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Vous allez entendre le témoignage de Mme Simone Veil, ancien ministre, ancien président du Parlement Européen, ancienne déportée au camp d’Auschwitz. Auprès de ses mots, les miens paraîtront faibles. Et pourtant, si tous les discours n’ont pas la même force, ils ont tous la même vérité.
En août 1941, les bâtiments inachevés de la cité de la Muette, à Drancy, sont transformés en un camp hérissé de barbelés et de tourelles. Le 20 août, plus de quatre mille prisonniers descendent des cars pour y être internés. Plusieurs sont soupçonnés de résistance. La très grande majorité sont des juifs français et étrangers. La première nuit, ils dorment sur le ciment nu. Inquiets par ce qu’ils croient être une large opération de police, ils ne désespèrent pas immédiatement de leur sort. Le lendemain, ils sont toujours là. Trois jours plus tard, ils ont faim. Trois mois plus tard, ils ont froid. Le 22 juin 1942, 900 prennent le premier train pour Auschwitz, dont ils ne reviendront jamais.
Pourquoi ce rappel aujourd’hui ?
Parce qu’il y a soixante ans, le 27 janvier 1945, les troupes alliées découvraient, stupéfaites par tant d’horreur, le camp d’Auschwitz, symbole de la Shoah.
Parce que Drancy représente, sur notre sol français, l’un des chaînons du système concentrationnaire ; un chaînon qui n’est pas étranger à la politique antisémite développée par le gouvernement de Vichy.
Parce que l’extermination des juifs européens n’est pas seulement une question allemande.
Parce que la révélation des camps a été le traumatisme de l’après-guerre.
Et, enfin, parce que soixante ans plus tard, nous sommes toujours convalescents d’un tel choc. Au cœur de l’Europe, enfants, vieillards, femmes et hommes, furent, déportés, esclavagisés, affamés, gazés, puis brûlés : face à cette tragédie nous ne sommes pas et ne pourrons jamais être guéris de la Shoah. Ce drame ne suscite pas qu’une aversion dégoûtée à l’égard de la barbarie nazie, elle est un miroir vers lequel chacun d’entre nous est renvoyé. Car, derrière la folie meurtrière de Hitler, derrière la responsabilité d’un régime destructeur dont tout un peuple suivit les mots d’ordre, il y a la question du mal absolu, ce mal vis à vis duquel aucun homme, aucune nation, ne sont définitivement prémunis.
La Shoah est encore à mi-chemin entre mémoire vivante et histoire. Des survivants sont encore là pour témoigner, mais leur nombre s’amenuise, et bientôt ne resteront que les images, les écrits, les livres d’histoire. Lorsque la voix de ceux qui ont vécu cette tragédie se sera éteinte, serons-nous prêts à prendre le relais de leurs paroles, de leur mémoire ? Ce jour là, nous devrons être capables de trouver les mots pour dire à nos proches, à nos enfants, « écoutes-moi et réfléchis car cela a existé » !
Lycéens, nés dans les dernières années du siècle, vous êtes jeunes encore, et vous vous croyez peut-être indemnes du passé. Tous, pourtant, vous avez déjà rencontré, parfois tout près de vous, des actes ou des déclarations antisémites - cette monstrueuse déviance de la pensée qui consiste à croire à des « races », quand il n’y a que des cultures ; à établir des « hiérarchies » entre les hommes, quand il n’y a que des différences. Pensez à ces insultes, à ces graffitis. Remontez à leurs sources. Interrogez-vous sur les courants de pensée qui inspirent ces phénomènes récents. Combien en trouverez-vous, qui nouent avec l’antisémitisme nazi des liens souterrains et odieux !
Voyez ces individus qui peignent des croix gammées sur les tombes renversées des cimetières juifs. Ils ont parfois votre âge ! En arrivant à Auschwitz, Simone Veil, avait, elle aussi, 16 ans. Quant aux 44 enfants d’Izieu, raflés dans la banlieue lyonnaise, ils n’avaient pas, pour la plupart, 12 ans.
Vous êtes, adolescents d’aujourd’hui, concernés par les résurgences de l’antisémitisme et du racisme ! Parce que votre jeunesse ne peut se défendre seule, la République française engage tous les jours le combat en votre nom. Elle le fait dans la loi, qui punit les actes racistes et antisémites, l’apologie des crimes contre l’humanité, et leur négation. Elle le fait à l’école.
Ce 27 janvier sera pour l’Europe entière la Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention du crime contre l’humanité. J’ai demandé que dans tous nos établissements scolaires, elle soit commémorée avec intensité. Dans chaque classe une heure de cours y sera consacrée.
Etape forte, étape symbolique, cette journée ne représente toutefois qu’une partie de notre action. Fidèle à sa mission, l’éducation nationale mène un combat permanent contre l’intolérance. Ce travail contre l’oubli, chacun d’entre vous l’a préparée à sa manière, dans sa classe : les uns en visitant des expositions ; les autres en constituant des dossiers, en écoutant des témoignages, en regardant des films et des documentaires comme le bouleversant Shoah, de Claude Lanzmann, dont j’ai personnellement demandé qu’il soit diffusé dans tous les
lycées de France ; certains peut-être en se rendant sur des « lieux de mémoire », ces endroits où la douleur de l’Holocauste frémit encore, palpable et bouleversante. Vous l’avez fait en esprits libres, soucieux de forger en conscience un regard juste sur le monde. A chacun selon son âge, l’école a fourni les instruments de sa propre vigilance, et je salue ici l’engagement de vos enseignants et, à travers eux, celui de toute la communauté éducative.
La France est une vieille nation. Les heures de gloire et de fraternité côtoient les heures d’échec et de bassesse. Un grand peuple accepte son histoire telle qu’elle fut. A l’école de la République, l’histoire ne doit donc rien renier.
Accepter l’histoire, c’est d’abord accepter de parler. Vous savez peut-être que les générations de vos parents et de vos grands-parents n’évoquaient pas la déportation et les camps comme nous le faisons aujourd’hui. La stupeur décourageait leurs mots. Le souvenir trop présent des piles de corps décharnés, des yeux morts, des tatouages noirs sur les peaux grises restait pour eux si proche qu’il en devenait indicible. Quelques uns élevaient la voix : on s’abstenait de les entendre, pour pouvoir recommencer à vivre. Croyez le : il a fallu de grands témoins pour lever, mot après mot, ce linceul de silence.
Accepter l’histoire, c’est aussi accepter de dire ce que, trop longtemps, la honte a retenu dans nos gorges. Oui, jusqu’en juillet 1943, les gardiens de Drancy étaient des français. Oui, les collaborateurs vichystes ont prêté la main au crime.
Le Président de la République, en 1995, a trouvé des mots courageux pour reconnaître cette faute collective, dans toute sa sombre gravité.
Accepter l’histoire, c’est ne pas renâcler devant le travail constant que la mémoire exige. Au cours des mois et des semaines qui précèdent, l’école de la République vous a demandé d’y pendre part. Vous à qui la jeunesse sourit, vous à qui l’indifférence serait si commode, vous avez accepté de tourner vos esprits vers ce passé de cendres et de brumes. Cette attitude vous grandit.
Pourtant, ce devoir de mémoire n’est jamais achevé. Et si la visite à Drancy couronne symboliquement votre travail, elle ne lui donne pas fin.
A travers vous, c’est à toute la jeunesse de France que je m’adresse.
Vous êtes aujourd’hui à Drancy. Soyez demain à Pithiviers, à Compiègne, à Beaune-La-Rolande, et dans les autres camps de transit en zone occupée. Suivez demain ces fils conducteurs de notre histoire contemporaine que furent les rails d’acier des chemins de fer nazis. Faites un jour, comme je l’ai fait il y a quelques années avec Simone Veil, le voyage poignant d’Auschwitz. Soyez un jour à Treblinka, à Maidanek, à Sobibor.
Alors, vous serez prémunis contre un mal - celui de la haine et de la destruction de l’autre - qui court encore par notre monde.
Accepter l’histoire, c’est enfin rendre leur place à ceux qui ont trouvé le courage d’agir ; ceux qui, abritant les proscrits, bravant les milices et la gestapo, organisant évasions et transferts, ont sauvé quelques poignées de vies.
Certains étaient des résistants, engagés dans un combat résolu. Leur héroïsme fut éclatant. Tant d’autres, anonymes, occupés simplement de survivre, ont vu le drame juif surgir un beau matin dans leur cour, dans leur ferme, dans leur immeuble, sous la forme d’un évadé, d’un condamné, d’un orphelin. Ils lui ont donné asile. Ils ont eu l’héroïsme discret du quotidien. Ils furent appelés, les "Justes".
Leur souvenir nous le rappelle : la responsabilité du décideur politique ne dissipe pas celle du citoyen. Condamner les dignitaires nazis, Hitler, Goering, Heydrich et leurs supplétifs vichystes, est une évidence. Elle ne nous dispense pas de poser la question éternelle : Qu’aurais-je fait alors ? Aurais-je su dire non ?
Aujourd’hui, des femmes et des hommes remarquables, qui ont vécu cette période, sont là pour vous apporter leur réponse. Un jour, ils disparaîtront.
Que répondrons-nous alors à ceux qui, par le doute, par la haine, misant sur l’oubli, voudront nier la réalité des crimes nazis ?
Nous ne leur répondrons pas par le silence.
Nous ne leur répondrons pas par le mépris.
Nous tournerons contre eux la force de la mémoire.
Un jour, vous serez les meilleurs témoins de ce passé que vous n’avez pas vécu, mais dont vous percevez la profondeur humaine et historique. Aujourd’hui, vous allez parcourir le « fer à cheval », cette cour de sinistre mémoire. Vous allez voir. Vous allez toucher les murs contre lesquels les prisonniers d’hier ont appuyé leurs épaules maigres, et leurs fronts inquiets. Peut être entendrez-vous, au fond de vous mêmes, leurs souffles courts et leurs plaintes. Ils n’étaient que des femmes et des hommes comme nous ; comme vous, il y avait des jeunes qui n’aspiraient qu’à vivre en paix, rire, aimer.
Dans soixante ans, lorsqu’on vous interrogera, témoignez à haute voix, dites ce que vous avez vu, ressenti, appris : vous parlerez pour eux, pour ces adolescents qui avaient le même visage et les mêmes rêves que vous. Fidèles à leur mémoire, vous serez ainsi fidèles à l’honneur de l’Homme.
Au moment d’inaugurer la nouvelle école maternelle et primaire de Saint-Mandé, et de lui donner les noms conjoints de Germaine Tillion, grande résistante, et de sa mère Emilie, déportée, deux sentiments se disputent mon esprit. Le premier, c’est évidemment la joie d’ouvrir un nouvel établissement ; le second, la gravité que les circonstances particulières de cette cérémonie associent au patronage exemplaire sous lequel il est placé.
Ouvrir une école est sans doute le geste le plus stimulant qui soit : c’est une nouvelle porte qui s’ouvre sur l’avenir ; une porte que vous avez, monsieur le maire, largement contribué à édifier. Vous le savez : l’effort d’équipement reste, malgré les contraintes budgétaires, une priorité gouvernementale ; et je dirais même une priorité nationale, tant la population française attache d’importance au modèle républicain de l’école; aux valeurs qui la sous-tendent, égalité des chances, respect de l’autre, promotion de l’individu et du citoyen ; à la qualité de l’enseignement dispensé.
On entend souvent parler des classes que les circonstances démographiques conduisent à réduire ou à fermer, pas assez de celle que l’effort conjoint de l’Education nationale et des collectivités locales permet d’ouvrir. Nous en ouvrons pourtant, régulièrement, en France.
Nous contribuerons à en ouvrir également - permettez-moi ce parallèle - en Asie du Sud, où la catastrophe récente a créé des besoins qui dépassent à tout point de vue nos propres notions de nécessité ou d’urgence. Pour les enfants survivants, une rescolarisation rapide s’impose comme la première des guérisons, comme le plus encourageant des paris sur l’avenir. C’est pourquoi, j’ai engagé l’Education nationale française, aux côtés des autres ministères européens, dans une action de moyen terme destinée à accompagner concrètement cette rescolarisation.
C’est un même engagement sur l’avenir que nous prenons aujourd’hui à Saint-Mandé, en ouvrant aux 87 enfants qui l’occupent déjà, à tous ceux qui les suivront, l’élégant bâtiment où s’effectuera désormais leur éducation maternelle et primaire. Il répondait à des besoins réels, que la croissance du quartier nouveau de la ZAC Sainte-Marie venait accroître. Conçu par l’architecte Radu Constantin, complété par un centre de loisirs, il a été confié dès la rentrée 2004 à une équipe de 9 enseignantes. Ses effectifs prouvent qu’il est d’ores et déjà adopté par la population locale - et c’est une heureuse chose !
Nous le plaçons aujourd’hui avec fierté, avec solennité, sous le double patronage d’Emilie Tillion et de vous-même, Madame, qui nous faîte l’honneur d’être présente.
En ce 27 janvier, jour anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, date choisie par l’Europe entière pour commémorer la Shoah, ces deux noms jumelés ravivent le souvenir de l’expérience terrible que Germaine Tillion et sa mère, Emilie, partagèrent : celle du système concentrationnaire nazi.
Trahies, dénoncées, arrêtées ensemble le 13 août 1942 ; d’abord séparées ; brièvement réunies à la prison de Fresnes, mère et fille ne se retrouvèrent en effet qu’à Ravensbrück, où Emilie Tillion fut assassinée le 2 mars, deux mois avant la libération du camp.
Ensemble, elles auront plongé dans ce que l’histoire européenne a produit de plus sombre, de plus indicible, de plus révoltant : la haine abjecte, tournée vers les juifs dont les origines et les coutumes étaient l’unique tort, mais aussi vers les résistants ; la volonté méthodique de tuer, par la fatigue, par les coups, par les balles, par le gaz ; l’avilissement de l’homme érigé en doctrine, en mot d’ordre, en exercice d’acharnement quotidien.
Le souvenir de ces années, le témoignage inappréciable de leurs acteurs nous engagent aujourd’hui à une constante vigilance. L’école de la République doit en être la sentinelle. En cette journée de la mémoire de l’holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité, j’ai demandé qu’aujourd’hui, dans toutes les Ecoles de France, dans chacune de ses classes, une heure soit consacrée à la shoah.
Si les noms d’Emilie et de Germaine Tillion sont aujourd’hui inscrits au fronton d’une école, c’est bien entendu parce que leurs vies ont dépassé la souffrance, l’horreur, le sacrifice, pour devenir messages d’humanisme.
En reconnaissant une nouvelle fois l’exceptionnelle conduite d’Emilie et Germaine Tillion, nous reconnaissons d’abord deux résistantes, l’une, Germaine, cofondatrice dès juin 1940 du célèbre réseau clandestin du « Musée de l’Homme », animatrice du renseignement et de la propagande anti-nazie ; l’autre, Emilie, qui la suit sans réserve dans cette dangereuse entreprise.
Elles perpétuèrent ainsi, au péril de leur vie, les valeurs de liberté, de fraternité et d'honneur qui sont les nôtres.
Mais nous reconnaissons aussi, et c’est ce qui donne un sens à l’hommage particulier que l’Education nationale leur rend, deux femmes pour qui la pensée n’avait pas moins de force que les armes.
Emilie Tillion, critique d’art, auteur de guides de voyage, consacra sa réflexion à cette beauté par laquelle l’homme s’ouvre aux autres et à leurs cultures, tout en y reconnaissant sa propre humanité.
Pour votre part, madame, diplômée de l’Ecole pratique des hautes études, de l’Ecole du Louvre, de l’Ecole des langues orientales vivantes, élève de Marcel Mauss, le grand ethnologue de l’Ecole des Annales, votre personnalité comme votre trajectoire personnifient le sens de l’indépendance intellectuelle et le pouvoir libérateur du savoir et de l’étude. Elles exaltent la transmission, à travers une carrière professorale magnifique qui la conduira jusqu’à une chaire d’ethnographie, et à la direction honoraire de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Depuis le cabinet du ministre André Boulloche, elle l’étend jusqu’au public marginalisé des prisons.
Dans les camps nazis, là où s'orchestraient la haine et la brutalité, Germaine Tillion remporta les plus belles victoires de l’esprit. Ses tortionnaires l’avaient dépossédée des documents qui constituaient sa thèse sur les Chaouïas, un peuplement berbère d’Algérie. Elle les reconstitua de mémoire, dans ses conversations avec ses camarades. Les nazis imposaient un système arbitraire, dont l’opacité décourageait toute révolte. Elle y répondit en développant notamment une véritable ethnographie des camps et en l’enseignant autour d’elle. La tentation était forte, parmi les prisonnières, de n’éprouver que l’absurde de leur sort. Germaine Tillion, à force d’en observer les mécanismes, d’en décrypter la logique, mit à jour ses ressorts démoralisateurs, et trouva dans l’analyse même de la barbarie nazie l’énergie d’y résister.
Appelée à la barre des procès de Nuremberg, elle perpétuera cette victoire morale dans les dix années qui suivirent la guerre par les volumes de plusieurs ouvrages, continuation magistrale de son témoignage sur l’Holocauste.
Résistante historique, Germaine Tillion s’impose enfin à notre admiration par un esprit de générosité qui va bien au-delà de ces heures noires. Je pense ici à cette succession de luttes, moins meurtrières, mais tout aussi ferventes, que fut sa vie d’intellectuelle, de chercheuse, de militante, de femme perpétuellement engagée. Sa connaissance admirable du Maghreb, acquise dès l’avant-guerre dans les Aurès, fait d’elle une avocate inlassable de la cause des femmes méditerranéennes, de la décolonisation, du développement économique par l’émancipation et par l’éducation. Défenseur des droits de l’homme, elle lutte contre la peine de mort et contre la torture, avec la détermination de celle qui les a approchées de trop près pour en être restée indemne. Oppression, pauvreté, obscurantisme : elle est sur tous les fronts où la grandeur de l’homme exige de dire « Non ».
La France a déjà reconnu, par des distinctions nombreuses, la noblesse de cet engagement et de ces combats. Germaine Tillion est l’une des très rares femmes - elles étaient trois ; depuis la mort de Geneviève Anthonioz-de Gaulle, elles ne sont plus que deux - à avoir reçu la Grand Croix de la Légion d’Honneur. Elle partagera aujourd’hui avec la résistante Lucie Aubrac l’honneur tout aussi exceptionnel de voir baptiser à son nom, de son vivant, un établissement public. Je ne doute pas qu’elle soit sensible à cet hommage, autant, sinon plus qu’au premier.
Car c’est dans les écoles, plus que dans les médailles, que la vie manifeste son inépuisable vigueur. Portées elles-mêmes autrefois par cet esprit de jeunesse que fut l’esprit de la Résistance, Germaine Tillion et sa mère en seront les figures tutélaires.
Madame, dans cet établissement, chaque enfant portera désormais en lui un peu de votre vie.
L’histoire, il y a soixante ans, accumulait contre toute raison les cruautés les plus atroces.
Grâce à vous, Madame Tillion, grâce à celles et ceux qui, à votre image, se dressèrent pour l'honneur de la France et des Hommes, des enfants libres peuvent aujourd’hui, à Saint-Mandé, comme partout sur notre territoire, vivre, apprendre, grandir en paix.