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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 21:24

François FILLON a rappelé que l'agence spatiale française incarne les talents et les idéaux de notre pays et de l’Europe à l'occasion du 50ème anniversaire du CNES, au Musée des Arts et Métiers Paris, mercredi 30 novembre 2011.

 

 

Mesdames et Messieurs,

En promulguant, il y a cinquante ans, la loi, qui institue le Centre National des Etudes Spatiales, le Général de GAULLE accomplissait certainement l’un des gestes les plus symboliques et les plus forts de sa politique de souveraineté et de grandeur. L’enjeu était d’établir et d’affirmer notre indépendance et notre ambition, dans le sillage des deux Grands de la Guerre Froide, qui étaient lancés dans une véritable course à l’espace.

En 1957 la mise en orbite du satellite Spoutnik avait pris de court le monde libre. Les Américains répliquaient en lançant Explorer et tentaient de mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard.

L’année 1961 est une année historique dans la conquête de l’espace. En avril, GAGARINE est le premier homme à voler dans l’espace. Et un mois et demi plus tard, KENNEDY prononce le grand discours qui donne le coup d’envoi du programme lunaire des Etats-Unis. Et c’est dans ce contexte que la France choisit de se doter, avec le CNES, d’une structure à la hauteur de ses propres ambitions, c’est-à-dire d’une véritable Agence nationale spatiale inspirée du modèle de la NASA. Dès le début de l’année 1959, soit seulement quelques mois après son arrivée au pouvoir, le Général de GAULLE avait déjà montré toute l’importance qu’il accordait à ce thème en créant le Comité des Recherches spatiales. Mais il prend vite conscience de la nécessité de passer à la vitesse supérieure et de redoubler l’impulsion déjà donnée. La France avait des compétences techniques. Elle avait des ingénieurs et des chercheurs visionnaires, courageux, qui s’étaient mis au travail à la fin de la Seconde Guerre Mondiale ; certains avaient commencé à réfléchir à une fusée française dès le début des années 30. Elle disposait depuis 1949 du lanceur VERONIQUE qui fut une base déterminante pour le développement de son programme spatial sous la Vème République.

Il fallait pourtant aller plus loin. Michel DEBRE dira plus tard : « c’était des balbutiements, ce n’était pas une politique ». Michel DEBRE qui a joué un rôle décisif dans la création du CNES. Il fallait que les volontés individuelles isolées, insuffisamment soutenues, soient portées par une volonté politique définie au plus haut niveau et capable de démultiplier les efforts entrepris au nom de l’intérêt national. Il fallait des moyens, une organisation, un programme, au service d’un objectif clair et audacieux : faire de la France la troisième puissance spatiale au monde.

Un objectif qui sera tenu et réalisé moins de quatre ans après la création du CNES, avec la mise sur orbite du satellite ASTERIX lancé par une fusée DIAMANT. Vingt ans après YALTA, cela sonnait comme une revanche sur ce sommet où de GAULLE n’avait pas été convié.

Rétrospectivement, on ne peut qu’être frappé par la fermeté des engagements pris et par la rapidité des succès enregistrés. On ne peut qu’être frappé aussi par la hardiesse que représentait cette volonté de hisser notre pays au rang des nations les plus impliquées dans l’aventure spatiale.

En 1961 en effet, la France traversait une période extrêmement difficile. Il avait fallu surmonter une crise de régime historique ; Il avait fallu mettre en œuvre une politique de redressement économique et financier sans précédent. Il avait fallu négocier au bénéfice de toutes les parties la décolonisation en Afrique. La tragédie algérienne allait bientôt connaître son dénouement, mais elle minait encore la société française au moment même où notre pays définissait ses ambitions dans le secteur de l’espace.

Le lancement d’un programme spatial français illustre très bien l’ambiguïté de ce moment de crise qui est aussi en même temps, un moment de renouveau. Et je crois que nous pouvons en tirer des leçons pour les difficultés auxquelles nous faisons face aujourd’hui même. Cà n’est pas en baissant pavillon qu’on surmonte une crise. Ce n’est pas en renonçant à toute ambition que l’on relève les défis d’une conjoncture troublée. C’est au contraire en misant sur les domaines les plus innovants, que l’on crée à long terme les conditions de l’activité, de la croissance, de la puissance d’une nation et aujourd’hui de l’Europe.

La création du CNES était un pari. C’était un investissement sur l’avenir, dont nous pouvons mesurer toute la pertinence et la fécondité à la multitude des étapes franchies. C’était un investissement dont l’influence française et européenne est à l’heure actuelle encore très largement redevable.

L’exposition que nous inaugurons au Musée des Arts et Métiers fait revivre les grandes heures de cette aventure et je voudrais profiter de l’occasion qui m’est donnée pour saluer très sincèrement tous ceux qui ont contribué à la mettre sur pied.

1962 et la première transmission en direct d’images de télévision par satellite, au-dessus de l’Atlantique, entre l’Amérique et la station de Pleumeur-Bodou en Bretagne.

1964 et la mise en chantier de la base de Kourou, avec la visite du Général de GAULLE en Guyane.

1965 et la mise en orbite du satellite ASTERIX, cinq ans avant le premier satellite de la Chine et du Japon, six ans avant celui du Royaume-Uni, vingt ans avant celui de l’Inde.

1979 et le lancement de la première fusée ARIANE.

1982 et le premier vol d’un Français dans l’espace, Jean-Loup CHRETIEN.

1986 et le lancement de SPOT 1, le premier satellite français d’observation de la Terre.

1992 et la mise sur orbite avec ARIANE du satellite franco-américain d’observation des océans TOPEX-POSEIDON.

1996 avec la participation de Claudie HAIGNERE à la mission CASSIOPEE, à bord de la station MIR. Evènement qui m’est particulièrement cher, non pas parce que Claudie HAIGNERE a fait partie d’un Gouvernement avec moi, mais parce qu’elle portait dans la station, un tee-shirt qui avait été dessiné par les élèves du lycée de Sablé-sur-Sarthe. Et d’ailleurs, vous feriez mieux de l’exposer, plutôt que la combinaison…

2005 et l’arrivée sur TITAN de la sonde européenne HUYGENS.

2009 et l’envoi dans l’espace des télescopes HERSCHEL et PLANCK.

Au fur et à mesure que les dates s’égrènent – et je n’en ai pris que quelques-unes – de grandes évolutions apparaissent nettement. D’abord les coopérations bilatérales qui se sont peu à peu développées, et l’intégration européenne qui approfondie. Et si l’on compare l’époque des commencements au point où nous sommes arrivés aujourd’hui, on perçoit aussi qu’en cinquante ans les choses ont profondément changé.

En 1961, les imaginaires étaient dominés par les vols habités et par l’idée de coloniser l’espace, en installant des bases humaines sur la Lune ou plus loin encore. Cinquante ans plus tard, nous avons mis l’espace au service de la vie sur la Terre plutôt qu’au service du désir de quitter notre Planète.

En 1961, le thème de l’espace était marqué du sceau de l’aventure et du rêve. Cinquante ans plus tard, le temps des pionniers est derrière nous. La recherche spatiale a quitté le domaine du mythe pour entrer dans celle du quotidien. Les applications qui relèvent directement ou indirectement de la technologie spatiales sont devenues innombrables. Notre vie courante passe à chaque instant par l’espace. Les images fugitives et tremblantes qui étaient apparues un soir d’été sur les écrans de Pleumeur-Bodou sont désormais un lointain souvenir. Ceux qui travaillaient à l’époque sur l’espace et ceux qui avaient pris la décision politique de miser sur ce secteur n’imaginaient sans doute pas toutes les utilisations que nous en faisons aujourd’hui et pour ainsi dire cette intimité que nous avons avec les satellites qui tournent autour de la Terre. On mesure d’autant plus le retentissement que peut avoir sur la longue durée un choix stratégique comme celui que nous célébrons ce soir.

En 1961, l’espace utile qui entoure notre planète semblait vide, immense et inépuisable. Cinquante ans plus tard, il encombré. La rareté se fait sentir sur l’orbite géostationnaire, les fréquences nécessaires aux communications se disputent âprement. Il y a au fond une sorte de paradoxe qui veut que ce qui apparaissait infini montre sa finitude, après seulement quelques décennies.

En 1961, le contexte de la Guerre Froide et des fiertés nationales – y compris du point de vue de la France – dictait pour une large part les orientations de la politique spatiale. Les Etats-Unis et l’Union Soviétique cherchaient tour à tour à se rattraper et à se dépasser. L’objectif c’était de conquérir des records, des trophées, d’être les premiers à réaliser une prouesse ou à planter son drapeau. On sentait bien d’ailleurs qu’il y avait dans cette compétition quelque chose qui dépassait le cadre d’un affrontement militaire classique, quelque chose qui était plus haut, plus noble, quelque chose qui était une aventure de l’Humanité dont les deux camps pouvaient se sentir ensemble les acteurs.

Cinquante ans après la création du CNES, cet aspect-là est devenu toujours plus prépondérant. La donne n’est plus celle de la Guerre Froide. C’est celle de la mondialisation. Et l’espace a contribué à dessiner cette mondialisation, en unifiant la Terre sous l’œil des satellites, en démultipliant les possibilités de télécommunication, en réduisant l’isolement des zones les plus reculées. Du point de vue de la connaissance scientifique de l’univers et de notre planète, les coopérations internationales n’ont cessé de s’accroître. On le voit bien au fil de la chronologie que déroulent les cinquante ans du CNES.

La France a d’ailleurs été pionnière à cet égard, en signant en 1966 avec les Soviétiques un traité de coopération très important qui portait notamment sur l’exploration scientifique de l’espace. Une coopération qui s’est poursuivie en 1982 avec le vol de Jean-Loup CHRETIEN à bord de la station SALIOUT 7. Une coopération qui n’a cessé de se poursuivre jusqu’à nos jours à travers les très nombreuses actions que nous menons en commun avec la Russie dans le secteur spatial.

Et vous me confiez à l’instant que vous aviez pleuré au moment du décollage de SOYOUZ, de Guyane. Je vous avoue que, moi aussi, j’ai eu une larme à l’œil ; parce que je trouve que c’est un évènement qui d’abord marque vraiment qu’on a tourné la page du XXème siècle : qui aurait pu imaginer il y a quarante ans, SOYOUZ en Guyane ? Et puis parce que cela me rappelait les difficultés pour nouer le premier accord de coopération commerciale entre la Russie et la France – STARSCEM. En France, j’avais dû affronter à l’époque, des résistances considérables de gens qui considéraient que nous étions en train de nous allier avec nos adversaires, avec nos concurrents. Et lorsqu’il a fallu signer l’accord à Moscou, nous sommes restés près d’une heure dans une situation que je n’ai jamais heureusement connue depuis, avec le père de SOYOUZ qui refusait de signer cet accord, en disant que vraiment, on n’avait pas besoin des Français pour aller dans l’espace. Et il a fallu plus d’une heure pour le convaincre finalement, d’apposer sa signature en bas de cet accord qui aujourd’hui, se traduit par cette formidable coopération que nous évoquions tous les deux à l’instant.

Pourtant la mondialisation ne signifie en aucune manière la fin des enjeux stratégiques qui entourent la question de l’accès à l’espace. Disons plutôt qu’elle leur donne une nouvelle tournure. Au fond, ce qu’il y a toujours eu de spécifique et grand dans la conquête spatiale et déjà au temps de la guerre froide, c’est la conjugaison entre la part des ambitions nationales ou régionales et la part d’une épopée qui elle concerne l’humanité tout entière. Et cette conjugaison continue d’exister à l’ère de la mondialisation, avec des points communs et avec des différences par rapport à l’époque précédente. On le voit bien avec l’importance que les pays émergents accordent à la définition d’une politique spatiale qu’ils considèrent comme un gage de souveraineté, d’influence et de prestige.

Au moment où ces nouvelles puissances s’activent pour détenir, outre des satellites de télécommunication, des lanceurs et des systèmes de positionnement qui leur soient propres, on ne peut concevoir que l’Europe cède du terrain dans ce secteur de l’espace. Parce qu’il a pris une part déterminante, structurante, à l’édification de son idéal politique et de sa puissance concrète. D’une certaine manière, on peut dire que l’espace a fait l’Europe. L’espace a fait l’Europe, parce que les nations européennes ont compris très tôt qu’elles devaient se rassembler pour élever le niveau de leurs ambitions dans un domaine où leurs capacités auraient rapidement trouvé leurs limites si elles étaient restées isolées.

Les développements de l’aventure spatiale font apparaître d’une façon qui est au fond exemplaire la manière dont les ambitions nationales fusionnent avec les ambitions européennes, sans les contredire. Les 50 ans du CNES retracent une histoire qui est celle d’une volonté au départ française, mais qui n’a cessé de s’élargir à l’échelle d’une dimension européenne dans laquelle notre pays et nos institutions ont constamment joué un rôle directeur.

Le programme spatial défini à l’époque du Général de GAULLE a fourni les bases de la réalisation d’ARIANE. La France a mis au service de cette grande réussite les méthodes et la maîtrise d’œuvre qu’elle avait pu développer de la sorte. L’initiative nationale que représente la création du CNES s’est prolongée en droite ligne dans l’acte de naissance du lanceur européen en 1973, sous l’impulsion de Georges POMPIDOU, et dans la création de l’Agence spatiale européenne en 1975, à laquelle nous devons tous les grands projets qui ont fait de l’Europe un des acteurs mondiaux du spatial.

La France continuera à jouer ce rôle directeur aux côtés de ses partenaires. Le Président de la République l’avait affirmé à Kourou en 2008. Il l’a réaffirmé devant vous il y a quelques jours à Toulouse. Dans le grand programme d’investissements d’avenir que nous avons lancé, un demi-milliard d’euros est consacré à notre ambition de maintenir l’Europe au rang des grandes puissances spatiales, aujourd’hui et dans les décennies à venir. La préservation de l’accès autonome de l’Europe à l’espace conditionne celle de son importance économique et politique dans la mondialisation. Et c’est la raison pour laquelle nous engageons les moyens nécessaires à la mise au point du lanceur ARIANE 6 que nous voulons voir opérationnel en 2025.

Mais il faut que nous soyons lucides. Le modèle économique qui a permis l’indépendance de l’Europe spatiale est aujourd’hui un modèle qui est bousculé par la crise et par la nécessité de maîtriser nos dépenses publiques de façon prolongée.

Dès lors, nous devons réfléchir à une stratégie collective, réunissant les états, l’Agence Spatiale Européenne, les constructeurs et les opérateurs de satellites de communication. Nous devons avoir conscience de la communauté d’intérêts qui lie tous les acteurs de l’espace. C’est l’intérêt de tous de veiller à la pérennité et au développement de lanceurs européens autonomes et performants.

L’Europe traverse actuellement l’une des phases les plus difficiles de son Histoire. Je crois que nous devons avoir d’autant plus conscience de tout ce qu’elle nous a apporté et de la grandeur qu’elle incarne. Et l’aventure spatiale en est l’un des plus beaux exemples. Toutes les nations européennes doivent aujourd’hui faire des efforts courageux pour établir de manière solidaire leur souveraineté financière. Mais cela ne veut certainement pas dire que nous devons cesser d’investir pour notre avenir et en particulier dans un domaine aussi crucial que celui de l’espace. Parce que l’enjeu de cette crise c’est de rétablir l’ambition européenne. Ce n’est pas le moment de la renier.

Voilà les réflexions que m’inspire cet anniversaire du CNES nous encouragent aussi à vouloir écrire une histoire qui est l’une des plus belles qui soit. Vous avez tous ici pris part à cette aventure. Beaucoup d’entre vous y prennent toujours part à l’heure actuelle. Je veux vous dire que vous pouvez être fiers de ce que vous avez accompli. Vous pouvez être fiers de votre mission, vous pouvez être fiers de votre vocation, parce qu’elles associent au service exigeant de la France, cette part de rêve et d’idéal qui grandit les hommes lorsqu’ils lèvent les yeux vers les étoiles.

Vous incarnez les talents et les idéaux de notre pays et de l’Europe et je voulais solennellement, au nom du Gouvernement, et donc au nom de notre pays tout entier, vous en rendre hommage.


lien vers la vidéo du discours de François Fillon





 

 

 

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commentaires

E
<br /> Oui, vous me semblez, faire le Job comme disent les américains. Mais c'est pas mal de donner un peu de travail aux Français et Française, c'est une denrée bien plus rare qu'il ne semble l'emploi<br /> de qualité... J'ai 47 ans, et je crois ne jamais en avoir eu un seul, de réellement correcte, et pour un garçon courageux, volontaire, intelligent, c'est assez terrible vingt cinq ans dans<br /> l'enfer des emplois sans réel avenir, à renouveller sans cesse en recherche, surtout que pour certain, tout arrive tout seul, sans méme qu'il ne le mérite méme un peu. EL'.T<br /> <br /> <br />  <br />
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V
<br /> J'ai un coup de blouz ce matin, ma femme, née en avril 1954, à commencé sa carrière chez Posson à 16 ans pile.Elle ne pourra prendre sa retraite d'environ 950€, et retrouver PRECIGNE qu'à 60<br /> ans aprés 44 ans de labeur ininterrompu.Il ne faut que 5ans à un député pour valider 1350€ sans réellement fournir un travail controlé.Votre modification des retraites était peut être<br /> justifiée.Mais il y a un truc de tordu quelque part n'est ce pas? VOTRE précédent texte sur les carrières longues était beaucoup plus réfléchi.Vous risquez fort de perdre les futures élections<br /> pour des décisions à l'emporte pièces. <br />
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