute entière qui s’engage aux côtés de Charles BEIGBEDER et de l’équipe d’Annecy 2018  aux côtés des sportifs, aux côté des experts, aux côtés des techniciens, des élus locaux et des entreprises qui ont choisi d’apporter leur contribution à cette aventure.

Le dossier que nous présentons est d’une grande qualité technique. Il est resserré autour de deux pôles qui sont deux pôles légendaires : Chamonix et Annecy avec des sites caractérisés par une très grande authenticité, par un patrimoine alpin et des conditions climatiques exceptionnelles. En bref, nous avons tout pour encadrer des Jeux d’hiver d’exception.

J’ai réaffirmé il y a quelques instants les grands axes de notre candidature : un projet compact. Un projet qui a été dessiné pour et par les sportifs. Un projet qui a été dessiné sous le signe du développement durable et de l’héritage. J’ai aussi redit notre détermination à établir un véritable partenariat, une relation de confiance avec le Comité International Olympique pour mettre en œuvre ce qui au fond est l’essentiel pour nous : l’idéal olympique.

Pour servir cet idéal, nous osons dire que nos équipements sont parmi les plus performants. Mais au-delà de nos équipements, nous avons aussi et surtout des atouts humains. Je pense qu’on peut dire sans hésiter qu’ici dans ces vallées chacun naît avec des skis ou des patins aux pieds. Et chacun entretient avec la montagne une relation de cœur, une relation qui est une relation profonde.

Nous avons les moyens d’organiser une magnifique fête sportive. En matière d’accueil, la première destination au monde pour les sports d’hiver n’a plus à rien à prouver : son professionnalisme est connu. Ici, les athlètes olympiques et paralympiques, les officiels, les spectateurs sont attendus avec impatience. Ici, à Annecy, à Chamonix, les valeurs du sport et de l’olympisme seront consacrées et célébrées avec un éclat particulier.

Chacun se souvient qu’il y a moins d’un siècle, les premiers Jeux d’hiver voyaient le jour à Chamonix dans une ambiance exceptionnelle. Eh bien c’est avec une ferveur intacte que la France défend aujourd’hui sa candidature. Notre ambition olympique est en marche, et nos efforts s’inscrivent dans la durée. Nous ne commencerons pas le 7 juillet 2011 pour nous arrêter le soir de la cérémonie de clôture en 2018.

Non, il s’agit pour nous de transmission entre les générations. De transmission et d’héritage. Au-delà d’un territoire, je veux dire que cette candidature est la candidature du cœur. C’est une candidature authentique. C’est une candidature qui concerne la France toute entière, la France toute entière qui est prête à partager une aventure sportive et humaine.

Voilà, Mesdames et Messieurs, le message résolu et passionné que nous avons fait passer à la Commission d’Evaluation du Comité International Olympique.





 

 

 

 

 

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 18:59

 

François Fillon s'exprime sur les suites de l'affaire Lætitia Perrais après une réunion avec les ministres de la Justice et de l'Intérieur à Matignon le lundi 7 février 2010.

 

Mesdames et messieurs,

 

Je viens de réunir le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et le Ministre de l’Intérieur pour faire avec eux le point des enquêtes en cours à la suite du meurtre de Laetitia PERRAIS.

Nous avons aussi évoqué les réactions d’une partie de la magistrature. 

 

Elus, juges, policiers, gendarmes, personnels de la pénitentiaire, nous sommes tous confrontés aux mêmes devoirs : celui d’assurer la sécurité de nos concitoyens et celui de garantir les libertés individuelles.

 

Les Français nous observent avec espérance mais aussi avec inquiétude et anxiété parce que la violence les traumatise. Ils ne peuvent pas comprendre et ils ne peuvent pas accepter de voir leurs institutions se diviser alors que le combat pour la tranquillité publique et la justice est si capital.

 

L’intérêt général nous commande de travailler ensemble. Il nous commande aussi d’améliorer sans cesse nos dispositifs en ayant le courage de regarder en face les éventuelles erreurs personnelles et manquements organisationnels.

 

Les magistrats jugent au nom du peuple français. L’autorité judiciaire tire sa légitimité de ce principe.

Et bien, c’est au nom de ce principe que tous les acteurs de la chaîne pénale doivent la transparence à la société toute entière !

C’est au nom de ce principe que l’exécutif se doit de respecter et de garantir le fonctionnement de la Justice !

C’est aussi et enfin au nom de ce principe que nous devons collectivement refuser l’idée de la fatalité !

La fatalité ne peut être une excuse collective. Nous tous, nous devons rendre des comptes aux Français.

Quand un drame horrible survient, rien n’est pire qu’un système qui se referme sur ses certitudes.

 

Le 19 janvier dernier, un crime atroce a été commis à Pornic sur la personne de Laetitia PERRAIS. Ce crime a bouleversé les Français, et je veux dire qu’il était du devoir du Président de la République de s’en faire l’écho avec cœur.

Les circonstances de cet acte sont connues peu à peu et elles aggravent le sentiment de révolte de chacune et de chacun face à cet acte de barbarie.

 

Les magistrats de l’ensemble du pays, avec ceux de Nantes, ont décidé un mouvement de protestation de plusieurs jours, conduisant à la suspension du cours de la justice au-delà des urgences. Leur réaction est excessive, et je crains qu’elle ne puisse pas être comprise des Français.

 

Le principal suspect, qui a fait des aveux partiels mais suffisamment précis pour être mis en examen pour enlèvement suivi de mort en récidive et incarcéré, était connu de la justice et des forces de l’ordre.

Il avait passé de longues années en détention et à sa sortie il était prévu qu’il soit suivi par un service de probation. Il ne l’a pas été. C’est un dysfonctionnement. Et ce dysfonctionnement est suffisamment grave dans ses conséquences pour que le gouvernement ne puisse accepter de s’en tenir là.

 

C’est pourquoi, et également du fait que de nombreuses plaintes avaient été déposées contre ce suspect, Tony MEILHON, dans les mois qui ont précédé les faits, les ministres de la justice et de l’intérieur ont saisi les trois inspections compétentes :

L’Inspection générale des services judiciaires

L’Inspection des services pénitentiaires

L’Inspection générale de la police nationale

Il ne serait pas acceptable que cela n’ait pas été décidé.

 

Si des fautes sont relevées par ces inspections, dont nous connaîtrons bientôt les conclusions, elles seront sanctionnées. C’est légitime.

 

Chacun doit assumer la responsabilité des conséquences des décisions qu’il prend.

Ce devoir de responsabilité est la contrepartie des hautes missions dévolues aux magistrats, aux personnels de l’administration pénitentiaire, aux personnels de la police et de la gendarmerie.

Dois-je préciser que leur statut prévoit des procédures et des garanties s’ils sont mis en cause dans l’exercice de leurs fonctions. La Constitution elle-même prévoit que le Conseil supérieur de la magistrature puisse être saisi par les citoyens qui reprochent une faute aux magistrats.

 

Si les inspections en cours révélaient des dysfonctionnements collectifs ou des insuffisances dans l’organisation de la chaîne pénale, nous avons le devoir de prendre des mesures de correction, pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.

C’est le sens du communiqué conjoint du Ministre de l’intérieur et du Ministre de la justice, du 31 janvier, et qui énonçait des mesures de nature à améliorer la vigilance de tous les services sur des situations à risque.

 

J’ai pleinement conscience de la lourdeur et de la difficulté de la mission des magistrats ; ils doivent prendre des décisions aux conséquences considérables pour la vie des personnes. Et je sais qu’ils ont une haute conscience de leurs devoirs.

Au nom de cette conception élevée de la justice, je les appelle à la responsabilité à l’égard de celles et de ceux qui attendent ces jours-ci que la justice leur soit rendue, souvent au terme d’un long, d’un trop long parcours. Nos concitoyens ne doivent pas supporter les conséquences de la protestation des juges.

 

Nous avons une responsabilité partagée ; chacun dans ses fonctions a un devoir commun pour assurer la protection des personnes; l’exécutif comme l’autorité judiciaire sont liés par ce même devoir.

Face au scepticisme des Français qui refusent la récidive, les violences, la délinquance sous tous ses aspects, chacun de ceux qui ont à lutter contre ces fléaux doit faire les efforts nécessaires. Nous leur devons la plus grande transparence sur les moyens que nous déployons pour lutter contre ces fléaux.

 

Indépendamment de cette affaire dramatique, je sais que la question des moyens de la justice est posée.

Mais il s’agit aussi d’améliorer l’organisation et les méthodes de travail. Et je veux dire que les deux sont indissociables.

J’ai demandé que les ministres en charge y travaillent et me proposent rapidement leurs recommandations.

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 10:58
François Fillon rencontre Salam Fayyad, Premier ministre de l'Autorité palestinienne à Matignon le 3 février 2011.
François Fillon et Salam Fayyad répondent à la presse à l'occasion de leur rencontre à Matignon le 3 février 2011.

 

Mesdames et messieurs,

Je voudrais vous dire combien je me réjouis d’accueillir pour la première fois en France dans le cadre d’une visite officielle, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Salam FAYYAD, c’est en réalité notre cinquième rencontre, la quatrième ici à Matignon, la première ayant eu lieu en 2006 à Ramallah. A travers l’accueil que l’ensemble des institutions politiques françaises ont réservé au Premier ministre de l’Autorité palestinienne, la France souhaite lui manifester son plein soutien et en particulier lui dire toute notre admiration devant le travail remarquable qu’il a effectué depuis bientôt 4 ans, sous l’autorité du président ABBAS, en faveur de l’édification d’un Etat palestinien. Et c’est pour moi l’occasion de réaffirmer au nom de la France l’objectif que nous poursuivons de la création d’un Etat palestinien d’ici la fin de l’année 2011. Sur ce sujet la position de la France est constante, la solution des deux Etats est la seule qui soit à même d’apporter une stabilité durable dans la région et de faire droit aux aspirations nationales et légitimes du peuple palestinien, comme aux attentes tout aussi légitimes d’Israël en matière de sécurité. Depuis la première Conférence de Paris, et avec le soutien des donateurs, Salam FAYYAD a engagé avec beaucoup de détermination un processus de réformes et de consolidation des institutions palestiniennes. Les territoires palestiniens ont renoué avec la croissance économique, au moins en Cisjordanie la sécurité a été rétablie, avec le président Mahmoud ABBAS le Premier ministre a réalisé ce tour de force et nous en parlions à l’instant d’engager la construction de l’Etat avant même son accession à l’indépendance. La France entend continuer à apporter tout son soutien à l’Autorité palestinienne. Un premier cycle vient de s’achever. 3 ans après la Conférence de Paris, il s’est concrétisé par le versement, sur 3 ans, de l’intégralité des 7,7 milliards de dollars promis par la Conférence. La France elle-même a contribué à hauteur de 68 millions d’euros chaque année en faveur de l’édification de l’Etat palestinien. Comme le Président de la République française l’a indiqué, la France est prête à organiser une deuxième Conférence des donateurs, à une condition, et elle est pour nous très importante, c’est que cette Conférence ait une véritable dimension politique et qu’elle s’inscrive bien dans une dynamique conduisant à la création du futur Etat palestinien. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons la relance immédiate du processus de paix, nous pensons qu’une nouvelle approche s’impose, une méthode plus collective, une méthode plus volontariste, une méthode qui associe davantage le quartet, c'est-à-dire outre les Etats-Unis, l’Union Européenne, l’ONU et la Russie, et nous disons clairement que l’Europe ne peut plus continuer à payer et à être tenue à l’écart des discussions politiques. Nous avons passé en revue avec le Premier ministre l’ensemble de nos relations bilatérales, notre coopération est active et elle est très diversifiée, puisqu’elle concerne des sujets aussi variés que la question de l’eau, le développement économique – je pense à la création de la zone industrielle de Bethléem, ou l’apprentissage du français. J’ai indiqué à Salam FAYYAD que la France entend maintenir son soutien global à l’Autorité palestinienne, nous n’oublions pas non plus Gaza et sa population civile à laquelle nous consacrons 30% de notre aide bilatérale. Salam FAYYAD m’a invité à Ramallah pour tenir le premier séminaire gouvernemental franco-palestinien et j’ai accepté avec beaucoup de plaisir cette invitation. Nous avons évidemment évoqué ensemble la situation en Egypte, nous sommes extrêmement préoccupés de la dégradation de la situation, et nous condamnons toutes les violences. Il faut une transition rapide et ordonnée, vers un gouvernement à représentation élargie, qui seul permettra à l’Egypte de surmonter les défis que le pays doit affronter. Le souhait de la France c’est de pouvoir travailler avec une Egypte démocratique, pluraliste et stable, et une Egypte qui doit continuer de contribuer à la stabilité et à la paix au Proche et au Moyen-Orient.





QUESTIONS-REPONSES



Question

C’est une question à monsieur FAYYAD et à monsieur FILLON, je voudrais savoir quelle est votre appréciation des répercussions de ce qui se passe aujourd’hui en Egypte, hier en Tunisie et dans d’autres pays également sur ce processus de déclaration d’un Etat palestinien et sur la position de la partie palestinienne dans ce jeu-là ? Et est-ce que vous allez être en mesure demain de faire ce que vous venez de dire, à savoir la déclaration de la constitution d’un Etat palestinien si toujours le processus politique est arrêté, on dirais même inexistant ? Merci pour tous les deux.



François FILLON

Un vent de changement est un vent de démocratie et de liberté qui souffle en particulier sur la Tunisie et l’Egypte, il faut saisir cette occasion pour faire avancer le processus de paix. Il faut saisir cette occasion pour faire en sorte que les idéaux démocratiques puissent être défendus partout dans toute la région et il n’y a évidemment aucune contradiction entre ces idéaux et le projet de constituer un Etat palestinien indépendant et un Etat palestinien démocratique et respectueux des droits des citoyens. Evidemment nous souhaitons que ces processus et en particulier celui qui est en cours en Egypte, compte tenu du rôle que l’Egypte joue dans cette région et compte tenu du rôle que l’Egypte joue dans le processus de paix, nous souhaitons que la transition qui est en train de s’amorcer se fasse rapidement, mais qu’elle se fasse dans la paix, qu’elle se fasse dans la sérénité et qu’elle se fasse dans le respect d’un processus ordonné qui doit aboutir à un gouvernement élargi et qui doit aboutir à des élections libres et transparentes. Comme le Premier ministre, Salam FAYYAD, je pense qu’il faut saisir cette occasion pour accélérer un processus qui par ailleurs était – on le sait bien – encalminé depuis bien trop longtemps.



Question

Monsieur le Premier ministre, vous avez évoqué la situation en Egypte, est-ce que le processus de transition démocratique auquel vous appelez ainsi que le Président de la République, est-ce qu’il peut se faire, est-ce qu’il peut s’allier avec un maintien d’Hosni MOUBARAK au pouvoir ? Est-ce que les derniers évènements qui ressemblent à une guerre civile, au vu des images d’hier, n’exigent pas son départ comme le demande la rue ? Et cette question s’adresse également à votre homologue palestinien ? Merci.







François FILLON



Je vais d’abord répondre. Cela n’est pas au gouvernement français de dicter au peuple égyptien la voie qu’il doit emprunter vers cet objectif partagé de démocratie et de respect des droits de l’homme. C’est au peuple égyptien et je l’ai dit depuis le début de cette crise, de décider, de choisir les voies et les moyens d’aboutir à un objectif que par contre ensemble nous partageons et que nous fixons. Nous sommes extrêmement préoccupés des violences qui ont eu lieu notamment hier au Caire. Chacun voit bien les risques de guerre civile qui sont en germe dans l’utilisation de la violence, alors même que tous les éléments sont réunis pour que s’engage un processus de transition auquel personne ne semble plus vouloir désormais s’opposer et qui doit conduire dans un délai rapide, à cette ouverture du gouvernement et à la mise en place du processus qui conduira à des élections libres et transparentes. Et c’est le sens de la déclaration commune qui a été signée ce matin par le Président de la République française, la Chancelière allemande, le Premier ministre britannique, le Premier ministre italien et espagnol, qui montre bien d’ailleurs qu’il y a une unité de la position des Européens, qui sont aux côtés des peuples qui se battent pour la liberté et pour le respect des droits de l’homme et qui en même temps souhaitent accompagner ce processus de façon à ce qu’il se passe de façon pacifique et raisonnée.



Question

Est-ce que vous craignez, vous voyez plutôt que craignez le risque de contagion dans le monde arabe à des régimes qui sont vos amis ? Et est-ce que vous repensez la diplomatie française dans le sens de plus de conditionnalité avec certains régimes qui sont vos amis et qui sont des dictatures ? Monsieur le Premier ministre palestinien, monsieur FAYYAD pensez vous qu’il y aurait un danger que ces vents de liberté arrivent aussi en Palestine et dans des pays voisins.



François FILLON



S’agissant de la politique étrangère de la France elle est fondée depuis très longtemps sur des principes qui n’ont pas varié, et qui ne varieront pas. C’est d’abord le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. Si la France ne devait pas parler avec les régimes qui ne sont pas des régimes démocratiques, cela signifierait que nous ne parlerions pas avec plus de la moitié des pays sur la surface du globe, et s’agissant du monde arabe avec la quasi-totalité des pays du monde arabe. Et donc évidemment c’est une vue de l’esprit que d’imaginer que nous pourrions avoir une attitude comme celle-là. Deuxièmement, nous cherchons dans les relations que nous avons avec l’ensemble de nos interlocuteurs, nous cherchons à défendre et à faire avancer les idées auxquelles nous tenons. Mais sans vouloir les imposer. Et en particulier nous avons un dialogue plus approfondi avec les pays qui nous aident à faire avancer des causes qui sont des causes aussi importantes que celles de la solution du problème israélo-palestinien. Et je dois dire que l’Egypte a été un pays qui a fait avancer la cause du dialogue pour trouver une solution au problème israélo-palestinien. Cela n’est pas le cas de tous les Etats de la région. Et c’est une des raisons pour laquelle on doit d’ailleurs dire que l’Egypte joue un rôle si important dans la stabilité de la région et dans l’engagement de ce processus. Voilà donc la politique étrangère de la France, elle continuera de façon tout à fait immuable en défendant les valeurs universelles qui sont les nôtres, en cherchant à encourager les Etats à avancer sur la voie du progrès démocratique et du respect des droits de l’homme mais en ne cherchant jamais à nous ingérer dans les affaires intérieures et en ne cherchant jamais à vouloir imposer un modèle qui est le nôtre, dont nous pensons qu’il a une valeur universelle, et c’est à chaque peuple d’en décider.



Question



C’est une question qui s’adresse plutôt au Premier ministre français. Il y a eu des manifestations violentes en Egypte ce matin, faut-il rapatrier les Français ? Et par ailleurs des accusations ont été portées contre la ministre française des Affaires étrangères, qu’elle a démenties. Doit –on considérer que la voix de la France est affaiblie, est-ce que madame ALLIOT-MARIE peut encore rester au gouvernement ?



François FILLON



Je vais commencer tout de suite par cette question. C’est une polémique très politicienne qui n’est pas à la hauteur des enjeux et d’une certaine façon d’ailleurs en l’évoquant ici après les sujets que nous venons d’évoquer et devant le Premier ministre Salam FAYYAD, chacun s’en rend bien compte. J’ai vu, comme tous les Français hier, enfin beaucoup de Français hier, madame ALLIOT-MARIE sur les écrans de télévision, elle s’est expliquée avec beaucoup de sincérité et je veux dire que la ministre des Affaires étrangères a toute la confiance du Premier ministre et du Président de la République. Alors s’agissant maintenant de la situation des Français en Egypte, il n’y a aucune agressivité en Egypte à l’égard des Français, et donc nous n’avons pas préconisé le retour massif de tous les Français qui vivent en Egypte. En revanche chacun voit bien que les conditions de sécurité se dégradent et nous avons indiqué que nous étions disponibles pour aider tous ceux qui souhaitent rentrer, qui n’ont pas de raison impérative de rester en Egypte de le faire, nous avons évidement pris des mesures avec les tours opérators s’agissant des touristes pour une période que nous espérons la plus courte possible, mais comme nos partenaires européens je veux dire très clairement que nous n’envisageons pas – à cette heure en tout cas – d’évacuation de nos concitoyens en Egypte. Il n’y a pas d’hostilité, il n’y a pas de menace spécifique à l’encontre des étrangers en Egypte, et singulièrement des Français. Naturellement nous nous tenons informés minute après minute de la situation et si elle venait à se dégrader nous prendrions les mesures nécessaires.



Question



Monsieur le Premier ministre cette conférence des donateurs vient dans le sillage de la première conférence et personne ne doute du bienfait pour la population palestinienne. Mais il y a de plus en plus d’idées qui disent que ce genre de conférence contribue à financer l’occupation et bloque et contribue à bloquer les négociations politiques puisqu’il n’y a plus de négociation depuis un certain moment. Merci beaucoup.



François FILLON

C’est la raison pour laquelle nous tenons absolument, et c’est aussi la raison pour laquelle je n’ai pas donné de date tout à l’heure sur la tenue de cette conférence, nous tenons absolument à ce que cette conférence ne soit organisée que si il y a un accord pour lui donner un caractère politique au-delà même de l’aide financière et économique, c'est-à-dire pour en faire vraiment une étape majeure sur la voie du processus qui conduit à la création d’un Etat palestinien en 2011. Et nous sommes en train de nous donner les moyens de ce résultat en négociant avec nos partenaires et notamment avec nos partenaires américains pour que ce soit bien la signification de cette conférence. Nous ne voulons pas d’une conférence des donateurs qui ne serait que la reconduction du programme d’aide absolument indispensable par ailleurs à l’Etat palestinien. Nous voulons qu’elle soit en même temps un acte fondateur du futur Etat palestinien que nous voulons voir émerger cette année parce que nous ne voyons aucune raison objective de retarder une décision dont tout le monde a reconnu qu’elle était absolument d’abord juste, mais absolument nécessaire, nécessaire pour le peuple palestinien, nécessaire pour le renforcement de la sécurité d’Israël.

 

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