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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 18:23

François Fillon répond, suite à l'annonce d'un référundum en Grèce, aux question de Christophe CARESCHE (groupe SRC), de Christian JACOB (groupe UMP), de Roland MUZEAU (groupe GDR) et de Yvan LACHAUD (groupe NC) lors des questions au Gouvernement à l'Assemblée Nationale le mercredi 2 novembre 2011

 

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,



L’annonce du Premier ministre grec d’organiser un référendum a surpris toute l’Europe. C’est une décision qui peut être très lourde de conséquences pour la Grèce d’abord et pour l’Europe elle-même. Bien sûr et chacun d’entre vous l’a rappelé, en démocratie se tourner vers le peuple est toujours légitime. Mais nous regrettons et je veux le dire solennellement devant l’Assemblée Nationale, nous regrettons cette annonce prise de façon unilatérale sur un problème qui engage tous les partenaires de la Grèce.

Il ne s’agit pas de reprocher au Premier ministre grec de vouloir organiser un référendum, il s’agit de lui reprocher d’avoir négocié pendant des heures et des heures pour aboutir à un accord signé à l’unanimité sans jamais indiquer à ses partenaires de l’Union européenne, la possibilité d’organiser ce référendum. Mais Mesdames et Messieurs les Députés, ce n’est pas avec des regrets qu’on gère une crise qui de bout en bout aura mis à très rude épreuve l’unité européenne. Et naturellement, le moment venu, nous devrons tous ensemble tirer les enseignements politiques de cette crise et prendre les décisions qui s’imposent sur l’organisation de l’Union européenne et sur l’organisation de la zone Euro.

Simplement, il ne faudra pas s’en tenir à ce moment-là à des slogans, il faudra que chacun assume ses responsabilités : si l’on va vers plus d’intégration, si l’on va vers une mutualisation des dettes européennes, alors oui on ira vers des abandons de souveraineté sur lesquels il faudra ensemble que nous nous mettions d’accord.

Mais dans l’immédiat une fois encore, et une fois de plus, nous devons conserver notre sang froid et nous concentrer sur trois objectifs.

Le premier objectif c’est de mettre en œuvre le plan adopté jeudi dernier, à l’unanimité par les dix-sept membres de la zone Euro. Parce que ce plan c’est la seule voie responsable pour résoudre la question de la dette grecque en maintenant la Grèce dans la zone Euro. Je rappelle que dans le cadre de ce plan un effort de cent milliards supplémentaires qui vient s’ajouter au premier plan de cent dix milliards a été consenti par les Etats européens et par le Fonds monétaire international et qu’un abandon de créances de l’ordre de cent milliards d’euros a été accepté par les créanciers privés.

Le second objectif c’est de rappeler que la solidarité européenne est la contrepartie du consentement de la Grèce à poursuivre ses efforts pour assainir ses comptes publics et pour rétablir son économie. La solidarité européenne ne peut pas s’exercer si chacun ne consent pas aux efforts nécessaires. Alors dans cet esprit la France et l’Allemagne ont pris l’initiative de réunir dans quelques heures, avant l’ouverture du sommet du G.20 l’ensemble des Institutions européennes ainsi que le Fonds monétaire international pour examiner avec le Premier ministre grec les conditions dans lesquelles les engagements qui ont été pris seront tenus. Je veux dire que de ce point de vue, il est capital que les décisions qui ont été prises pour accroître les capacités d’action du Fonds européen de stabilité financière soient mises en œuvre dans les meilleurs délais. Parce que chacun comprend bien que dans la situation d’incertitude que crée la décision des autorités grecques, nous avons encore plus besoin qu’avant des moyens qui permettront de protéger le reste de la zone Euro contre les attaques spéculatives. C’est dans ce contexte que j’ai ce matin, réuni les représentants des principales banques françaises pour leur demander d’être exemplaires dans la mise en œuvre des conditions de l’accord de la semaine dernière et en particulier pour leur demander de renforcer leurs fonds propres à hauteur de 8,8 milliards d’euros dans les meilleurs délais afin de rassurer les investisseurs et de protéger notre pays contre tous les aléas. Le gouverneur de la Banque de France fera à ma demande, un suivi extrêmement régulier de la mise en œuvre des décisions du Conseil européen sur ce point.

Enfin, le troisième objectif consiste à rappeler aux peuples européens et singulièrement au peuple grec, qu’on ne peut pas être dans l’Europe pour bénéficier de sa solidarité et à côté de l’Europe pour échapper à la discipline que chaque nation doit consentir. Si référendum il doit y avoir il faut que les termes de ce référendum soient clairs ; entre la solidarité européenne qui est offerte en contrepartie d’efforts et le choix de la faillite nationale il faut choisir et je souhaite qu’un discours de vérité soit tenu.

Il n’y a pas de solution simple et immédiate au problème de la Grèce. Il y a un chemin du redressement qui sera nécessairement long et qui exigera des sacrifices importants mais dans lequel les Etats européens sont prêts à jouer leur rôle aux côtés de ce pays.

Mesdames et Messieurs les Députés, les Grecs doivent comprendre que l’Europe ne peut pas rester de longues semaines suspendue à la réponse qu’ils donneront au référendum. Les Grecs doivent donc dire vite et sans ambigüité s’ils choisissent ou non de conserver leur place dans la zone Euro.

 

 

 

 

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 14:50

François Fillon a reçu les banques afin de mettre en oeuvre les volets français de l'accord du 27 octobre issu du sommet européen du 26 octobre 2011.

Mesdames et Messieurs,

 

La semaine dernière, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté un plan global de stabilisation de la zone euro. Ce plan prévoit tout d’abord une solution aux problèmes que rencontre la Grèce :

- avec un nouveau programme d'aide de l'Union européenne et du FMI à la Grèce d’un montant de 100 Mds €,

- et la décision des créanciers privés de renoncer à la moitié de leurs créances sur la Grèce, de sorte que le pays puisse retrouver un niveau d’endettement soutenable.

 

Je veux vous dire que, à la suite de l’annonce faite avant-hier par le Premier ministre grec, la France reste déterminée, avec ses partenaires, à obtenir l’application pleine et entière de cet accord. Le Président de la République s’en est entretenu hier avec la Chancelière allemande, et ils évoqueront à nouveau ce sujet dès cet après-midi à Cannes, en liaison avec les institutions européennes, le FMI et les autorités grecques.

 

L’accord du 27 octobre reste notre feuille de route commune et doit être mis en place dans les meilleurs délais. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire que la France montre l’exemple en mettant en œuvre au plus vite les volets qui la concernent.

C’est dans cet esprit que j’ai réuni ce matin, en présence de François BAROIN et du Gouverneur de la Banque de France, Christian NOYER, les dirigeants des banques françaises, afin de m’assurer de la bonne application des décisions du sommet de la semaine dernière concernant le secteur bancaire. Il a été décidé, afin de renforcer la solidité du secteur financier européen, que les banques devraient renforcer leurs capitaux propres pour atteindre une cible de 9 % de fonds propres durs en juin 2012. Pour les banques européennes, cela représente 106 milliards d’euros supplémentaires, et pour les banques françaises un peu plus de 8 milliards d’euros.

 

Les représentants des banques françaises, qui ont déjà considérablement renforcé leurs fonds propres depuis 2008, à hauteur de 50 milliards d’euros, m’ont confirmé ce matin qu’ils seraient en mesure d’atteindre cette nouvelle cible d’ici juin 2012, principalement en mobilisant leurs bénéfices et en maîtrisant leurs risques. Nous avons fixé ensemble un premier calendrier : chaque banque présentera avant le 15 décembre, à l’autorité de contrôle prudentiel, un plan détaillé de la façon dont elle compte atteindre cet objectif.

Les représentants des banques m’ont confirmé ne pas avoir besoin de capitaux publics pour cela. Et ils m’ont confirmé leur objectif d’aller au-delà et d’anticiper l’application des règles de solvabilité de l’accord de Bâle 3 dès 2013, donc bien en avance par rapport au calendrier prévu par cet accord.

 

Le renforcement des fonds propres des banques doit être leur priorité absolue. Compte tenu du contexte actuel, elles devront faire preuve de la plus grande modération dans la distribution de dividendes aux actionnaires et en ce qui concerne leur politique de rémunération des dirigeants et de bonus. J’ai demandé au Gouverneur de la Banque de France d’être particulièrement vigilant sur ce point, en vérifiant en amont le montant des enveloppes envisagées et en utilisant, en tant que de besoin, les pouvoirs dont il dispose. S’agissant plus particulièrement des bonus, le G 20 a adopté dès 2009, à l’initiative de la France, des règles précises d’encadrement de ces rémunérations. La France a été le premier pays à les mettre en place, et elle est probablement celui qui les applique le mieux. Compte tenu du contexte, les montants qui seront accordés au titre de l’année 2011 devront être en baisse significative.

 

Les efforts que les banques doivent faire pour renforcer leurs fonds propres passent en partie par une réduction des risques qu’elles portent dans leurs bilans. Mais cela ne doit pas se faire au détriment du financement de l’économie de notre pays. En particulier il ne doit pas y avoir de resserrement de l’accès au crédit des PME, qui n’ont pas la possibilité comme les grandes entreprises de recourir à des sources alternatives de financement.

 

Les dernières statistiques, arrêtées à la fin du mois de septembre, montrent une progression dynamique des encours de crédits aux entreprises de + 5,1 % sur un an, ce qui est très supérieur à la moyenne de la zone euro, qui n’est que de 1,6 %. Pour les PME, la croissance est de + 4,8%. Il est essentiel que cette dynamique continue, et que les représentants des banques s’engagent à tout mettre en oeuvre pour que cette croissance du crédit aux PME se poursuive, et soit en cohérence avec le PIB. Pour que le Gouvernement puisse s’en assurer, j’ai demandé à François BAROIN d’organiser, en liaison avec le Gouverneur de la Banque de France et avec le Médiateur du crédit, Gérard RAMEIX, un suivi trimestriel de ces chiffres qui nous permettra, le cas échéant, de prendre des décisions nécessaires sur des trajectoires qui ne seraient pas conformes aux engagements qui ont été pris.

 

 

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 16:19

François FILLON répond à Jean-Marc AYRAULT, sur la situation économique et financière lors des questions au Gouvernement à l'Assemblée Nationale le mardi 25 octobre 201.

 

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Monsieur le Président AYRAULT,



Le cercle vicieux qui a conduit à  la crise que nous connaissons et qui est à l’origine de la chute de la croissance dans le monde, c’est exactement le contraire de celui que vous venez d’évoquer. C’est l’endettement excessif des Etats qui a créé une situation où, aujourd’hui, le monde entier s’interroge sur la question de savoir si l’Union européenne est capable d’apporter une solution à la crise des dettes souveraines. Il n’y a aucune autre raison objective à la baisse de la croissance mondiale. Il n’y a pas de problèmes de demande, il n’y a pas de contractions des liquidités financières dans le monde. Il y a simplement une inquiétude, une crise de confiance sur la capacité de l’Union européenne à résoudre ces problèmes. Et donc il est inutile d’opposer une politique de soutien à la croissance et la solution des problèmes que rencontrent l’Union européenne et la zone Euro.

C’est la raison pour laquelle pour le Gouvernement, pour le président de la République, la priorité absolue c’est de réussir le rendez-vous de mercredi. Nous avons dimanche dernier, obtenu plusieurs accords. Le premier sur un nouveau décaissement d’une tranche d’aide à la Grèce, ce qui permet au passage de montrer qu’après beaucoup d’hésitation, l’ensemble des pays européens ont désormais intégré l’idée qu’il n’est pas possible de laisser tomber la Grèce, que nous devons faire preuve de solidarité avec ce pays pour sauver la zone Euro et pour sauver soixante ans de construction européenne.

Nous avons ensuite obtenu un accord sur la recapitalisation des banques. Cette recapitalisation des banques se fera de manière ordonnée, sur l’ensemble des banques européennes qui en ont besoin et s’agissant de la France, je veux indiquer que cette recapitalisation devrait être de l’ordre d’une dizaine de milliards d’euros c’est-à-dire inférieure aux résultats de ces mêmes banques françaises ce qui signifie que les banques françaises doivent pouvoir se recapitaliser sans avoir besoin de demander l’aide des finances publiques.

Alors il reste maintenant trois points de discussion qui vont être à l’ordre du jour de la réunion de mercredi. Le premier, le plus important, c’est la question de savoir si nous sommes capables de mettre en place un Fonds européen de solidarité financière qui est suffisamment puissant pour stopper toute tentative de spéculation contre d’autres pays de la zone Euro. Chacun sait que la France – comme vient de le dire François BAROIN – appuyée par un grand nombre de pays a proposé de transformer ce FESF en une banque adossée à la BCE. C’est une situation, c’est une proposition française. Je veux d’ailleurs faire remarquer que depuis le début de cette crise toutes les propositions originales qui ont été faites ont été faites par la France. Et toutes les initiatives qui ont été prises ont été prises par la France. Et d’ailleurs c’est très simple, je mets tous les membres de cette Assemblée au défi de me citer un seul exemple d’une proposition originale pour faire face à cette crise, qui ne soit pas venue du gouvernement français, du président de la République et de notre pays.

Alors maintenant c’est vrai, il faut se mettre d’accord à vingt-sept ; il faut se mettre d’accord à dix-sept, c’est compliqué ; il faut obtenir des compromis avec nos voisins allemands et il n’y a rien d’anormal à cela. Et obtenir un compromis avec nos voisins allemands c’est une condition essentielle du succès. Je ne comprends pas cet acharnement d’un certain nombre de commentateurs et de responsables politiques à vouloir en permanence abaisser notre pays en négligeant les initiatives qu’il prend et le rôle qui est le sien dans la lutte contre cette crise. C’est la France depuis plusieurs années qui réclame la mise en place d’un gouvernement économique. L’Allemagne y était opposée, elle a décidé finalement de se ranger à cette solution. C’est la France qui a proposé que l’on donne un effet de levier au Fonds européen de solidarité financière. C’est la France qui a pris l’initiative d’hâter plusieurs rendez-vous européens pour faire en sorte que nous soyons capables de résoudre cette crise.

Enfin, il y a un dernier sujet qui sera au cœur des discussions de mercredi, c’est le niveau de restructuration de la dette grecque. Là aussi, le progrès que nous avons obtenu c’est que personne n’envisage plus désormais de laisser tomber la Grèce. Nous sommes donc tous d’accord pour dire qu’il faut une restructuration qui ne se traduise pas par ce qu’on appelle pudiquement un évènement de crédit. Et c’est la raison pour laquelle se déroule depuis dimanche soir une négociation entre les créanciers privés de la Grèce et un certain nombre d’institutions et le gouvernement français pour fixer le niveau de cette restructuration. J’entends sur les bancs de la gauche tous ceux qui m’expliquent qu’on aurait pu faire plus vite ; c’est très intéressant. La seule chose qu’ils oublient c’est qu’on est dix-sept, qu’il faut mettre dix-sept partenaires autour de la table et qu’il ne suffit pas d’une pétition de principe pour y parvenir.

Alors Mesdames et Messieurs les Députés si nous parvenons à un accord mercredi alors le président de la République pourra enclencher une séquence très importante pour la croissance mondiale, avec la réunion du G.20. Et cette réunion du G.20 elle sera, du fait de la situation internationale, axée autour de deux grandes priorités : la première c’est une coordination des politiques économiques des grandes puissances pour faire en sorte que celles qui ont accumulé beaucoup de réserves dépensent un peu plus sur leur marché intérieur, et que celles qui ont accumulé beaucoup de dettes, se désendettent. Et je voudrais en terminer par-là en vous disant Monsieur AYRAULT, que la solution à la crise économique, à la crise financière que nous rencontrons, elle ne peut en aucun cas être dans un surcroît de dépenses publiques et cela impose au Parti socialiste de réviser complètement son programme.

 

 

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 13:04

François Fillon s'exprime devant la communauté d'affaires coréenne à Séoul le vendredi 21 octobre 2011.

 

Monsieur le Président de la Fédération des industries coréennes,

Monsieur le Président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-coréenne,

Mesdames et Messieurs,



Je voudrais vous remercier d’avoir organisé cette rencontre qui me permet de dialoguer avec la communauté d’affaires franco-coréenne de Séoul.

J’ai souhaité venir à la veille du G20 à Séoul parce que je suis convaincu que la Corée a des messages extrêmement forts à nous délivrer et à délivrer au monde dans le contexte de la mondialisation.

La Corée est la preuve qu’un pays qui s’engage intelligemment dans cette mondialisation, loin de chercher à s’en soustraire, a tout à y gagner. En misant sur son intégration dans les échanges internationaux, la Corée s’est classée parmi les pays les plus industrialisés. En investissant massivement dans l’éducation, dans la recherche, dans l’économie numérique, elle prépare activement la compétition de demain.

Elle est passée du statut de pays en développement à celui de donateur et elle entend assumer toutes ses responsabilités internationales.

Aujourd’hui, nous sommes à un moment de vérité pour l’avenir de l’économie et de la gouvernance mondiale. Le monde connaît des turbulences économiques majeures, auxquelles l’Europe est aujourd’hui largement exposée, mais qui en réalité concernent le monde entier et concernent aussi l’Asie et la Corée.

Depuis un peu plus d’un an, vous entendez que l’Union européenne est une zone menacée, que l’euro va éclater, que l’Europe est divisée, que le continent européen est traversé par des forces centrifuges et que la Grèce pourrait sortir de l’euro.

C’est un fait, la zone euro vient de traverser la crise la plus grave de son histoire.

Pour autant, la construction européenne n’a jamais été un long fleuve tranquille et d’ailleurs, pourrait-il en être autrement ? Les débats que nous avons à 27, l’originalité de la construction que nous avons engagée, l’histoire même de l’Europe font que cette construction ne peut pas être un long fleuve tranquille. Mais les débats que nous engageons autour de la gouvernance économique, loin d’être un indice de division, sont en réalité l’expression d’une construction européenne qui progresse sans cesse.

Le projet européen n’a jamais visé à l’uniformité, et nous lui avons toujours préféré le consensus démocratique, au bénéfice de tous. Et c’est précisément ce consensus qui fait la force de notre union.

Alors, aujourd’hui, l’Europe est face à un nouveau défi. Comme elle l’a toujours fait par le passé, elle surmontera les épreuves et elle en sortira renforcée.

Ma conviction - et j’ose le dire ici, au cœur d’une Asie en pleine croissance ! – c’est qu’avec sa cohésion démocratique et sociale, avec sa richesse, avec la qualité de sa formation, de sa technologie, de ses infrastructures, avec sa culture, l’Europe de demain peut incarner un des espaces parmi les plus stables, parmi les plus prospères et parmi les plus influents du XXIème siècle.



Les bénéfices de l’Europe dépassent de loin les difficultés qu’elle affronte.

Depuis plus de 60 ans, l’Europe nous garantit un espace de paix et de prospérité que nous n’avions jamais connu dans notre histoire. Elle est le modèle le plus achevé d’intégration régionale au monde, et elle est le plus grand marché développé avec 500 millions de consommateurs, qui représentent 30% du PIB mondial. Ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que la crise de la dette souveraine de certains Etats de la zone euro a éclaté alors qu’elle était encore insuffisamment organisée sur le plan économique.

Et cette crise a révélé des oublis de notre union monétaire.

D’une part, nous avons construit la monnaie européenne sans bâtir en même temps de gouvernance économique commune, sans harmoniser nos budgets et les fiscalités de nos pays. C’était insuffisant, car partager une même monnaie suppose une plus grande convergence. D’autre part, nous avons laissé filer l’endettement public de la plupart des pays, et avons laissé se creuser les écarts de compétitivité.

Grâce à la mobilisation franco-allemande exemplaire, nous avons répliqué rapidement avec l’ensemble des pays européens depuis le début de cette crise. En quelques mois, je voudrais vous faire remarquer que l’Europe a fait plus de progrès qu’en 20 ans en matière de régulation.

L’Europe s’oriente résolument vers la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro, ce même gouvernement économique dont on ne pouvait même pas prononcer le nom il y a encore quelques mois tant il suscitait de divisions à l’intérieur de l’Europe.

L’Europe appliquera bientôt de nouvelles règles plus exigeantes pour contrôler la dette, pour surveiller les déséquilibres macro économiques et pour améliorer les cadres budgétaires. Nous avons institutionnalisé le sommet de la zone euro pour une concertation plus efficace. Nous avons créé, pour protéger la zone euro, un Fonds européen de stabilité financière qui est désormais doté d’une capacité d’aide de 440 milliards d’euros, un fonds qui pourra agir à titre préventif, qui pourra acheter des emprunts d’Etat sur le marché secondaire et qui pourra participer à la recapitalisation d’établissements financiers. En 2013, ce Fonds deviendra permanent, à travers le mécanisme européen de stabilité.

Ainsi, en moins de trois mois, tous les Parlements des 17 pays de la zone euro ont ratifié les mesures de réforme de ce Fonds qui va donc pouvoir désormais donner sa pleine efficacité.

A présent, il faut structurer une réponse globale de l'Europe.

Après-demain et puis jusqu’au milieu de la semaine prochaine, le Conseil européen et le Sommet de la zone euro vont se réunir. Nous nous sommes fixés pour cette réunion qui est une réunion décisive, qui est une réunion capitale trois objectifs.

D’abord, nous voulons un plan de recapitalisation des banques européennes qui en ont besoin. Il s’agit de mettre en place un mécanisme de recapitalisation qui soit ordonné, qui soit cohérent, qui obéisse aux mêmes règles sur l’ensemble du territoire européen.

Nous voulons aussi et c’est notre deuxième objectif définir une stratégie pour la Grèce qui tienne compte des circonstances nouvelles et une amélioration de la gouvernance de la zone euro. Il y a deux semaines, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures pour faciliter le refinancement des banques.

En Europe, nous sommes d'accord pour renforcer la structure du capital des banques, conformément aux accords que l’on appelle les accords « de Bâle III », conclus pour tirer les conséquences de la précédente crise financière. D’ores et déjà, les banques françaises se sont engagées à détenir 9% de fonds propres dès 2013. Au niveau européen, pour renforcer le capital des banques, il faudra d’abord réinvestir les revenus des banques, puis, le cas échéant, recourir aux capitaux privés des actionnaires et des investisseurs, et seulement en ultime recours mobiliser des capitaux publics. S’agissant des banques françaises, je veux vous dire que je suis confiant dans leur capacité à mobiliser leurs bénéfices et leurs ressources nécessaires pour renforcer leurs fonds propres.

Aujourd’hui, tous les pays européens ont fait de l’assainissement de leurs finances publiques leur première priorité. Les déséquilibres macroéconomiques vont désormais être surveillés par des instruments collectifs de surveillance des budgets nationaux. Et les pays seront soumis à des sanctions financières précoces, quasi-automatiques, et d'un montant très dissuasif. Pour faire converger nos fiscalités, la Commission européenne a fait des propositions pour consolider une assiette commune de l’impôt sur les sociétés. Nous nous dirigeons vers un impôt sur les sociétés commun à l’ensemble des pays de la zone euro.

Mais sans attendre cet objectif, la France et l’Allemagne ont décidé de s’engager dans un effort historique d’intégration fiscale puisque nous avons pris l’engagement de mettre en place un impôt sur les sociétés commun à la France et à l’Allemagne dès 2013.

Après-demain, et au début de la semaine prochaine, le deuxième défi des Chefs d’Etat et de Gouvernement, ce sera aussi de dynamiser la croissance.

Sans dépenser plus dans les circonstances financières actuelles, l'Europe doit cibler ses efforts sur l'activité économique et les secteurs d'avenir. Cela passe par une dynamique en faveur du capital risque, par une stratégie commune de valorisation des brevets, par un encouragement de l'économie numérique et par un financement européen ciblé sur les infrastructures les plus indispensables à l'innovation et à la compétitivité.

Dimanche prochain et en début de semaine prochaine puisque nous avons choisi d’étaler le prochain sommet européen sur plusieurs jours, je suis certain que l’Europe saura prendre les décisions qui s’imposent pour dessiner l’union monétaire de demain.

Ce que je veux retenir des tensions récentes, c’est que nos efforts de coordination internationale sont plus importants que jamais. Et ces efforts valent bien au-delà du continent européen.

Si nous voulons apporter une réponse concertée aux turbulences économiques, le G20 me paraît aujourd’hui le forum le plus adapté.

Les 3 et 4 novembre prochains, le G20 de Cannes devra offrir des solutions pour restaurer la confiance et pour soutenir la croissance. Nous attendons beaucoup d’un plan d’action pour une croissance forte, durable et équilibrée, qui réponde aux enjeux économiques actuels et à l’inquiétude des marchés financiers.

L’objectif c’est à la fois de traiter les facteurs de vulnérabilités à court terme, et de consolider les fondements de la croissance à moyen terme.

Les pays du G20 à l’origine des principaux déséquilibres économiques mondiaux devront prendre des engagements concrets à la hauteur de la situation. Dans certains États industrialisés, il existe en effet des marges pour soutenir la demande globale, soit via un développement de la demande intérieure pour les pays qui sont en excédent, soit en adaptant le rythme de consolidation budgétaire. Ceux, en revanche, qui présentent un déficit courant élevé devront mettre en œuvre des politiques destinées à accroître leur épargne nationale. Et au fond, ce sont ces mouvements équilibrés qui doivent permettre de retrouver les conditions d’une croissance mondiale durable.

De la part de certains grands pays émergents, nous attendons une contribution accrue à la croissance mondiale et nous attendons notamment qu’ils accélèrent leur évolution vers une croissance davantage tirée par la demande intérieure.

Cela suppose des réformes structurelles, cela suppose une flexibilité accrue des taux de change pour refléter vraiment les fondamentaux économiques. Je n’ignore pas que ces réformes sont difficiles à conduire, mais je veux dire très solennellement qu’elles sont absolument indispensables si nous voulons que prévale une approche coopérative face aux enjeux économiques internationaux.

Enfin, nous souhaitons que les États du G20 puissent s’engager collectivement à ce que le FMI dispose toujours des ressources nécessaires à l’exercice de ses missions. Et pour cela, il faudrait que nous réfléchissions dès que possible aux modalités qui permettront de doter le FMI de moyens accrus en cas de besoin. De nouvelles ressources pourraient être envisagées sous forme de nouveaux prêts bilatéraux de la part d’États volontaires, qui pourront être mobilisables rapidement.

La deuxième mission du Sommet de Cannes, c’est de poursuivre les réformes en matière de régulation financière.

Aucun marché, aucun acteur, aucun produit ne doit échapper à des règles et à une surveillance appropriées.

Nous devrons nous accorder pour mieux réguler le système bancaire parallèle et les dérivés de matières premières. Nous devons nous doter d’un cadre permanent pour vérifier que les engagements du G20 sur les bonus des opérateurs de marché soient effectivement respectés dans la durée.

Nous devrons rendre le système financier moins dépendant des agences de notation, et faire en sorte qu’il réagisse de manière moins disproportionnée à leurs moindres jugements, même si je suis le premier à rappeler que les États, par leur politique budgétaire, sont les premiers responsables des notes qui peuvent leur être attribuées.

La troisième ambition du G20 de Cannes, c’est de poser les bases d'un Système monétaire international qui soit plus stable pour résister aux chocs de liquidité, mais qui soit aussi plus adapté au nouvel équilibre entre les pays du G7 et les grands émergents.

Nous avons déjà progressé sur plusieurs fronts : le développement de l’utilisation des monnaies locales pour l’émission des dettes souveraines, la définition de principes communs pour encadrer les relations entre le Fonds monétaire international et les accords régionaux de financement, et enfin, la détermination d’un cadre pour la gestion des flux internationaux de capitaux.

A présent, nous voulons que le Sommet de Cannes puisse contribuer à renforcer les filets internationaux de protection financière, en favorisant un mécanisme nouveau qui devrait assurer la fourniture de liquidités à court terme aux pays dont les politiques économiques et les fondamentaux sont sains, mais qui sont confrontés à un choc.

Nous voulons aussi renforcer les outils et l’efficacité de la surveillance macroéconomique des pays par le FMI.

Enfin, nous devons progresser sur la question de l’inclusion des devises de nouveaux pays dans le panier de monnaies qui définit les droits de tirage spéciaux sur la base des critères existants.



Depuis le Sommet de Séoul, le développement figure parmi les priorités du G20 et de la Présidence française.

Concrètement, il s’agit d’identifier les projets d’infrastructures à soutenir, parmi ceux qui permettraient de mieux renforcer le potentiel de croissance à long terme des régions concernées. En juin dernier lors de la première réunion des ministres de l’Agriculture du G20, un plan d’action en cinq points sur la sécurité alimentaire a été adopté.

C’est un premier succès qu’il va falloir maintenant mettre en œuvre.

Je suis convaincu que le financement de certains biens publics mondiaux comme l’environnement et même la stabilité financière nécessite que l’on mobilise des ressources nouvelles.

Vous le savez, la France a proposé à ses partenaires la mise en place d’une taxe sur les transactions financières au niveau international, car nous voulons que les pays du G20 aient le choix entre différents outils pour financer leurs engagements pour le développement.

L’année dernière, la Corée a su avec beaucoup de talent porter plus haut l’action du G20 et amener le monde vers une globalisation mieux maîtrisée et qui profite au plus grand nombre.

Les propositions de la France s’inscrivent dans le prolongement de la réussite du G20 de Séoul.

Nous avons décidé de poursuivre la démarche que vous avez engagée l’an dernier et nous avons en particulier souhaité réunir un « B20 » qui regroupe les organisations patronales et les entreprises des pays du G20. Dès le début de l’année, nous les avons associées très étroitement aux travaux du G20, ce qui a permis un dialogue sur tous les sujets de notre agenda.



Mesdames et Messieurs,

Au-delà de notre coopération au sein des instances internationales, nos deux pays sont liés par des échanges qui sont appelés à être intensifiés.

La Corée est notre 4ème partenaire commercial en Asie, avec près de 7 milliards d’euros d’échanges annuels. Après sept années de déficit commercial, l’année 2010 a marqué le retour à l’excédent pour la France vis-à-vis de la Corée, une tendance qui se confirme en 2011, eh bien, je veux voir dans ce quasi-équilibre atteint aujourd’hui le signe positif de la maturité de nos relations commerciales.

L’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Corée, le 1er juillet dernier, doit être l’occasion d’aller encore plus loin et de poursuivre le processus d’intégration de nos économies.

Quand nous nous sommes rencontrés à Paris en mai dernier, votre Président m’a proposé un objectif ambitieux puisqu’il s’agit de tripler nos échanges en cinq ans. C’est un objectif auquel je souscris entièrement.

Vous qui dirigez des entreprises, vous êtes les premiers invités à saisir les nouvelles opportunités offertes par l’accord de libre-échange pour renforcer nos relations commerciales et partenariales.

De leur côté, les pouvoirs publics garantiront son application en ouvrant leurs marchés respectifs, sans obstacles qu’ils soient de nature tarifaire ou réglementaire, et en multipliant les encouragements en direction de nos exportateurs. Concrètement, nous devrons veiller au démantèlement progressif des barrières tarifaires et à la mise en place des facilités commerciales.



Ces dernières années, les coopérations entre la France et la Corée se sont multipliées dans les secteurs à très fort contenu technologique.

C’est vrai du secteur automobile, de l’électronique, des énergies renouvelables, de l’environnement et des transports. C’est vrai aussi de l’aéronautique, avec le programme Airbus A350 sur lequel nous avons noué un partenariat avec des industriels coréens, et avec le développement franco-coréen de l’hélicoptère de transport militaire léger qui va équiper l’armée coréenne.

Ces partenariats industriels sont extrêmement prometteurs, et je forme le vœu qu’ils ouvrent la voie à d’autres réussites communes entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes.

En matière d’investissements, les entreprises françaises se sont montrées plus volontaires dans leur politique d’implantations en Corée que leurs homologues coréennes sur le marché français.

Pourtant, je veux vous dire que la France a toutes les raisons d’attirer les investisseurs.

Depuis 2007, nous avons renforcé la compétitivité de notre pays. Nous avons défiscalisé les heures supplémentaires pour que ceux qui le souhaitent puissent travailler davantage. Nous avons rendu nos universités autonomes, libres de développer leurs partenariats avec les entreprises. Nous avons encouragé les liens entre l’entreprise et les secteurs d’excellence scientifique, technologique et industrielle : aujourd’hui, nous avons mis en place 71 « pôles de compétitivité » qui réunissent des chercheurs et des industriels d’une même filière sur un même territoire. Nous avons supprimé la taxe professionnelle, un impôt qui pesait sur l’investissement des entreprises installées en France et pour encourager les entreprises à investir dans la recherche, nous avons considérablement réformé notre système fiscal puisque la France est devenue aujourd’hui l’un des pays les plus attractifs de l’OCDE pour les investissements de recherche, à tel point que nous sommes aujourd’hui le premier pays européen pour l’accueil de centres de Recherche & Développement d’entreprises étrangères.

Nous avons créé des instruments dédiés au financement de la Recherche & Développement, y compris en faveur des petites entreprises. En mai dernier, notre principal organisme public de soutien à l’innovation des PME, OSEO, a signé un accord de partenariat avec le Korea Institute for Advancement of Technology et je souhaite que les premiers projets conjoints puissent être financés extrêmement rapidement.

Enfin, en 2009, nous avons lancé un grand programme d’investissements dans des secteurs de pointe qui devraient tirer notre croissance de demain. Nous avons en effet en pleine crise financière, et malgré un effort considérable de réduction de nos dépenses, affecté 35 milliards d’euros à l’enseignement supérieur, à la recherche, à l’industrie, au nucléaire de 4ème génération, aux réseaux à haut débit. Avec l’effet de levier que représentent ces crédits publics, c’est environ 60 milliards d’euros qui vont être investis en trois ans sur les secteurs de pointe, les secteurs d’avenir de l’économie française.

Je sais que la Corée a également adopté un plan d’investissement ambitieux qui est un peu similaire dans plusieurs de ces domaines et donc j’y vois une raison supplémentaire de plus de renforcer nos coopérations.

Au-delà de nos relations bilatérales, notre coopération économique doit pouvoir s’exprimer dans le cadre de nos responsabilités globales en matière de changement climatique et de développement durable.

La France et la Corée se sont engagées dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et nous avons tout à gagner à accompagner ensemble la mutation de nos économies vers un modèle plus durable et plus protecteur de l’environnement. Je pense au développement du véhicule électrique, aux infrastructures de recharge, à la mise en place d’un marché de crédits carbone, dans lequel nous avons l’un et l’autre une expérience à faire partager.

Sur tous ces sujets, nous avons encore de grands champs pour développer notre coopération.

Maintenant que la Corée est devenue un pays donateur, nous avons aussi intérêt à renforcer notre dialogue bilatéral avec certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne, et à agir ensemble dans un nombre croissant de pays, notamment via l’Agence française de développement et la Kexim Bank. Ceci serait en ligne avec les engagements communs que nous avons pris dans le cadre du G20.



Le renforcement de nos relations, Mesdames et Messieurs, ne doit rien au hasard. Il s’inscrit dans une amitié, dans une amitié qui a été scellée il y a soixante ans sur les champs de bataille. Il s’ancre dans des intérêts convergents et dans un même désir de prendre nos responsabilités pour une mondialisation qui soit mutuellement profitable.

Je vous encourage à développer des projets communs qui serviront d’exemple aux générations qui nous suivront.

Je vous encourage à voir dans la France votre partenaire et votre amie.

Et je vous invite à avoir confiance dans le destin de l’Europe, comme j’ai confiance dans la force de votre pays et de votre avenir.



Question de MonsieurYoung-Doo YOO, président et CEO de la société ASIANA AIRLINES



Monsieur le Président,

Je pense qu’en tant que pays démocratiques et puissances économiques, nous avons des valeurs et des responsabilités communes.

Nous avons montré à travers les Présidents successifs du G20 une très grande similitude au fond sur notre approche de la régulation du commerce international des échanges et de la mondialisation. Votre Président, je l’ai dit tout à l’heure, lorsqu’il est venu à Paris avec un volontarisme remarquable a dit : « en cinq ans, il faut tripler les échanges ». Maintenant que cette «instruction » nous a été donnée, il faut obtenir des résultats.

Alors comment peut-on les obtenir ?

D’abord, je pense que le plus important, c’est le développement de partenariats industriels entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes. Nous avons des exemples avec l’automobile, nous avons des exemples avec les chantiers navals, nous avons des exemples dans le domaine de l’aéronautique.

Je pense que ce sont ces exemples qu’il faut multiplier en développant des projets communs à des entreprises françaises et des entreprises coréennes. J’ai quelques thèmes prioritaires que je veux évoquer devant vous à titre d’exemple : la mobilité électrique, le partenariat dans le domaine de l’aéronautique, ce que nous avons commencé à faire sur l’AIRBUS A350 peut trouver des prolongements importants.



La deuxième piste, me semble-t-il, pour améliorer les échanges, c’est d’augmenter les investissements coréens en France. J’ai dit tout à l’heure qu’il y avait pas mal d’investissements français en Corée mais encore assez peu d’investissements coréens en France. Je crois qu’aujourd’hui, si l’on met STX et les Chantiers de l’Atlantique à part, il doit y avoir 1 400 emplois en France qui dépendent d’entreprises coréennes contre 63 000 qui dépendent d’entreprises japonaises.

Donc il y a, je crois, un champ de progression considérable et j’ai indiqué tout à l’heure toutes les raisons pour lesquelles il était intéressant pour des entreprises coréennes d’investir en France au cœur du marché européen avec une compétitivité de l’économie française qui s’est accrue et avec en particulier des dispositifs fiscaux en matière de soutien à la recherche et au développement qui sont aujourd’hui beaucoup plus performants que par le passé.

Et puis, troisièmement, il faut mettre en place vraiment l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Corée. On attend 20 milliards sur les vingt prochaines années de progression dans les échanges Union européenne / Corée grâce à cet accord, mais vous savez bien qu’il faut qu’ils passent des textes, des principes qui ont été décidés, à la réalité.

La réalité, c’est les blocages sur les marchés publics chez les uns ou chez les autres, c’est toutes les questions de normalisation. Je prends l’exemple du véhicule électrique. Si nous ne sommes pas capables de mettre en place des dispositifs de recharge des véhicules électriques qui soient standardisés entre la France et la Corée -nous sommes en train d’essayer de le faire à l’intérieur de l’Union européenne- alors bien sûr, nous aurons des difficultés à pratiquer les échanges dans ce domaine.

Je ne voudrais pas négliger dans ma réponse les projets dans le domaine culturel et dans le domaine éducatif parce que ces projets sont susceptibles de nourrir le développement et la coopération économique.

Nous allons avoir des saisons culturelles croisées, la Corée en France en 2015 et la France en Corée en 2016. Nous avons un projet de création d’une maison à la Cité internationale universitaire de Paris qui pourrait être un très beau symbole permettant de rendre plus attractive la France pour les étudiants coréens et qui aura le moment venu, je le dis parce qu’il y a beaucoup de chefs d’entreprises coréens et français ici, qui aura besoin du soutien des entreprises coréennes. Je veux dire d’ailleurs au sujet des universités qu’il existe actuellement 200 accords entre des universités françaises et coréennes et que nous accueillons un peu plus de 6 500 étudiants coréens.

Enfin, nous attachons beaucoup d’importance à l’enseignement des langues. Nous avons ouvert les premières classes de lycée avec le coréen en troisième langue en France à Bordeaux et à Paris et on va poursuivre dans cette voie et il nous faut aussi agrandir notre lycée ici à Séoul et nous avons pour cela besoin d’un soutien fort de la municipalité de Séoul. Je suis sûr que nous l’obtiendrons.

Voilà, je pense que la feuille de route pour le développement des échanges entre la France et la Corée est parfaitement tracée. Il suffit maintenant que chacun se retrousse les manches et ait à cœur de tenir les engagements qui ont été pris.



Question de PARC Dae-Shik, secrétaire général de la Federation of korean industries.



Sur le Gouvernement économique européen, nous avons avec l’euro créé une monnaie qui est sans équivalent dans l’histoire puisqu’il s’agit d’une monnaie qui est partagée par 17 pays, mais qui ont chacun leur autonomie, leur souveraineté dans la conduite de leur politique économique.

Alors bien sûr, nous avions dans le cadre du traité qui a mis en place l’euro prévu un certain nombre de règles communes pour assurer la crédibilité de cette monnaie.

Ces règles n’ont pas suffisamment été respectées et en particulier, nous n’avons pas réussi à mettre en place les institutions suffisamment réactives pour intervenir dès les premières dérives dans les Etats qui ne respectaient pas les critères permettant la convergence des économies.

Et donc nous sommes en train de remédier à cela.

Nous sommes en train de remédier à cela d’abord en créant un Gouvernement économique. Le Gouvernement économique, ce sera d’abord la réunion des chefs d’Etat et de Gouvernement de la zone euro. Ce conseil des chefs d’Etat et de Gouvernement de la zone euro devra pouvoir se doter d’une petite structure permanente qui en liaison avec la Commission européenne aura pour mission d’appliquer strictement les décisions, les orientations qui auront été prises en matière de politique économique.

Donc l’une des premières missions de ce Gouvernement économique, ce sera d’organiser selon un calendrier qui naturellement prendra du temps une convergence relative des économies de la zone euro. Et c’est vrai qu’il faudra pas à pas rapprocher les règles sociales, les règles fiscales des principaux pays de la zone euro, enfin de l’ensemble des pays de la zone euro, si nous voulons donner à la monnaie européenne dans la durée la solidité qui est aujourd’hui la sienne.

Sans doute aurait-il fallu créer ce Gouvernement économique avant de créer la monnaie. Nous avons fait les choses dans l’autre sens et la monnaie, au fond, a été une sorte de stimulant qui a conduit à une plus grande cohésion de la zone euro.

En tout cas, je n’ai pas de doute sur l’avenir de cette monnaie et je n’ai pas de doute sur l’avenir de la zone euro parce que cette monnaie, c’est le symbole le plus fort de 60 ans de construction européenne. Donc renoncer à ce symbole, ce serait en réalité renoncer à l’ensemble de la construction européenne.

C’est évidemment quelque chose qui n’arrivera pas, parce que ce serait aller complètement à contre-courant de l’Histoire.

Vous avez évoqué la Grèce.

Il est incontestable que la Grèce non seulement n’a pas respecté les règles de convergence qui étaient prévues par le traité mais il est aussi incontestable qu’elle n’a pas fourni aux instances européennes les bonnes informations sur la réalité de son économie. Et donc les dispositifs que nous sommes en train de mettre en place vont être beaucoup plus contraignants et permettront de donner des injonctions précises aux États qui s’écarteraient des stratégies, des lignes qui ont été fixées collectivement.

C’est difficile de répondre en un mot sur la question que vous posiez sur la Chine et le G20, je pense que chacun aura compris dans mon intervention préliminaire que nous attendons beaucoup de la Chine.

Nous attendons beaucoup de la Chine sur la question des monnaies, sur la question de l’évolution de la monnaie chinoise, de son évaluation et nous attendons beaucoup de la Chine qu’elle mène une politique qui permette de relancer la consommation à l’intérieur de son territoire pour mettre en place les stabilisateurs dont l’économie mondiale a besoin.

Je pense que cette idée progresse. Naturellement, chacun a ses contraintes.

Les systèmes politiques et économiques des uns et des autres ne sont pas les mêmes mais on voit bien que dans une économie qui est désormais totalement mondialisée, personne ne peut tirer son épingle du jeu tout seul.

Si la zone euro ou si les Etats-Unis étaient durablement en panne, l’ensemble des économies asiatiques en subiraient très rapidement les conséquences. Et à l’inverse, les difficultés, désormais, dans la zone asiatique ont des répercussions immédiates sur l’économie mondiale.

Donc nous avons vraiment besoin de cette coordination confiante, sincère, régulière.

Les réunions du G20 ne doivent plus être simplement des forums où l’on échange des idées. Ce doit être des lieux de décision où l’on met en place des stratégies qui sont des compromis et où l’on veille à ce que ces stratégies soient appliquées.

C’est tout simplement l’avenir de l’économie mondiale qui est en cause. Si l’on veut que la mondialisation réussisse, il faut qu’elle soit maîtrisée. Si la mondialisation n’est pas maîtrisée, le monde connaîtra de nouvelles crises, de nouveaux soubresauts qui conduiront à des politiques de repli, à des politiques nationalistes, à des politiques comme on en a connues après toutes les grandes crises du XXème siècle et on sait que ces politiques ont toujours conduit à des catastrophes.

Nous avons une responsabilité qui est une responsabilité historique.

On ne peut pas se contenter de laisser l’économie mondiale fonctionner comme elle fonctionne aujourd’hui ; on a besoin de règles, on a besoin d’équilibre, on a besoin de politiques économiques complémentaires entre la zone euro, les Etats-Unis et l’Asie et c’est vraiment tout l’enjeu du Sommet de Cannes dont j’espère qu’il sera une réussite.



 

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 13:10

François Fillon s'exprime devant la communauté française de Corée à Séoul, le vendredi 21 octobre 2011.

 

Mes chers compatriotes,

C’est un grand plaisir de pouvoir vous rencontrer à Séoul à l’occasion de ma visite officielle en Corée du sud.

Je me suis entretenu aujourd’hui avec le Président Lee Myung-bak, que j'avais accueilli à Matignon en mai dernier lors de sa visite officielle en France, et avec le Premier Ministre Kim Hwang-sik.

Ces échanges sont l’occasion de contribuer avec nos partenaires coréens au succès du Sommet du G20 de Cannes des 3 et 4 novembre prochains, et Dieu sait si dans le contexte économique extrêmement bousculé que connaît aujourd’hui le monde, ce sommet du G20 est un sommet décisif.

9 000 kilomètres séparent nos deux nations, mais vous savez la proximité qui lie le peuple français et le peuple coréen. C’est une relation cimentée dans l’épreuve et dans la fraternité d’arme de la guerre de Corée. Les Coréens n’ont pas oublié l’engagement héroïque des hommes du bataillon français et je souhaite à mon tour ici à Séoul rendre hommage à nos 269 soldats morts ou disparus au combat au côté des soldats sud coréens sous la bannière des Nations Unies.

C’est aussi une relation qui ne souffre plus d’aucun différend. Grâce à la détermination du Président de la République et de son homologue coréen, nos deux pays sont en effet parvenus à trouver une solution satisfaisante à la question des manuscrits royaux coréens de la Bibliothèque nationale. Et cela me permet de me souvenir que ma dernière visite en Corée. J’étais Ministre de l’Enseignement supérieur et j’accompagnais François MITTERRAND et cela s’était beaucoup moins bien passé, s’agissant de cette affaire des manuscrits, puisque François MITTERRAND avait promis de les amener pour les montrer aux Coréens, mais les conservateurs de ces documents n'avaient pas laissé faire. Il s’agissait de deux jeunes femmes, deux jeunes brillantes fonctionnaires, qui sont restées assises sur les coffres qui contenaient ces documents. Les ordres du Président MITTERRAND, ceux d’Alain JUPPE, les miens n’y ont rien changé. Elles ont exécuté les textes, la loi, l’éthique de la Fonction publique et ont créé ainsi un véritable incident diplomatique avec la Corée.

En tout cas, nous pouvons désormais nous consacrer à ce qui nous rapproche et à ce que nous pouvons faire ensemble au service de nos deux pays et de nos deux peuples, et dans l’intérêt de la communauté internationale.

La visite du Président SARKOZY en novembre dernier à Séoul, celle du Président coréen en France en mai dernier ont confirmé qu’il existait bien une volonté réciproque de consolider un partenariat politique portant sur la paix et sur la sécurité, sur la prévention et le règlement des conflits régionaux, sur la lutte contre la prolifération nucléaire, sur la question du changement climatique, sur les questions énergétiques et sur les questions du développement.

Et je veux dire à nouveau ce soir que la France se sent solidaire de cette Corée ambitieuse et généreuse, dont elle sait aussi combien l’histoire au XXe siècle a été marquée par des déchirements. Nous souhaitons que le dialogue inter-coréen, si crucial pour la stabilité de la péninsule, progresse. Et nous appelons la Corée du Nord à reprendre le chemin de la légalité internationale, à s’engager dans un dialogue pacifique, à mettre en œuvre ses engagements en faveur du démantèlement complet de ses programmes nucléaires et balistiques, comme le Conseil de sécurité des Nations unies le lui a demandé.

Je sais que tout cela peut apparaître comme des pétitions de principe, tant cela fait longtemps qu’on les énonce. Si on regarde bien ce qui se passe dans le monde depuis quelques mois, on peut comprendre que l’avenir des dictateurs n’est plus aussi certain que par le passé. Et la puissance de la communauté internationale et l’efficacité des engagements et des résolutions des Nations Unies sont en train de prendre une autre dimension qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne respectent pas le droit international.

En tout cas, la France n'oublie pas la population nord-coréenne, elle n’oublie pas les épreuves auxquelles elle est confrontée. Et c’est pour cette raison que nous avons décidé de l’ouverture à Pyongyang d’un «Bureau français de coopération», dont le rôle sera en particulier d’assister les organisations non gouvernementales françaises qui sont présentes de l’autre côté de la ligne de cessez-le-feu. Ce bureau a été ouvert au début du mois d’octobre, en pleine transparence avec les autorités de Séoul, qui ont parfaitement compris la démarche qui est la notre.

La Corée du Sud est notre quatrième partenaire commercial en Asie. Nos produits et nos technologies y sont connus et réputés. Et l’année 2010 a marqué le retour à l’excédent commercial pour la France vis-à-vis de la Corée du Sud, après de nombreuses années de déficit.

Mais je crois qu’on peut dire, et vous qui êtes ici les acteurs pour une bonne part de ce commerce entre la France et la Corée, on peut dire que nous avons une bonne marge de progression tant en matière d’échanges qu’en matière d’investissements.

Depuis l'entrée en vigueur, le 1er juillet, de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Corée, nous avons des opportunités nouvelles dont nous devons nous saisir. Il y a aujourd’hui en gros 200 sociétés françaises présentes en Corée dont l’objectif doit être justement de mettre en œuvre les opportunités qu’offre cet accord de libre échange.

Je sais que la Chambre de commerce et d'industrie franco-coréenne, les conseillers du Commerce extérieur de la France, la Mission économique et Ubifrance sont mobilisés autour de cet objectif. Et je veux vous dire que les services de l’Etat sont là pour vous appuyer à chaque fois que vous en avez besoin.

Aujourd’hui nous avons un peu plus de 6 500 étudiants coréens qui séjournent dans notre pays, et le nombre d'étudiants français en Corée, même s'il est beaucoup plus modeste, ne cesse de croître, de même que le nombre de chercheurs. La coopération universitaire et la coopération en matière scientifique progressent. Elles ont d’ailleurs donné lieu à plusieurs accords signés en 2009 et 2010, dont nous espérons qu’ils vont déboucher sur des coopérations de haut niveau et des échanges accrus.

Dans le domaine culturel, il y a une « vague coréenne » qui a déjà su séduire les populations asiatiques, mais qui se propage désormais jusqu’à la France, si j’en crois pas succès du cinéma coréen ou des concerts de musique « K- Pop » organisés au printemps dernier à Paris - qui ont été tout à fait courus - mais aussi l’ouverture cette année en France des premières classes de lycée qui vont permettre l’apprentissage du coréen en troisième langue étrangère. Des classes ont été ouvertes à Paris et à Bordeaux.

Les Coréens montrent aussi cette soif d'approfondir leur connaissance de la France ; un peu plus de 700 titres français sont traduits chaque année en coréen. Notre cinéma et nos artistes rencontrent un succès croissant auprès du public coréen. Et je veux saluer notamment la Comédie française et Muriel MAYETTE qui était à l’honneur à Séoul il y a quelques jours.

Avec les autorités coréennes, nous sommes tombés d’accord pour organiser en 2015 et 2016 des « saisons croisées » qui vont je l’espère contribuer encore à renforcer les liens entre nos deux pays.

Vous êtes aujourd’hui plus de 2 000 Français résidents en Corée du Sud, et c’est un chiffre qui est deux fois plus élevé qu’il y a dix ans. Je veux saluer votre présence dans ce pays, qui est réputé pour être l'un des plus compétitifs et l’un des plus réactifs au monde. Et je voudrais saluer votre engagement personnel et celui de vos familles. Puisque je parle de vos familles je voudrais dire un mot du lycée français dont je sais qu’il a atteint les limites de ses capacités d’accueil. Il existe un projet de relocalisation et d’agrandissement et je voudrais rendre hommage à la détermination de ceux qui l’ont porté, c'est-à-dire de l’Association des parents d’élèves. Je veux vous dire que j’ai évoqué ce dossier, ce sujet avec le Président coréen lorsqu’il est venu à Paris il y a quelques mois. Je l’ai évoqué de nouveau avec lui aujourd’hui. Je l’ai évoqué avec le Premier Ministre. Je pense que nous avons désormais tous les atouts de notre côté pour que les négociations qui vont s’engager avec la Municipalité de Séoul, dès que les élections seront passées, aboutissent, et que nous puissions enfin lancer ce projet qui est si nécessaire pour toute la communauté française à Séoul, mais aussi pour les jeunes Coréens qui fréquentent notre lycée français.

Je veux saluer également le rôle des associations qui contribuent à tisser des liens avec nos amis coréens et qui contribuent beaucoup à l’accueil des nouveaux arrivants, comme le Cercle franco-coréen, ou comme l’Association des francophones de Corée. Je souhaite également rendre hommage à la solidarité des Français de Corée et au soutien qu’ils ont apporté à nos compatriotes du Japon après le tsunami et la catastrophe de Fukushima au printemps dernier.

Mes chers compatriotes, le dynamisme de la Corée est à l’image de celui du continent asiatique tout entier. Et vous savez mieux que quiconque ce qui se cache derrière le mot « mondialisation ».

Vous voyez à l’œuvre l’émergence de ces nouvelles puissances qui aspirent légitimement à jouer les premiers rôles et qui remettent en question la vieille domination occidentale. Au fond vous assistez du bon côté à cette dialectique permanente depuis le début de l’histoire entre les civilisations qui naissent et celles qui se battent pour ne pas décliner.

La crise économique et financière de 2008 a d’une certaine manière accélérée le basculement des grands équilibres internationaux. La crise des dettes souveraines dans la zone euro et aux Etats-Unis, depuis maintenant plusieurs mois, confronte le continent européen à un nouveau défi historique qui met – pardon d’utiliser ces mots, je les utilise à dessein – qui met son destin en jeu. Je ne vous cache pas que nous vivons des heures qui sont des heures difficiles et qui sont des heures décisives.

En effet, je crois que depuis sa création, jamais l’Union européenne n’a été autant menacée dans sa cohésion, dans sa cohérence, dans son existence même. Jamais l’épreuve de vérité n’a été aussi brûlante. Nous sommes devant une alternative qui est à la fois simple et en même temps très brutale. Ou bien les égoïsmes reprennent le dessus et la grandeur du projet européen rejoindra les oubliettes de l’histoire, sous les coups des spéculateurs. Ou bien nous sommes capables d’affirmer notre attachement à cet héritage historique qui nous est commun, qui est d’ailleurs unique au monde, et qui est pour nos sociétés non seulement une fierté, mais aussi une protection et une force.

Notre réponse est claire et elle est en train de se dessiner. C’est la réponse de la solidarité, en maintenant, coûte que coûte, notre solidarité à l’égard de la Grèce, qui doit naturellement poursuivre ses efforts. Les pays de la zone euro ont montré qu’ils ne laisseraient pas le repli sur soi l’emporter et que nul n’était prêt à signer la fin de l’idée européenne au nom d’intérêts particuliers qui d’ailleurs auraient en réalité des conséquences catastrophiques à terme pour tous, y compris pour ceux qui auraient cru y trouver leur compte.

Au milieu de ces épreuves, face à l’urgence, l’Europe s’est ressaisie et elle a plus progressé en quelques mois qu’en vingt ans sur les questions de la régulation financière. Il y a toujours deux façons de voir les choses : les voir de façon pessimiste - et Dieu sait s’il y a des raisons de voir les choses de façon pessimiste - mais on peut aussi constater que sous la pression des évènements, souvent de façon désordonnée, souvent au dernier moment, l’Europe a depuis le début de la crise, depuis 2008, toujours pris les bonnes décisions qui lui ont permis d’assurer sa cohésion.

Nous avons déjà pris des décisions très importantes, nous avons renforcé le pacte de stabilité qui fait la cohérence des pays de la zone euro. Nous avons crée un Fonds européen de stabilisation financière qui est doté de 440 milliards d’euros, qui va devenir permanent à partir de 2013 et, qui, je l’espère – c’est l’objet des réunions du Conseil européen de la fin de la semaine et du milieu de la semaine prochaine - qui va bientôt recevoir de nouvelles prérogatives. Au fond, ce que nous souhaitons c’est que ce fonds soit en mesure, par un effet de levier, d’apporter les garanties nécessaires pour décourager les spéculations contre la Grèce. Nous avons institutionnalisé les sommets de la zone euro et cette institutionnalisation est une étape vers la mise en place de ce qui sera un véritable gouvernement économique de cette zone euro. Un gouvernement économique capable de prendre des décisions de façon réactive et, surtout, de faire en sorte que ces décisions soient respectées et que les règles de la vie en commun au sein de la zone euro ne fasse plus l’objet de tricheries comme cela a pu être le cas par le passé, ce qui nous conduit aux difficultés d’aujourd’hui.

Nous avions le 21 juillet passé un accord ambitieux sur la base d’une résolution de la crise grecque en partageant de façon le plus équitable possible les efforts entre la Grèce, le secteur financier et la communauté internationale. Cet accord aurait du être suffisant. Manifestement, il ne l’a pas été, en tout cas il n’a pas convaincu complètement les marchés, sans doute parce qu’il a mis trop de temps à se réaliser. Nous sommes donc maintenant vraiment au pied du mur et les réunions européennes qui vont avoir lieu dimanche et mercredi vont être des réunions absolument décisives. Nous voulons continuer à avancer sur la voie de cet accord du 21 juillet, aller plus loin, aller plus loin sur l’efficacité du Fonds européen de stabilisation financière, aller plus loin sur les règles qui vont conduire à recapitaliser les banques européennes. Nous avons en particulier décidé que les banques européennes – et notamment les banques françaises – appliqueraient les règles dites de « Bale III », c'est-à-dire des fonds propres supérieurs à 9% dès 2013, de manière à bien montrer que nous mettons en place toutes les digues et tous les barrages pour éviter les attaques sur la zone euro. Et puis, enfin, nous voulons que ces réunions de dimanche et de mercredi décident, une fois pour toutes, quel est le niveau de restructuration de la dette grecque en accord avec le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission.

Au fond le projet européen, que nous essayons de construire depuis 60 ans, a été conçu comme un idéal, mais à cet idéal nous n’avons pas apporté suffisamment de défenses, de défenses concrètes et l’enseignement de cette crise c’est que ce projet européen, plus que jamais, doit maintenant s’affirmer comme une puissance. Il n’est plus temps de considérer l’Europe comme un vaste espace de coopérations économiques, comme une zone de libres échanges. Nous sommes dans une bataille mondiale qui est une bataille pour la technologie, la domination de la technologie, qui est une bataille pour la répartition des richesses. Eh bien dans cette bataille, nous avons besoin d’une Europe puissante, et pour avoir une Europe puissante, il faut que cette Europe aient des institutions et en particulier un gouvernement économique qui soit doté des prérogatives qui lui permettent d’être une véritable puissance. Une puissance capable de réagir, une puissance qui s’appuie sur la volonté des chefs d’Etat et de Gouvernement. Et d’une certaine manière, le Président de la République française et la Chancelière allemande ont montré ces dernières semaines à quel point c’était bien les Chefs d’Etats et de Gouvernements - et notamment le tandem franco-allemand – qui étaient au cœur de l’Union européenne, puissance que nous voulons construire. Nous devons aller de l’avant en exigeant une Europe plus politique, une Europe plus efficace sur le plan économique, une Europe plus harmonisée sur le plan fiscal, une Europe qui soit plus combative sur le plan international et commercial.

Nous étions un certain nombre il y a quelques années à douter du calendrier qui consistait à créer une monnaie avant de mettre en place des institutions capables de la piloter. Cela ne sert à rien de dire aujourd’hui que nous avions raison. Cette monnaie est désormais extrêmement utile à la protection de notre pays et à la protection des Européens, elle est extrêmement utile dans le contexte de la mondialisation. Mais il faut remettre les choses à l’endroit et donner à cette monnaie, les institutions économiques, financières, politiques qui assureront sa solidité.

Nous devons aussi tirer les leçons institutionnelles de cette crise à l’échelle de l’Union, mais nous devons aussi tirer les leçons morales et politiques dans chacun de nos pays, parce que la crise de la dette n’est pas survenue par la faute des marchés, ni par la faute des spéculateurs. La crise de la dette relève d’abord et avant tout de la responsabilité des Etats qui se sont endettés depuis des décennies sans se préoccuper du jour où il faudrait rembourser. En réalité, les Etats ont cru qu’ont leur ferait crédit indéfiniment parce qu’ils étaient des Etats. Lorsqu’il y a 4 ans j’ai employé, peut-être de manière maladroite, le mot de « faillite », on m’a expliqué qu’un Etat ne pouvait pas faire faillite. Je vois aujourd’hui qu’un Etat peut être menacé de faillite, et c’est pour avoir cru que les finances des Etats étaient indestructibles, inattaquables, intouchables, que nous sommes aujourd’hui dans la situation qui est la notre. Alors, par facilité électoraliste, par manque de courage, les gouvernants, qu’ils soient de gauche comme de droite, en France comme dans bien d’autres pays européens et ailleurs, ont laissé tour à tour leurs successeurs se charger de solder les comptes et de prendre les décisions déplaisantes que cela impliquait. Aujourd’hui, les Etats sont placés devant leurs responsabilités et ils n’ont plus la possibilité de les esquiver.



Cette crise est l’occasion d’une prise de conscience profonde, elle nous oblige à agir au nom de nos intérêts les plus vitaux, elle nous oblige à agir au nom de notre souveraineté. C’est pour défendre notre souveraineté nationale qu’il faut mettre un terme à cet endettement excessif.

Et elle montre la validité des choix que nous avons faits depuis 2007 avec le Président de la République. Lorsque Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 le budget de la France était en déséquilibre depuis plus de 35 ans. Depuis le début du quinquennat nous avons engagé des réformes profondes pour moderniser notre Etat et pour réduire le coût de nos politiques publiques. Nous avons rationalisé nos structures, nous avons réduit le nombre de fonctionnaires alors que les emplois publics dans notre pays avaient continuellement augmenté dans notre pays depuis 40 ans.

Je sais que ce sont des décisions qui ont parfois été mal comprises, je sais que nous avons bousculé des habitudes.

Je sais que beaucoup de ces réformes ont fait grincer des dents, mais, franchement, je pose la question :

Est-ce qu’il était-il illégitime par exemple de réformer une carte judiciaire qui remontait au XIXème siècle ?

Est-ce qu’il était illégitime de réformer un réseau d’implantations militaires qui avait été dicté par les données stratégiques de la Guerre froide ?

Est-ce qu’il était illégitime d’engager une réorganisation de nos territoires où les niveaux de responsabilité se sont accumulés au fil des ans sans que personne n’ait cherché à les rendre plus lisibles, plus efficaces et moins coûteux ?

Est-ce qu’il était-il illégitime de favoriser les heures supplémentaires dans un pays qui a un vrai sujet de compétitivité, et je ne parle pas au regard de la Corée mais simplement au regard de ses voisins européens ?

Est-ce qu’il était illégitime, enfin, de réformer notre système de retraites pour le préserver quand toutes les autres grandes puissances l’ont fait avant nous et souvent de façon plus radicale que nous ?

Alors, au bout de 4 ans d’efforts et avec la crise de 2008 qui est passée par là, notre pays conserve une crédibilité budgétaire qui est au niveau le plus élevé et qui nous permet de nous financer à des taux d’intérêt extrêmement bas alors que certains de nos partenaires sont fragilisés et sont obligés de prendre des mesures drastiques.

Nous payons chaque année grosso modo 45 milliards d’euros d’intérêts à ceux qui nous prêtent et nous empruntons entre 2 et 3%, beaucoup de pays européens aujourd’hui empruntent entre 5 et 6%, imaginez simplement ce que seraient les finances publiques de notre pays si nous étions dans la même situation qu’eux.

Cette crédibilité, c’est un atout considérable et donc cet un atout que nous devons à tout prix conserver.



Nous avons présenté cette année un budget qui est sans doute l’un des plus rigoureux qui ait été présenté depuis 1945. Depuis cette date pour la première fois les dépenses de l’Etat vont diminuer en valeur absolue et elles ont déjà baissé en proportion de la richesse nationale depuis 2009, ce qui là encore est une première.

Bref, nous sommes en train d’établir notre avenir sur des bases solides. Toutes ces réformes que nous avons engagées, ce sont des réformes qui s’inscrivent dans la longue durée, ce sont des réformes qui vont modifier notre pays en profondeur.

Pour beaucoup d’entre elles nos concitoyens ne peuvent pas en voir aujourd’hui les effets et les résultats, j’en prendrai juste 2 exemples.

Nous avons donné l’autonomie aux universités, cette autonomie qu’elles réclamaient à juste titre depuis si longtemps et qu’elles ont dans tous les grands pays développés, eh bien évidemment entre la décision de donner l’autonomie aux universités, le moment où les universités s’en saisissent, où elles usent de leur liberté pour s’organiser différemment, pour recruter les enseignants qu’elles ont envie de recruter, pour réorienter leur formation et le moment où les promotions, les premières promotions d’étudiants sortiront de ces universités rénovées, il se passe un peu de temps.

De la même façon, nous avons réformé le dialogue social dans notre pays en instaurant une règle de représentativité syndicale qui va révolutionner le fonctionnement des syndicats en France, parce que désormais ces syndicats auront un poids qui dépendra des votes aux élections dans les élections professionnelles et non plus de leur histoire passée, figée dans un décret depuis 45 ans, mais là aussi il faudra sans doute 4 ou 5 ans avant qu’élection après élection le paysage syndical se remodèle, que l’on voit des regroupements se faire et sans doute – en tout cas je l’espère – qu’un grand pôle syndicaliste réformiste émerge dans notre pays pour nous rapprocher du dialogue syndical, du dialogue social qui existe chez nos voisins Allemands ou dans les autres pays d’Europe du Nord.



Cela vaut aussi pour la maîtrise des dépenses publiques, cela vaut aussi pour les efforts que nous faisons pour aller chercher la croissance en renforçant notre compétitivité, en misant sur l’innovation, en donnant aux talents et aux énergies les moyens de se déployer.

Au temps de Georges POMPIDOU – ça c’est d’ailleurs passé dans un seul et unique conseil des ministres - la France a lancé 3 grands programmes : le programme électronucléaire, le programme du TGV et le programme de construction de l’AIRBUS. Ceux qui ont participé à ce conseil des ministres devaient être assez fiers de siéger dans ce Gouvernement. En tout cas ces décisions qui ont été prises il y a 40 ans sont encore aujourd’hui celles qui aliment les moteurs les plus puissants de l’économie française.

Eh bien, aujourd’hui, dans une économie mondialisée, dans une économie plus ouverte, dans une économie plus concurrentielle, nous avons choisi avec l’autonomie des universités et avec le programme d’investissements d’avenir auquel nous consacrons 35 milliards d’euros, de donner à nos meilleures équipes de recherche, à nos meilleurs industriels les moyens de lancer des projets qui vont à leur tour faire travailler des équipes pendant des années et qui, je l’espère, alimenteront les moteurs de la croissance de demain.

Là encore, c’est une véritable révolution culturelle que nous avons pratiquée.

Dans le passé, dans notre pays, quand on distribuait de l’argent public, on le distribuait équitablement. Il en faut pour toutes les régions, il en faut pour toutes les équipes de recherche ; personne ne doit être laissé de côté. Là devant la rareté de l’argent public et devant l’urgence de la compétition, nous avons choisi des jurys internationaux, indépendants qui nous ont dit quelles étaient les meilleures équipes, quels étaient les meilleurs projets. Et sans aucune discussion, nous avons mis les crédits sur les meilleures équipes et sur les meilleurs projets. C’est une vraie rupture avec les habitudes traditionnelles de notre pays.



Voilà, mes chers compatriotes, vous le savez sans doute, la bataille électorale est lancée en France.

Notre bilan est attaqué, c’est normal, c’est de bonne guerre, mais je veux dire que je le défendrai avec conviction et avec fierté.

Je le défendrai parce que je crois que nous avons vraiment agi dans l’intérêt de notre pays. Et je le défendrai parce que le programme de l’opposition comporte des sérieux risques de compromettre l’équilibre financier de notre pays que nous sommes en train de restaurer.

Notre chemin, c’est celui du courage, de la réforme et du réalisme.

Alors, c’est vrai que ce n’est un pas un chemin facile. Mais je n’en connais pas d’autre si on veut sortir de la crise et surtout si l’on veut tenir le rang qui est le nôtre – et de ce rang dépend notre mode de vie – dans la compétition mondiale.



On parle beaucoup en France de la mondialisation, souvent pour la critiquer. Je crois que nous ne devons pas redouter cette mondialisation.

A condition de faire les réformes nécessaires, à condition de moderniser ce qui doit l’être, le nouveau monde qui est en train de se dessiner offre des opportunités pour notre pays, pour nos entreprises, pour nos concitoyens.

Je crois que tout reste ouvert pour les nations qui misent sur l’avenir et sur l’innovation.

Je crois que tout reste ouvert pour les nations qui font preuve de volonté et qui croient encore au pouvoir de la Politique.



Nous réunirons à Cannes dans quelques jours le G20.

C’est le Président de la République française qui a été à l’initiative de l’instauration du G20 des chefs d’Etat et de Gouvernement. Nous pensions en effet qu’il devenait tout à fait obsolète de discuter l’avenir du monde avec les 7 ou 8 premières puissances économiques et sans les nouvelles puissances émergentes.

C’est la Corée qui présidait le G20 l’année dernière.

C’est nous qui le présidons cette année, avec une volonté très forte, non pas de « démondialiser », mais de maîtriser la mondialisation, grâce à la coordination de tous ses acteurs.

Voilà, mes chers compatriotes, vous qui vivez ici, en Corée, je sais que vous êtes bien placés pour avoir une pleine conscience des défis que nous avons à relever.

Vous savez que l’avenir de la France s’écrit très au-delà de ses frontières.

Eh bien, je voulais vous en rendre hommage. Je voulais vous en remercier et dire avec vous : vive la France, vive la Corée, vive l’amitié entre la France et la Corée !





 

 

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 12:22

François Fillon s'exprime devant le Congrès de l'Union Professionnelle Artisanale (UPA) à Paris le jeudi 20 octobre 2011.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs,

 

Je me suis exprimé devant vous en octobre 2007 et à ce moment-là, la crise des subprimes aux Etats-Unis n’était pas encore devenue cette crise financière qui a touché si durement tous les pays développés.

Je voudrais revenir d’un mot sur le passé avant d’évoquer les projets et l’avenir.

Cette crise, nous l’avons affrontée à vos côtés. Ensemble, nous avons cherché à maintenir et à relancer l’activité de vos entreprises.

Pour éviter que le crédit ne se restreigne, nous avons tout fait pour ne pas connaître une défaillance de notre système financier, en soutenant les banques qui en avaient besoin et en exigeant en échange qu’elles s’engagent à financer l’économie.

Pour éviter un ralentissement brutal de l’activité, et une réduction sévère de vos carnets de commandes, nous avons mis en œuvre un plan de relance avec 1.500 chantiers lancés dans les infrastructures et le bâtiment.

Enfin, nous avons soutenu la consommation des ménages afin que le pouvoir d’achat des Français continue de progresser, même au plus fort de la crise.

La santé et parfois la survie de dizaines de milliers d’entreprises dépendaient de ce plan de relance et des efforts qui ont été conduits.



C’est aussi ensemble que nous nous sommes battus pour défendre l’emploi.

Nous avons été à vos côtés pour vous permettre de recruter dans les meilleures conditions possibles, grâce notamment au contrat « zéro charges ». Au total, ce sont 3 millions de salariés et de demandeurs d’emploi qui ont bénéficié de mesures exceptionnelles. Et finalement, malgré l’ampleur du choc que nous avons connu en 2008 et en 2009, vous n’avez pas procédé à des ajustements brutaux de vos effectifs et même dans beaucoup de secteurs, vous avez continué à embaucher.

Et le résultat de tout cela, c’est que, même si naturellement les chiffres du chômage ne sont pas satisfaisants, il faut constater que le chômage a moins augmenté en France que chez la plupart de nos partenaires européens et d’ailleurs dès 2010, votre secteur a recommencé à recréer des emplois.



Je veux évoquer ce passé pour deux raisons.

D’abord parce qu’il faut tirer les enseignements des politiques que l’on a conduites ensemble pour faire face à la crise et ensuite parce que ces mesures que nous avons prises et qui ont évité une catastrophe bien pire que ce que nous avons connu, sont évidemment des mesures qui ont pesé sur les finances publiques, qui ont pesé sur le déficit de l’Etat et qui explique pour une part aujourd'hui les efforts que nous sommes obligés de faire pour revenir à cet équilibre des finances publiques.

Je voudrais dire combien le dialogue social, pendant toute cette période, a été et reste d’ailleurs responsable. Naturellement, il y a eu, et c’est bien normal dans des circonstances aussi difficiles, des moments de tensions entre les partenaires sociaux et le Gouvernement, notamment à l’occasion de la réforme des retraites.

Mais, je crois qu’on peut dire que chacun a senti que le temps n’était pas aux surenchères et que le temps n’était pas aux revendications outrancières.

Responsables patronaux et syndicats se sont montrés soucieux de l’intérêt général et je veux saluer cette attitude qui dément l’analyse de ceux pour qui notre pays est intrinsèquement condamné aux rapports de force.

La vérité c'est que vous comme moi, si nous regardons avec un peu de recul nos expériences de ces dernières années, nous constatons qu’il y a une modernisation du dialogue social. Certains peuvent la trouver trop lente, mais la vérité c’est qu’aujourd'hui il est plus facile de chercher ensemble dans le cadre de ce dialogue social des consensus que par le passé.



La reprise a été au rendez-vous en France plus vite que dans la plupart des autres pays européens, mais malheureusement, cette respiration a été de courte durée et depuis cet été, comme vous venez de le rappeler monsieur le Président, l’Europe est de nouveau confrontée à une crise sévère, qui est celle de la dette publique.

Avec le Président de la République je veux vous dire que nous sommes totalement déterminés à trouver une solution durable au problème grec et à assurer la stabilité de l'euro.

Nous ne laisserons pas tomber 60 années de construction politique, pour la simple et bonne raison que derrière cet écroulement il y aurait le déclin de l’Europe et le néant.



Je veux revenir d’un mot sur les raisons qui nous conduisent à faire preuve de cette détermination.

Vous lisez chaque jour dans la presse les commentaires de tous ces experts qui vous expliquent comment il faut faire et qui en particulier vous disent, il suffirait de laisser tomber la Grèce, de la laisser faire faillite et les choses se rétabliraient d’elles-mêmes. Je veux vous dire que rien ne serait pire que cette solution.

Qu’est-ce que ça veut dire laisser tomber la Grèce ? Cela veut dire accepter la faillite de la Grèce, donc la faillite de son système financier, donc la faillite de ses banques. La faillite des banques grecques entraînerait inéluctablement l’effondrement du système financier européen. Et derrière l’effondrement du système financier européen, nous nous trouverions placés devant une alternative qui n’en est pas une : laisser la zone euro exploser, laisser la solidarité que nous avons patiemment construite avec toutes les difficultés et tous les défauts de la construction européenne, pour mettre quoi à la place ? Face à la compétition de plus en plus sévère à laquelle nous sommes soumis, vous pensez vraiment que c’est en nous divisant, en nous séparant, en essayant de construire des lignes Maginot qui n’ont jamais fonctionné que nous allons pouvoir relever le défi de la mondialisation, le défi des nouveaux pays émergeants, le défi de ces milliards d’habitants qui en Asie avec un dynamisme incroyable construisent un nouveau monde.

La seule réponse crédible à ce défi, c'est celle qui consiste à faire preuve de plus de solidarité en Europe, à mettre en place plus d’institutions, plus de coordinations, plus d’Europe politique, à mettre en place des règles qui permettent à l’Europe de peser dans le débat et ce n'est pas naturellement en abandonnant, lorsqu’il est en difficulté et quelles que soient ses responsabilités, un Etat parce qu’il est plus faible que les autres, que l’on va pouvoir démontrer que l’Europe est forte, qu’elle est solidaire, qu’elle représente d’une certaine façon l’avenir au 21ème siècle.

Nous mettons donc tout en œuvre avec nos partenaires européens pour sortir de cette crise.

Grâce à l’impulsion franco-allemande, qui est évidemment déterminante, nous avons réussi à créer dans l'urgence des moyens de répliquer à la crise.

Mais il faut maintenant les compléter pour structurer une réponse qui soit une réponse globale de l'Europe.



Le Conseil européen et le Sommet de la zone euro du 23 octobre vont constituer de ce point de vue, un rendez-vous absolument essentiel. Nous voulons aboutir à un plan de recapitalisation pour les banques européennes qui en ont besoin, et nous voulons que ce plan de recapitalisation soit à l’échelle européenne, que la recapitalisation se fasse dans l’ordre et qu’elle se fasse prioritairement avec des moyens privés.

Les banques européennes pour beaucoup d’entre elles, ont réalisé des bénéfices substantiels. Il n’y aucune raison qu’elles ne réinvestissent pas ces bénéfices dans leur recapitalisation, qu’elles ne réduisent pas les rémunérations de leurs dirigeants et de leurs champions, je pense naturellement aux traders, pour faire tout l’effort nécessaire par elles-mêmes, pour se recapitaliser.

Et je dis d’ailleurs clairement que si l’argent public venait à être sollicité, alors ce serait avec des règles qui n’auraient rien à voir avec celles que nous avons proposées en 2008.



Ensuite, il faut une stratégie crédible de court et moyen terme concernant la Grèce, ça veut dire qu’il faut une fois pour toute se mettre d’accord sur le niveau de restructuration de la dette grecque et arrêter de tergiverser autour des diagnostics des uns et des autres.

Le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, la Commission doivent une fois pour toute nous dire quel est le niveau de restructuration de la dette grecque pour qu’une décision puissante soit prise ensemble.

Ensuite il faut, assurer la montée en puissance du fonds européen de stabilité financière. Il est désormais ratifié par les 17 parlements de la zone euro, il a peut-être fallu trop de temps pour le faire, en tout cas, c’est fait maintenant, il faut que ce fonds soit massif, il faut que ce fonds ait un effet de levier pour que l’on puisse dire à tous les spéculateurs, à tous ceux qui s’inquiètent de la santé financière de la zone euro, que nous avons désormais un instrument puissant qui est de nature à décourager tous ceux qui voudraient s’attaquer à la zone euro et en particulier aux autres pays qui sont aujourd'hui dans le collimateur de ces spéculateurs.

Il y a 440 milliards d’euros sur le fonds européens de stabilité financière, il faut que ces 440 milliards d’euros soient utilisés avec un effet de levier, au fond un peu comme le capital d’une banque, pour permettre d’agir de manière massive.

Et puis enfin, il faut tirer les leçons de cette crise pour mettre en place les instruments de gouvernance de la zone euro qui permettront d’éviter de se retrouver dans la situation que nous sommes en train de connaître. Ca veut dire qu’il faudra accepter qu’il y ait, au sein de la zone euro des institutions qui pilotent la politique économique des Etats, qui assure la surveillance de la mise en œuvre des politiques qui sont décidées en commun, cela demande des changements, cela demande des efforts, cela demande une autre façon d’envisager le fonctionnement des institutions européennes, et cela demande en particulier, une solidarité plus grande à l’intérieur de la zone euro, ce qui nécessite un dialogue avec ceux qui ne sont pas aujourd'hui à l’intérieur de cette zone euro.



Voilà la réponse à la crise.

C’est d’abord une réponse européenne dans l’urgence, mais c'est aussi une réponse nationale parce que chacun de nos états est face à ses responsabilités.

Pendant un peu plus de 35 ans, nous avons accepté que nos budgets soient votés en déséquilibre et nous avons fini par croire que c’était normal, que cela fonctionnait comme cela.

On est arrivé au jour où il faut payer la note. Au fond la crise que nous connaissons aujourd'hui ce n'est pas seulement une crise financière, ce n’est pas seulement une crise technique, ce n’est pas une crise liée à la spéculation ou au marché, c'est une crise qui est liée au fait que depuis 30 ans, l’Europe vit à crédit.

Nous avons été confrontés à une compétition mondiale de plus en plus rude, nous avons vu monter en puissance des économies émergeantes, elles nous ont pris une partie de nos marchés mais nous, nous n’en avons tiré aucune conséquence en termes de train de vie.

Nous avons continué à vivre comme si nous avions les mêmes ressources et nous l’avons fait en empruntant. Eh bien nous sommes aujourd'hui au bout de ce raisonnement et nous devons remettre les compteurs à zéro et c’est toute la Nation qui doit consentir des efforts si nous voulons protéger notre souveraineté politique, notre souveraineté économique, mais aussi notre souveraineté sociale.



Et au premier rang naturellement de ces efforts, il y a l’Etat, parce que l’Etat est le principal dépensier.

On ne peut pas demander aux entrepreneurs de s’adapter en permanence, on ne peut pas réclamer des Français des sacrifices et exclure la sphère publique de toute discipline. Le Gouvernement a engagé un effort de redressement de ses finances qui se distingue par un effort d’économies sans précédent dans la Vème République. En 2012, pour la première fois, la part des dépenses publiques dans le PIB va décroître. Et pour la première fois depuis 1945, les dépenses de personnels de l’Etat vont baisser, grâce à la réduction du nombre des fonctionnaires qui atteindra 150.000 au terme du quinquennat.

La mise en œuvre de la réforme des retraites permettra de réaliser un peu plus de 5 milliards d’économies dès 2012.

Nos efforts portent aussi, vous le savez, sur les dépenses de santé publique : nous allons réduire par deux le déficit de la Sécurité sociale et pour la première fois depuis 97, nous avons respecté strictement les objectifs de dépense. Pour que vous mesuriez l’ampleur de l’effort que nous sommes en train de faire, si on le compare au fond à ce qui se passe à côté de nous, les Allemands cette année vont faire 20 milliards d’efforts en matière de maîtrise de dépenses publiques, nous allons en faire 45 -c'est normal puisqu’eux avaient pris de l’avance sur nous et qu’ils avaient engagé depuis plus longtemps des réformes visant à améliorer leur compétitivité et à réduire leurs dépenses- et les Britanniques qui sont dans une situation moins bonne que nous, vont faire en gros, 70 à 80 milliards d’efforts en matière de maîtrise de la dépense publique.

Donc tout ça, ça n'est pas rien.

Les circonstances nous diront s’il faut aller plus loin mais je veux déjà attirer votre attention sur l’importance des décisions que nous prenons et des choix qui ont été faits.

Alors à quelques mois de l’élection présidentielle, j’entends des discours qui nous invitent à redépenser plus et à réformer moins.

Je veux dire qu’en temps de croissance c’est déjà dangereux, mais en temps de crise, ce serait absolument dévastateur.

Pour revenir à 3% de déficit en 2013 puis 2% en 2014, pour atteindre l’équilibre, nous avons engagé une réduction des niches fiscales. Mais on ne peut pas considérer toutes les niches fiscales comme étant équivalentes et certains qui proposent de remettre en cause le taux de TVA réduit dont bénéficient les secteurs du bâtiment et de la restauration commettrent un contresens économique !

Je veux dire que nous ne prendrons pas cette décision parce que nous savons les conséquences que cela aurait sur l’emploi. S’agissant du secteur de la restauration je voudrais dire que, contrairement à une idée reçue et largement véhiculée dans la sphère médiatique, les engagements ont été tenus.

L'objectif de création de 20 000 emplois pérennes en 24 mois a été dépassé, le secteur a créé 44 600 emplois supplémentaires en deux ans.

La profession a pris en avril dernier de nouveaux engagements, à horizon 2015, dont la création de 80 000 emplois supplémentaires en 4 ans et la conclusion de 20 000 contrats d’apprentissage ou de contrats de professionnalisation supplémentaires. Il est important que cette dynamique soit maintenue et que ces engagements soient respectés.



Pour mener la bataille de la croissance et de l’emploi, il y a des secteurs, malgré la crise qui sont des secteurs pour vous prometteurs.

Je veux évoquer les économies d’énergie dans le bâtiment. De nouvelles normes sur la consommation énergétique des bâtiments neufs vont s’appliquer dès la semaine prochaine pour certains bâtiments et le 1er janvier 2013 pour tous les autres. De même, la rénovation thermique des logements anciens, qui va concerner 400 000 logements par an à partir de 2013, et la rénovation thermique des logements sociaux, qui va toucher 800 000 logements d’ici 2020, constituent des opportunités pour les artisans.

Afin de soutenir cette démarche, nous avons décidé d’adapter dès l’an prochain le crédit d’impôt développement durable et l’éco-prêt à taux zéro afin de les rendre plus efficaces. Et je veux saluer au passage l’initiative que vous avez pris de créer le label ECO Artisan qui récompense les artisans indépendants, présents dans les corps de métier qui choisissent de s’engager dans la performance énergétique.

Pour que nos entreprises puissent saisir toutes les opportunités sur le marché national comme à l’export, il importe de tout faire pour renforcer leur compétitivité. L’imposition forfaitaire annuelle qui pénalisait les entreprises déficitaires, était ressentie comme injuste. Nous l’avons supprimée pour les petites entreprises. La taxe professionnelle était unanimement dénoncée parce qu’elle décourageait l’investissement. Nous l’avons supprimée et remplacée par une nouvelle contribution qui au passage, allège de 5 milliards par an la facture globale pour les entreprises.



Reste la question de la réduction du coût du travail, sur laquelle votre organisation réfléchit de façon stimulante afin de limiter les écarts de compétitivité qui subsistent avec certains de nos partenaires européens. Je veux dire que dans ce débat politique, il faut aller au fond des choses.

J’entends dire tout et n’importe quoi sur ce sujet.

D’abord je veux dire qu’il serait, à mon sens, totalement irresponsable de remettre en cause les allègements de charge sur les bas salaires, qui ne sont pas des « cadeaux » aux entreprises, mais qui sont simplement un outil indispensable de notre politique de l’emploi.

Et à tous qui voudraient remettre en cause ces allégements de charge, en tout cas ceux au moins qui sont liés aux 35 heures, ne pourraient être mis en cause que si on remettait complètement en cause la question du temps de travail.

On ne peut pas parler des allégements de charge d’un côté sans parler de l’autre, de la question du temps de travail.



De la même manière, les mesures que nous avons mises en place au début du quinquennat pour faciliter le recours aux heures supplémentaires et qui ont bénéficié à 40 % des salariés, sont, à mes yeux, essentielles pour la compétitivité des entreprises et pour le pouvoir d’achat.

Ceux qui prétendent que ces mesures gèlent les embauches sont toujours dans la même logique, cette logique du partage du travail qui n’a jamais donné de résultats ou qu’elle ait été mise en œuvre.

Et à ceux qui dénoncent cette mesure soit disant «symbolique» qui permet de travailler plus pour gagner plus, je veux opposer ma conviction que la valeur du travail est au cœur de notre sursaut économique.

Enfin sur cette question de la réduction du coût du travail, je voudrais dire que bien sûr il faudra changer la répartition des charges entre la fiscalité, le travail etc., et c’est un travail auquel chacun doit réfléchir et s’atteler.



Mais la question principale c'est la question de la baisse de la dépense publique, nous sommes dans un pays qui a quasiment le record de tous les pays développés en matière de dépenses publiques et nous sommes dans un pays qui a quasiment le record parmi tous les pays développés, des prélèvements obligatoires, c'est-à-dire des impôts.

Et donc vous pouvez prendre le problème dans tous les sens, le tourner dans tous les sens, faire preuve de la plus grande imagination en matière fiscale, vous n’échapperez pas, nous n’échapperons pas à cet impératif qui est qu’il faut d’abord réduire la dépense publique avant de réfléchir à une meilleure répartition des charges et à une fiscalité plus juste.



Mesdames et Messieurs,

Pour que nos entreprises se développent, les acteurs de l’économie doivent pouvoir accéder aux financements bancaires. Depuis quelques mois, les collectivités locales rencontrent des difficultés à obtenir des crédits, à tel point que des projets d’investissement pourtant compatibles avec leurs moyens risquent de ne plus pouvoir se réaliser.

On sait les conséquences sur le tissu économique et en particulier sur le secteur du bâtiment d’un tel resserrement du crédit.

Dans ces conditions, j’ai demandé à la Caisse des Dépôts de débloquer 3 milliards d’euros de prêts pour assurer la continuité du financement des collectivités locales jusqu’à la fin de l’année.

Et suite aux difficultés de la banque DEXIA, nous avons décidé de créer un pôle public de financement des collectivités locales autour de la Banque Postale et de la Caisse des dépôts pour que, au-delà des mesures immédiates que je viens d’indiquer, le financement des collectivités locales soit bien assuré dans la durée.

Je sais que vous vous inquiétez pour vos entreprises de ces tensions financières. Pour l’instant, les données statistiques dont nous disposons montrent que la courbe de crédits accordés aux PME reste positive.

Mais je sais que derrière la globalité statistique, il y a des situations de blocage. Et c'est la raison pour laquelle j’ai décidé de prolonger la mission du médiateur du crédit.

Nous restons extrêmement vigilants et attentifs aux signaux que nous recevons du terrain sur ce sujet. Frédéric LEFEBVRE a reçu le mois dernier les représentants des banques, en votre présence, Monsieur le Président, pour leur rappeler l’importance que nous attachons au financement des PME ainsi qu’au respect de l’engagement qu’ils ont pris de traiter les dossiers en moins de 15 jours.



Pour le financement des entreprises artisanales et du commerce de proximité, la phase la plus critique, on le sait bien, c’est la création ou c'est la reprise.

Plusieurs outils sont à la disposition des entrepreneurs, comme le prêt à la création d’entreprises d’OSEO, les sociétés de cautions mutuelles, ou la SIAGI, qui a garanti l’an dernier 744 millions d’euros de prêts, et dont les fonds propres sont en train d’être renforcés pour qu’elle puisse augmenter sa capacité d’intervention.

Au total, ce sont des dizaines de milliers d’entreprises qui bénéficient chaque année de ces dispositifs, et je veux vous dire que je suis à l’écoute des propositions que vous pourrez faire pour améliorer encore ces dispositifs, là aussi je crois qu’il n’est pas nécessaire d’imaginer des solutions révolutionnaires pour financer le développement des PME, les outils existent, on les a mis en place, il suffit de les améliorer, de les adapter en permanence à la réalité du terrain.

Nous devons, par ailleurs, relever ensemble le défi de la transmission des entreprises.

Nous avons pris en 2008 des mesures fiscales spécifiques.

Je sais que l’ensemble des acteurs concernés, c'est-à-dire les réseaux consulaires qui se sont réformés et modernisés, l’agence pour la création d’entreprises, OSEO, les experts-comptables, les notaires, sont mobilisés aux côtés des services de l’Etat pour accompagner et pour anticiper ces transmissions. Et d’une manière plus générale, je veux vous dire que j’ai demandé aux membres de mon gouvernement que les spécificités des PME et des TPE soient désormais systématiquement prises en compte lorsqu’on élabore nouvelles réglementations.

Dans cet esprit, nous sommes déterminés à réduire les effets de seuil qui freinent la croissance des entreprises. En 2008, nous avons mis en place une disposition permettant de geler puis de lisser sur une période de six ans les conséquences financières du franchissement des seuils de 10 et 20 salariés.

Cette disposition devait expirer à la fin de l’année.

Je vous annonce que nous allons la reconduire.

D’autres mesures sont en préparation. L’Assemblée nationale a voté la semaine dernière une proposition de loi qui vous intéresse directement. Nous allons réduire les délais administratifs qui encadrent les cessions de fonds de commerce ; nous allons porter le seuil de dispense de formalités dans le cadre des marchés publics à 15 000 euros, contre 4 000 euros aujourd’hui. Ce sera une simplification importante pour les acheteurs publics et pour les entreprises. Elle facilitera le recours à des prestataires de proximité, qui sont parfois écartés par la lourdeur des procédures de consultation.

Pour que cette mesure puisse entrer en vigueur le plus rapidement possible, je vous annonce que nous allons, sans attendre la publication de cette proposition de loi, mettre en oeuvre cette mesure par un décret que je signerai dès le mois prochain.



L’offre d’un meilleur service aux entreprises passe aussi par l’amélioration de vos relations avec les organismes de Sécurité sociale.

La création du régime social des indépendants et la mise en place de l’interlocuteur social unique ont constitué un changement majeur pour les travailleurs indépendants, avec un objectif simple qui était de simplifier la gestion de leur protection sociale en la confiant à un interlocuteur unique.

J’ai entendu vos témoignages sur ce sujet : des difficultés importantes sont apparues dans la mise en place de cette réforme, trop de dysfonctionnements subsistent encore. Xavier BERTRAND et Frédéric LEFEBVRE ont lancé le mois dernier un plan d’action volontariste destiné à améliorer rapidement les relations des travailleurs indépendants avec le RSI.

Ce plan fixe des objectifs très précis en matière de réponse directe aux usagers et en matière de prise en compte plus rapide et plus fiable des changements de situation.

Il prévoit également qu’en matière de recouvrement, la priorité sera donnée aux relances amiables. Pour cela, des moyens supplémentaires ont été accordés et un nouveau directeur général a été nommé. Je veux que vous sachiez que nous suivrons la situation dans ce domaine avec la plus grande attention.

 

L’autre sujet sur lequel vous nous avez interpellez : c’est le régime de l’auto-entrepreneur.

Plusieurs ajustements ont été apportés en réponse à vos inquiétudes que vous avez formulées. Depuis l’année dernière, tous les artisans et les auto-entrepreneurs souhaitant créer leur activité doivent au préalable attester de leur qualification. Et depuis cette année, les auto-entrepreneurs cotisent comme les autres pour financer leur formation professionnelle. De nouvelles mesures sont en préparation pour dissuader encore davantage le salariat déguisé qui n’était pas l’objectif de l’auto-entrepreneur et pour faire en sorte que les auto-entrepreneurs procèdent bien à la déclaration régulière de leur chiffre d’affaire.

Ce que nous devons faire, Monsieur le Président, c’est tirer les leçons du succès du régime de l’auto-entrepreneur en étendant une partie de sa souplesse à tous les travailleurs indépendants.

Aujourd’hui, il existe un décalage de deux ans entre l’année de perception des revenus et celui du paiement des cotisations sociales correspondantes. En cas de diminution du chiffre d’affaire, c’est une disposition qui pénalise les chefs d’entreprise concernés, eh bien nous avons inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale afin de mieux répondre à ce type de situations.

 

 

 

 

Monsieur le président LARDIN,

Pendant des années, vous vous êtes battus pour que les entrepreneurs individuels puissent se lancer dans l’aventure sans risquer de tout perdre en cas de difficultés professionnelles.

Pendant des années, trop d’entrepreneurs ont été jetés dans le désarroi, perdant leur logement, leur voiture, simplement parce que leur seul tort était d’avoir voulu créer, prendre des risques, créer de l’activité, créer des emplois.

Avec la création de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée, vous avez désormais à votre disposition un statut protecteur que vous appeliez de vos vœux.

Ouvert à tous les créateurs d’entreprises mais aussi aux entrepreneurs individuels qui exercent déjà leur activité, ce nouveau statut offre la possibilité d’opter pour un régime fiscal analogue à celui des sociétés.

C’est maintenant à vous de vous en emparer et d’en faire un succès.

Dans un contexte de forte hausse des prix de l’immobilier au cours des dernières années, la question de l’évolution des loyers commerciaux est aussi, je le sais, un enjeu important pour vous.

La création de l’indice des loyers commerciaux, qui lisse les variations de l’indice du coût de la construction, a d’ores et déjà eu un impact positif. Je souhaite que son utilisation, qui est largement majoritaire dans les centres commerciaux, soit plus fréquente en centre-ville. Le loyer, c’est souvent l’un des principaux postes de charges d’un commerce, mais c’est aussi l’assiette sur laquelle repose un certain nombre de prélèvements fiscaux.



Et je sais que vous êtes inquiets du chantier engagé par le Gouvernement sur la réforme des valeurs locatives.

Je veux en dire un mot. Tout le monde s’accorde sur le fait et ce n’est pas récent, que les valeurs locatives cadastrales, qui ont été établies en 1970, sont aujourd'hui totalement obsolètes. Cela crée des situations d’injustice, et c’est pour cela que nous avons décidé de les réformer de manière progressive, avec la perspective d’une prise en compte des nouvelles valeurs à compter de 2014 pour le calcul de la taxe foncière et de la cotisation foncière des entreprises.

2014, ça nous laisse le temps ensemble d’ajuster les choses, d’autant que nous avons mis en place une expérimentation dans 5 départements, et le Gouvernement remettra prochainement un rapport au Parlement sur ce sujet. La réforme s’opérera à produit constant pour les entreprises, un dispositif de lissage des pertes et des gains sera prévu, un taux unique de taxe foncière pour les entreprises et les ménages sera maintenu, et les entreprises seront associées à la révision des bases via leur participation aux commissions locales des impôts directs.

 

Parmi les frais que supportent les commerçants, il y a aussi les commissions qui sont prélevées sur les paiements par carte bancaire, qui représentent plus de 336 milliards d’euros par an.

Pour les petits montants, il faut reconnaître que les frais sont souvent dissuasifs.

Les acteurs du commerce nous ont fait part de cette préoccupation, et nous les avons entendus. Nous avons obtenu des banques une série d’engagements concrets, dont une baisse du niveau des commissions pour les commerçants qui enregistrent un faible volume de transactions, et une baisse du niveau des commissions pour les paiements de petit montant, de l’ordre de - 45 % pour un paiement de 15 euros.

Pour les commerçants, ce changement représente plusieurs centaines de millions d’euros de frais en moins à payer chaque année.



Permettez-moi enfin d’évoquer avec vous un problème qui reste majeur et sur lequel, Monsieur le Président, vous m’avez à juste titre interpellé, c’est celui de l’inadéquation entre la formation et l’emploi, ou pour le dire autrement, du décalage qui existe entre la qualification de notre population active et les besoins du marché du travail. Les employeurs sont nombreux qui rencontrent des difficultés à recruter alors même que le chômage peut être élevé dans les bassins d’emplois.



Face à cela, nous nous sommes mobilisés de trois manières.

D’abord, nous avons mobilisé le service public de l’emploi pour qu’il réponde au plus près des besoins du terrain, et en particulier aux besoins des petites entreprises, en renforçant les possibilités de formation pour les demandeurs d’emploi afin d’accélérer et de sécuriser leur retour à l’emploi.

Vous le savez, nous préparons la future convention tripartite entre l’Etat, l’UNEDIC et Pôle Emploi. Je souhaite que toutes ces questions puissent y être traitées dans le cadre de cette future convention. Une réforme en profondeur de notre système d’orientation est engagée.

C’est tout le sens de la création du service public de l’orientation prévu par la loi du 24 novembre 2009. Chacun aura droit à être informé, à être conseillé, à être accompagné en matière d’orientation professionnelle. Ce service public de l’orientation tout au long de la vie est en cours de déploiement  sous l’égide de Jean-Robert PITTE.

Les premiers «lieux uniques» qui garantissent une information et un conseil personnalisé, seront labellisés dans les prochaines semaines.



Enfin, il nous faut amplifier notre politique pour l’emploi des jeunes.

Certains proposent de recréer des « emplois-jeunes » dans le secteur non marchand.

Je pense qu’il est inutile que je vous dise ce que j’en pense. Le gouvernement a fait un autre choix. Nous donnons la priorité au développement de l’alternance qui assure à l’issue de la formation une insertion dans l’emploi à près de 80 % des cas.

Actuellement, nous acons à peu près 600 000 jeunes en alternance. Nous nous sommes fixés un objectif de 800 000. Et pour atteindre cet objectif, nous voulons d’abord inciter les entreprises à se lancer dans l’apprentissage.

C’est le sens de l’aide équivalent à une exonération totale de charges sur 12 mois que nous avons instaurée pour toute embauche d’un jeune supplémentaire en alternance dans les entreprises de moins de 250 salariés.



Nous voulons ensuite moderniser et développer les capacités de formation et d’hébergement. L’Etat consacre 1,75 milliards d’euros au développement de l’appareil de formation à travers la nouvelle génération de contrats d’objectifs et de moyens que nous sommes en train de négocier avec les régions.

Avec les programme d’investissement d’avenir, nous avons aussi décidé, ce qui montre bien que nous considérons que l’alternance, c’est une orientation d’avenir au même titre que l’innovation, la recherche, les technologies de pointe, nous avons décidé de réserver 500 M€ pour créer des solutions d’hébergement et pour créer des places en CFA.

Je vous annonce que trois nouveaux projets viennent d’être retenus pour près de 1.400 places supplémentaires en CFA : le projet de campus industriel à Saint Etienne, le projet de pôle des métiers industriels en Languedoc-Roussillon, et l’institut de formation par alternance du bâtiment de Versailles.

J’attends désormais que tous les acteurs de l’apprentissage se saisissent de ces nouveaux outils afin que l’alternance occupe enfin toute la place qui devrait déjà être la sienne depuis longtemps.



 

Mesdames et Messieurs,

Depuis 2007, nous avons posé les fondements d’une politique de l’emploi que nous souhaitons plus personnalisée, plus souple, plus efficace.

La fusion ANPE/ASSEDIC, la modernisation du marché du travail, via notamment les ruptures conventionnelles, la réforme de la durée du travail pour que les 35 heures ne soient plus un carcan, tout ceci me parait répondre aux besoins d’un pays qui n’a jamais connu le plein emploi depuis plus de trente ans.

Mais nous le voyons bien ce n’est qu’une première étape, une première étape pour aller plus loin, et pour faire mieux. Les partenaires sociaux ont inscrit à l’ordre du jour de leur agenda social pour cette année 2011 leur volonté de continuer à avancer sur la question de l’emploi et de la sécurisation des parcours professionnels.

Je veux vous dire que le Gouvernement sera pleinement à leurs côtés dans cette démarche.

Nous ne pouvons moderniser notre pays si nous n’inscrivons pas dans la durée des réformes qui ne peuvent être conduites que dans le cadre d’un dialogue social constructif. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité rénover ce dialogue en donnant plus de place à la négociation collective et en refondant la représentativité avec la loi du 20 août 2008. Je veux vous dire que cette loi constitue à mon sens l’une des réformes les plus structurantes du quinquennat.



Alors évidemment ce n’est pas des réformes dont nos concitoyens voient les résultats dans l’immédiat, ce sont des réformes qui sont en train de changer les pratiques en matière de dialogue social, qui sont en train de changer la culture des partenaires sociaux.

Et je veux souligner ici toute la place qu’a tenue l’UPA dans la mise en œuvre de ces réformes.



Il y a 4 ans, lorsque que j’étais venu à votre congrès, nous avions parlé longuement de la démocratie sociale et à l’époque, j’avais pris devant vous deux engagements.

D’abord, lever définitivement les obstacles s’opposant à la clarification du financement de la démocratie sociale que vous avez mise en place. C’est chose faite depuis la loi de 2008.

Ensuite, favoriser le dialogue social dans les plus petites entreprises. Malgré toutes les difficultés et malgré toutes les oppositions et tous les conservatismes, nous avons fait voter la loi du 15 octobre 2010 sur le dialogue social dans les très petites entreprises, permettant ainsi la mise en place par accord de commissions paritaires territoriales.

Les engagements que j’avais pris ont donc été tenus. Et je vais vous dire que je resterai extrêmement vigilant pour garantir et pour accompagner la poursuite de la réforme de notre démocratie sociale.

 

Bientôt, Mesdames et Messieurs, s’engagera avec les élections présidentielles, un grand débat avec les Français et entre les Français.

Qu’elles que soient leurs sensibilités politiques, qu’elles que soient les vôtres, je voudrais convaincre notre pays, que ses artisans, ses petites et moyennes entreprises, ses entrepreneurs sont au centre de tous les challenges les plus décisifs que nous devons réussir.

Je voudrais les convaincre que ces femmes et ces hommes qui créent leur métier et qui gèrent leurs entreprises ne sont pas des privilégiés. Ce sont des passionnés, ce sont des hommes et des femmes qui ne comptent pas leurs heures, qui rêvent d’étendre leur activité, qui rêvent de faire partager leur ferveur professionnelle, et qui rêvent d’embaucher, et de transmettre leurs savoirs.

Eh bien au moment où toutes les formations politiques travaillent sur leur programme, il faut dire avec la plus grande force que la prospérité de notre pays est très largement entre les mains de ces artisans et de ces entrepreneurs.

Et ceux qui pensent que c’est en sur-réglementant notre économie et en surtaxant les entreprises que nous sortirons de l’épreuve, sont sur une fausse route. Il ne faut pas se tromper de combat. Il faut choisir l’esprit de conquête plutôt que le souci des positions acquises. Il faut choisir l’innovation, le travail, la qualité, la beauté du savoir faire. Il faut choisir le rayonnement plutôt que le repli sur soi. Il faut choisir l’expansion des talents et le compagnonnage plutôt que l’assistanat.



Voilà, Mesdames et Messieurs, ce qui mérite d’être au cœur de tous les débats qui entourent notre avenir.

Je veux vous dire que j’ai toujours attaché la plus grande importance au dialogue avec l’UPA et le Président LARDIN peut en témoigner, parce que je sais à travers mon expérience personnelle et longue d’élu local, à travers l’expérience de ces presque cinq ans passés à Matignon, combien le rôle des artisans est fondamental dans la croissance et dans le dynamisme de notre économie.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:12

Déclaration de François Fillon devant l'Assemblée Nationale à l'annonce de la mort de Marie DEDIEU, le mardi 18 octobre 2011.  

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,



Avant que Eric BESSON ne réponde à la question de Monsieur LONCLE, je voudrais dire à la représentation nationale que nous avons effectivement appris il y a quelques heures la mort de Marie DEDIEU qui était retenue en otage en Somalie. Nous avions établi depuis plusieurs semaines à travers un certain nombre d’intermédiaires, des contacts en vue de sa libération et ce sont ces contacts qui nous ont annoncé son décès, sans que nous puissions aujourd’hui en préciser ni les dates ni les circonstances. Je veux rappeler que Madame DEDIEU avait 66 ans, qu’elle était atteinte d’un cancer et qu’elle était tétraplégique. C’est dire l’humanité de ceux qui l’ont kidnappée et qui ont refusé alors que nous avions fait parvenir par quatre canaux différents les médicaments qui auraient peut-être pu la sauver. Je veux au nom du gouvernement français exprimer ma profonde émotion et ma solidarité, à sa famille, à ses proches. Je veux dire aussi l’indignation qui est la nôtre devant cet acte de cruauté, devant cet acte de barbarie qui devra faire l’objet des sanctions les plus exemplaires. Je veux enfin dire que nous continuons à nous mobiliser pour obtenir la libération de nos compatriotes qui sont retenus en otages ; que ce soit au Sahel, en Somalie ou au Yémen. Je mesure à l’occasion du drame qui vient de frapper la famille de Madame DEDIEU l’angoisse des autres familles et je sais que la représentation nationale toute entière est à leurs côtés et aux côtés du Gouvernement dans cette épreuve.



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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 08:47

François Fillon s'exprime devant l'association "le Chêne" le mardi 18 octobre 2011.

 

Mesdames et Messieurs,

Chère Michèle,

 

L’année dernière j’étais parmi vous, et, ce soir, je le suis encore, je le suis par amitié, je le suis parce que je m’y suis engagé.

Il y a 12 ans, le Rassemblement pour la République avait organisé une élection interne pour désigner son président. C’était plus modeste que les primaires du parti socialiste et c’était un peu moins médiatisé. Mais enfin cela y ressemblait.

Michèle et moi étions en concurrence, et c’est elle qui gagna la partie. Depuis, nous avons cheminé ensemble, et nous nous sommes toujours retrouvés sur l’essentiel.

Michèle a du cran et elle a des convictions. Son rôle sera important dans les mois qui viennent, et le vôtre aussi.

Car l’élection présidentielle, ce n’est pas seulement, selon la formule consacrée, la rencontre d’un homme et d’un pays, c’est aussi la rencontre d’une volonté populaire pour gagner, pour agir, pour servir. Aucun d’entre-vous ne doit se sentir inutile et personne ne doit abdiquer ses valeurs dans cette élection.

 

Votre association revendique une filiation gaulliste, moi aussi.

Alors, c’est vrai les temps ont changé, les cartes de la géopolitique ont été totalement rebattues, mais je pense profondément que les ressorts du gaullisme restent d’actualité.

 

Pour moi, le gaullisme n’est pas un programme, c’est avant tout une énergie vitale. Une énergie vitale destinée à donner à la France et à chacun d’entre-nous la force de se dépasser pour ne pas décliner.

C’est une façon d’agir. Une façon d’agir pour l’intérêt général, en cherchant à dépassé les humeurs du jour et l’instantané des sondages. C’est enfin une façon de rester maître de l’intérêt national. Et cette façon de rester mettre de l’intérêt national, elle se conjugue, aujourd’hui, avec l’intérêt européen et avec les nécessités de l’équilibre mondial.

 

Ceux qui se revendiquent de Charles De Gaulle pour légitimer leur rejet de la mondialisation et de l’euro, pour nourrir leur nationalisme, sont hors sujet.

Dans la vision politique du Général, tout est en lien avec les mouvements de l’Histoire et tout est en résonance avec l’extérieur; rien ne s’arrête de façon étroite et frileuse aux limites de l’Hexagone.

Cette vision globale se manifeste avec éclat dans l’Appel du 18 Juin.

Les dirigeants qui avaient choisi l’Armistice avaient failli parce qu’ils s’étaient révélés incapables de penser la France par delà ses frontières; et parce qu’ils s’étaient fourvoyés en imaginant que le ressourcement moral pouvait s’enraciner dans le repli national.

Aujourd’hui, toute proportion gardée, de l’extrême droite à l’extrême gauche, du slogan illusoire de la démondialisation au projet insensé du rétablissement du franc, ce syndrome de la Ligne Maginot est en train de re-contaminer les esprits.

Il faut s’y opposer de toutes nos forces, pas par conformisme, pas par résignation, mais au nom d’un patriotisme éclairé qui affronte les réalités internationales.

 

 

Souvenons-nous… Guerre mondiale, indépendance nucléaire, réconciliation européenne, chute des empires, décolonisation, ré-industrialisation : De Gaulle est, en réalité, le premier Président à comprendre que notre souveraineté nationale dépend de notre capacité d’adaptation à ce que l’on n’appelait pas encore la mondialisation mais qui l’était en réalité.

 

Depuis les années 60, ce processus, qui rend le monde toujours plus interdépendant, et qui n’est pas nouveau, s’est accéléré.

L’époque où François Mitterrand pouvait tranquillement en appeler à «laisser du temps au temps», est une époque révolue. En ce début de XXIème siècle, nous voyons bien que tout retard se solde par une perte de compétitivité, une perte d’efficacité, et donc par une perte de rang de notre pays dans le monde.

Et l’époque où la France pouvait se permettre des erreurs aussi lourdes que la retraite à 60 ans, à contre courant de l’Histoire, les nationalisations ou les 35 heures, est une époque révolue. Hier, nous avions l’habitude de condamner ces décisions en disant qu’elles handicapaient notre pays. Mais aujourd’hui ce ne serait pas des décisions qui handicaperaient notre pays, ce serait des décisions qui ruineraient.

 

Mesdames et Messieurs,

Tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura précisément été marqué par le sceau de cette mondialisation, par le choc de cette mondialisation

 

Il y a, d’abord, le basculement planétaire de la puissance vers l’Asie s’est confirmé.

Depuis 2010, ce n’est plus l’Occident, mais bien l’Asie, qui est devenue le plus grand producteur industriel mondial.

Quelle sera, dans vingt ans, la place de l’Europe et de la France dans un monde dont le centre de gravité aura complètement changé ? Voilà la question centrale de la prochaine élection présidentielle.

 

 

Et puis, il y a eu l’effondrement financier de 2008, suivi par la crise des dettes des Etats.

Cette crise financière prend parfois des allures irrationnelles. Mais elle a une raison objective que nous n’avons pas le droit d’ignorer que nous n’avons pas le droit de sous estimer : c’est que pendant des décennies, l’Europe a préféré, dans cette compétition internationale, où elle voyait chaque jour une partie de ses parts de marché perdue, l’Europe a préféré vivre au dessus de ses moyens en s’endettant plutôt que de se remettre en cause.

Ce cycle où la facilité budgétaire se confondait avec une croissance internationale porteuse, c’est terminé.

 

Dans un monde où la Chine, l’Inde, le Brésil, pour ne prendre que ces exemples, sont assoiffés de progrès, à juste titre, sont assoiffés de partager les richesses mondiales, sont assoiffés de compétition, dans un monde où les investisseurs ont perdu leurs boussoles, et dans un monde où l’endettement ne peut plus payer la facture de la prospérité, les Européens, et parmi les européens, les 65 millions de Français, n’ont pas le droit à l’erreur, pas le droit à la facilité, pas le droit de s’illusionner sur les conditions exigeantes du progrès.

 

C’est la raison pour laquelle comme beaucoup d’entre vous j’ai bondi en entendant François Hollande dire qu’il voulait « ré-enchanter le rêve français ».

 

Mais malheureusement, nous ne vivons pas dans un conte de fées.

 

Je ne crois pas que notre pays puisse sortir de cette crise, puisse protéger son mode de vie, puisse assurer l’essentiel de son modèle social, avec des formules poétiques.

 

Je veux dire combien je me méfie de ces formules qui flattent mais qui en réalité leurrent.

Je crois qu’il est préférable de dire la vérité aux Français que de les bercer d’illusions qui se transforment ensuite en lourdes déceptions.

 

Ce qui est en jeu avec cette crise des dettes, sur laquelle j’avais très tôt attiré l’attention, c’est d’abord notre indépendance nationale. La question n’est pas de condamner les agences de notation qui viendraient porter un jugement sur notre gestion, la question c’est de savoir si on est dépendant de l’extérieur pour mener la politique nationale que nous voulons mener. Et quand on rembourse 48 milliards d’euros chaque année, dont une grande partie à l’extérieur de notre pays, c’est vrai que nous perdons une partie de notre indépendance.

 

Toute défaillance politique, tout laxisme, toute promesse dispendieuse, dans cette situation, peuvent conduit un pays à être rattrapé par les réalités financières ; et ces réalités, vous avez pu constater autour vous en regardant ce qui se passe dans plusieurs pays européens, elles s’imposent très durement aux Etats et aux peuples qui n’ont pas fait les efforts d’adaptation nécessaires et qui n’ont plus d’autre choix que de se plier à des exigences extérieures.

 

La France, malgré le niveau de ses déficits et malgré son endettement, reste l’une des dix nations développées à bénéficier auprès des investisseurs d’une forte crédibilité.

C’est un acquis extrêmement précieux, c’est un acquis qu’il ne faut en aucun cas fragiliser, et, comme on le voit chaque jour, c’est un acquis qu’il ne faut pas croire intangible !

 

 

Cette crédibilité, elle ne s’est pas bâtie en un jour. Elle n’est pas non plus le résultat d’un miracle.

 

Elle récompense les efforts que nous avons accompli au cours de ces quatre dernières années, notamment, avec Nicolas Sarkozy, pour réformer les retraites - si nous n’avions pas engagé cette réforme des retraites, il y a longtemps que nous aurions perdu notre crédibilité financière - réformer les universités, assoupli les 35 heures, instauré le service minimum dans les transports collectifs, modernisé l’Etat, rationalisé, Michèle, sa carte militaire, puis sa carte judiciaire, sa carte sanitaire, gelé les dépenses publiques et les dotations aux collectivités locales, réduit de 150.000 le nombre de fonctionnaires de l’Etat, resserré les niches fiscales…

 

 

 

Cet acquis, protège notre souveraineté, mais il faut le consolider. C’est ce que nous sommes en train de faire avec le PLF, qui est débattu au Parlement depuis ce matin

 

Nous allons réduire encore de 15% notre déficit budgétaire l’année prochaine. Et en matière sociale, le déficit sera réduit de moitié en 2012 par rapport à 2010. Nous avons choisi, avec le président de la République, une trajectoire qui nous ramène à l’équilibre budgétaire progressivement sans asphyxier les moteurs de la croissance, déjà fragilisés par la crise économique mondiale. Et à ceux qui trouve que l’effort n’est pas suffisant, je veux simplement faire remarquer que si on prend des comparaisons acceptables par tout le monde, l’Allemagne va faire un effort de 20 milliards d’euros cette année, nous allons faire un effort de 45 milliards d’euro, la Grande-Bretagne va faire un effort de 80 milliards d’euros, et c’est normal puisque l’Allemagne ayant entamé des réformes plus tôt, elle est en meilleure position et la Grande-Bretagne en plus mauvaise position que nous. Mais 45 Milliards d’euros d’efforts de la maîtrise de la dépense publique, c’est unique depuis le début de la Vème République.

 

Pour la 1ère fois depuis 1945, les dépenses de l’Etat et les dépenses de personnel vont baisser en 2012. Nous allons demander à chacun de faire preuve de solidarité puisque parmi les efforts complémentaires que j’ai demandé 200 millions d’euros d’économies relèveront des collectivités locales, et 400 millions d’euros sur les hauts revenus qui seront soumis à une taxe exceptionnelle, et enfin 10% de réduction sur certaines niches fiscales viendront assurer le reste de l’équilibre.

 

Je mesure bien toutes les difficultés à conduire cette politique.

Je mesure parfaitement les crispations et les critiques que cette discipline budgétaire peut susciter. Mais je l’assume. Je l’assume en rappelant que dans les Etats qui n’ont pas fait ces choix suffisamment tôt, les sacrifices qui sont demandés aujourd’hui, sont des sacrifices beaucoup plus douloureux que ce que nous sommes en train de consentir puisque dans ces Etats ce sont les salaires qui baissent, ce sont les retraites qui sont remises en cause, ce sont les avantages sociaux qui sont les uns après les autres supprimés.

 

Cette discipline, c’est aussi une question morale. Une question morale vis-à-vis de nos enfants qui n’ont aucune raison de payer la facture de notre imprévoyance, notamment en matière de dépense de santé, en matière de dépense sociale car je ne connais pas de solidarité qui puisse s’exercer avec les caisses vides. Et enfin c’est une question économique parce qu’on ne peut pas relancer la croissance avec des déficits abyssaux.

 

Et contrairement à une idée reçue, on peut plus facilement stimuler la croissance en réduisant les déficits à condition de choisir les dépenses d’investissement quand la stimulant simplement par un endettement supplémentaire.

 

Avec cette crise, c’est aussi l’avenir de l’euro et de l’Europe qui est en jeu.

J’ai eu l’occasion de dire, il y a quelques jours que nous étions assis sur un volcan qui peut dynamiter le continent européen : sa prospérité, son contrat démocratique, son unité monétaire, sa solidarité politique. Ce n’est pas seulement une question technique, ce n’est pas seulement une question financière. Si demain la solidarité dans la zone euro explose alors c’est l’ensemble du processus de construction européenne qui est remis en cause avec les conséquences que je viens d’évoquer sur le plan démocratique, sur le plan politique et sur le plan de la prospérité du continent européen.

 

 

Les partisans d’un lâchage de la Grèce, les promoteurs d’une Europe divisée entre nations riches et nations pauvres, les adversaires de l’euro, les nostalgiques du protectionnisme, toute cette cohorte est à l’œuvre, et dans la confusion actuelle, leurs arguments peuvent créer des brèches et déstabiliser des politiques.

 

Pour tout dire, je pense que l’Europe n’a jamais été dans une situation où son unité n’a jamais été aussi menacée.

Notre responsabilité devant l'Histoire, c'est d'apporter des réponses à ceux qui croient que l’Europe est dépassée et impuissante.

Nous devons le faire en rappelant avec force que depuis 2008, l’Europe nous a protégés. Elle nous a protégé du krach financier, elle nous a évité une récession sans fin, elle a sauvé l’épargne de nos concitoyens, elle a créé dans l’urgence, souvent sous l’impulsion de la France et de son Président, des instruments de coordination et d’action financiers, et enfin elle a posé les bases d’un gouvernement économique européen.

 

Je veux dire que dans ces circonstances extrêmement périlleuses le président de la République s’est montré à la hauteur de la situation.

 

 

L’expérience de Nicolas Sarkozy, sa volonté de placer notre action au niveau européen, en donnant au tandem franco-allemand toute la force qu’exige la situation, sont, aujourd’hui, des atouts pour la France.

 

Grâce à cette impulsion franco-allemande, nous avons réussi à mobiliser et à créer dans l'urgence des moyens pour répliquer à la crise.

Il faut maintenant les compléter pour structurer une réponse globale qui satisfasse enfin les inquiétudes des marchés.

 

C’est ce que nous allons faire au Conseil européen et au Sommet de la zone euro du 23 octobre, avec un plan de recapitalisation pour les banques européennes qui en ont besoin, avec une stratégie crédible de court et moyen terme concernant la Grèce, et surtout avec une montée en puissance du Fonds européen de stabilité financière après la ratification des 17 parlements de la zone euro, avec une amélioration indispensable de la gouvernance de la zone euro - et ceci rappellera des souvenirs à ceux qui étaient hostiles à l’entrée dans la monnaie unique non pas pour des raisons liées l’abandon de la souveraineté mais pour des raisons liées à la mécanique qui avaient été imaginées. La monnaie d’abord et les institutions ensuite.

 

Un certain nombre d’entre nous avions dit à l’époque que cela risquait de ne pas marcher, car s’il n’y a pas les institutions politiques qui assurent la coordination politique de la zone euro alors à un moment ou un autre les divergences de la zone euro finiraient par la fragiliser.

Nous y sommes. Enfin la nécessité pour tous les Etats membres de tirer les leçons institutionnelles de cette crise. Et là encore, il va falloir faire preuve d’imagination et ne pas chercher à reproduire simplement des vieux schémas. Souvent ceux qui se réclament du gaullisme, de telle ou telle famille politique, pensent que c’est simplement en reconduisant les mêmes actes que l’on est fidèle à l’héritage. Non, on est fidèle à l’héritage quand on imagine des solutions pour des situations nouvelles qui correspondent au principe et aux valeurs que l’on défend.

 

Aujourd’hui, nous militons pour une Europe plus politique, pour une Europe plus efficace sur le plan économique, pour une Europe plus harmonisée sur le plan fiscal, pour une Europe plus combative sur le plan international et commercial.

Nous militons pour une Europe où la zone euro aura un rôle particulier à jouer. Il faut le reconnaître Et nous militons surtout pour une puissance européenne, c'est-à-dire pas pour une Europe à 27 vitesses et surtout à 27 freins.

 

Face à cette crise, je n’hésite pas à dire que le programme du parti socialiste est porteur de gros risques pour notre économie et pour notre modèle social.

 

Toute mesure laxiste - et elles sont nombreuses dans ce programme ! - entraînerait une réponse cinglante des marchés, suivie d’une fuite des investisseurs, puis d’une hausse des taux d’intérêts, puis d’un manque de capitaux pour nos entreprises, le tout entraînant une rupture de croissance et une augmentation forte du chômage.

 

Je crois que les socialistes n’ont pas pris encore la mesure des secousses économiques et financières que nous cherchons à juguler, et qui peuvent s’intensifier si notre pays développe une mauvaise stratégie.

 

Tout le problème du socialisme français, c’est qu’il a été conçu et reste conçu pour distribuer les richesses de la croissance, d’un Occident qui a bâti pendant longtemps sa croissance sur un certain nombre de déséquilibre mondiaux qui étaient en notre faveur mais qui aujourd’hui ont disparu ou en tout cas ont été profondément modifiés. Tout l’Occident est entré dans une période où ni la croissance, ni les richesses ne lui sont assurées.

 

Je trouve qu’en pleine crise financière, au moment même où on s’interroge sur la crédibilité de notre pays, il est totalement irresponsable de réclamer le retour à la retraite à 60 ans, il est irresponsable d’imaginer de créer 300.000 emplois précaires dans des structures publiques, il est irresponsable d’annoncer le recrutement de plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires.

J’ai envie de dire même si la période n’est pas la même, et si les dangers sont plus graves aujourd’hui : souvenez-vous de 1981 !

Deux années de grandes illusions, deux années de très lourdes erreurs économiques et sociales brisées par les réalités, puis couronnées par des années d’austérité, de reniements et d’engourdissement de notre pays

 

Le parti socialiste prétend être conscient de l’état des déficits mais dans son programme la colonne des dépenses est beaucoup plus longue que la colonne des économies.

 

Ca n’est pas simplement en prétendant supprimer des niches fiscales et en pourchassant toutes les fortunes de France que la lutte contre les déficits sera gagnée !

Bien sûr, on peut toujours faire mieux en matière de justice fiscale, il y a toujours des réformes à faire dans ce domaine. Nous en avons conduit et il faudra en conduire d’autres.

 

Mais quand on est l’un des deux pays au monde qui a le niveau de fiscalité le plus élevé, un des 2 ou 3 pays en Europe qui a le niveau de fiscalité le plus élevé, et que l’on est l’un des 2 ou 3 pays en Europe qui a le niveau dépenses publiques le plus élevé, ce n’est ni dans l’augmentation de la dépense, c’est ni dans l’augmentation de la fiscalité qu’il faut chercher la solution. C’est dans la baisse de la dépense publique.

 

Quant à la «grande réforme fiscale » que nous promet François Hollande, avec la fusion de l’impôt sur le revenu et la CSG, j’imagine que vous allez en parler puisque vous allez parler des classes moyennes, je vous le dis solennellement ce sera un choc contre les classes moyennes.

 

 

En vérité, pour rétablir nos comptes publics, c’est toute la Nation qui doit faire des efforts, et notamment la sphère publique, tout simplement parce qu’elle est la principale dépensière.

 

C’est du côté des dépenses publiques, qui représentent 56% de la richesse nationale, qu’il faut chercher les économies. Mais ça, le parti socialiste ne veut pas en entendre parler !

 

D’un côté, il faut réduire nos déficits, et de l’autre, je ne l’oublie pas il faut aller chercher la croissance en misant sur nos chercheurs, nos industriels, nos entrepreneurs, nos travailleurs.

La productivité et l’investissement sont les clés de la reprise économique.

Nous avons un socle pour cela.

 

Comme aucun gouvernement par le passé, nous avons investi sur la recherche, sur l’université, sur l’innovation.

En consacrant 35 milliards d’euros aux investissements d’avenir, nous cherchons à prendre de l’avance sur les technologies de demain.

Avec la réforme de la taxe professionnelle, près de 5 milliards d’euros ont été remis entre les mains des entrepreneurs qui investissent pour réaliser de nouveaux produits, pour aller conquérir de nouveaux marchés.

Nous avons puissamment encouragé l’innovation en triplant le crédit impôt recherche.

Dans nos entreprises, près de 9 millions de salariés ont bénéficié des heures supplémentaires défiscalisées.

Pour l’emploi et pour les jeunes, nous voulons généraliser l’alternance avec l’exonération des charges patronales pendant un an pour l'embauche d'un jeune.

 

Toute notre stratégie a été et continue d’être tendue vers le travail, la production, la compétitivité. Je ne connais pas d’autre moyen pour aller chercher la croissance et pour garantir notre socle social.

Ou plutôt si, je connais un autre moteur puissant pour nous redresser : le civisme des citoyens eux-mêmes.

Rien de grand n’est possible sans eux, sans leur sens des responsabilités, sans leur dévouement, sans leur volonté de donner à leur pays autant qu’ils reçoivent de lui.

Si chacun poursuit ses efforts, si chacun mesure combien la chance d’être Français est un privilège précieux, si chacun prend soin de notre pays comme il prend soin de l’héritage qu’il transmettra à ses enfants, alors notre Nation restera fidèle à sa devise républicaine.

 

Mesdames et messieurs,

 

Avec la fin des primaires socialistes, une nouvelle phase politique s’ouvre.

La bataille des programmes et des convictions commence, et ilnous reste sept mois pour la gagner.

Douter, renoncer, cesser d’avancer serait se parjurer devant l’Histoire.

Ce serait oublier ce que nous avons fait ensemble et ce qu’il nous reste à faire pour sortir de la crise, rénover notre pacte social et ressouder notre pacte républicain.

Nous ne devons pas à craindre le face à face entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Dans un temps où les Français sentent qu’il ne faut pas se tromper de chemin, la solidité et l’expérience du Président de la République feront la différence.

 

Pour préparer ce grand rendez-vous démocratique, je vous demande, avec Michèle Alliot-Marie, du sang froid, je vous demande de l’unité, et je vous demande d’affirmer vos valeurs avec fierté.

 

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 11:03

 


 François Fillon s'adresse aux parlementaires de l'UMP à Saint-Cyr-sur-Loire, le vendredi 14 octobre 2010.

 

 

Mes chers amis,

Je voudrais d'abord rendre hommage, en votre nom à tous, à une jeune femme de 30 ans, mariée, mère de deux enfants, gardienne de la paix, qui a été lâchement attaquée dans l'exercice de ses fonctions à la préfecture de Bourges, ainsi qu'à un de ses collègues qui a été blessé.

A travers elle, à travers eux, je veux rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes qui font des métiers si difficiles qui méritent tout notre respect et toute notre reconnaissance.

 

En débutant mon discours, je voudrais me tourner vers Philippe Briand qui nous reçoit chez lui avec le cœur qui le caractérise.

Je veux dire que Philippe suscite toute notre admiration.

Je suis venu souvent à Saint-Cyr-sur-Loire pour clore ses campagnes législatives.

Philippe prétend que je lui porte chance, et je lui dis que, le moment venu, je serai à ses côtés et à vos côtés pour mener la bataille.

 

Ma pensée est aussi tournée vers Gérard Larcher, et vers vos collègues sénateurs.

La perte du Sénat est un coup dur, mais cet avertissement est une occasion de nous mobiliser pour aller vers cette victoire que nous devons chercher de toutes nos forces et par toute notre unité.

Et cette mobilisation, elle doit s’enclencher dans les travées mêmes de la Haute Assemblée où nos sénateurs doivent défendre nos valeurs avec détermination.

 

La presse l’a peu noté, toute occupée qu’elle était à commenter les primaires socialistes, mais la désignation de Philippe Marini à la Commission des Finances est bien la confirmation que nous, notre majorité, avons réussi à imposer la modernisation de nos institutions.

Je dis bien «imposer», car si nous n’avions pas créé un précédent à l’Assemblée Nationale, jamais la gauche n’aurait fait un tel geste que je crois fécond pour la démocratie française.

Quoi qu’il en soit, le basculement du Sénat impose une cohésion parlementaire sans faille.

Autour de Christian Jacob, de Jean-Claude Gaudin, de Bernard Accoyer, de moi-même, je vous demande unité et sens de l’intérêt collectif.

Il faut démontrer aux Français que l’UMP set plus que jamais la force de stabilité et de changement que les circonstances réclame.

 

Mes chers amis,

Avec la chute du mur de Berlin beaucoup prophétisaient la fin de l’Histoire. Hors c’est le contraire qui s’est passé, l’Histoire s’est au contraire accélérée, libérant toutes ses virulences géopolitiques, spirituelles et économiques.

Avec la victoire du capitalisme, certains annonçaient l’émergence d’un universalisme commercial et financier; la crise a brisé le sacre d’un système qui pensait le monde comme un vaste casino au sein duquel les responsables publics seraient tenus de jouer le rôle de croupiers.

Après des siècles de domination occidentale, certains pariaient sur la lente remontée des continents émergents.

 

En 2009, la Chine a détrôné l’Allemagne comme premier exportateur mondial et est devenu le deuxième pays d’accueil des investissements étrangers.

En 10 ans seulement, la Chine, l’Inde, le Brésil se sont imposés de façon fulgurante sur la scène internationale, et, dorénavant, tout le défi est de maîtriser les élans de la mondialisation.

 

Au parti socialiste, les «impétrants» dissertent sur la «démondialisation», comme autrefois les états-majors se disputaient sur le tracé de la ligne Maginot.

 

Nous, nous assumons les temps nouveaux.

Nicolas Sarkozy s’est révélé un homme capable d’affronter les tempêtes les plus imprévues et les plus dures.

A la présidence du G20, notre pays agit en leader d’un monde désordonné en mal de repères.

Au moment opportun, là où la main peut trembler, la France a su offrir aux peuples ivoiriens et libyens le pouvoir de conquérir leur liberté, et je veux saluer, avec Gérard Longuet, la maîtrise de nos armées et el courage de nos soldats.

Au Proche-Orient, mon cher Alain, notre diplomatie présente courageusement aux Israéliens et aux Palestiniens les voies d’une solution responsable et audacieuse.

Et au sein de l’Union européenne, la France défend l’Europe comme elle défendrait son propre héritage national.

 

Nous imaginions que ce nouveau siècle,après un XXème siècle aussi sanglant, allait nous fournir l’espace d’une respiration ; que ce quinquennat se déroulerait sous les auspices d’une prospérité internationale qui semblait solide.

Rien de cela n’est arrivé.

2007-2012, ce quinquennat de combat fut mené pour protéger la France et pour protéger les Français de la pire bourrasque économique et financière que nous ayons connue depuis les années 1930.

 

Il est vrai qu’au printemps 2007, nous ne savions pas combien nos choix politiques nous aideraient à la gérer cette crise.

 

Bien avant la crise bancaire et la crise des dettes souveraines, notre majorité a entrepris de libérer notre société de l’illusion d’une prospérité tranquille.

Nous avons réformé, et nous avons réformé encore, et cela dans les pires conditions qui soient.

On parlera peut-être un jour "d'années courage" comme on parlait  des "trente glorieuses".

Aujourd'hui, je sais mieux que quiconque que le résultat des élections locales est un résultats qui est dur à vivre et pour nos amis, difficiles  à comprendre.

Mais, je vous en prie, pas de déception, pas de désertion !

 

Si le peuple français exprime son inquiétude, il nous dit aussi son besoin de progrès, son désir d'avancer, sa volonté de justice. Il nous interpelle, et nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes, de ce que nous voulons, de ce que nous avons fait.

 

Dans la crise, tenir le cap de la modernisation n’allait pas de soi.

Bien des gouvernements auraient mis le pied sur le frein. Nous n’avons pas cédé à cette facilité coupable.

Et je voudrais aujourd’hui, pour cette dernière réunion des parlementaires dans cette configuration, avant les élections rendre l’honneur qui leur est du aux parlementaires de l’UMP qui, malgré les protestations, malgré les risques d’impopularité, malgré les coups de l’opposition, ont tenu la ligne du changement.

 

Nous n’avons pas tout réussi ; plusieurs de nos objectifs ont été bousculés par la récession et la crise ; dans notre course pour transformer notre pays il nous est arrivé d’agir avec précipitation...

Il n’est pas besoin d’idéaliser notre bilan pour le rendre respectable.

Il y a une chose essentielle que nous avons réussi : nous avons retendu l’énergie française et nous avons remis à l’endroit les pensées qui faisaient marcher notre pays à l’envers.

Pas de solidarité sans productivité.

Pas de liberté sans sécurité.

Pas de rayonnement universitaire sans autonomie.

Pas de service public sans continuité du service public.

Pas d’intégration sans immigration contrôlée.

Pas de République sans laïcité.

 

Pour nous, l’avenir de notre nation repose sur son aptitude à regarder la vérité en face.

Et cette vérité à aujourd’hui un nom : c’est la dette !

La crise des dettes souveraines est plus qu’un problème financier. La crise des dettes souveraines révèle un problème de civilisation, et plus précisément le problème d’une civilisation européenne qui a préféré vivre au dessus de ses moyens en s’endettant plutôt que de se remettre en cause.

Tout parti politique et tout programme ignorant cette donnée cruelle mais cruciale devront être considérés comme disqualifiés pour défendre l’intérêt général.

 

Cet été, la première puissance du monde a vu sa crédibilité financière mise en doute.

Quant à l’Europe, nous savons qu’elle vit sur un volcan.

Nous sommes plongés au cœur des tensions de la mondialisation, et l’honneur des Chefs d’Etat est de dégager des solutions communes, en résistant tout à la fois au vertige du nationalisme et de la sélection darwinienne.

 

Ce qui est en jeu avec cette crise des dettes souveraines, c’est le sort de notre indépendance nationale, et c’est le sort de l’Union européenne.

 

Notre premier devoir, c’est d’affronter la réalité, sans démagogie et sans chercher d’excuses.

Quand on a plus de 1.600 milliards de dette, il est tout à fait inutile de s’en prendre aux agences de notation, aux banquiers, aux traders, ou qui sais-je encore…

Il faut avoir le courage de se reprendre en mains.

 

Notre second devoir, c’est d’agir collectivement, avec l’Europe et pour l’Europe.

En temps de crise, le mauvais réflexe, c’est de se replier sur soi. Contre l’Europe, contre l’euro, contre l’aide à la Grèce, cette musique suicidaire se fait entendre.

Je m’y oppose de toutes mes forces !

Avec le Président de la République, avec notre majorité, nous ne renoncerons pas aux acquis de l’Europe; nous ne lâcherons pas 60 années de construction politique.

 

N’écoutez pas tous ces défaitistes qui prétendent qu’en isolant la Grèce, en la laissant dériver, on sauvera le reste. La vérité c’est que si la solidarité européenne se rompt, la crise se propagera à tous.

Dénoncez ces démagogues qui opposent les efforts réalisés pour soutenir le système financier des efforts réalisés pour les peuples. Nous savons toujours qu’un désastre financier entraînerait une débâcle économique et sociale, et ce jour là, il sera trop tard pour se souvenir que les enjeux financiers sont aussi des enjeux concrets, des enjeux économiques, des enjeux sociaux.

 

Enfin, repoussez ceux qui murmurent que le scénario d'une sortie en douceur de l’euro est une option. Le retour du franc et la dévaluation qui s’en suivrait nous condamneraient pour longtemps à la récession et à la ruine.

 

Je refuse de voir l’idéal européen bradé par manque de foi et par manque de cran, par manque aussi de vision. Et d’ailleurs, s’il n’y avait pas aujourd’hui la politique, si on n’écoutait que l’avis des techniciens, des banquiers et des experts, nous aurions laissé tomber la Grèce et nous aurions laissé s’effondrer l’héritage de soixante années de construction européenne. C’est la politique qui nous permet d’éviter ce désastre.

Quand l’Europe s’éveillera : oui, imaginons ce sursaut qui n’a rien d’irréaliste, il faudra regarder les paramètres qui fondent la force d’une civilisation.

La cohésion démocratique et sociale, la richesse bien sûr, la formation, la technologie, les infrastructures, la culture. Et bien justement, tout ceci distingue notre continent.

C’est pourquoi, j’affirme que l’Europe de demain peut incarner l’espace le plus stable, le plus prospère et le plus influent du XXIème siècle.

 

Alors vous me direz que la crise que subit l’Union européenne peut mutiler ce destin.

Mais cette crise nous allons la surmonter, et nous en ferons le tremplin d’une nouvelle Europe politique.

Il faut du sang-froid face à des investisseurs et des marchés qui ont perdu leur boussole ; il faut méthodiquement mettre en œuvre les plans de soutien et les instruments de coordination que nous avons décidés au niveau européen.

Il faut plus de gouvernance politique, plus de gouvernance économique, plus d'harmonisation fiscale, plus de volontarisme commercial, et pour cela, il faut un leadership fort.

Nous avons tous écouté ce matin avec intérêt le discours du Président de la Commission européenne. Je lui ai d’ailleurs dit ce matin que sans leadership fort et sans le tandem franco-allemand il serait impossible de faire face à la crise. Le tandem franco-allemand est fait pour cela.

La France et l’Allemagne doivent être les pionniers d’une plus grande convergence budgétaire et fiscale. Ils doivent faire bloc, et donner à l’espace économique et social franco-allemand une harmonie aussi claire et aussi robuste que possible.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont décidé qu’en 2013, la France et l’Allemagne auraient la même fiscalité sur les entreprises et un impôt sur les sociétés entièrement commun. Voilà, c’est une première étape concrète.

 

Grâce à l’impulsion franco-allemande, nous avons réussi à mobiliser et à créer dans l'urgence des moyens de répliquer à la crise.

Il faut maintenant les compléter pour structurer une réponse globale de l'Europe.

C’est ce qui sera fait lors du Conseil européen et du Sommet de la zone euro du 23 octobre, avec un plan de recapitalisation pour les banques européennes qui en ont le besoin, une stratégie crédible de court et moyen terme concernant la Grèce, une montée en puissance du Fonds européen de stabilité financière après la ratification des 17 parlements de la zone euro, une amélioration indispensable de la gouvernance de la zone euro, et enfin la nécessité pour tous les Etats membres de tirer les leçons institutionnelles de cette crise.

 

La semaine dernière, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures décisives pour faciliter le refinancement des banques.

S’agissant de leurs besoins de recapitalisation, nous sommes d'accord avec l’Allemagne pour renforcer la structure du capital des banques en Europe.

Des travaux menés par l’Autorité bancaire européenne sont en cours.

Ce qu’il faut, c’est une étroite coordination européenne, et c’est de prendre les choses dans l’ordre.

D’abord, s’accorder sur les objectifs en termes de niveau des fonds propres. Les banques françaises ont annoncé qu’elles seraient à 9% de fonds propre dès 2013 : la France est favorable à une coordination européenne sur ce sujet.

Ensuite, il faut voir quels montants sont nécessaires pour quelles banques en Europe. Sur ce sujet, je voudrais rappeler que depuis 2008 les banques françaises ont considérablement renforcé leurs capitaux propres.

Enfin, au niveau européen, il faut, en premier lieu, mobiliser les revenus des banques elles-mêmes, qui doivent être réinvestis pour renforcer le capital, puis, seulement si cela est nécessaire, les capitaux privés apportés par les actionnaires et les investisseurs, et enfin, en dernier ressort uniquement et au cas où les autres sources de financement ne seraient pas suffisantes, les capitaux publics, mais avec des conditions qu’il faudra mettre.

Pour la France, je suis confiant dans la capacité de nos banques à mobiliser leurs bénéfices et tous les moyens dont elles disposent pour conforter leur assise financière.

 

Le 23 octobre, le défi de la croissance sera aussi au cœur des discussions européennes.

L'Europe ne peut pas dépenser plus, mais elle doit réaffecter ses moyens sur l'activité économique et sur l'investissement dans les secteurs d'avenir.

Cela passe par une dynamique en faveur du capital risque, cela passe par une réponse commune, Michel, au défi de la valorisation des brevets, des mesures pour accélérer le développement de l'économie numérique et un financement européen ciblé sur les infrastructures indispensables à l'innovation et à la compétitivité.

 

Mes chers amis,

Face à la crise, notre riposte est européenne, mais elle est aussi nationale.

Si nous ne faisons rien, si nous ne faisons pas l’efforts de réduire nos déficits et d’aller chercher la croissance nous-mêmes, alors aucune réponse européenne ne sera suffisante.

 

Avec Valérie Pécresse et François Baroin, nous avons présenté un budget pour 2012 qui est l’un des plus rigoureux que la France ait connus depuis 1945. Et pour la première fois, les dépenses de l’Etat ont baissé en proportion de la richesse nationale entre 2009 et 2012.

Naturellement ces efforts provoquent des remous.

Naturellement chacun préférerait en être dispensé.

Naturellement la baisse des effectifs dans la fonction publique, la rationalisation de la carte militaire, judiciaire, sanitaire, la réforme des collectivités territoriales, ftout cela fait grincer des dents.

Mais notre rôle est de dire à nos concitoyens que ces efforts nous protègent de sacrifices bien plus douloureux si nous laissions nos comptes dériver encore.

 

La discipline est nécessaire pour réduire nos déficits, mais en phase de reprise économique nous ciblons aussi nos politiques sur la productivité et l’inventivité.

Comme aucun gouvernement par le passé, nous avons, avec Luc Chatel et Laurent Wauquiez investi sur la recherche, sur l’université, sur l’innovation, sur la technologie.

La vérité c’est que la modernité, c’est nous !

Le programme des investissements d’avenir, c’est un acte de foi dans le développement de notre industrie, de notre appareil scientifique, de nos entreprises.

 

Avec la réforme de la taxe professionnelle, près de 5 milliards d’euros ont été remis entre les mains des entrepreneurs qui investissent pour réaliser de nouveaux produits, pour aller conquérir de nouveaux marchés.

Nous avons puissamment encouragé l’innovation en triplant le crédit impôt recherche.

Avec Nathalie Kosuciusko-Morizet, nous posons les bases de la croissance verte.

Avec Bruno LE MAIRE, nous soutenons et modernisons notre agriculture, pas par nostalgie, mais parce que notre force agricole se confond parfois avec notre identité et notre prospérité.

Depuis 2010, nous avons allégé le coût du travail pour les saisonniers dans l’agriculture: cela représente un effort de 500 M€ par an.

Mais il faut aller plus loin car l’amélioration de la compétitivité des entreprises agricoles passe aussi par une réduction du coût du travail permanent. C’est ce que nous allons faire dans le cadre du PLF 2012, et cette mesure va être notifiée auprès de la Commission européenne pour lever l'obstacle européen.

C’est la première fois qu’un Gouvernement prend de telles mesures et je rends hommage à ceux qui ont porté cette volonté et je pense particulièrement à Bernard REYNES.

 

Avec Xavier Bertrand, nous avons réformé le dialogue social pour renforcer sa légitimité démocratique. Ah, c’est une réforme qui va profondément changer la vie des français.

Nous avons connu un dialogue social inégalé depuis 4 ans : il n’y a jamais eu autant d’accords avec les partenaires sociaux signés.

Dans nos entreprises, près de 9 millions de salariés ont bénéficié des heures supplémentaires défiscalisées, pour un gain moyen de près de 450 euros par an.

Pour l’emploi et pour les jeunes, nous voulons, avec Nadine MORANO, généraliser l’alternance avec l’exonération des charges patronales pendant un an pour l'embauche d'un jeune.

 


Voilà, d’un côté la rigueur budgétaire, de l’autre le soutien à l’investissement, à la productivité, au travail : voilà notre politique.

 

Mais en cette période difficile, je voudrais aussi convaincre les Français que tout ne peut pas venir du sommet, que tout ne dépend pas de l’Etat ni de la puissance publique. Cela nous différencie d’ailleurs du programme des socialistes.

Beaucoup, peut-être même l’essentiel, dépend aussi du civisme et du sens des responsabilités qui imprègnent chaque citoyen.

Je ne crois pas qu’on puisse être un républicain de circonstance, selon ses intérêts et ses humeurs. Et je ne crois pas que la fierté d’être français, et je dirais même la chance d’être français, soit quelque chose qui se célèbre seulement une fois par an, le 14 juillet.

 

La récente étude consacrée aux cités de Clichy-Montfermeil semble être une découverte pour certains.

Oui, nous savons mes amis qu’en certains lieux de notre territoire, la République est en panne. Oui elle est parfois défiée par des communautés et des individus qui ignorent nos lois ou qui pire, sciemment les insultent, mais oui aussi, il existe dans nos quartiers une farouche envie de République et une profonde envie d’ordre et de réussite.

Comme Claude Guéantl’a souligné, le mal ne relève pas seulement d’un manque de moyens financiers.

Gouvernement après gouvernement, nous avons investi, démoli, rénové des quartiers entiers. En la matière, notre majorité en a plus fait que celles qui l’ont précédée, et Jean Louis Borlooy fut pour beaucoup.

 

Devant cette étude universitaire, certains parlent encore et toujours d’un manque de fraternité à l’égard des populations concernées.

Moi je ne parle pas fraternité, je parle action !

Action pour désenclaver les cités, action pour soutenir les élèves méritants, action pour casser les trafics de drogue, action pour stopper et renvoyer l’immigration irrégulière.

Action, mais aussi responsabilité, et aussi valeurs.

Là aussi, il ne revient pas seulement à l’Education Nationale d’instruire et d’éduquer les enfants et les adolescents, il revient aux parents de les prendre en mains.

Il ne revient pas seulement aux forces de l’ordre d’assurer la sécurité, il revient aussi à chaque citoyen de s’opposer par son comportement à la culture de la violence et de dénoncer ce culte de la force et de l’argent facile qu’alimentent les réseaux.

Et puis, il ne revient pas seulement à la France de se faire aimer et de se faire respecter de ceux qui là rejoigne, par ce que c’est aussi à chaque individu qu’il revient de faire l’effort de s’intégrer.

 

Mes chers amis,

Dans cette période si contrainte, seule la réforme, l’effort compétitif, la rigueur budgétaire, le civisme, sont en mesure de nous relancer.

Est-ce que la gauche est prête à assumer une telle évidence. L’exercice auquel nous venons d’assister nous prouve tout le contraire.

Tout le problème du socialisme français, c’est qu’il fut conçu et reste conçu pour distribuer les richesses de la croissance, or tout l’Occident est entré dans une période où ni la croissance, ni les richesses ne sont assurées.

 

Voilà maintenant plus d’un demi siècle que les socialistes allemands ont fait leur mue sur les questions économiques.

Chez nous, le parti socialiste cherche toujours des échappatoires: la crise, c’est la faute aux spéculateurs ; le chômage, la faute à la mondialisation ; les inégalités, la faute aux plus fortunés ; l’endettement, la faute à la droite.

C’est connu, celui qui cherche des boucs émissaires, ne cherche pas la vérité, il cherche seulement le moyen de protéger ses illusions. Et celui qui cherche toujours à plaire, ne cherche pas à élever la Nation mais à l’abuser.

 

Non, dans le programme du parti socialiste, qu’on me cite une seule mesure courageuse, une seule mesure tendant à indiquer avec franchise que certains de nos acquis doivent être réformés, une seule mesure indiquant qu’il faut se retrousser les manches face à la montée en puissance des pays émergents.

Non, dans le programme socialiste, tout est luxe, calme et volupté… Devant chaque problème de notre société, ça n’est que dépenses supplémentaires, emplois publics en plus, réformes en moins, et niches cachées qui seront soi-disant débusquées et qui régleront la note du statu quo.

 

Les heures supplémentaires défiscalisées ?

Supprimons-les, nous dit le parti socialiste, et revenons au partage du travail qui n’a pourtant jamais donné plus de travail aux chômeurs, qui comme nous le savons, a pesé sur la compétitivité de notre pays.

L’augmentation de l’âge de départ à la retraite ?

Supprimons là, nous dit le parti socialiste, pour revenir au symbole des 60 ans.

C’est à court terme 30 milliards de dépense, c’est immédiatement la perte du triple A, c’est immédiatement la ruine.

C’est absurde, c’est un mensonge, mais qu’importe, mieux vaut une absurdité trompeuse qu’une voix en moins !

La baisse du nombre de fonctionnaires, engagée dans tous les pays d’Europe, dirigés par la droite et la gauche ?

Arrêtons-là, nous dit l’opposition, et revenons aux bonnes habitudes d’autrefois, qui, pourtant, n’ont en rien amélioré l’efficacité de l’Etat et qui ont pesé sur l’endettement.

La réforme de la taxe professionnelle qui a accéléré l’investissement en France ?

Abrogeons-là, nous dit l’opposition, et revenons à la fiscalité locale d’antan, c’était tellement mieux avant. Et au surplus, abrogeons, dans la foulée, la réforme des collectivités territoriales car il serait tellement plus confortable de revenir au millefeuilles d’autrefois.

C’est vrai qu’il est cohérent de dire qu’il y a une crise rurale à cause de la monidalisation et de proposer de s’appuyer sur un système ancien.

 

A écouter le parti socialiste, on arrête tout, on revient sur tout. Comment voulez-vous que notre pays avance avec les rois du rétropédalage ?

 

J’en conviens, dans leur programme il y a deux de nos réformes sont épargnées, et je voudrais m’arrêter un instant sur ce point, qui en dit long sur le sérieux des arguments qui nous furent opposés lorsque nous les avons fait voter : ni l’autonomie des universités, ni le service minimum ne sont remis en cause.

Et pourtant, hier, l’opposition s’insurgeait contre la prétendue «privatisation» de notre enseignement supérieur et le supposé «musellement du droit de grève» : aujourd’hui, n’en disant mot, elle y consent.

Et bien cela est à l’image de cinq années d’opposition, où tout et n’importe quoi nous fut reproché, alors même que nous servions l’intérêt général.

 C’est vrai, on juge un gouvernement sur son bilan. C’est vrai. Mais est-il déraisonnable de juger une opposition sur le sien ?

 

La gauche s’interroge encore sur ce que sera ce nouveau siècle.

Ce nouveau siècle il est là, et le premier constat que l'on peut faire, c'est qu'il ne prend plus ses conseils comme ses prédécesseurs au bord de la Tamise, du Tibre, ou de la Seine.

Le monde n'est pas en train de changer, mes chers amis, le monde a changé ! Et le temps de la nostalgie, des regrets, le temps des hésitations, il est derrière nous.

Le grand mérite, si je puis dire, de la crise actuelle, est de nous dessiller les yeux, elle nous aide à comprendre, au travers l'éternelle dialectique du progrès et de la décadence des peuples, quel chemin notre pays doit emprunter.

 

Dans ce climat mouvant, tantôt étouffant, tantôt explosif, où le doute et la méfiance dominent, la qualité des relations entre gouvernants et gouvernés doit être une préoccupation de chaque instant.

Parce que la crise n'a aucun égard pour les citoyens. Elle installe les injustices, nourrit les prédateurs, invite à sa table les extrémistes et les faux prophètes.

Dans plusieurs capitales européennes, comme aux Etats-Unis, pourquoi des milliers de personnes campent sur les places publiques ?

Parce qu’ils ont perdu confiance.

La crise est financière, économique, mais elle peut aussi devenir une crise des démocraties.

 

Dans ce paysage entre chien et loup ce que demandent nos concitoyens c'est d’abord de la solidité, c'est de suivre un cap crédible qui guérit des peurs.

 

La fin du quinquennat et la campagne électorale de 2012 qui va s'ouvrir, correspondent a un moment crucial du monde démocratique.

Regardons les choses en face, et ne tremblons pas.

Notre génération a le difficile destin de vivre au croisement de deux époques. Dans les combats entre les anciens et les modernes ce sont toujours les modernes qui ont gagné. Or, c'est nous les acteurs de la rupture ; c’est nous les acteurs de l'innovation !

Le dur combat contre les vieilles lunes, les académismes, les facilités, n’est pas fini.

Si l'on vous demande notre programme, n'hésitez pas à le dire : notre programme c’est de prendre les clefs du XXIème siècle !

 

Mon dernier fils a 10 ans. Il aura 50 ans en 2050.

Quel jugement portera-t-il sur moi, sur nous tous, si nous n’étions pas à la hauteur de notre devoir ?

Je veux qu’il soit fier de ceux qui auront agi en 2011, en 2012 et après.

 

A quelques mois des élections, j’imagine d’avance le florilège de promesses. Je pressens déjà la tentation rassurante d’une médecine douce, qui ménage l’immédiat et rassure chacun.

Mais il y a beaucoup de Français lucides qui savent que l’action et le courage sont plus que jamais nécessaires.

Alors notre devoir est de combattre ensemble, de choisir en 2012 la bonne stratégie, d’en convaincre les Français, de leur montrer que le combat est juste, c’est surtout de leur montrer que nous ne le menons pas pour nous mêmes mais pour eux, pour la France, pour sa prospérité.

 

Cela ne sera pas sans sacrifices, sans décisions difficiles.

On l’a dit avant moi, beaucoup a été fait. Mais il est nécessaire d’avancer encore, et nous réussirons ensemble.

Alors on pourra dire en 2050 que du début du XXIème siècle, date un tournant qui a remis la France sur les rails.

Notre projet se résume facilement.

Une dette réduite en quelques années par un effort justement partagé ; un système éducatif personnalisé soutenant les plus faibles mais stimulant aussi les plus forts ; un modèle social rénové, plus simple et plus responsable ; la liberté d’entreprendre confortée par un authentique dialogue social dans l’entreprise ; l’essor de la recherche publique et privée au soutien de l’emploi ; et enfin une Europe puissante et libre.

 

Mes Amis,

Nous n’avons pas le droit de sombrer dans les marécages de la petite politique, nourrie par ces bruits de couloirs et ces tractations supposées.

Face aux vents contraires, nous devons tenir dignement notre cap, et nous n’avons pas le droit de baisser les bras.

Je n'ai jamais pensé qu'un travail comme le nôtre coulerait de source. A aucun moment nous n’avons été des démagogues ou à aucun moment nous avons eu des tentations populistes, au contraire. Avec Nicolas SARKOZY, nous avons choisi de traiter l'urgent, l'indispensable, ce qui fâche souvent et pas ce qui flatte.

Je ne considère pas que le temps des réformes s'achève, et j’estime que notre horizon politique reste ouvert.

Devant nous, avec Nicolas SARKOZY il y a un nouveau quinquennat possible et surtout, mais aussi devant nous un XXIème siècle qui s’impatiente.

Non, mes chers amis, rien n’est fini, rien n’est joué, tout commence, tout recommence, et tout nous invite à aller de l’avant.

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 18:00

 


 

François Fillon explique que le gouvernement aura à cœur d’instaurer, avec la nouvelle majorité sénatoriale, un dialogue responsable en répondant aux questions de l'opposition lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le mardi 27 septembre 2011.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les députés,

Monsieur le président AYRAULT,

 

 

La gauche, dimanche dernier, a remporté la majorité au Sénat. C’est un résultat qui était prévisible puisque depuis près de dix ans, vous avez gagné la quasi-totalité des élections locales. C’est un résultat qui a été amplifié par la crise et par un certain nombre d’inquiétudes que vous avez à l’instant mentionnées, et en particulier, par celles qui émanent d’un monde rural, qui est en perte de repères dans un contexte de mondialisation qui nécessite des réformes et des évolutions.

Le gouvernement, évidemment, prend acte de ce résultat qui témoigne d’ailleurs que le Sénat n’est pas l’anomalie démocratique qu’avait évoqué en son temps Lionel JOSPIN, et le gouvernement aura à cœur d’instaurer, avec la nouvelle majorité sénatoriale, un dialogue responsable. Dans le respect, bien entendu, de nos institutions et de notre Constitution qui, comme vous le savez, donne la prééminence à l’Assemblée qui est élue au suffrage universel direct.



Mesdames et Messieurs les Députés,

Cette élection et les commentaires que vous faites se situent dans un contexte qui est un contexte exceptionnel, qui est un contexte de crise financière majeure, et dans ce contexte de crise financière, nous avons un devoir collectif, de sauver l’euro pour continuer à édifier l’Europe qui est notre avenir commun !

Nous attendons jeudi le vote du Parlement allemand sur le plan de soutien à la Grèce dont dépend, pour une bonne part, l’effort que nous avons engagé pour lutter contre la spéculation financière contre la zone euro. Et dès que ce résultat sera acquis, en espérant que ce sera un résultat positif, nous allons faire des propositions pour amplifier cette lutte contre les attaques spéculatives contre la zone euro.

Mais Monsieur AYRAULT, au-delà de nos divergences politiques, nous avons une obligation morale ! Cette obligation morale, c’est de défendre l’Europe ! Parce que l’Europe, c’est notre avenir commun. Et pour défendre l’Europe, nous avons l’obligation de renforcer la crédibilité financière de notre pays. Nous allons le faire avec des mesures qui seront proposées dans le cadre du projet de loi de finances et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont vous allez débattre, mais nous devons aussi le faire en montrant notre capacité collective au-delà de la droite et de la gauche, au-delà de nos intérêts partisans, à nous rassembler pour un enjeu qui est vital pour notre pays.



Je vous ai entendu évoquer à l’instant cette désinformation de l’âge de la retraite. Mais Monsieur AYRAULT, vous-même, je vous ai entendu à de maintes et maintes reprises, expliquer que la solution à la crise de l’euro, c’était l’émission d’obligations européennes !

Eh bien comment pouvez-vous envisager l’émission d’obligations européennes sans une convergence profonde entre l’Allemagne et la France ?

Vous imaginez sans doute que le peuple allemand accepterait de garantir les emprunts des autres pays européens, alors même qu’ils ne feraient pas les mêmes efforts que l’Allemagne a engagés ?

On ne peut pas défendre tout et son contraire !

Si on veut des obligations européennes, alors on est obligé de demander la convergence économique et sociale entre la France et l’Allemagne.



Monsieur AYRAULT, pendant quatre ans, nous avons bataillé avec la crise, pendant que l’opposition – et c’est normal, c’est son rôle – la commentait. Mais maintenant, la gauche va devoir sortir de cette posture, et dans sept mois, l’épreuve de vérité va nous départager.

Eh bien cette épreuve de vérité, je souhaite qu’elle soit digne. Et je voudrais dire à cette occasion combien je suis scandalisé par les propos que je viens d’entendre au début de cette séance, par ces amalgames émanant d’un élu de la République qui ose accuser des membres de la majorité et du gouvernement, d’avoir du sang sur les mains ! Mais de quel droit, Monsieur MAMERE, vous pouvez faire le lien entre l’attentat de Karachi et le financement d’une campagne électorale présidentielle qui a eu lieu neuf ans avant ? Rien ne vous permet de lancer ces accusations !

La vérité, c’est qu’hier, la gauche se drapait dans la présomption d’innocence pour protéger Dominique STRAUSS-KAHN ; aujourd’hui, vous la foulez au pied, cette présomption d’innocence ! La présomption d’innocence, dans votre conception de la République, c’est pour la gauche, pas pour la droite ! C’est une drôle de conception de la République.

Mesdames et Messieurs les Députés, je vous le dis, je suis inquiet de voir notre démocratie traversée par ce climat de suspicion permanent où l’on s’accuse sans preuve, où l’on insinue, où l’on spécule, où l’on fait circuler de faux documents !

C’est un climat qui mine nos institutions, c’est un climat qui abaisse le débat public.

Et, je vous le dis, Monsieur AYRAULT, en vous faisant les complices de ceux qui n’ont pas d’autre objectif que de déstabiliser la République, vous ne commettez pas seulement une faute politique, vous commettez une faute morale !

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 17:22

 


 

François FILLON s'est rendu à la Rochelle en Charente-Maritime où il s'est exprimé sur le thème de la redynamisation des territoires le Lundi 19 septembre 2011.

 

Monsieur le ministre,

Monsieur le président du Conseil général, Dominique,

Monsieur le maire de La Rochelle,

Monsieur le maire de Lagord,

Mesdames et messieurs.

 

 

J’ai voulu me rendre parmi vous aujourd’hui pour signer le contrat de revitalisation du site de défense de La Rochelle-Lagord. Parce que c’est une signature qui a valeur de symbole. C’est le symbole d’un Etat qui réforme ses structures, et notamment ses structures militaires, et qui invente un nouveau projet d’activité avec le concours, l’appui, l’engagement des collectivités territoriales. Je me souviens des débats très vifs qu’avait occasionnés notre décision de repenser notre carte militaire. Je me souviens des craintes exprimées par les élus et par les populations qui vivaient à côtés des régiments. Sur le plan humain comme sur le plan économique, la fermeture des bases a souvent été traumatisante.

Nous sommes un pays de traditions.

La puissance publique et le rayonnement de la République se sont longtemps affirmés par la présence de l’Etat sur tous les points du territoire. De la grande ville au petit village, nous avons maillé l’espace national avec nos écoles, avec nos hôpitaux, avec nos casernes, avec nos bureaux de Postes, avec nos tribunaux. Et ce formidable investissement a été à la source d’un véritable progrès. Mais avec le temps, ce maillage s’est révélé coûteux. Il s’est souvent révélé insuffisamment efficace au regard des mutations sociales, des mutations technologiques et des mutations géopolitiques. Et je voudrais dire devant vous, après avoir signé ce contrat que le meilleur moyen d’être fidèles à nos traditions, le meilleur moyen de défendre le rôle de la puissance publique, le meilleur moyen de servir les citoyens, c’est de moderniser ce qui doit l’être.

Certains nous pressaient de renoncer à cet effort de rationalisation parce que tant d’habitudes étaient en jeu ! Mais est-ce qu’on pouvait exclure l’Etat, ses structures, son organisation, des efforts d’adaptation que nous réclamons par ailleurs de tous les Français et de toutes les entreprises ? Evidemment pas. C’est toute la société française qui devait et qui doit encore être modernisée pour être plus productive et pour être plus réactive. Et en République, l’Etat doit savoir montrer l’exemple.

J’ajoute que devant la crise des dettes souveraines qui frappe les nations qui perdent la maîtrise de leurs dépenses, je ne regrette pas ce choix qui nous a conduits, avec le Président de la République, à réformer nos structures publiques depuis 2007.

Nous avons repensé la carte judiciaire de notre pays, qui ne l’avait pas été depuis les années 50. Nous avons revu sa carte sanitaire et nous avons redessiné sa carte militaire. Pourquoi cette restructuration massive de notre Défense nationale ?

Parce qu’il fallait mener à terme la professionnalisation des Armées. Rééquilibrer l’allocation des moyens entre les forces combattantes et les unités de soutien. Et puis, parce qu’avec la disparition de la menace à l’Est du continent européen, toute notre organisation devait être repensée pour être tendue vers le développement de nos capacités de projection hors du territoire national.

Imaginez un instant ce que serait notre situation aujourd’hui si nous n’avions pas fait la réforme de la professionnalisation puis la réorganisation et la restructuration de notre Défense nationale. Nous aurions encore un peu plus d’un demi-million d’hommes qui attendraient l’invasion des forces du Pacte de Varsovie. Qui peut penser un seul instant que ces restructurations n’étaient pas indispensables, au-delà même de la question de notre endettement et de la dépense publiques. Elles étaient indispensables au regard de la mission qui est celle de notre outil de Défense.

Ces objectifs ont donc dicté tout le reste. La réduction des effectifs, pour aboutir à un format des Armées plus ramassé, plus mobile, de 225.000 hommes à l’horizon de 2015. Tout cela a conduit à la fermeture d’une vingtaine de régiments et de bataillons de l’armée de Terre, de 10 bases aériennes, de bases aéronavales et le retrait de 18 bâtiments de la Marine nationale. La création de bases de défense a été l’une des initiatives nées de cette restructuration pour permettre une gestion en commun des moyens et de la logistique.

Après trois années de mise en œuvre, ce plan de modernisation est aujourd’hui bien avancé. C’est l’occasion pour moi de faire le point de cet avancement avec vous : les effectifs ont diminué de 30.000 postes, 20 fermetures ont déjà été menées à bien. Et au début de cette année, 60 bases de défense ont été mises en place. Je voudrais souligner ces résultats extrêmement rapides, compte tenu de la date à laquelle les décisions ont été prises et de l’ampleur de ces réformes, pour redire une nouvelle fois mon respect et mon admiration pour les personnels militaires et civils du ministère de la Défense, qui ont agi avec une efficacité et une abnégation exemplaires. Ce sont des restructurations extrêmement importantes et je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’administrations qui auraient pu les conduire dans le même délai et avec la même efficacité.

Alors, une fois le choc passé, les collectivités locales se sont mobilisées et elles ont choisi de faire de cette épreuve une opportunité pour refonder leurs aménagements et leur activité. Le programme d’accompagnement de l’Etat a favorisé les démarches de reconversion. Les 320 millions d’euros affectés aux territoires les plus touchés sont aujourd’hui programmés à plus de 50 %.

Ils contribuent à un volume total de 745 millions d’euros d’engagements de fonds européens, de fonds d’Etat et de fonds des collectivités locales. Sur les 15 contrats de revitalisation de sites de défense prévus en 2010 et 2011, nous venons de signer aujourd’hui le treizième. Et concernant des territoires moins directement touchés, 11 programmes locaux de revitalisation ont également été conclus. Au fur et à mesure de la dissolution des unités, la signature de ces programmes d’accompagnement va se poursuivre, pour atteindre 25 contrats de revitalisation de sites de défense et 33 programmes locaux d’ici 2015. La gestion de ces programmes est évolutive.

A Brest par exemple, les pertes d’emploi de la Défense se sont avérées plus importantes que ce que nous avions prévu. Aussi, j’ai décidé cet été d’ajouter le Finistère au nombre des départements bénéficiaires de cet accompagnement. Naturellement, nous sommes très attentifs à la situation du nord-est de la France, qui est particulièrement touché par le repositionnement de nos forces. Les engagements que nous avons pris envers cette région et envers l’agglomération de Metz seront intégralement respectés. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un régiment stationné en Allemagne a été repositionné à Metz. Il représente 800 emplois. A Metz encore, je suis de près la mise en place effective de 1500 emplois en provenance des administrations centrales, et la naissance du grand projet d’aménagement d’Alzette-Belval qui va permettre de contribuer puissamment à la redynamisation du nord de la Lorraine, en lien avec le Luxembourg.

Partout où ils ont été signés, ces contrats d’accompagnement ont amené les acteurs territoriaux à définir une stratégie de redynamisation de leur territoire. Partout, ils ont apporté une cohérence renforcée entre les actions des programmes, la reconversion des emprises immobilières cédées à l’euro symbolique - qui ont représenté 40 millions d’euros en 2009 et 2010 - et les outils fiscaux et sociaux résultant des aides à finalité régionale ou des zones de restructuration de défense. Cette cohérence permet de soutenir l’emploi. Dans la Creuse, elle a permis de maintenir 136 emplois dans le secteur du meuble, d’en créer 43 autres dans des PME et PMI dans les Ardennes, pour ne citer que deux exemples.

Les premiers contrats, signés en 2009, parviendront à leur terme en 2012. J’ai demandé à la DATAR de procéder à leur évaluation afin qu’on puisse tirer tous les enseignements utiles de ces premiers contrats, au bénéfice des nouveaux et afin de parfaire nos méthodes d’intervention territoriales.

Mesdames et Messieurs,

Le contrat que vous avez élaboré ici est remarquable. Pendant des décennies, La Rochelle et le département de Charente-Maritime ont entretenu – et vous l’avez souligné avec émotion Monsieur le Maire - un lien étroit avec les forces armées. A partir de cette année, l’agglomération connaît une profonde évolution. Un régiment vient d’être dissout. Vous avez chiffré la perte nette d’emplois à près de 600 et l’impact financier à environ 14 millions d’euros. Ce contrat est justement destiné à les compenser.

Mais ce contrat, c’est aussi un tremplin pour l’agglomération rochelaise et pour votre département. En valorisant les 30 hectares que l’Etat s’apprête à vous céder à l’euro symbolique, c’est le nouveau visage de l’agglomération que vous allez dessiner. Et naturellement avec Madame le Préfet nous allons nous employer à régler cette question de friches que vous venez à l’instant d’évoquer. Vous allez pouvoir conforter vos points forts. Votre façade maritime, votre potentiel touristique, en vous appuyant sur l’innovation technologique et sur le développement durable.

Je voudrais remercier chaleureusement tous ceux qui ont élaboré ce contrat au cours de ces deux années de travail : les élus bien sûr, au premier rang. Les fonctionnaires, les responsables de nos armées, et les partenaires socioprofessionnels. Enfin, je n’esquive pas la question de l’autoroute naturellement mais j’aurai l’occasion de m’en entretenir avec plusieurs d’entre vous dans quelques instants. Je peux vous dire simplement que l’Etat y travaille activement, que l’Etat tiendra tous les engagements qu’il a pris. Que l’Etat a aussi des contraintes financières qui ne vous ont pas échappé ces derniers temps. Et c’est donc de ce sujet que nous nous entretiendrons tout à l’heure.

A l’heure où nous traversons une crise économique extrêmement brutale, la mobilisation des ressources publiques sur des projets porteurs d’avenir est une décision grave. Elle impose le rassemblement de tous les acteurs, au-delà des intérêts catégoriels, au-delà des différences politiques.

Je crois qu’à La Rochelle, nous avons su démontrer que l’Etat, le département, les communes, les partenaires socio-économiques, étaient capables de s’engager avec efficacité pour l’intérêt général. En somme, ce que nous avons fait, ce que nous venons de symboliser par cette signature, c’est simplement agir pour la République et agir en Républicains. Et je ne connais pas de meilleur atout pour servir la France et pour servir nos concitoyens.

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 09:51

François Fillon rencontre les militants et les sympathisants de l’UMP à Pons en Charente Maritime.

 

 

Merci, merci mes amis,

 

Comment ne pas commencer, après cet accueil chaleureux, par vous dire le plaisir que j’ai de retrouver les militants et les sympathisants de notre majorité en Charente Maritime ; et je voudrais commencer en remerciant Dominique BUSSEREAU pour son invitation, et en le remerciant surtout pour la qualité du travail qu’il accomplit ici, au service de son département, dont il a vanté les mérites tout au long de cet après-midi et dont il m’a présenté toutes les revendications avec l’humanisme et le talent de gestionnaire que je lui ai connu lorsqu’il était au Gouvernement. Dominique BUSSEREAU a servi l’Etat avec beaucoup de conscience, avec beaucoup d’efficacité et j’ajoute - parce que ça ne gâtait rien - toujours avec beaucoup de bonne humeur.

 

Je voudrais saluer les parlementaires de la majorité qui sont parmi nous : Jean-Louis Léonard, Didier Quentin, Daniel Laurent, Michel Doublet, Claude Belot, Michel Becot, et je voudrais dire à monsieur le maire de Pons toute ma gratitude pour l’accueil qu’il m’a réservé tout à l’heure et pour les paroles qu’il a prononcées.

 

Je voudrais vous remercier tous d’être venus en nombre, à une heure qui n’est pas forcément très pratique, en ce début de semaine ; nous sommes à la veille d’une échéance électorale qui est très importante et il est absolument indispensable que notre famille politique regroupe ses forces et que nous partagions ensemble nos valeurs pour préparer cette échéance.

 

Dans une période où chaque journée qui passe apporte son lot de bouleversements, jamais nous n’avons eu besoin autant d’engagement politique, de rassemblement, d’unité, de cohérence.

 

Nous vivons depuis quatre ans au rythme d’une crise financière et économique internationale qui aurait pu balayer la France si nous n’avions pas su, avec le Président de la République, avec la majorité parlementaire, prendre les bonnes mesures.

Et depuis six mois, alors que nous pensions être sortis de ces épreuves, nous sommes menacés à nouveau par la crise des dettes souveraines, c'est-à-dire par la crise de la dette des Etats.

 

Tout ce quinquennat aura donc été marqué, marqué au fer rouge par des crises successives que nous avons dû enrayer, que nous avons dû gérer, et que nous avons dû surmonter.

 

Certains responsables politiques pourraient trouver prétexte à cette situation pour s’excuser de ne pas avoir tout réussi dans de telles conditions.

Moi, je ne veux pas me dérober, et je veux vous dire que je vois dans les épreuves que notre pays traverse, la confirmation d’une conviction : le XXIème siècle sera un siècle dur pour les nations insouciantes, ce sera un siècle dur pour les nations qui croient que le progrès économique et social est un acquis, alors qu’en réalité c’est un combat incessant. Ce sera un siècle dur pour les pays qui ne veulent pas prendre le risque du changement, de la réforme, de la modernisation.

 

Au nom de cette conviction, je veux vous dire que je ne regrette rien de ce que nous avons fait. Bien sûr nous avons pris des coups, nous avons subi des revers, bien sûr nos espérances n’ont pas toujours été au rendez-vous, mais nous avons agi avec audace et avec sincérité.

 

Et d’ailleurs, quand on regarde ce que nous avons accompli depuis quatre ans, de quoi devrions nous rougir ?

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir enfin réformé les universités de notre pays en leur donnant l’autonomie qui va leur permettre de combattre à armes égales avec toutes les grandes universités européennes, avec toutes les grandes universités nord-américaines, alors même que depuis des décennies, tout le monde à gauche comme à droite faisait le constat de la nécessité de cette réforme de l’université mais personne n’osait l’engager en raison des risques politiques qu’elle représentait ?

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir instauré le service minimum dans les transports, en mettant fin à une particularité française, qui permettait à une minorité, parce qu’elle faisait grève et qu’elle paralysait l’économie du pays, d’empêcher une majorité élue par les Français, de mettre en œuvre les réformes pour lesquelles cette majorité avait été choisie ?

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir réformé les retraites pour sauver notre système social de la faillite ?

 

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir engagé la mutation du développement durable avec le Grenelle de l’environnement ?

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir interdit la burqa au nom de la République que nous aimons, et qui est une république où l’on ne peut pas cacher son visage ?

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir redonné du souffle à la valeur du travail en assouplissant le carcan des 35 heures ? Certains disent que nous ne l’avons pas fait assez, peut être faudra-t-il aller plus loin ; mais en défiscalisant les heures supplémentaires nous avons apporté de la souplesse à un système qui étouffait progressivement l’économie française.

Est-ce que nous devrions rougir d’avoir sauvé en 2007 l’Europe de la paralysie institutionnelle dans laquelle l’avait plongé le « non » au référendum ?

Ou encore d’avoir aidé le peuple libyen à se libérer de la dictature ?

D’avoir protégé les Français, d’avoir protégé leur épargne, d’avoir protégé leurs emplois, dans la pire bourrasque financière et économique que le monde ait connue depuis la seconde guerre mondiale ?

 

Quand on fera le bilan de l’action qui a été celle des gouvernements que j’ai eu l’honneur de conduire, ce bilan, on pourra le comparer sans rougir à beaucoup d’autres bilans de la Vème République.

 

 

En ayant dit cela, je veux vous rassurer en vous affirmant que je mesure aussi parfaitement les difficultés, les inquiétudes que ressentent nos concitoyens parce que depuis quatre années ils subissent les effets de la crise économique. Je mesure parfaitement les espoirs que nous n’avons pas pu satisfaire.

Et j’ai envie de vous dire que je n’ai pas besoin de l’opposition pour le mesurer !

Ce quinquennat qui aurait dû se dérouler dans un contexte de croissance internationale, s’est déroulé dans un contexte d’orages permanents.

J’assume ce que nous avons fait, parce qu’un chef de Gouvernement qui n’assume pas ses responsabilités ne mérite pas d’être aux responsabilités !

 

Maintenant, face aux doutes qu’expriment nos concitoyens, des doutes qui sont légitimes dans la situation que nous connaissons, il y a trois attitudes possibles :

 

La première c’est celle du conservatisme qui suggère de tout stopper comme si la crise, comme si la mondialisation, n’étaient que des phénomènes passagers. C’est l’attitude d’une grande partie de la gauche, qui critique toutes les réformes que nous faisons, qui ne veut rien changer, et qui sur toutes les réformes stratégiques propose des moratoires, l’immobilisme, « on attend de voir », « on essaye de satisfaire aux revendications immédiates des uns et des autres » en se cachant la réalité. En refusant de moderniser notre pays nous l’enfonçons un peu plus dans la crise et dans l’endettement ;

 

La deuxième attitude possible, c’est celle du populisme, ceux qui ambitionnent de tout balayer comme si la France pouvait trouver son salut dans le repli, dans la révolte, comme si la France avait un avenir en s’opposant au reste du monde ;

 

Et puis il y a l’attitude des réformistes, des réformistes que nous sommes, qui savent que l’avenir de notre nation repose sur ses capacités de changements, et repose surtout sur sa capacité à regarder la vérité en face.

 

Et la vérité, mes chers amis, elle a aujourd’hui un nom : c’est la dette !

Cette question de la dette publique n’est pas une question nouvelle, ce n’est pas une question qui est née avec les agences de notation.

Cette question de la dette, elle devait tôt ou tard rattraper tous les Etats qui depuis trente ans vivent à crédit dans l’espoir de repousser à plus tard les efforts de gestion qu’ils auraient dû consentir depuis longtemps.

 

Cet été, devant le monde stupéfait, une agence de notation a osé mettre en doute la crédibilité financière de la première puissance du monde, la crédibilité financière des Etats-Unis, parce que l’endettement des Etats-Unis est considérable.

Que la première puissance mondiale soit ainsi contrainte de rassurer les investisseurs sur sa solidité, ce n’est pas le signe que le monde ne tourne pas rond, c’est le signe que le monde a décidé de ne plus faire comme si l’endettement des Etats était une chose normale.

 

Et depuis quelques semaines, c’est l’Europe qui est dans l’œil du cyclone.

 

Les inquiétudes, plus ou moins fondées, grandissent devant la situation de la Grèce. Vous entendez chaque jour des experts toujours aussi péremptoires vous dire que l’euro est en danger de mort et peut-être même que l’Europe elle-même est finalement en danger.

 

 

Rarement l’économie et la politique ont été aussi étroitement imbriquées.

Le problème financier, posé par l’endettement des Etats, est devenu un problème politique.

Ce qui est en jeu, c’est pas de la technique, c’est pas l’avenir des banques et c’est pas l’avenir de la finance, c’est le sort de notre souveraineté nationale, c’est le sort de notre indépendance, c’est le sort de l’Union Européenne, c’est le sort des efforts qui ont été accomplis depuis un demi siècle par plusieurs générations pour faire de l’Europe la terre la plus pacifique et la plus prospère sur la surface de la planète.

Il n’est plus temps aujourd’hui de déplorer l’irrationalité des marchés, de s’en prendre aux spéculateurs, même si, naturellement, oui les marchés sont irrationnels, oui il y a des spéculateurs, mais il est surtout temps de tirer les leçons des choix passés que nous avons faits et qui nous placent dans la situation que nous connaissons aujourd’hui.

 

 

Comment les pays européens ont-ils pu s’endetter indéfiniment sans penser aux lendemains ?

Comment ont-ils consenti à entretenir un niveau de vie qui était de plus en plus déconnecté de la réalité de leurs richesses ?

L’addition douloureuse qui nous est tendue aujourd’hui doit être l’occasion d’une prise de conscience, pour que nous puissions introduire des changements profonds dans notre manière de construire l’avenir.

Nous avons manqué de courage. Nous avons vécu à crédit parce que nous avions peur des réformes. Nous avons attendu d’être au pied du mur avant d’engager les changements qui étaient nécessaires.

Et maintenant, cette crise, comme toutes les crises, vient élever le seuil de responsabilité des hommes publics.

 

Notre premier devoir, en effet, c’est d’affronter la réalité, d’affronter la réalité sans démagogie, d’affronter la réalité sans chercher d’excuses ou de faux-fuyants.

 

Quand on a plus de 1.500 milliards de dette, quand on n’a jamais connu l’équilibre budgétaire depuis plus de trente cinq ans, il est totalement vain de s’en prendre au voisin, de s’en prendre aux agences de notation, avec tous les défauts qu’elles ont, de s’en prendre aux banquiers, de s’en prendre aux traders.

Il faut avoir le courage et la lucidité de se reprendre soi-même en main. Si nous n’étions pas si endettés nous ne dépendrions pas des marchés. Et cette constatation, c’est une constatation de bon sens que chacun d’entre vous peut faire dans sa vie personnelle. Quand vous êtes en situation difficile, vous n’accusez pas les spéculateurs, les agences de notations, ou les traders, vous vous en prenez à vous-même. Eh bien nous devons nous en prendre à nous même.

 

Notre deuxième devoir, c’est d’agir avec sang-froid, d’agir avec sang-froid pour réparer les erreurs et pour préparer l'avenir.

Devant les marchés qui ont perdu leur boussole, devant des investisseurs qui ne savent plus sur qui compter, les responsables politiques ont un devoir, le devoir absolu, celui d’être solides, d’être solides dans leur parole et d’être surtout résolus dans leurs actes.

 

 

Notre troisième devoir, c’est d’avoir toujours la présence d’esprit d’agir collectivement, d’agir collectivement avec l’Europe et pour l’Europe.

En temps de crise, malheureusement le premier réflexe, c’est souvent le mauvais réflexe, c’est celui de se replier sur soi-même.

«D’abord moi, et puis, tant pis pour les autres». Contre l’Europe, contre l’euro, cette musique suicidaire commence à se faire entendre dans notre pays.

 

Dans les mois qui viennent, nous allons avoir besoin d’entendre votre voix, celle des acteurs politiques que vous êtes, celle des militants, celle des hommes et des femmes engagés, pour contrer justement le discours de ceux qui viennent attiser les peurs de nos concitoyens, qui essayent de gonfler leurs inquiétudes et qui tentent de nous faire croire que l’histoire pourrait s’écrire à reculons. L’histoire ne recule pas. Nous avons construit l’Europe en réaction à des décennies, à des siècles, de conflits entre les Européens. C’est un bien qui est tellement précieux qu’il dépasse chacun d’entre nous, qu’il dépasse le destin politique des uns et des autres, qui ne peut pas être mis en danger, simplement parce que tel ou tel veut se faire élire et qu’il pense qu’il est plus facile de se faire élire en disant du mal des autres, en accusant les autres de tous les maux et de toutes les responsabilités.

 

Non, avec le Président de la République, nous ne renoncerons pas aux acquis de l’Europe ; nous ne renoncerons pas à l’esprit de fraternité qui unit les peuples européens depuis 60 ans ; nous ne renoncerons pas à ce destin commun qui permet aujourd’hui à 500 millions d’européens de tenir leur rang dans un océan de compétition, dans un océan de compétition qui est peuplé de 6 milliards d’habitants, et bientôt de 9 !

 

Bien sûr la crise que nous traversons a révélé des lacunes dans l’organisation européenne, elle a révélé des lacunes en particulier dans notre union monétaire.

Nous avons construit la monnaie européenne sans bâtir en même temps le gouvernement économique commun, et donc sans harmoniser les budgets, la fiscalité des pays de la zone euro. C’était une erreur, chacun pouvait comprendre qu’il ne serait pas possible indéfiniment de faire fonctionner la même monnaie dans une zone où certains travaillent 45 heures et d’autres 35, dans une zone où certains partent à la retraite à 68 ans et d’autres à 57, dans une zone où certains paient beaucoup d’impôts quand d’autres en payent moins.

 

Nous avons conçu une zone monétaire qui a laissé se creuser des écarts de compétitivité, une zone monétaire qui a laissé filer l’endettement public de la plupart de ses membres, parce qu’à un moment ou à un autre cela nous arrangeait tous de ne pas condamner le laxisme de certains Etats dont on voyait bien qu’ils étaient en train de s’endetter.

 

Oui nous avons vu la Grèce s’endetter, oui nous avons vu d’autres pays d’Europe s’endetter, mais chacun étant concentré sur ses propres contraintes, c’était plus facile de faire semblant de ne pas voir pour pouvoir nous même ne pas respecter les règles de bonne gestion que les traités européens avaient prévus. Mais il ne faut pas tirer de ces difficultés de la monnaie européenne des mauvaises conclusions.

 

 

Et certains, dans leur panique, envisagent de couvrir ou d’exclure tel ou tel pays incapable d’assumer les contraintes de la monnaie unique.

 

Je veux dire que ces propos sont des propos irresponsables.

Ceux qui jouent avec l’idée que l’Europe puisse renoncer au remboursement des prêts consentis à la Grèce, bref que l’Europe «prenne ses pertes», comme je l’ai entendu dire hier, est-ce que ceux-là ont vraiment réfléchi aux conséquences de ce type de décision ?

 

Laisser l’Europe renoncer au remboursement des prêts consentis à la Grèce, cela signifie que le laxisme budgétaire d’un Etat est financé par les autres. Cela signifie des pertes pour tous les pays qui ont prêté à la Grèce.

Ceux qui mettent en avant cette solution pensent qu'il s'agit d'une recette miracle, d’une recette qui viendrait alléger la contrainte qui pèse aujourd’hui sur la Grèce. Mais je veux dire que rien n'est moins certain !

Si la Grèce faisait défaut sur ses engagements, ce serait à court terme plus de difficultés pour ce pays avec une récession encore plus sévère, avec un chômage encore plus élevé, avec des difficultés supplémentaires pour trouver à l'extérieur les sources de financement dont il a besoin pour se redresser.

 

 

Quant à ceux qui suggèrent de laisser tomber la Grèce ou qui réclament sa mise à l’écart de la zone euro, est-ce qu’ils ont bien mesuré les risques de leurs propos ? Faire cela, cela reviendrait à remettre en cause le périmètre de la zone euro et cela entraînerait une déstabilisation générale dont personne ne sortirait gagnant.

Si la Grèce devait quitter l’euro, tous les experts lui prédisent une dépréciation massive de sa monnaie pouvant aller jusqu’à 50% de sa valeur, et une très longue récession.

Pour le reste de l’Europe, la facture aussi serait une facture salée : un affaiblissement immense de la monnaie unique, une onde de choc qui frapperait nos entreprises et notre secteur financier. Et surtout une contagion périlleuse aux pays déjà fragilisés. Qui peut penser un instant que si les pays de la zone euro décidaient de laisser tomber l’un des leurs, les mêmes marchés, les mêmes spéculateurs ne s’en prendraient pas immédiatement aux autres pays de la zone euro fragilisée ?

 

L’euro en réalité nous protège, et douter de cette protection ce serait une grave erreur.

L’euro protège notre niveau de vie, il nous protège directement d’une guerre des monnaies, dont personne n’est jamais sorti renforcé.

C’est d’ailleurs la leçon des années 30, où chaque pays utilisait sa monnaie comme une arme pour essayer de gagner en compétitivité mais de manière factice.

C’est la leçon des années 70 et des années 80 où beaucoup de pays ont conduit des dévaluations dites compétitives. Menées sous le signe de l’égoïsme, ces dévaluations ont infligé aux nations des périodes d’inflation sans croissance.

 

Agiter enfin comme le fait l’extrême droite la menace d’une dévaluation, c’est ignorer les implications d’une décision monétaire qui engagerait non pas la France seule, mais toute la zone euro.

Ceux qui promettent de résoudre tous les problèmes que rencontre notre économie, nos pays développés, par le retour au Franc et par la simple dévaluation de la monnaie pourraient aussi bien vous promettre la lune. Parce que la crédibilité d’une nouvelle monnaie ne se décrète pas !

Je veux vous demander de méditer sur l’exemple de l’Argentine, qui après avoir misé en 2002 sur une baisse imperceptible de son taux de change avec le dollar pour gagner en compétitivité par rapport à son voisin nord américain, s’est retrouvée avec une monnaie réduite de 75% de sa valeur ; cet exemple devrait suffire à nous mettre en garde.

La vérité, c’est que personne ne peut définir à sa guise le taux de change d’une nouvelle monnaie. Si nouvelle monnaie il y avait, son prix serait tout simplement ce que décideraient les marchés.

Alors ne croyez pas tous ceux qui murmurent que le scénario d'une sortie en douceur de l’euro est une possibilité parmi d’autres. Ce serait une catastrophe économique, ce serait un désastre financier et ce serait surtout une débâcle sociale dont l’Europe ne se relèverait pas.

En réalité, pour répondre à cette crise, il ne faut pas moins d’Europe mais il faut plus d'Europe, il faut plus d’Europe politique, il faut plus de cohérence économique, il faut plus d'harmonisation fiscale, et il est grand temps que l’Europe reprenne le contrôle de ses finances publiques et qu’elle se dote d’un vrai gouvernement économique.

Alors nous nous rapprochons lentement, trop lentement, mais nous nous rapprochons du but. En matière de régulation et de supervisions financières, l’Europe a plus avancé en quelques mois, sous la contrainte des événements, qu’en vingt ans.

Et on peut dire que, grâce en particulier aux initiatives du Président de la République et de la chancelière Allemande, le lancement d’un véritable gouvernement économique de la zone euro est enclenché.

 

 

Mais pour que cela fonctionne il faut un leadership plus fort, il faut une solidarité plus forte entre les Etats de la zone euro et singulièrement entre la France et l’Allemagne.

 

L’année 2011 a montré une nouvelle fois le rôle absolument essentiel, vital du couple franco-allemand pour faire évoluer l’Union Européenne.

Nos deux pays ont prouvé qu’ils étaient prêts à se lancer en pionniers dans une plus grande convergence budgétaire et fiscale. Lorsqu’au mois d’août, Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont pris l’engagement d’engager un processus pour qu’en 2013 la France et l’Allemagne aient la même fiscalité sur les entreprises, que l’impôt sur les sociétés soit commun à la France et à l’Allemagne. Ce serait un exemple extraordinairement fort, un symbole extraordinairement fort de cette convergence qui nous permettrait enfin de donner à la zone euro cette capacité de lutter contre la compétition internationale, de lutter contre la compétition avec les pays asiatiques, avec les pays d’Europe du nord, sans avoir à gérer, en plus, une compétition interne à l’Europe entre la France et l’Allemagne, entre l’Allemagne et l’Italie, entre la France et l’Espagne, du fait des différences de niveau de salaire, de charges sociales, de fiscalité.

 

Sur tous les dossiers, je voudrais que, en laissant passer le tumulte, les commentaires irréfléchis qui sont notre lot quotidien lorsque l’on allume la télévision ou la radio, vous regardiez avec le recul nécessaire, qui a joué un rôle clé depuis le début de cette crise économique et financière pour protéger l’Europe, pour faire en sorte que la crise qui avait commencé aux Etats-Unis ne mette pas par terre l’ensemble du système financier mondial, et aujourd’hui pour faire en sorte que l’euro continue de protéger la Grèce, et à travers la Grèce l’ensemble de l’effort de construction européenne. Sur tous ces dossiers je veux dire que le président de la République, Nicolas Sarkozy, a été à chaque fois une force de proposition et une force de réaction rapide. Et, à travers lui, la France est écoutée, et c’est la France qui tient la barre depuis le début aux côtés de l’Allemagne.

Et, franchement, quand je regarde le débat sur les élections présidentielles, je ne vois pas d’autre candidat qui puisse présenter la même expérience, la même combativité, la même capacité de gérer les crises graves auxquelles sont soumis les pays de l’Union Européenne.

 

Face à cette crise il y a une réponse européenne, je viens de l’évoquer, mais il y a aussi une réponse nationale.

D’un côté, nous devons réduire nos déficits, et de l’autre nous devons continuer d’aller chercher la croissance. Réduire les déficits en étouffant l’économie c’est prendre le risque d’une récession ; il nous faut donc à la fois réduire les déficits, c’est une question de crédibilité, et en même temps aller chercher la croissance.

 

Nous nous sommes engagés à ramener nos déficits en dessous de 3% en 2013 et à 2% en 2014 pour aller sur une trajectoire qui nous conduit à l’équilibre. Eh bien, je voudrais vous dire que nous nous donnons les moyens d’atteindre ces objectifs. Nous avons engagé dès 2007 une révision générale des politiques publiques, qui a souvent suscité bien des critiques. Il s’agit de faire quoi : il s’agit de revoir l’architecture de l’administration de l’Etat pour l’adapter à la fois à la vie d’aujourd’hui, aux contraintes qui sont celles de la société moderne, mais aussi pour l’adapter à nos capacités financières. Nous avons grâce à cette révision générale des politiques publiques, qui a pu ici ou là vous faire souffrir ou en tout cas susciter de votre part des critiques, grâce à cette révision générales des politiques publiques nous avons réalisé 15 milliards d’euros d’économies ; et au terme du quinquennat, nous aurons supprimé 150.000 postes de fonctionnaires d’Etat. Nous ne le faisons pas de gaieté de cœur, nous ne disons pas que, si d’autres situations étaient possibles, si nous en avions les moyens, d’autres politiques ne seraient possibles, mais nous sommes dans un pays qui a sans cesse accru depuis 40 ans le nombre des emplois publics. Nous sommes aujourd’hui le pays en Europe qui a le record, le record d’emplois publics, le record de dépenses publiques et le record d’impôts. Il fallait donc bien engager cet effort de réduction du nombre des postes de fonctionnaires.

 

Nous avons gelé depuis deux ans les dépenses de l’Etat et nous avons gelé, cela allait de soit, en même temps, les dotations aux collectivités locales.

Nous avons restructuré notre carte militaire. Je suis venu aujourd’hui à La Rochelle pour signer, avec les collectivités locales, le contrat qui permet à l’Etat d’aider les territoires à compenser la perte des unités militaires par la création de nouveaux emplois ; mais enfin, quel que soit l’attachement que l’on puisse avoir dans une région à ses unités militaires, quelle que soit la nostalgie que l’on puisse avoir quand un régiment est dissout, qui peut penser un instant que la France aurait pu continuer à faire comme si elle était toujours menacée d’invasion par le pacte de Varsovie et à entretenir une armée de 500.000 hommes répartis sur tout le territoire comme dans les années 60 ou dans les années 50, qui peut le penser un instant ? Si nous n’avions pas enclenché la modernisation des armées qui a commencé avec la professionnalisation, nous aurions aujourd’hui une armée d’un demi million d’hommes que nous n’aurions absolument pas les moyens d’entretenir et dont l’utilité pour la nation serait faible compte tenu des menaces qui pèsent sur nous. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui ce n’est pas de 500.000 hommes, c’est d’une armée capable de se projeter loin pour aller défendre les intérêts de la France là où ils sont menacés comme, on l’a vu encore, avec quelle efficacité, lorsque nous avons mené des opérations militaires pour soutenir les rebelles libyens qui luttaient pour leur liberté. Je suis heureux de profiter de l’occasion que vous me donnez pour rendre une nouvelle fois hommage au courage, au professionnalisme et à l’efficacité des soldats de nos armées.

 

 

Nous avons rationalisé notre organisation judiciaire, nous avons engagé la rationalisation de notre réseau de santé parce qu’il faut lutter contre l’éparpillement des structures.

Et avec la réforme des retraites, nous sommes parvenus à sauvegarder notre modèle social.

 

 

Cet été, nous avons dû, en raison du ralentissement de la croissance dans tous les pays développés, annoncer un plan supplémentaire qui vient s’ajouter à tous les efforts que je viens d’évoquer de 11 milliards d’euros d’économies.

Ce plan ce n’est pas un changement de cap, ce n’est pas une nouvelle politique, c’est simplement un ajustement pour faire en sorte qu’à la fin de l’année les engagements que nous avons pris de réduction des déficits soient bien tenus. Je me suis engagé à ce qu’à la fin de l’année le déficit de notre pays ne dépasse pas 5,7%, nous tiendrons cet engagement. Et l’année prochaine nous nous sommes engagés à ce que le déficit de notre pays soit inférieur à 4,5%, nous tiendrons cet engagement. C’est comme ça que nous pourrons ramener le budget de l’Etat français à l’équilibre sans tuer la croissance. Bien sûr on pourrait aller plus vite, on pourrait faire conduire des politiques, comme en ont conduit en d’autres temps certains pays, fermer la moitié des services publics, licencier les fonctionnaires, baisser les traitements, mais alors, non seulement nous provoquerions un mécontentement social profond et justifié, et surtout nous asphyxierions le moteur de la croissance de l’économie française.

 

Avec ce plan, nous demandons plus aux grandes entreprises qu’aux petites, nous demandons plus aux ménages fortunés qu’aux autres Français. Alors bien sûr il suscite des critiques et ce n’est pas avec plaisir que le Premier ministre que je suis, le gouvernement, la majorité, sous l’autorité du Président de la République, propose de supprimer des avantages fiscaux, d’augmenter un certain nombre de taxes ou de réduire certaines dépenses. Naturellement chacun préférerait être dispensé des efforts, mais je veux vous dire que ces efforts ne sont rien par rapport à ceux que nous serions obligés d’assumer si le laxisme était au pouvoir. Parce que grâce à la discipline que nous mettons en place, grâce à la discipline budgétaire que nous nous sommes imposée, la crédibilité de la France reste forte au regard des investisseurs. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la France peut continuer à financer sa dette à un taux qui est très bas parce que les marchés ont confiance dans la crédibilité de la France, parce qu’ils ont confiance simplement dans la politique économique et budgétaire qui est conduite.

 

Dans l’intérêt de tous les Français, ces efforts doivent être constants. Et je veux dire qu’ils ne doivent pas être prisonniers des échéances électorales.

Parce que la question des déficits, ce n’est pas une question de droite ou une question de gauche, c’est juste un problème national !

 

J’ai regardé jeudi soir avec intérêt l’émission télévisée qui était consacrée aux primaires du parti socialiste. Je ne fais pas partie de ceux qui portent un jugement critique sur l’exercice. Après tout, c’est un exercice qui était utile à notre démocratie. Mais en revanche je suis atterré par les propositions qui émanaient de ce débat. Ceux qui veulent sortir du nucléaire en laissant notre pays complètement désarmé face à l’augmentation massive du prix de l’énergie, ceux qui veulent dépénaliser le cannabis, ceux qui veulent régulariser les immigrés clandestins. Mais il y a un élément qui m’a paru fondamental, c’est que l’essentiel de l’émission a tourné autour de la question des déficits. Et donc ça veut dire au moins une chose positive c’est que cette question qui a longtemps été taboue à gauche, ignorée à gauche - d’ailleurs on entend encore une partie de la gauche française, à l’extrême gauche, dire que le déficit ça n’a aucune importance - que ce sont des questions liées aux agences de notation et aux banques, qu’on peut continuer à s’endetter indéfiniment, cette question, le parti socialiste en a enfin pris conscience.

 

Mais s’il en a pris conscience, ça ne signifie pas pour autant qu’il ait conscience des efforts que réclame la résolution de notre déficit.

À mon sens, les Français, à l’issue de ce débat, ne savent toujours pas où, comment et en taxant qui, le parti socialiste compte dégager des économies pour réduire nos déficits. Les candidats ont eu recours à tous les artifices habituels : la croissance - il suffit de décréter la croissance et la croissance permettra de rembourser les dettes -, « on va faire payer les riches ». Naturellement, on peut toujours continuer à augmenter les impôts, simplement il y a des limites ; et il y a une limite qui est très simple, c’est la limite de la crédibilité de la politique fiscale. Quand on exagère la taxation, et en particulier la taxation de ceux qui investissent, la taxation des entrepreneurs, qu’est-ce qu’ils font ? Eh bien ils vont entreprendre ailleurs ! Et c’est de plus en plus facile dans le monde d’aujourd’hui. Et c’est de plus en plus facile dans l’espace européen que nous avons construit.

 

En revanche, on a parfaitement compris, à écouter les candidats socialistes, que la promesse d’un retour à la retraite à 60 ans, la promesse de recruter 60.000 enseignants supplémentaires, 10.000 policiers supplémentaires, la promesse d’accueillir 300.000 emplois jeunes dans les structures publiques pour des emplois précaires, que toutes ces promesses allaient coûter très cher.

 

Nous, nous avons une stratégie : cette stratégie c’est la réduction des dépenses de l’Etat, c’est le non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c’est la réforme de l’Etat. C’est une stratégie qui peut être critiquée, mais c’est une stratégie qui conduit à réduire le déficit de notre pays alors que la stratégie que j’ai entendue jeudi soir c’est une stratégie qui conduit à accroître le déficit de notre pays.

 

Cette stratégie est nécessaire pour réduire nos déficits, mais elle ne serait pas complète si elle n’était pas épaulée par une stratégie pour aller chercher la croissance.

Nous sommes dans une phase de reprise économique, de reprise économique fragile, qui exige de bien cibler nos efforts sur la productivité et sur l’inventivité.

 

 

Comme aucun gouvernement par le passé, nous avons investi sur la recherche, nous avons investi sur l’université, parce que c’est dans l’université que se créent les métiers et les emplois de demain. Nous avons investi sur l’innovation, sur la technologie, sur la croissance verte. Il est d’ailleurs tout à fait symbolique que, parallèlement à l’effort de réduction des dépenses publiques, nous ayons engagé le programme des investissements d’avenir, qu’on avait appelé à un moment le « grand emprunt ». 35 milliards d’euros destinés à soutenir les secteurs de pointe, les secteurs d’avenir de l’économie française, de la recherche française, de l’innovation française.

Ces 35 milliards d’euros viennent déjà soutenir aujourd’hui 300 projets et 1 700 entreprises, et, tout à l’heure, en visitant la SOGERMA dans votre région, nous avons pu constater déjà les effets de ce programme d’investissement d’avenir avec des axes de recherche qui vont permettre demain à cette entreprise, comme beaucoup d’autres dans notre pays, de rester à la pointe de la technologie mondiale.

 

Nous avons réformé la taxe professionnelle ; cela n’a pas été facile et cela a suscité bien des critiques que je comprends compte tenu de la fragilité de la situation des finances des collectivités locales. Mais c’était nécessaire, c’était nécessaire d’enlever une charge qui pesait sur l’entreprise française et sur aucune autre dans le monde et qui était une charge qui était indexée sur leur capacité d’investissement. Plus une entreprise investissait, plus elle payait d’impôt alors que ça devrait être le contraire. Nous devrions, par notre fiscalité, favoriser les entreprises qui investissent et grâce à cette reforme, c’est près de 5 milliards d’euros qu’on a remis entre les mains des entrepreneurs pour qu’ils investissent sur des nouveaux produits, pour qu’ils aillent conquérir de nouveaux marchés.

 

 

Nous avons puissamment encouragé l’innovation en triplant le crédit impôt recherche, et j’ai toujours beaucoup de satisfaction lorsque je visite une entreprise, comme la SOGERMA tout à l’heure, en entendant les chefs d’entreprise dire « grâce au crédit impôt recherche nous avons pu accroître la part que l’entreprise consacre à la recherche de nouveaux produits ». Parce qu’une entreprise qui ne consacre pas de financement à la recherche de nouveaux produits, c’est une entreprise qui tôt ou tard est condamnée.

 

Et d’ailleurs cela fonctionne en France puisque notre pays, malgré la crise économique, est aujourd’hui le premier pays en Europe pour l’accueil de centres de recherche et de développement, et pour la première fois, depuis 2003, l’engagement des entreprises françaises, du secteur privé français en matière de recherche, a augmenté alors qu’il chutait chaque année.

 

 

Nous avons choisi de récompenser la valeur du travail en autorisant le recours aux heures supplémentaires. Je sais que la gauche est très remontée contre cette politique, qui est une politique qui n’avait pas d’autre objectif que d’atténuer les dégâts des 35 heures sur la compétitivité de l’économie française. Eh bien, 9 millions de salariés ont bénéficié des heures supplémentaires, pour un gain moyen de 450 euros par an.

 

 

Nous avons réformé la formation professionnelle parce que nous voulons qu’elle soit plus accessible à ceux qui en ont le plus besoin, et qu’elle soit plus en phase avec les besoins des entreprises.

 

 

Et pour l’emploi et pour les jeunes, nous sommes en train de généraliser l’apprentissage, nous avons fait le maximum pour faciliter chaque étape, l’hébergement des jeunes en alternance, l’exonération des charges patronales pendant un an pour ceux qui embauchent un jeune en alternance, parce que nous croyons que cette formule de l’alternance est une formule d’avenir pour des jeunes qui aujourd’hui, souvent, sont en situation d’échec.


Sur le chômage, comme sur le pouvoir d’achat, comme sur l’insécurité, ou encore sur l’immigration ou encore sur le financement de la sécurité sociale, j’ai une règle : je m’interdis toute démagogie.

Les combats que nous menons sont des combats de longue haleine, ce sont des combats qui nécessitent d’abord de dire la vérité, de parler vrai.

 

Le plein emploi, l’augmentation des salaires, c’est impossible sans la croissance, et c’est donc sur la croissance qu’il faut placer toutes nos énergies, et pour avoir de la croissance il faut produire plus, il faut produire mieux, il faut être capable de vendre nos produits dans le monde, il faut être compétitifs par rapport à nos voisins, par rapport à nos concurrents immédiats que sont les Allemands, les Britanniques, les autres pays européens.

 

Contre la délinquance - où la fermeté de notre majorité reste infiniment plus grande que celle de la gauche – je veux dire que la lutte que nous menons ne dépend pas que des forces de l’ordre, elle ne dépend pas que de l’efficacité de la justice, elle ne dépend pas que de l’argent public investi dans la politique de sécurité.

Elle dépend aussi des élus locaux, des enseignants, des familles qui doivent s’engager pour faire barrage à la culture de la violence qui imprègne notre société.

 

Sur l’immigration, il est injuste et détestable d’ériger les étrangers en boucs émissaires de tous nos maux, mais je veux dire qu’il est en revanche légitime d’exiger de leur part le respect des lois de la République et des devoirs qui sont ceux de tous les citoyens.

Et il est au surplus parfaitement raisonnable, en période de crise, de penser qu’il faut réduire le flux de l’immigration régulière.

 

 

Sur la sécurité sociale, je veux dire que, là aussi, la maîtrise des comptes, ça ne relève pas seulement des administrations et des partenaires sociaux, c’est aussi l’affaire de tous les citoyens que nous sommes qui doivent être responsables dans l’usage de leurs droits. Ceux qui fraudent, ceux qui abusent, ceux qui en demandent toujours plus, pénalisent en réalité tous les autres. Alors moi j’en appelle, tout simplement, mes chers amis, sur tous ces sujets, à l’esprit républicain.

 

En République, nous sommes comptables de l’avenir de notre pays. Et chacun doit se demander ce qu’il peut faire pour la France, avant de se demander ce que la France peut faire pour lui.

 

Dans une république, chaque citoyen apporte sa pierre à l’édifice commun. Personne n’est inutile, personne n’est condamné à rester sur le bord du chemin, mais personne ne peut non plus se dispenser des efforts que fournissent tous les autres.

C’est ensemble que nous sommes forts !

L’individualisme, le corporatisme, le communautarisme, le scepticisme, voilà les adversaires éternels de la France rassemblée et de la France gagnante.

 

Alors moi je suis venu vous dire, autour du Président de la République, vous détenez l’une des clés de notre réussite.

Parce que la bataille des convictions, elle ne se gagne pas seulement sur les plateaux de télévision, elle se gagne sur le terrain, et ce que je vous demande ce soir, ici, c’est d’être unis, d’être unis pour défendre nos valeurs.

D’être déterminés face aux conservateurs de tous bords, à tous ceux qui vont vous dire qu’il faut renoncer à réformer la France, à tous ceux qui vont proposer des palliatifs pour faire en sorte que la douleur soit moindre, mais qui ne règlent en rien les problèmes de notre pays. Je veux dire à ceux-là que leur pessimisme s’apparente à une forme de désertion.

 

 

Soyez aussi déterminés face aux extrémistes, aux extrémistes de tous horizons, aux extrémistes qui n’ont toujours qu’un seul ressort : exacerber les pulsions les plus sombres. Leur démagogie est une trahison de l’esprit.

 

Voila, mes chers amis,

Pour qu’une équipe gagne, il faut deux choses : il faut avoir fait de belles choses ensemble, et il faut avoir envie d’en faire encore.

Eh bien, je crois en l’avenir de notre politique de réforme.

Je crois que nous n’avons pas fini notre travail.

Et je crois en vous pour continuer d’entraîner la France avec fierté et avec réalisme.

Vive la République, et vive la France !

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