Le 9 novembre est une date qui fait résonner dans le cœur de beaucoup de Français le souvenir d’une période exceptionnelle de l’Histoire de France. Le sursaut du 18 juin 1940 qui efface d’un coup la honte de la défaite et de la collaboration, la libération de la France par les Français et leurs alliés qui sauve notre nation d’un risque mortel, le programme du conseil de la résistance qui scelle la réconciliation et pose les bases d’une République solidaire dont l’héritage n’a pas été altéré par le temps et la révolution institutionnelle de 1958 qui a rétabli l’autorité de l’Etat et replacé la France au premier rang des Nations.
Mais cette date est aussi l’occasion d’un déluge d’hommages qui ne sont pas tous désintéressés et qui conduisent bien souvent à dévoyer le message du Général de Gaulle.
Dans mon livre « La France peut supporter la vérité », je dis ce que j’ai retenu du Gaullisme dans mon engagement politique et ce que je déplore qu’on lui fasse dire :
« Ma fidélité à mes convictions m’a conduit à être souvent franc tireur dans ma propre famille politique. Mes actes parlent pour moi : la modernisation des armées que j’ai défendue quinze ans durant, l’ouverture à la concurrence des télécommunications qui a permis à la France d’entrer de plain-pied dans la société de l’information, la réforme des retraites, celle du dialogue social ou de l’école, me place dans une trajectoire cohérente avec les prémisses de mon engagement politique. Adolescent, j’avais épinglé sur les murs de ma chambre un portrait du général de Gaulle. Je voyais en lui l’homme d’une épopée, l’homme par qui le changement arrive. Je crois être resté fidèle à cette inspiration de ma jeunesse.
On m’a souvent qualifié de « gaulliste social ». Outre qu’il s’agit d’un pléonasme, cette classification ne me convient pas. Elle revient en réalité à m’enfermer dans une attitude politique conçue à la mi-temps du siècle passé.
Du Gaullisme j’ai retenu le sens de l’action contre la résignation, le défaitisme, le cynisme.
Du Gaullisme j’ai retenu la conception exigeante de
Du Gaullisme j’ai retenu la volonté « d’accorder la France à son époque » qui donnât lieu à l'une des réformes économiques et financières les plus hardies qu’ait connu notre pays.
Du Gaullisme j’ai retenu la conviction que l’Europe n’avait de sens que si elle affirmait son indépendance et venait amplifier le génie propre de chaque nation qui la compose.
Du Gaullisme j’ai retenu l’utopie créatrice de l’édification d’une troisième voie entre capitalisme et socialisme. Une voie qui permettrait à « chacun de participer directement aux résultats de l’entreprise à laquelle il apporte son effort et revête la dignité d’être, pour sa part, responsable de la marche de l’œuvre collective dont dépend son propre destin ».
Mais le Gaullisme n’inclut pas pour moi l’obligation de « chasser en bande » selon la formule d’André Malraux. La vie politique française se résume pourtant bien souvent à ces comportements tribaux. Je me suis battu pour que le RPR d’abord et l’UMP ensuite deviennent de vrais partis politiques modernes, c'est-à-dire des lieux ouverts de débats, de réflexion et de synthèse sur les problématiques de la société française et les moyens de l’action politique.
J’ai dit plusieurs fois tout au long de cet essai que mon soutien à sa candidature à la présidence de la République ne valait pas alignement sur toutes ses convictions. Nous sommes différents, nous n’avons pas la même histoire, le même parcours, mais nous partageons le même espoir de transformer la droite française afin qu’elle puisse apporter aux Français la réponse sur leur avenir qu’ils attendent depuis si longtemps. Au gouvernement, il a montré des qualités d’homme d’État incontestables, à la tête de l’UMP il a dévoilé une vision exigeante de l’action politique qui tranche avec l’essoufflement qui affecte le parti socialiste et le désarroi du Président de la République et de son entourage. Dans la vie privée, c’est un compagnon chaleureux, profondément humain et incapable de dissimulation.
Je suis convaincu qu’il peut secouer la France de sa torpeur, rompre avec nos mauvaises habitudes, entraîner nos concitoyens et provoquer le redressement si nécessaire.
La rupture que nous appelons tous les deux de nos vœux n’est pas une rupture avec les valeurs républicaines qui fondent mon engagement politique, au contraire, c’est une rupture avec la manière dont la France est gouvernée depuis vingt cinq ans, une rupture créatrice de progrès et de liberté.
Une rupture au service d’un gaullisme moderne, d’un libéralisme social, d’une nouvelle synthèse intellectuelle et politique.
Il s’agit d’ouvrir un nouveau champ politique et théorique.
Puisque les pyramides idéologiques s’effondrent les unes après les autres, l’horizon se dégage et annonce le temps de la liberté intellectuelle au service de la réalité.
Il n’y a pas de déclin de
Finalement ce sont moins les Français qui ont besoin de changer leurs habitudes que leurs dirigeants.
La première chose que la France attend d’eux c’est qu’ils l’aiment, la France !
Car la crise de confiance a atteint le cœur même du moteur national : L’amour de soi. Les élites françaises donnent le sentiment de ne pas aimer leur pays. Elles consacrent plus de temps et d’effort à en démontrer les défauts et à en mettre en accusation l’histoire plutôt qu’à faire preuve à son égard de l’affection que l’on doit à sa famille. Les débats récents sur les mérites de la colonisation, sur les « crimes » de Napoléon 1er, sur notre culpabilité dans l’écriture de la sombre page de l’esclavage ne font que prolonger la lecture de l’histoire que nous a imposée depuis deux siècles la majorité des intellectuels. Des ancêtres frustres et indisciplinés, un moyen âge sinistre, une monarchie absolue liberticide et le passage de l’ombre à la lumière cher à Jack Lang avec la révolution de 1789. Rien de tout cela ne correspond à
« La France vient du fond des âges. Elle vit. Les siècles l’appellent. Mais elle demeure elle-même au long du temps » écrivait Charles de Gaulle sur la première page des « Mémoires d’Espoir ».
Il n’y a qu’une fidélité que je respecte en politique c’est la fidélité à
Le rendez-vous électoral de 2007 sera décisif car notre pays est à bout de souffle. Nul ne doit s'y tromper : un volcan gronde sous nos pieds. Les extrêmes sont en embuscades. Quant à la gauche, tout laisse croire qu'elle se présentera devant les électeurs avec un projet aussi conservateur qu'électoraliste. Comment, dans ces conditions, passionner les citoyens sans les tromper ? Comment réhabiliter la politique sans paillettes et promesses ? Comment faire gagner la raison et l'audace contre l'immobilisme et la nostalgie ? Certains seraient tentés de dire que c'est une mission impossible. Les Français, disent-ils, n'y croient plus. Fini le goût du risque, fini le sens de l'intérêt général, fini l'espérance, fini la grandeur, fini la France ! Chacun pour soi, chacun chez soi, et advienne que pourra. Ce diagnostic n'est pas le mien. Je sens que mon pays est en quête de nouveaux horizons. Je sens que les Français ont envi de se prouver quelque chose. Je sens que les mensonges ont fait leur temps. Je sens que la France est capable de supporter la vérité. »