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20 juin 2005 1 20 /06 /juin /2005 17:30
Après trois années au gouvernement, trois années de réformes incessantes dont celles des retraites et de l’Ecole, me voici, devant vous, en simple militant, mais surtout en homme libre.

Libre de servir mes idées !
Libre de donner ma part de vérité sur la situation de mon pays !
Libre d’épauler Nicolas dans sa tâche ; ce que je ferai sans réserve, désormais lié par mes seules convictions.
Libre et fier.

Fier d'avoir accompli mon devoir. Fier d'être demeuré fidèle à votre volonté de nous voir gouverner la France pour la changer. Fier d'avoir bousculé les conservatismes et d'y avoir, grâce à vous, résisté.

Sans votre appui, le parcours n'aurait pas été aussi droit. Aujourd'hui, je vous dis merci pour votre soutien et votre confiance.

Mes compagnons et amis,
En politique, les défaites sont souvent plus instructives que les victoires.

Le "non" des Français au traité constitutionnel constitue un choc politique. Il ne s’agit pas d’un incident de parcours. 21 avril 2002, 28 mars 2004, 29 mai 2005 : tous ces rendez-vous auront été l’occasion d’une révolte démocratique.

Chacune est différente, mais toutes procèdent d’un même cri, d'un même malaise national que nous n’avons pas réussi, en trois ans, à guérir.

La France est malade.
Malade de son chômage de masse.
Malade de son ascenseur social bloqué et de son pacte républicain morcelé.
Malade de ses talents bridés, de ses relations sociales étriquées et stéréotypées, de ses institutions bancales,
Malade de son incapacité chronique à se remettre en cause alors même que notre système fabrique plus d'inégalités et d'injustices qu'ailleurs.
Malade de voir ses idéaux enlisés.

La France paie des décennies d'hésitations, d'illusions, de mensonges, face aux accélérations de l'Histoire. La gauche a une très lourde responsabilité dans ce retard, même si nous ne sommes pas, nous-mêmes, exemptes de tous reproches.

En réalité, c'est tout le "modèle français" qu'il faut reconstruire, non par quelques ajustements, non en recherchant des équilibres subtiles qui ne convainquent personne et ne donnent que des résultats passables, mais en le refondant autour de nouvelles idées, de nouvelles valeurs, de nouvelles ambitions.

Mes amis,
Ce 29 mai restera comme une occasion manquée. Pour moi qui ai voté contre Maastricht parce que l’Europe politique était alors négligée, c’est une déception puisque nous voici replongés dans l’approximation institutionnelle.

Mais si nous tirons lucidement les leçons de ce 29 mai pour mieux préparer l'échéance de 2007, alors cette triste date aura été salutaire. Car le vote des Français constitue toujours un message profitable pour ceux qui savent le saisir.

L’heure n’est donc ni à l’amertume, ni au défaitisme, mais à la réflexion qui prépare l’action !

La victoire du « non » ne peut être réduite au rejet, stricto sensu, de cette constitution. Je l'explique par la conjonction de trois crises d’identité, trois crises face la modernité, trois crises qui se sont chevauchées et retrouvées dans le vote du « non ».

Tout d’abord, la crise de l’identité européenne.

Depuis son origine, l’Europe a été portée par une élite, notamment administrative. C'était sans doute nécessaire au départ, mais cette Europe technique n’a pas trouvé l’élan nécessaire pour incarner une ambition charnelle, une ambition distincte de celles des puissances du moment : les Etats Unis, la Chine, demain l’Inde. Cette constitution est arrivée trop tard pour convaincre nos concitoyens qu’un nouveau départ, désormais plus politique, était assigné à l’Union.

Le résultat est là : après le "non français", le "non néerlandais", la suspension britannique, l'Europe est dans l'impasse.

Plus que jamais, deux philosophies vont se disputer l'avenir : celle de l'Europe politique qui est désormais fragilisée ; celle de l'Europe zone marchande, qui, sous la prochaine présidence anglaise, va retrouver des couleurs.

Cahin-caha, nous allons vivre sous le régime du traité de Nice, dont chacun sait qu'il est notoirement insuffisant pour répondre au défi de l'élargissement. Puis un jour viendra où, las des blocages et des insuffisances institutionnelles, des hommes se lèveront et relanceront la construction européenne.

Vous le savez, un premier rendez-vous européen est prévu en 2006 pour faire le point sur la procédure de ratification chez les 25 Etats membres. Des ébauches de solutions seront alors discutées… Mais nous serons à quelques encablures de l'élection présidentielle et tout indique que le nœud de la "question européenne" ne sera tranché, en France, qu'à cette occasion.

C'est à travers cette élection, c'est par elle, que les Français se prononceront sur la stratégie qu'il convient d'adopter pour relancer l'Union.

A cette crise de l’identité européenne, s’est ajoutée la crise de notre propre identité française. C'est elle qui a tout fait basculer ; c'est dire que le redressement européen est indissociable du sursaut français.

La tentation du repli - sur « nos frontières » et nos « acquis sociaux » - révèle l’affaiblissement de notre foi en nous-mêmes.

Comment un grand pays comme le nôtre, qui n’a cessé de traverser l’Histoire la tête haute, en est-il arrivé à se sous-estimer à ce point ?

C'est une question d'état d'esprit.

Pendant des décennies, on a moqué, déprécié, les valeurs et les réussites de notre nation. La critique systématique, le cynisme permanent, la mise en dérision de toutes vertus collectives, sont devenus monnaie courante.

Le simple fait d’inviter tous les élèves à apprendre La Marseillaise fut récemment prétexte à polémiques. Cet exemple mineur en dit long sur nous-mêmes…

Un pays qui ne s’aime pas, ne peut se dépasser et se projeter fraternellement vers les autres. La tentation du repli est la revanche d’une fierté nationale maltraitée, injustement raillée. Il faut renouer avec un patriotisme généreux et audacieux, un patriotisme éclairé, c'est à dire hissé au niveau des desseins européens et des enjeux internationaux.

Mes amis, la France ne peut continuer à avoir peur du monde.

C’est vrai, ce monde est ouvert, compétitif, complexe. C'est vrai, pendant des siècles nous avons, avec quelques autres nations, dominé  la planète et ses richesses… Cela est fini ! Aujourd’hui, de nouvelles puissances émergent et réclament légitimement leur part de progrès. Nous tremblons à l’idée de réformer le modèle français au regard de cette nouvelle donne, alors que nous avons suffisamment d’atouts et de créativité pour le faire.

Réformer ce modèle, c’est à l'évidence instaurer une nouvelle articulation entre la productivité et la solidarité. Or, pendant des décennies, on a expliqué que la question sociale était intouchable.

Nous avons attendu 15 ans pour réformer les retraites ! 15 ans pour trouver le courage de faire ce qu'il fallait faire, et, malgré cela, des centaines de milliers de nos concitoyens sont descendus dans la rue dans l'espoir de tout stopper…

Nous marchons sur la tête.

Le « toujours plus », « pour tous », à « n’importe quel prix », et si possible « sans trop d’efforts », est devenu un credo sur lequel surfent tous les démagogues. Dès lors, nul ne peut s’étonner d’avoir vu resurgir dans ce référendum, la thématique - populaire mais suicidaire pour notre pacte social - du statu quo face à une Europe dénoncée comme le cheval de Troie du changement.

La voilà la troisième crise d’identité : c'est celle de la gauche française. Je n’ai aucune leçon à donner à mes opposants, mais je constate que notre démocratie est faussée par une grave et persistante ambiguïté idéologique, qui est unique en Europe.

Gauchisme radical ou sociale-démocratie : le choix n’a jamais été clairement débattu et assumé en France. Le SPD allemand a tranché en 1959, en se prononçant une fois pour toute faveur de l’économie de marché. Quant au Labour anglais, il s'est approprié les réformes de Margaret Thatcher.

Rien de tel chez nous.

Parce que les clarifications ont sans cesse été différées, parce que le parti socialiste continue de finasser avec les réalités économiques du monde, la France subit de plein fouet la surenchère de l’extrême gauche.

Si les électeurs de gauche oscillent entre la pensée de François Hollande et celle d’Olivier Besancenot, c’est qu’il y a un problème de fond ; un problème qui infecte et archaïse tout le débat public.

A l'époque du Rassemblement Pour la République, nous avons, avec Nicolas Sarkozy, suffisamment combattu l'extrême droite, pour exiger aujourd'hui de la gauche qu'elle en fasse de même avec ses extrêmes !

Nous sommes en droit de réclamer de messieurs Hollande, Fabius, Lang et tous les autres, plus d'intransigeance à l'égard de ceux qui font encore de la "lutte des classes" le moteur démagogique et venimeux de leurs succès électoraux.

Nous sommes en droit de réclamer une clarification politique et morale face à une extrême gauche qui entretient notre peuple dans l'illusion de je ne sais quelle "Ligne Maginot" face à la mondialisation ; une extrême gauche qui puise toujours ses idées et ses mythes dans une idéologie qui, pendant 70 ans, à fait régner la terreur et la misère sur une grande partie du monde.

Mes chers amis,

Ces trois crises d’identité ont convergé pour entraîner la défaite du « oui ». Il n'y aura pas de redressement sans réponse à ces trois crises.

Le défi est difficile à relever, car c'est la légitimité même du politique qui est contestée.

Restaurer cette légitimité, c'est d’abord gagner la bataille des idées. Il est stupéfiant que les tenants de l’économie de marché et de l’ouverture au monde soient sur la défensive face aux adeptes du dirigisme marxiste et du nationalisme étroit. Avant d’être politique, le combat que nous devons livrer et gagner est idéologique !

Il faut ensuite redonner de l’autorité et de la continuité à l’action publique. Dans notre pays, il n’est plus possible que ce soient les corporatismes et les minorités qui faussent toujours le sens de l’intérêt général. L’Etat n’est pas un prestataire de services. Il est là pour arbitrer et donner un cap à la société française.

Dans cet esprit, nous n'échapperons pas à un renouveau de nos institutions. Le quinquennat change le rythme de notre démocratie. Il exige de gouverner avec lisibilité et efficacité, en prenant les Français à témoin de façon permanente afin de les éclairer et les entraîner. Il impose de sortir de la tyrannie du court-terme, dictée par les sondages et la peur du premier manifestant venu. Il suppose enfin une équipe gouvernementale soudée ; une équipe dont on ne change pas les visages au premier "coup de grisou", afin de donner des gages à ceux qui par la rue tentent d'arracher ce qu'ils n'ont pas obtenu par les urnes.

Il faut aussi ressusciter l’esprit civique. Chacun d’entre-nous doit se demander ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que le contraire. La France est une grande nation, mais cette grandeur n’existe pas sans efforts et sans vertus individuels. C’est cela l’esprit républicain !

Il faut enfin et surtout placer nos concitoyens en situation de choisir leur l'avenir, je parle d'un choix clair et net, pas d'un choix cotonneux. Tout le débat actuel sur notre "modèle social", sur les mérites des systèmes danois ou britannique, est fort intéressant, mais à contre-temps. Ce n'est pas maintenant, à la sauvette, que l'on tranchera les problèmes de fond qui décideront de l'organisation de la France.

Cela ne pourra se faire que devant et avec tous les Français.

Soyons-clairs : l'essentiel se décidera en 2007, dans le cadre d'une élection présidentielle dont il est capital qu'elle n'occulte pas, comme en avril 2002, les questions centrales que le peuple doit trancher.

Il faudra choisir entre une France ouverte sur les réalités du monde ou repliée sur ses songes, choisir entre la société du travail pour tous ou celle du statu quo social, en un mot, il faudra choisir entre le changement ou la continuité.

En attendant, deux années sont devant nous. Dominique de Villepin fera tout ce qu'il peut pour donner du souffle à cette fin de quinquennat. Il en a la volonté. Il le fera avec l'appui de Nicolas Sarkozy, qui a eu raison de ne pas esquiver ses responsabilités gouvernementales!

Avec vous, je soutiendrai le gouvernement. Je le soutiendrai parce que je connais l'état de mon pays et parce que je sais qu'on ne prépare pas l'avenir en déstabilisant son camp.

Mes chers amis et compagnons,

Nous n'avons pas à rougir des trois années écoulées. Des choses utiles et courageuses ont été réalisées… Mais des nuages s'amoncellent au-dessus de la France : notre démocratie patine dangereusement, notre pacte économique et social est essoufflé, une certaine idée de nous-mêmes vacille.

Est-ce la fin d'une époque ou le début d'une autre époque ?

La réponse est entre nos mains.

Si nous sommes là, ensemble, déterminés et impatients, c'est que nous savons que la France que nous aimons n'a pas fini d'écrire son histoire.

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